Virtual Gold

Omar Bry
6 min readFeb 9, 2018

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Prélude :

En 2013 je suis tombé sur une vidéo sur le net qui parlait d’une monnaie virtuelle décentralisée qui a dépassé le cours de l’once d’or. En bon adepte de l’or, une monnaie que je considère légitime, je me précipite sur la vidéo. Quelques semaines plus tard j’achète mes premiers bitcoins dans un distributeur automatique sur le fameux boulevard de St Laurent à Montréal. L’expérience est palpitante, munis de mon smartphone et de quelques billets je fais mon premier placement sans aucun intermédiaire, la transaction a été quasiment instantanée. J’ai voulu réitéré la même expérience à Paris l’été 2017, à mon grand désenchantement, je constate qu’il n’y a qu’un seul point de vente Bitcoin dans toute la France, vu la législation pesante qui règne. J’ai aussi remarqué qu’il y avait un retard abyssal en France, et dans la sphère francophone de manière plus générale, en ce qui concerne les crypto-monnaies et la technologie blockchain. Les anglo-saxons et les pays asiatiques ont une longueur d’avance sur nous. J’ai donc décidé de créer un blog digeste pour décortiquer le phénomène complexe qu’est bitcoin, démystifier cette monnaie mal comprise des medias.

A l’heure où je dévierge cette page à coup d’encre, le prix de Bitcoin est à 9 200 euros (26 Janvier 2018) avec une capitalisation totale de 150 milliards d’euros. Si Bitcoin était une entreprise du CAC 40, elle occuperait la première place, avec une avance confortable d’environ 25 milliards sur LVMH, la première entreprise de France.

L’ascension fulgurante de cette monnaie qui est passée d’environ 1000 dollars à 20 000 en 2017 a su au moins captiver les medias main stream et a suscité l’intérêt des individus avides de richesse. Un rendement de plus de 447% (beaucoup plus avantageux qu’un taux de livret A). Il aura fallu une hausse vertigineuse sans précèdent. Les cacademiciens et les nuliversitaires n’en reviennent toujours pas, leur paradigme est bouleversé par une pseudo-monnaie sortie de nulle part. Ces mauvaises langues ont bien raison de dire que le bitcoin est devenu un outil hautement spéculatif.

La genèse de bitcoin, un scenario digne d’une fiction hollywoodien

En 2008, après la crise des subprimes qui a secoué l’univers financier et engendré une crise économique à l’échelle mondiale, un individu ou un groupe d’individus sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto publie un livre blanc qui s’intitule « Bitcoin : A Peer to Peer Electronic Cash System ».

Il s’agit d’un système de paiement basé sur un protocole innovant qui combine la cryptographie, la théorie des jeux, et l’informatique. Un charabia technique pour la plus part des individus, raison pour laquelle au départ, les préconiseurs de bitcoins étaient tous des geeks. Un véritable frein à l’image de la crypto-monnaie la plus populaire, vu que ces derniers ont le charisme d’un pharmacien constipé de Provence (je n’ai personnellement rien contre les geeks). Le jargon technique est un obstacle à la communication efficace.

Aujourd’hui Satoshi Nakamoto n’a toujours pas été identifié, on estime qu’il contrôle une bonne partie des bitcoins en circulation et qu’il fait partie du club restreint des milliardaires. J’espère qu’il a une bonne planque, si il décide de faire surface, ils ne lui feront pas de cadeau.

La blockchain : la technologie sur laquelle repose Bitcoin

Il est essentiel de distinguer bitcoin de la technologie blockchain. Bitcoin est une application de la blockchain où les transactions sont enregistrées. Quant à la blockchain, c’est une technologie de stockage d’information, transparente et sécurisée parce qu’elle est difficilement corruptible et infalsifiable. Une espèce de livre comptable géant accessible au public. Les possibilités autour de la blockchain sont innombrables !! On peut par exemple utiliser cette technologie pour stocker des titres fonciers, une solution pour les pays africains ou les litiges de titres fonciers sont fréquents. La société de diamant DeBeers compte s’appuyer sur cette technologie pour la traçabilité de ses diamants, et pour éviter le problème des diamants issus des zones conflictuelles.

La décentralisation, le véritable atout de bitcoin.

Pour la première fois dans l’histoire, une monnaie n’est plus sous le contrôle d’un gouvernement ou d’une banque centrale. Elle appartient à la communauté des participants (détenteurs de bitcoins, mineurs, et développeur). Tout amendement doit faire l’objet d’un consensus, un bel exemple de démocratie. Le mot qu’il faut retenir c’est la désintermédiation, plus besoin de banques pour gérer les finances, mais un réseau d’individus qui se font mutuellement confiance, le tout dans la transparence la plus complète. La blockchain ne dépend d’aucune autorité ou d’une tierce personne, c’est un outil qui résiste parfaitement à la censure. Le Bitcoin n’est rattaché à aucune nation, et peut être utilisé par n’importe qui.

Un concept calqué sur l’or

A l’instar de l’or qui existe en quantité fixe, le créateur de Bitcoin a décidé de limiter le nombre de Bitcoin à 21 millions. La quantité fixe permet à cette monnaie de conserver sa valeur, et d’être un refuge contre l’inflation. Les billets de banques peuvent être imprimés à l’ infini et se déprécient inévitablement au fil du temps (Je ne vous apprends rien). L’inspiration aurifère ne s’arrête pas là, Il y a même des mineurs dans l’univers du bitcoin. Ils n’ont pas de pioches, mais des ordinateurs surpuissants pour résoudre des calculs algorithmiques complexes qui permettent d’effectuer les transactions et sécuriser le réseau. Les mineurs sont récompensés par l’émission de nouveaux bitcoins lorsqu’ils effectuent des transactions. Les besoins d’énergie sont énormes pour l’activité de minage. La consommation d’électricité (nécessaire pour refroidir les machines monstrueuses) du réseau est supérieure à celle d’un pays comme l’Irlande. Plusieurs sociétés de minage sont d’ailleurs installées en Islande où le climat permet d’alléger les couts de refroidissement.

Bitcoin : géopolitiquement votre.

Les opinions divergent sur la scène internationale en ce qui concerne les crypto-monnaies. Le pays du soleil levant est de loin le plus réceptif, ce qui n’est pas étonnant quand on connait l’emballement des nippons pour la technologie. Le Japon est le seul pays à avoir légalisé le bitcoin. La Corée du Sud et le Japon représentent environ 60% des échanges bitcoin dans le monde. Au Zimbabwe, un pays connu pour son inflation démesurée qui ferait pâlir d’envie la dépréciation du Mark allemand pendant la seconde guerre mondiale, la demande de bitcoin a été très élevé pendant les derniers jours de règne de Mugabe. Les zimbabwéens sont prêts à acheter la monnaie cryptographique avec une prime pour conserver leur pouvoir d’achat.

Les pays qui veulent échapper aux sanctions économiques imposées ou à l’emprise du dollar américain sont tout aussi friands du bitcoin. La Corée du Nord est officieusement très impliquée dans l’activité de minage pour résister à la pression des sanctions internationales, et certains de leurs hackers n’hésitent pas à piquer les Bitcoins de leur voisin du sud. Le Venezuela qui ne veut plus avoir à faire aux pétrodollars, parle de créer sa propre crypto-monnaie pour vendre son or noir. La liste est encore longue, mais je vais m’arrêter là, et vous laisser digérer ce contenu.

Conclusion

Qu’il s’agisse d’une bulle ou pas, l’actif a su se montrer résilient au cours de l’année 2017. Les cours ont snobé les attaques infondés des banquiers les plus puissants de la terre tel que Jamie Dimon de JP Morgan, ou encore la tentative du gouvernement Chinois d’asphyxier leurs marchés d’échanges de bitcoin locaux. La course frénétique vers les cieux s’est poursuivie. Les gouvernements et les banquiers ont chaud aux fesses, c’est compréhensible, ne plus avoir le monopole et le contrôle de la monnaie est cauchemardesque. Ce phénomène aura au moins eu le mérite d’élever le débat sur la création monétaire, la liberté financière individuelle, et le rôle parasitaire des intermédiaires financiers.

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