Le smartphone, c’est mort…

Phil Jeudy
5 min readSep 5, 2015

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Credit: Ben Stanfield https://www.flickr.com/photos/acaben/541326656

Novembre 2007 est une date qui a marqué cette grande maladie qu’est l’addiction à son téléphone d’un nouveau genre: c’est en effet la date choisie par Steve Jobs pour sortir son iPhone, le smartphone par excellence, qui allait lancer littéralement toute une industrie dans une nouvelle ère.

C’est bien joli tout ça, mais ça allait aussi être responsable de milliers d’emplois qui auront disparu de Finlande, des bureaux de Nokia pour être précis, alors star des masses populaires. Symbian résonnait alors comme le clairon de l’OS mobile du futur, avec aussi Samsung, Motorola et Sony Ericsson qui s’étaient invités dans la danse. Et puis, donc, l’Amérique de Steve a alors soit disant “inventé” le smartphone. Il a placé l’ordinateur dans votre poche, il a imaginé la place de marché des applications pour faire des tours de passe passe depuis votre téléphone, et enfin il a réussi à faire croire avoir imaginé la caverne d’Alibaba pour des développeurs qui allaient enfin devenir riches et respectés.

Google est entré dans la danse, à grands coups de rachats de brevets et de sociétés, à grands coups de millions de dollars de publicité, et de frais d’avocats. Tous les constructeurs de téléphones d’Asie s’y sont collés.

Voilà le compte aujourd’hui: iOS c’est 41.3% de parts de marché, Android 53,2%. Soit 95% au total pour les deux, alors le reste on l’oublie. Donc, bien joué Google. Ceci étant, les boutiques d’Apple restent plus que jamais noires de monde, les contrats opérateurs restent toujours aussi chers (à quelques exceptions près) et aussi contraignants, des tas de développeurs se lancent dans l’entrepreneuriat, mais ne rammassent en majorité que des miettes. Les Unicornes, ce n’est pas pour tout le monde.

Et mon “ordinateur de poche”, bien qu’ayant progressé en terme d’utilitaires (merci Google et ses milliers de lignes de codes, et toutes ces fonctionalités comme Google Now), continue de baisser pavillon en milieu de journée. Je veux dire: en fin de matinée.

Et aussi je croise tous les jours ces pauvres gens obnubilés par leur écran, oubliant le monde qui les entoure, soignant leur timidité ou leur égoïsme par une certaine forme de concentration sur cet écran trop petit pour eux, rendant leur visage hideux, triste, leur cou tordu vers bas. L’Homme est en train de redescendre vers l’état de singe, c’est juste une question de décennies.

Credit: Ed yourton https://www.flickr.com/photos/yourdon/13621844893/

Pire encore, désormais on a les selfies, ces tronches de cake qui s’affichent avec leurs sourires figés, ou bien encore ces expositions de plats de guide Michelin 5 étoiles qui nous rappellent qu’on n’est pas du même monde que certains. Je ne vois rien de smart dans tout cela.

Et voilà que l’ancien patron d’Apple, John Sculley, nous annonce l’arrivée d’un nouveau smartphone: Obi.

Credit: Orbi Worldphone

“Designed in San Francisco”. Et oui, on ne dit plus Cupertino, Palo Alto ou Monte-Carlo. La Silicon Valley, c’est dépassé. Elle a eu une remontée d’organes, pour finir au bout de la péninsule, où tout peut arriver. La ville de même pas 1 million d’habitants, où l’extrêmement riche croise l’incroyablement pauvre, ou parfois (et bien trop souvent) l’odeur de cannabis et d’urine domine, peut importe. San Francisco est vraiment devenue la capitale technologique mondiale. $10 milliards levés auprès d’investisseurs privés en 2014 pour des startups localisées dans la ville dirigée par Ed Lee : New York, Pékin, Londres, va donc voir ailleurs si j’y suis.

“Pixel perfection”, “Dynamic focus”, “High powered zoom”. “Multiple shooting modes”. “Image processing”. “Superior audio”. “Exciting power”. Et puis quoi encore?! Tu choisis la couleur et tu as quatre applications qui n’ont rien de révolutionnaires à se battre en duel sur ton bouzin. On vous promet du “Papa-maman”. Comme ses confrères, ce produit que se veut un air de Made in America est naturellement produit là où la main d’oeuvre travaille en respectant scrupuleusement la sieste post-déjeuner. Et même à 200 dollars, on sait comment ça va finir. Au bout d’un cordon de rechargement vers les midi. Comme les autres. C’est un Lolipop dans sa version 5.0.2. Je vous souhaite bien du courage.

Je les ai tous faits: iPhone, Windows Phone, Android. Ils ont tous ce coup de pompe après le déjeuner, où il leur prend eux aussi de faire un grosse sieste.

Sauf Blackberry: super batterie. Et gros focus sur l’essentiel: communiquer. Appeler, mais surtout répondre aux messages. Quick!

Belle transition. Scott sait donner des leçons sur la façon de gérer une startup, mais ce n’est pas lui qui va me dire quel téléphone j’aimerais utiliser. Je ne suis pas un geektette. Je ne veux plus de smartphone. Je veux un quickphone. Un téléphone qui démarre vite. Un téléphone où je ne dois pas naviguer, ça bouffe la batterie, et on est jamais sûr que ça va marcher. Un téléphone à qui je parle, et qui me renvoie la réponse en SMS, voilà, sans fioritures. C’est tout ce que je lui demande. Un téléphone qui utilise l’efficacité des technologies de reconnaissance de voix et va chercher l’information là où elle est disponible: dans le cloud, bien au chaud au milieu des big datas.

C’est pas sorcier.

Je suis en mouvement, je conduis, je cours, je n’ai pas le temps de naviguer, je n’ai pas le temps de cliquer. J’ai 5 minutes? Je veux écouter une chanson, une radio, lire des nouvelles courtes. Il est 4 heure de l’après-midi? Mon téléphone est à mi-chemin en terme de batterie. Si j’oublie de le recharger dans la nuit, il lui reste encore un peu d’énergie.

Le monde va de plus en plus vite, les ressources naturelles s’épuisent, les gens ont besoin de se connecter… mais pas à travers plusieurs applications. En tout cas, à partir d’un modèle unique, quel que soit le fournisseur d’informations (tu vois, on ne dit plus un fournisseur d’applications, c’est une grande différence). D’ailleurs, j’ai choisi le meilleur, le rapport prix/localisation (et non plus qualité/prix), la force d’un téléphone c’est d’être capable d’agir en fonction du critère géographique (et non pas à perpette d’où je ne trouve en ce moment).

Les fondateurs de Magic, startup issue de l’incubateur Ycombinator, ont su mettre le doingt sur le bon format: un SMS et le tour est joué (ou presque). Ou encoreGobuttler, Operator. Reste à développer l’expansion du produit, voire trouver le téléphone qui va avec! Mais ça va arriver!

Ca t’intéresse? Envoie-moi donc un message et on en discute, pour le développer ce (vrai) téléphone du futur. A moins que ce soit la montre du futur. Catch me if you can.

Publié sur le Huffington Post le 4/9/2015 : http://www.huffingtonpost.fr/phil-jeudy/obi-nouveau-smartphone_b_8062664.html

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Phil Jeudy

International Business Development Specialist - Startup & Innovation Veteran - Based in Kyiv, Ukraine