Talk To Me App — une solution pour prévenir le Burn Out

Paméla Gallo
6 min readNov 29, 2018

(Recherches UI d’un projet solo// Ironhack Paris)

Dans le cadre d’un projet d’étude, le Wellness Institute (équivalent de L’Inpes en France), nous demande de réfléchir à une solution digitale qui contribuerait au bien-être des individus. Le périmètre d’action étant laissé à mon libre choix, j’opte pour celui du monde de l’entreprise. Je me focalise sur les salariés et leur bien-être en entreprise, et à contrario sur celles qui souffrent, pour savoir comment je peux contribuer à améliorer leur bien-être.

Bref rappel du process UX

Après une recherche sur le fléau des entreprises, le Burn Out, je réalise un sondage en ligne (lire ici tout ma démarche UX). Sans grande surprise, les personnes qui se déclarent “malheureuses” au travail, souffrent de stress, d’une surcharge de travail et d’un manque de communication dans leur quotidien professionnel. Elles expriment un sentiment d’isolement liées à leurs difficultés qu’elles ne peuvent pas exprimer. Lorsqu’on leur demande à qui elles aimeraient en parler, elles citent en premier leur hiérarchie.

Alors, comment faire pour libérer cette parole qui manque cruellement entre le manager et le salarié ? Faut-il imaginer une solution digitale qui les mettraient en relation, et comment ? Avec quelques UX designers, nous réalisons un brainstorming sur cette idée, mais le problème est mal posé. Il est toujours délicat d’exprimer à son supérieur hiérarchique son mal-être au travail quelles qu’en soient les raisons. Des facteurs multi-factoriels rentrent en ligne de compte et le rapport hiérarchique biaise souvent la communication. En outre, dire que l’on aimerait communiquer ses difficultés à son employeur ne veut pas dire qu’on le fera une fois qu’on en a la possibilité, pour de multiples raisons. Je ne souhaite pas rentrer sur ce terrain, encore moins via une application, cela m’apparait délicat.

Une autre donnée importante et plus facile actionnable, est que 90% des personnes interrogées aimeraient, si elles en avaient la possibilité, s’entretenir avec une personne neutre ou un médiateur, et ce de manière anonyme. En entretien, même retour, les interviewés répètent le besoin de s’exprimer auprès d’un médiateur. C’est souvent proposé en entreprise, le plus souvent dans des groupes de parole. Mais il n’est jamais évident pour un salarié de consulter un médiateur lorsque c’est l’entreprise qui le propose directement, que ce soit via un groupe de parole ou en entretien individuel.

Le problème est déjà la solution

De là découle très naturellement notre How Might We :

Comment faire pour encourager les salariés à exprimer leurs difficultés au travail, de manière anonyme, à une personne neutre ?

Après un travail d’idéation, duquel sont ressorties des idées intéressantes, les solutions les plus simples sont aussi les plus pertinentes. Pourquoi ne pas tout simplement mettre en relation les salariés avec un médiateur, via une application ?

Cette application permettrait de personnaliser l’expérience de mise en contact. Elle pourrait aussi faciliter et encourager cette mise en relation, en créant un renforcement positif du comportement, par une fonction d’auto-évaluation de l’état émotionnel et physique du salarié, avant et après l’appel. Le but : faire prendre conscience que la communication avec un médiateur a un réel impact sur l’état psychologique de la personne qui en éprouve le besoin. La personnalisation de l’expérience et le renforcement positif sont les valeurs ajoutées du concept en comparaison à un simple transfert de coordonnées. L’application pourrait aussi permettre, dans un 2ème temps, d’informer et de faire de la prévention.

Orientations graphiques

Après avoir réalisé un prototype low-fi dont j’ai testé le user-flow, j’ai en tête un design chaleureux et rassurant, paisible et épuré. Mes utilisateurs sont a priori stressés, surchargés de travail. Je dois les rassurer et les réconforter, et créer un climat de confiance.

Les valeurs que je souhaite transmettre par mon design sont donc la sérénité, et l’apaisement, la convivialité et la confiance.

Je sélectionne des images de grands espaces naturels, associés à la détente et au bien-être.

Des typographies plutôt rondes, comme la Roboto ou Lato, ou encore M Plus Rounded apporteraient convivialité et réconfort. Je choisis comme inspiration des layouts blancs, épurés, aux formes rondes, avec des dégradés, toujours pour leur aspect convivial et sobre.

Mon choix de couleurs se porte sur l’indigo, un violet qui tend vers le bleu. Le violet représente traditionnellement la sagesse et la spiritualité, le bleu est rassurant, il a des effets apaisants et apporte un gage de sérieux.

Les applications professionnelles utilisent traditionnellement la couleur bleue, mais il serait bon d’éviter que l’utilisateur ne se sente dans une ambiance “corporate”.

Un dégradé allant du rose à l’orangé me parait intéressant car à contre-courant, et apporte chaleur et réconfort (orange) avec un aspect amical et léger (rose). Ce sont des couleurs stimulantes et dynamisantes, comme une forme d’encouragement.

A partir de ces choix, je réalise mon Atomic Design.

Interfaces UI

Il faut dédramatiser le propos. Je choisis de l’illustrer avec des objets et des formes ovales, contenant des images qui flottent, pour donner un peu de légèreté et de la douceur.

J’opte pour un flow orange tirant sur le rose, pour le recueil des données personnel, afin de donner un ton amical et chaleureux. Le flow indigo illustre la mise en contact avec le coach, pour une ambiance plus sérieuse et professionnelle.

Le prototype Marvel

https://youtu.be/Gp6TvdlwENc

Ci-contre le userflow que je suis allé tester.

L’application permet, dans les données personnelles du profil, de recueillir les difficultés du salarié, par le choix de tags (stress, sommeil, problème de management…).

N’oublions pas qu’on a affaire à des personnes surchargées de travail, qui ont déjà fait l’effort de chercher à contacter un coach.

Un formulaire risquerait de faire fuir l’utilisateur dès l’entrée dans l’application. Grâce aux difficultés ainsi recueillies, l’application fera une pré-sélection des coachs qui conviennent à l’utilisateur.

Testing et désirabilité

Quid des tests de désirabilité ? Mes testeurs ont répondu très positivement. Les adjectifs choisis, (chaleureux, rassurant, moderne, paisible et épuré) ont bien été cités. Chaque personne sur les 5, a cité 3 adjectifs sur 5, et ce à chaque test, sur une grille de 40 adjectifs proposés. L’application a été jugée simple d’utilisation, et utile, et donnerait à priori envie d’être utilisée, ce qui est encourageant. A vérifier encore avec un panel plus important de testeurs.

Et ensuite ?

  • Revoir le concept et tester l’application auprès des second users, les coachs, psychologues, ou tout autre professionnels des risques psycho-sociaux; recueillir leurs avis sur les critères à évaluer lors de l’auto-évaluation.

Une infirmière qui a testé le prototype m’expliquait que, bien que simple, la jauge comme auto-évaluation est efficace.

  • Réaliser la suite des parcours, avec un historique des données d’auto-évaluation.
  • Développer du contenu rédactionnel avec des conseils d’experts, pour informer, et prévenir.
  • Une fonctionnalité avec des sondages anonymes pour évaluer le bien-être des salariés, destinés aux dirigeants.

Pour l’entreprise, on pourrait imaginer un dashboard de recueil global des données de ses salariés, évidemment anonyme. Si l’entreprise s’apercevait d’un malaise trop important, dans un service ou un site, elle pourrait réagir par la mise en place d‘actions (révision de son organisation de travail, Team-Bulding, aide au management, groupe de parole, PNL…).

Que pensez-vous de l’orientation de ce projet ? Merci de m’avoir lue.

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