Réinventer le tourisme à l’heure du Covid-19

L’arrêt temporaire du tourisme mondial nous offre une opportunité collective pour le “réinventer”. Comment faire du tourisme une pratique au service de la durabilité du monde, non de sa destruction ?

Païdeia
13 min readApr 24, 2020

L’actualité de la pandémie de Covid-19 est rythmée par les tribulations des cargos fantômes du tourisme mondial. En février, le principal foyer de contamination hors de Chine était le Diamond-Princess mis en quarantaine avec 3600 personnes à son bord au large du port de Yokohama. En mars, peu après que le président Trump avait déclaré préférer que les passagers du Grand Princess restent confinés à bords, ceux-ci furent débarqués à Oakland en Californie : 21 cas confirmés. Avril a débuté avec la fin de l’errance du Zaandam, accueilli en Floride après avoir été refoulé de 11 pays d’Amérique Latine et Centrale et ravitaillé en pleine mer par un second navire de la compagnie, alors qu’il s’engageait dans une traversée périlleuse du canal du Panama. Les passagers y étaient confinés depuis le 22 mars.

On trouve dans les médias les récits des âmes damnées du virus. Enfermées dans leur cabine, parfois sans hublot, avec la peur d’être contaminées, à attendre, interminablement, dans les zones extraterritoriales, loin de leur patrie. La croisière de rêve : un cauchemar épidémique.

Le poids du tourisme de masse

Pourtant, jusqu’en janvier dernier, les resorts, métropoles et parcs naturels du monde entier s’arrachaient les touristes. Troisième secteur économique mondial, comptant pour 10% du PIB, employant plus de 300 millions de personnes, le tourisme connaît depuis plusieurs décennies un développement important, réparti sur l’ensemble du globe. Dans les quinze dernières années le nombre de touristes dans le monde a doublé pour atteindre 1,4 milliard en 2018.

Avec le lot de croissance, vient aussi celui des destructions. Phénomène largement analysé dans ses dimensions écologiques, culturelles ou sociales. Nous nous contenterons ici de deux exemples, concernant à nouveaux les croisières. Selon une étude de France Nature Environnement, un paquebot à quai pollue autant qu’un million de voitures ; cette pollution de l’air par les navires serait à l’origine de 60 000 morts par an en Europe. En 2017, la ville de Venise a interdit l’entrée des paquebots au cœur de sa lagune. Ceux-ci menaçaient les fondations de la ville, qui risque de sombrer sous les eaux à cause du trépignement du tourisme de masse. Le problème a été déplacé, en l’occurrence le port de débarquement a été un peu éloigné du centre, mais l’afflux touristique reste le même : 1,5 million de croisiéristes par an, une manne économique trop importante pour la Sérénissime.

Des paquebots de croisière au tourisme de masse, on retrouve le paradigme d’une mondialisation effrénée. Croissance, jouissance, et profit des classes aisées ; développement économique et emploi au bénéfice d’un nombre important de personnes ; péril écologique, social et culturel pour quasiment toute l’humanité. Mais si jusqu’à l’épidémie de Covid-19 la croissance du secteur semblait irrémédiable — ainsi que son lot de destructions — , elle est aujourd’hui ébranlée.

Interrupteurs de mondialisation

Tous les croisiéristes du monde sont à l’arrêts. L’entreprise américaine Carnival, leader du marché, a effectué une levée de fonds d’une dizaine de milliards de dollars pour absorber les coûts de la crise. Mais toutes les entreprises du secteur n’arriveront pas à lever de telles sommes. Pour reprendre leur activité une fois l’épidémie maîtrisée, elles auront besoin d’une forte reprise de la demande et de bénéficier de plans de relance.

Mais cette reprise n’est pas inéluctable. Au contraire, la situation actuelle pourrait être l’occasion de refonder le modèle du tourisme de masse.

Suivant la proposition de Bruno Latour présentée dans un article précédent, on peut envisager que la situation actuelle nous permette de devenir des “interrupteurs de globalisation” ; qu’il s’agit là d’une des modalités principales de notre “atterrissage”. L’arrêt momentané de l’économie mondialisée, de la croissance et d’une part de l’activité nous offre l’opportunité de faire un choix : celui de la reprise, ou non.

Pour les croisières — et plus généralement pour le tourisme de masse — notre capacité à agir en tant qu’interrupteurs de globalisation peut s’appliquer à deux niveaux :

  1. collectivement, notamment sous la forme des plans de relance étatiques, veut-on accompagner la relance de l’activité du tourisme de masse à l’identique ?
  2. individuellement, dois-je en 2021 ou en 2022 reprendre les mêmes pratiques ou imaginer d’autres manières de voyager ?

« Je hais les voyageurs et les explorateurs »

Puisqu’il s’agit de “réinventer” le tourisme, il nous semble important de garder à l’esprit ces deux dimensions de l’offre et de la demande. Sans quoi, l’on risquerait d’agir seulement sur un aspect du phénomène touristique, sans questionner l’ensemble de son modèle.

Pour le penser sérieusement, il est nécessaire de concevoir l’activité touristique dans l’ensemble de ses pratiques, de son parcours. Un exemple : le voyageur perché dans son écolodge au fond de la forêt costaricaine à la recherche d’une photo de Quetzal, s’il a voyagé en avion jusqu’au pays en question, soit 99% de probabilité, n’a pas individuellement un impact moindre que le client attablé au bowling all inclusive de son super paquebot.

Troisième écueil : penser qu’il existe encore des possibilités de voyager hors du tourisme. C’est la rengaine du tourisme contre le voyage. D’un côté les abrutis de la mondialisation, de l’autre les âmes libres, vagabondes, autonomes. On constate au contraire que le tourisme est aujourd’hui le rapport exclusif qu’un voyageur peut avoir dans la découverte d’un pays étranger (ni son pays de résidence, ni son pays natal). Le visiteur, le voyageur, le touriste — c’est la même figure — passe systématiquement par un processus culturel et commercial pensé à cette fin, et ce dans n’importe quel pays du monde. Bref, le tourisme est définitivement mondialisé (on pourrait aussi dire que le monde est globalement tourisitiqué).

Ainsi “réinventer” un tourisme au service de la durabilité du monde ne saurait se faire en proposant des améliorations ponctuelles, n’en déplaise aux hôtels de standing et à leur petite pancarte écologique de salle de bain pour nettoyage des serviettes, ou en supprimant seulement certaines pratiques particulièrement destructrices, telles que la croisière de masse. Il est nécessaire de s’attaquer au modèle touristique global, conçu comme un gigantesque dispositif [1] façonnant le rapport des individus à la découverte du monde.

La fin du voyage

Si toute expérience touristique est nocive, doit-on arrêter de voyager ?

Avec la cessation du tourisme disparaîtrait une part importante de l’expérience humaine du monde. On sait que la littérature mondiale foisonne de récits de voyage, l’un des plus connus : Le Devisement du monde de Marco Polo, vieux de sept cents ans. La sociologue du tourisme Saskia Cousin nous apprend que le voyage à l’étranger de la jeunesse anglo saxonne permet la constitution de sociabilité professionnelle future : “les backpackers se retrouvent entre jeunes voyageurs de même nationalité et il s’agit pour certains de préparer une sociabilité professionnelle future. C’est notamment le cas dans les pays anglo-américains où ces voyages autour du monde prennent la forme d’un rite de rencontre dans le but de forger sa “carte de visite” ”.

Avec ces deux exemples, on comprend qu’une suspension nette du tourisme, et donc de toute forme de voyage, ne saurait être perçue comme un mieux commun, comme un approfondissement de notre rapport au monde. Qui plus est, on ne peut nier ses effets économiques positifs, ainsi que la dépendance de nombre de pays à ses revenus. L’arrêt du tourisme consisterait en l’abandon d’un champ essentiel de l’expérience humaine au monde, sans y proposer d’alternative.

Alors, s’il faut d’urgence abandonner les modes de déplacement et de consommation touristique les plus polluants, il s’agit de comprendre plus finement ce qui s’y joue. Pour cela, faire le tri, à l’intérieur même de l’expérience touristique de masse, entre les pratiques destructrices qu’il s’agit d’abandonner et celles créatrices de rapports au monde qu’il s’agit d’investir.

Fantasmagorie de Walter Benjamin

Le concept de fantasmagorie du philosophe allemand Walter Benjamin peut nous aider à caractériser les dimensions nocives de l’expérience touristique moderne. Développé au fil de ses études sur le Paris de Baudelaire [2], de la fin du XIXe siècle à « l’apogée du capitalisme », la fantasmagorie s’inscrit dans le contexte historique de développement urbain et industriel, de durcissement des rapports sociaux, où l’emprise de la sphère économique s’étendait sur une partie toujours plus importante des pratiques individuelles. Pour les individus qui subissent ce contexte, la fantasmagorie fonctionne comme une illusion. La brutalité nouvelle de la société industrielle est refoulée par la fantasmagorie, qui peut prendre la forme d’un produit ou d’une pratique, sous des aspects inoffensifs. En plus de nier cette nouvelle réalité, la fantasmagorie permet de s’y préparer, elle apparaît dans un état transitoire.

Un exemple de fantasmagorie : la flânerie, alors très à la mode à Paris le long des boulevards ou au fil des passages. Sous couvert d’une déambulation lente et indolente, la flânerie donnait l’illusion à celui qui la pratiquait d’être préservé de l’accélération des rythmes économiques, du travail ouvrier nouvellement rythmé par le martèlement incessant des machines. Son envers concernait principalement les métiers créatifs, et consistait, selon Benjamin, en l’exposition de leur valeur marchande aux yeux de tous les passants : créatifs car oisifs et citadins, créatifs donc productifs. Extension du domaine du marché.

La condition de l’homme touristique

Si on comprend le tourisme comme une fantasmagorie, sa proposition de découverte du monde — de ses endroits idylliques, de ses cultures préservées — serait une illusion visant à voiler l’opération de destruction du monde en cours. En plus du refoulement de la réalité d’un monde en péril, la fantasmagorie prépare son avènement définitif. Le touriste, sous prétexte de la visite culturelle d’un site millénaire, d’un trek dans la nature, ne fait pas que s’acclimater à la destruction du monde, il y participe.

Prenons une dimension parmi les plus marquantes de la pratique touristique : la frénésie photographique des sites ou œuvres remarquables. Parthénon à Athènes. 8h00 du matin. On pensait être les premiers sur la colline. Les athéniens eux se réveillent doucement. Autour de nous, par groupe, par grappe, une foule touristique armée de : smartphones, perches, réflexes numériques. Certains de face, d’autres de dos. Les téléphones passent de main en main. Des réunions éphémères se constituent, en arrière plan une colonnade. Il fait un temps magnifique. Attention au contre-jour. Le tourisme comme fantasmagorie nous permet d’en comprendre la logique implicite : collectionner les clichés d’un monde en péril que l’on contribue à faire disparaître.

En tête de cet article, un paquebot de vingt étages, 115 000 tonnes, trois cents mètres de long, un nom de princesse, qui traverse, à une vitesse de 5 noeuds, à quelques coudées de bâtiments vieux de cinq siècles, le coeur de la lagune de Venise, provoquant des ondes sous-marines qui ébranlent la ville dans ses fondations, qui précipitent son affaissement, son engloutissement futur, afin que ses quelques milliers de passagers puissent, eux aussi, capturer le cliché en contre-plongée de la place Saint-Marc, que l’on trouvera en ligne répété à l’infini.

Le touriste, avec ses excursions journalières, ses consommations all-inclusive, ses lunettes de soleil, son petit déjeuner continental, se berce dans l’illusion d’une découverte du monde fournit sous la forme marchande d’un voyage uniformisé et aseptisé. En vérité, il se presse aux quatre coins du monde pour en capturer les endroits et les scènes les plus trivialement remarquables, avant qu’il ne soit trop tard, avant qu’ils ne disparaissent. Il a intégré cette perte. Son mode de vie en est à l’origine : plutôt perdre le monde que changer d’habitude. Il en précipite même le processus. Au final, peu importe : “si on a pu voir le Taj Mahal, Palmyre ou les Maldives une fois dans sa vie, le monde peut mourir tranquille”.

La clef : l’expérience touristique

La croissance du tourisme de masse révèle autant notre besoin d’un monde que l’ampleur de l’opération de destruction que nous y menons. Alors, le tourisme ne saurait être simplement conçu comme une activité nocive dont il faudrait réduire l’impact, mais comme l’un des principaux mécanismes de la globalisation effrénée détruisant nos conditions d’existence. Sous couvert d’une illusion, par la promesse de l’infinie sauvegarde des clichés, le tourisme nous pousse irrémédiablement vers la catastrophe, en nous la rendant plus acceptable. Sa dernière expression en date, aussi la plus manifeste : ces touristes qui vont photographier la disparition de la banquise au Groenland.

Le confinement et la suspension des trajets internationaux offrent à chacun d’entre nous une opportunité immense : savoir s’il souhaite participer ou non de la relance du secteur touristique. On aura compris que le tourisme de masse, en tant qu’expérience globalisée, est l’expérience quasi-exclusive que chacun suit lorsqu’il découvre un pays étranger. On ne saurait “réinventer” le tourisme sans s’attaquer à son modèle global, qui charrie dans sa pratique même la destruction du monde, face à laquelle il nous propose de collectionner des clichés. Avec la “réinvention” du tourisme vient aussi l’opportunité de penser d’autres rapports au monde, a priori moins destructeurs.

Bref, la réinvention du tourisme à l’heure de la durabilité du monde ne pourra se faire qu’en refondant en profondeur l’expérience touristique. En existe-t-il déjà des exemples ?

Tendance : le voyage au pied de sa porte

Depuis quelques décennies, se développe dans le bassin parisien un tourisme métropolitain. Nombre de “balades” urbaines et péri-urbaines ont vu le jour [3], ainsi que des centaines de kilomètres de sentiers. Destinées à un public local, elles ont pour promesse de dépayser sur un temps court — une après-midi, un week-end -, sans trajet exceptionnel, de faire découvrir la richesse des territoires environnants, rarement explorés ; de la culture locale du citadin, souvent méconnue. Par exemple, le guide touristique l’Autre Paris, un succès en librairie, propose aux Parisiens une randonnée de “couture urbaine” : un point de départ familier Paris intra-muros, un point d’arrivée dans une ville de la première couronne souvent inconnue, une traversée à pied du périphérique quasiment jamais effectué, l’infrastructure fonctionnant pour les piétons comme un rempart.

D’abord le fait de particuliers et d’associations, la balade urbaine s’est développée hors des circuits touristiques traditionnels. Pratique de niche, elle répond à divers d’intérêts, entre autres : découverte de sa culture locale, réduction de son empreinte écologique, combiner une vie en ville dense et des moments en forêt ou à la campagne, écologie urbaine, processus de métropolisation. Avec son institutionnalisation progressive, via la commande publique du Grand Paris, vient aussi son succès croissant. Les acteurs proposant de telles offres demeurent hors du secteur touristique de masse, le public très largement local.

A travers cet exemple on comprend que l’abandon du déplacement au long cours, qui a pour conséquence une réduction drastique des émissions du touriste, est aussi porteur d’une refonte de l’expérience de découverte. De la captation des “must-see”, du meilleur du monde avant sa disparition, à la découverte de la richesse de son environnement, de son milieu de vie, que la plupart d’entre nous oblitère. Un pas vers l’écologie, une question d’attention.

“Se réinventer”, pas de demi-mesure

Avec l’abandon d’un mode déplacement — ou bien son remplacement, à l’image du train de nuit qui se développe de nouveau en Europe, et massivement depuis le flygskam lancé par Greta Thumberg — se transforme ainsi l’espace-temps du voyage. Un espace-temps aujourd’hui particulièrement chamboulé par la pandémie.

Dans une note pour Terra Nova, Jean-François Rial, le PDG de Voyageurs du Monde, estime, suivant l’évolution du virus, que le tourisme international ne pourra redémarrer avant septembre 2021. La possibilité d’un reconfinement partiel empêche la prévision des vacances : ni le calendrier, ni le lieu de destination. Cet été, il est certain que l’extrême majorité des français ne voyagera pas à l’étranger [4]. Les déplacements et les pratiques touristiques à venir sont difficiles à prévoir.

On peut toutefois avancer que les balades métropolitaines, et des activités similaires, vont se développer. Elles sont accessibles pour des citadins confinés à l’échelle de leur région. On peut aussi présumer que beaucoup d’acteurs du secteur, faisant face à des difficultés inédites, vont être tentés de proposer de nouvelles offres intégrant ces pratiques [5], en fonction des directives gouvernementales.

Pour ces acteurs industriels, il s’agit d’une première étape de réinvention de leur modèle, vers moins d’émissions : moins de déplacement, une offre plus locale, moins massive. On peut imaginer que certaines de ces offres demeureront une fois le confinement général levé. Qu’elles contribueront à un changement progressif des mentalités. Qu’elles révèleront une demande insoupçonnée par les acteurs de marché.

Mais pour faire de cette crise le moment de transition du secteur touristique au service de la durabilité du monde, ce ne sera pas suffisant. Suivant les mots du philosophe Bruno Latour “ce serait gâcher une crise”.

Au programme cet été : une ethnologie des pratiques touristiques

Tant que les acteurs du secteur touristique ne remettent pas en cause leur conception même de l’activité touristique, celui-ci restera une pratique de consommation et de destruction du monde. Il n’y a qu’une voie pour réinventer le tourisme : refonder l’expérience proposée.

Dans les circonstances actuelles, plutôt que de chercher à intégrer à tout prix de nouvelles pratiques compatibles avec les possibilités de déplacement, les acteurs du secteur du tourisme ont tout intérêt à les étudier. Celles-ci ne sont pas que des relais de croissance, transitoires ou durables, sous confinement. Elles sont les premières pistes d’un rapport écologique au voyage, constituées en dehors du modèle touristique de masse, de quoi leur permettre de changer d’expérience et de modèle.

Pour ce faire, mener un travail d’ethnologue : comprendre les expériences qui sont proposées, leurs fondements anthropologiques ; appréhender les pratiques sociales sur lesquelles elles reposent ; en quoi elles diffèrent du modèle touristique de masse ; comment elles abordent la question écologique. Réfléchir, par contraste, à leur propre modèle.

En changeant leur promesse — de la captation du meilleur du monde avant sa disparition à la découverte de la richesse de son environnement — les entreprises touristiques changent aussi de rôle. Il ne s’agit plus d’organiser un circuit de consommation dans lequel le client paye pour sa passivité. Au contraire, le voyagiste organise les conditions d’une découverte. Et avec ce nouveau rôle vient de nouveaux modèles économiques.

Réjouissons-nous, pendant un été ou deux, le tourisme de masse est à l’arrêt. Pour autant, l’activité touristique, si importante dans notre société, ne va pas cesser. De nouvelles pratiques vont voir le jour. D’autres, jusqu’ici marginales, vont se développer massivement. Autant de phénomènes à comprendre et analyser par le secteur du tourisme, afin de concevoir une nouvelle expérience, assumant les bouleversements climatiques. L’offre commerciale suivra.

Un tourisme au service d’une humanité écologique

Alors émergera une nouvelle conception collective du tourisme. Proche de celle des grands voyageurs de notre histoire elle en diffère par le regard qui est posé sur le monde. Marco Polo n’avait pas vent de l’anthropocène.

Imaginons : les bouleversements climatiques, la responsabilité de l’homme dans ces phénomènes, les risques qu’ils font peser sur l’ensemble des vivants sur Terre ne sont plus refoulés, éludés. Au contraire, le touriste en fait la question principale de son voyage, vecteur d’une attention au monde renouvelée. Comment apprendre à vivre sur Terre avec l’ensemble des vivants dans la durée ?

Et si le tourisme à venir devenait l’expérience cardinale d’un rapport écologique au monde ?

[1] Pour une définition du terme : Qu’est-ce qu’un dispositif ?, Giorgio Agamben, 2006

[2] Walter Benjamin : Paris capitale du XIXe siècle, 1939 et Le Paris du second Empire chez Baudelaire, 1938.

[3] Dynamique notamment portée par Enlarge your Paris : https://www.enlargeyourparis.fr/balades/nos-balades-preferees-autour-de-paris

[4] 20% des voyageurs français en temps normal ; suivant la recommandation d’Edouard Philippe.

[5] A l’instar de Abracadaroom qui propose une les hébergements disponibles 100km autour de chez soi.

--

--

Païdeia

Païdeia est un collectif de chercheurs en sciences sociales. Nous œuvrons à la diffusion de ces disciplines dans le monde économique : paideiaconseil.fr