Entretien avec Vincent Bolduc

Livres audio : redécouvrir le plaisir de la littérature

Grand amateur de livres audio, le chroniqueur et comédien Vincent Bolduc nous explique pourquoi cette formule a complètement changé et même bonifié son rapport à la littérature.

Entre le travail, la famille et les aléas de la vie quotidienne, pas facile de trouver le temps d’ouvrir un livre et de s’y plonger réellement. C’est le constat qu’a dû faire, comme bien d’autres, Vincent Bolduc. Grâce au livre audio, il n’a toutefois pas renoncé à la satisfaction que lui a toujours procurée la lecture.

Plaisirs partagés et multipliés

«Cette façon d’aborder un ouvrage me permet de vaquer à d’autres occupations en même temps, explique-t-il. Je peux être dans n’importe quelle pièce de la maison ou encore en déplacement. Que je sois seul ou pas, je consomme d’ailleurs beaucoup de livres audio en voiture. Je me souviens notamment d’un trajet entre Québec et Montréal rendu mémorable grâce à l’écoute d’Arvida, magnifiquement lu par Gildor Roy et par son auteur Samuel Archibald.»

En voyage, il s’assure aussi que son téléphone contienne toujours quelques titres. «Au Maroc, par exemple, j’ai pu plonger dans Candide de Voltaire alors que j’étais dans un autobus qui brassait beaucoup trop pour ouvrir un livre. J’en ai aussi fait l’écoute en marchant au bord de la mer et dans le désert. Que les ambiances soient différentes ou complémentaires à celles du livre, c’est toujours une grande expérience d’avoir une histoire dans les oreilles alors que le regard se pose sur la beauté des paysages.»

Plonger au cœur de l’œuvre

C’est avec À la recherche du temps perdu de Marcel Proust que Vincent Bolduc s’est initié au livre audio. «La lecture qu’en fait André Dussollier m’a complètement renversé! se rappelle-t-il avec enthousiasme. Il s’agit d’une œuvre exigeante que je n’aurais peut-être jamais osé attaquer sous forme papier. Comme l’écriture est complexe, elle nécessite parfois de reprendre certains passages pour les assimiler avec justesse. Mais le fait qu’un autre fasse le travail de lecture, en effectuant par exemple les pauses aux endroits appropriés, nous permet de tout de suite saisir l’intention de l’auteur.»

Cette prise en charge de la narration lui permet de mieux pénétrer dans l’œuvre, et d’ainsi toucher à son essence. «En lisant La Sagouine d’Antonine Maillet, je ne pourrais par exemple jamais retrouver la même musicalité que lorsque Viola Léger en fait le récit. Dans certains cas, ça donne plus de force aux univers décrits. Surtout pour les romans étrangers, comme Les cerfs-volants de Kaboul de Khaled Hosseini ou la série L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante, où les noms de lieux et de personnages relèvent d’une autre langue. Ça me permet de mieux m’évader», conclut celui qui affirme également prendre beaucoup de plaisir à écouter des livres audio avec sa conjointe et apprécier de pouvoir faire aisément plusieurs essais avant d’arrêter son choix sur un livre.