Valence : tout ce que Nicolas Daragon aurait pu faire pour notre sécurité

Paul Christophle
3 min readMay 22, 2023

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Les Valentinois ont eu à subir, la semaine dernière, la violence de règlements de compte qui les marqueront durablement. Depuis plusieurs mois, les habitants du Plan, de Fontbarlettes et Valence-le-Haut vivent chaque jour cette insécurité qui a atteint un sommet et les oblige au deuil et à l’inquiétude. Il faut aujourd’hui espérer que la justice réussira à remonter la chaîne des responsabilités individuelles pour que les coupables et les commanditaires de tels actes, qui ont brisé la vie de jeunes adultes et de leurs proches, soient retrouvés et condamnés. Il n’y a pourtant rien d’inéluctable dans ces morts, et le destin de ces jeunes aurait pu être bien différent si la sécurité avait été assurée.

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Le Gouvernement, à travers son projet de réforme de la police judiciaire, combattu tant par les policiers concernés que par l’ensemble de l’appareil judiciaire, va amoindrir la capacité de l’Etat à lutter contre le crime organisé et concentrer ses efforts sur les missions d’ordre public. Or la lutte contre les réseaux de la drogue est extrêmement complexe et nécessite des moyens importants. Nous le savons, ce n’est pas en s’attaquant aux acteurs de la fin de la chaine de ces trafics que nous y mettrons fin. C’est pourtant ce à quoi conduira cette réforme de la police judiciaire.

Si l’Etat, et avec lui l’appareil éducatif, policier et judiciaire, a une responsabilité primordiale dans l’incapacité à juguler ces violences, il n’est pas le seul acteur à pouvoir agir. Il y a aussi la municipalité de Valence. Pourtant, depuis plusieurs semaines, Nicolas Daragon et sa majorité prétendent que le maire n’est pas responsable de la sécurité de ses habitants. Outre l’étrangeté d’un tel positionnement pour un homme qui centra tant sa campagne municipale de 2014 et encore celle de 2020 sur le thème de la sécurité, critiquant allégrement son prédécesseur sur le sujet, la commune est-elle réellement impuissante ?

Le code général des collectivités territoriales nous indique que la police municipale — sous l’autorité du maire — « a pour objet d’assurer le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publiques ». L’article précise même que cela recouvre « le soin de réprimer les atteintes à la tranquillité publique telles que les rixes et disputes accompagnées d’ameutement dans les rues, le tumulte excité dans les lieux d’assemblée publique, les attroupements, les bruits, les troubles de voisinage, les rassemblements nocturnes qui troublent le repos des habitants et tous actes de nature à compromettre la tranquillité publique ».

La rédaction est donc large, donnant des pouvoirs de police étendus au maire, y compris en matière de répression. Des municipalités ont mis en place des mesures permettant une meilleure réaction contre les infractions, en dotant leurs services de brigades d’intervention opérationnelles fonctionnant 24 h/24 et 7 jours/7.

Surtout, le maire a un rôle primordial en matière de prévention de la délinquance. La répression arrivant après la commission du crime ou du délit, la prévention est un axe déterminant des politiques de sécurité publique. Dans le domaine de la prévention, le maire dispose de pouvoirs étendus, et c’est même l’autorité la plus compétente pour ce sujet précis : passage de patrouilles dans les lieux sensibles, réparation systématique des dégradations urbaines, présence de services publics de proximité et du transport urbain, développement de la vie associative…

Enfin, il est absolument certain qu’aucune amélioration ne viendra de la seule dénonciation des manquements de l’Etat. L’opposition entre le pouvoir national et le pouvoir local est largement documentée par les travaux de recherche en politiques publiques comme un facteur d’échec. Depuis la fin des années 1990, nous savons que le traitement efficace de la délinquance passe par la coopération renforcée entre les autorités nationales de police et les autorités locales. Ainsi, des dispositifs géographiques locaux comme les groupes de traitement de la délinquance ou encore les contrats locaux de sécurité, ont fait leurs preuves, à condition que les élus locaux arrivent à travailler en bonne intelligence avec les services de l’Etat.

Malheureusement, les dernières déclarations de Nicolas Daragon font craindre qu’il se soit enfermé dans une posture politicienne d’opposition stérile à la Préfecture et à l’Etat, en se défaussant de sa responsabilité en matière de sécurité, et tout cela au détriment de la sécurité de sa ville et de ses habitants.

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Paul Christophle
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