Jean-Luc Mélenchon met Zemmour KO

Pauline Spilers
4 min readSep 23, 2021

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Éric Zemmour est devenu au fil du temps le porte-voix officiel de la droite extrême et de l’extrême-droite. Au cours des derniers mois, il est devenu également le candidat qui ne sort pas du bois mais est pourtant mis en lumière constamment par un parti médiatique complaisant. Il était temps d’y mettre un terme en le confrontant, en montrant toute la vacuité de ce qu’il propose, le tissu de fantasmes et de chimères qui constitue le fonds de commerce de l’argumentaire d’extrême-droite. C’est ce qu’a fait Jean-Luc Mélenchon ce soir en allant affronter Éric Zemmour au cours de ce débat ce soir en démontant les mantra de Zemmour sur l’immigration et la sécurité avant de montrer son absence totale de propositions en matières écologiques et sociales.

Sur les thèmes de complaisance de Zemmour, Mélenchon a mobilisé des faits et des chiffres au service d’un discours résolument républicain et humaniste.

À la vision fantasmée d’une France ethnique, fondée sur le christianisme, Jean-Luc Mélenchon a rappelé que la France s’est construite au fil du temps par le mélange constant des peuples et des cultures, processus que le poète Édouard Glissant a appelé la créolisation, et qui est la dynamique de la vie même.

À la vision intrinsèquement raciste de notre pays véhiculée par Éric Zemmour, le candidat de l’Union populaire a réaffirmé que la grandeur de la France c’est le pari sur l’humain.

Aux obsessions maladives de Zemmour sur la religion musulmane, Jean-Luc Mélenchon a défendu la dignité de nos concitoyens et souligné la grande contribution de l’islam à l’humanisme dès le Moyen-Âge.

Sur le thème prétendument phare de Zemmour, la sécurité, Jean-Luc Mélenchon a pointé du doigt les fadaises du candidat non officialisé de l’extrême-droite. Coincé par les journalistes, Zemmour lève les yeux au ciel, ne répond pas et attaque des chercheurs en science sociale. Décidément, Éric Zemmour méprise les disciplines scientifiques comme on le verra sur la question de la lutte contre le dérèglement climatique.

Lorsque Jean-Luc Mélenchon lui rappelle que les plus fortes insécurités en France c’est l’insécurité alimentaire (8 millions de Français·es ont recours à l’aide alimentaire selon le Secours catholique) ou l’insécurité au travail : Zemmour n’a rien à dire.

Sur la vision de la France, les relations internationales, Jean-Luc Mélenchon a souligné la nécessité pour la France d’être républicaine jusqu’au bout des ongles, indépendante afin d’être ouverte sur le monde, qui construise une francophonie politique, contribue à la démilitarisation du monde et à l’extension du droit international aux biens communs. Sur ces sujets, Zemmour se contente de répéter sa rance litanie et de proposer une hausse des dépenses d’armement. Éric Zemmour pense-t-il qu’on affrontera le défi de la catastrophe écologique avec des canons ?

Alors même que 2021 a vu la multiplication des catastrophes climatiques, Éric Zemmour révèle son mépris du consensus scientifique le plus élémentaire et s’interroge sur la réalité même du changement climatique. Zemmour demeure figé dans un passé archaïque continuant de promouvoir le mythe d’une croissance infinie à coup d’énergies atomiques. Face à cette analyse affligeante, Jean-Luc Mélenchon lui oppose le bon sens de la planification écologique et de l’écologie populaire.

À la nécessité de traiter ensemble urgence écologique et urgence sociale, Éric Zemmour montre là aussi l’inanité de ses propositions sociales. Il répète toutes les vieilles ficelles de la droite ultra-libérale sur les charges sociales, la fraude sociale, la nécessité de baisser les impôts de production, le fléau de l’assistanat… Bref, il propose la politique sociale d’Emmanuel Macron. Face à cela, Jean-Luc Mélenchon a opposé la nécessité du partage des richesses et du temps de travail, de la nécessité d’un protectionnisme écologique et social pour briser le cercle infernal du moins-disant social au niveau mondial.

Enfin, sur l’impératif démocratique, que ce soit la rupture avec les traités européens ou la nécessité de passer à la 6e République par un processus constituant, Éric Zemmour n’a fait que parler du passé, invoquant les lointaines images du traité de Maastricht et de la 4e République. Éric Zemmour se réfugie dans l’image d’une France qui n’a jamais existé et n’a rien à dire au peuple de France dont il méconnaît toutes les aspirations démocratiques et égalitaires.

Jean-Luc Mélenchon est allé débattre avec Éric Zemmour pour dégonfler la baudruche de l’extrême-droite. Le résultat est probant. À chaque contradiction, Éric Zemmour n’a rien d’autre à répondre que des « ben voyons » en levant les yeux au ciel. Face à des affirmations sourcées, appuyées par des recherches scientifiques, il se défausse en répétant en boucle les mêmes fantasmes, faisant un réel exercice de singes savants à coup de citations qui masquent mal la vacuité de son propos. Éric Zemmour, en tout ce qu’il dit ou fait, est le spectre d’une France passée qui n’a jamais existé. Ce soir Jean-Luc Mélenchon a allumé la lumière et a dispersé l’ectoplasme zemmourien.

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Pauline Spilers
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Journaliste free-lance. J’écris sur l’actu, la politique ou la culture.