La chick lit : ça aussi ça fait du bien

Tendance littéraire décriée s’il en est, la chick lit a pourtant une qualité non négligeable : elle peut vous aider à vous sentir mieux. Une professeure de littérature nous explique comment.

PRETNUMERIQUE.CA
4 min readJan 30, 2017

Vous pensez que la gaffeuse Bridget Jones, créée dans les années 1990 par la romancière Helen Fielding, et celles qui sont nées dans son sillage ne peuvent que nuire à l’élévation intellectuelle? Halte-là. Sans se faire la défenseure à tous crins de la chick lit (ou «littérature de poulettes»), Marie-Pier Luneau, professeure titulaire en littérature à l’Université de Sherbrooke, remet quelques pendules à l’heure.

Ces femmes qui nous ressemblent

«Évidemment que la chick lit est dépréciée par l’élite et la critique. C’est toujours le cas avec la littérature populaire, peu importe les époques et les peuples. Mais ça ne signifie pas qu’elle n’a aucune valeur, même si elle ne révolutionne pas la littérature», commence celle qui s’intéresse au roman sentimental (comme les fameux Harlequin), et qui aime établir des parallèles entre ces «genres» littéraires.

«Même si toutes deux ont comme objectif de trouver l’amour, l’héroïne de chick lit a énormément évolué par rapport à celle du roman sentimental, qui était prise dans un carcan et était incomplète sans amoureux. Elle était aussi un modèle de vertu, au comportement moral irréprochable. À l’inverse, l’héroïne de chick lit est imparfaite : elle pique des crises de nerfs, vire des brosses… Elle s’éloigne grandement de l’idée de modèle.»

Et ce personnage déluré, maladroit, angoissé provoque un effet de reconnaissance chez la lectrice qui, par comparaison, se trouve pas si mal, finalement. «Lire ce genre de romans crée un effet de catharsis, c’est comme une soupape psychologique», affirme Mme Luneau. La lectrice complexée ou qui culpabilise de ne pas exceller dans tout se sent soudain moins seule, et plus légère.

La quête de l’homme

Mais attention, la chick lit est loin de proposer des modèles d’indépendance, encore moins de féminisme, tempère la professeure. «Il y a beaucoup de contradictions dans les intrigues, donc c’est difficile de savoir quel est le message véhiculé. Par exemple, les personnages féminins vont signer un pacte de célibat au début du roman, mais finiront toutes mariées.»

Au Québec par contre, plusieurs auteures sont soucieuses de s’éloigner des standards. Mme Luneau signale entre autres que dans le dernier roman d’Amélie Dubois, La fois où… j’ai suivi les flèches jaunes, il n’y a aucune quête amoureuse. «L’héroïne cherche à se définir dans la vie, et mise beaucoup sur sa carrière.»

Rions de bon cœur

La constante dans la chick lit : l’humour, souvent sous forme d’autodérision. «C’est principalement destiné à nous faire rire et à nous divertir», résume la professeure. L’équivalent écrit d’une comédie romantique au cinéma, en somme. Tout le monde sait que ça fait du bien, de temps à autre. Pourquoi bouder son plaisir?

Une question qui tue pour finir : devrait-on s’inquiéter si notre ado ne lit que de la chick lit? Mme Luneau nuance : «J’aurais tendance à m’inquiéter si mon ado ne se posait pas de questions sur ce qu’elle lit, peu importe ce que c’est.» Sages paroles.

Quelques suggestions québécoises :

Soutien-gorge rose et veston noir de Rafaële Germain, chez Libre Expression, le premier roman de chick lit québécoise

La théorie du drap contour de Valérie Chevalier, chez Hurtubise

La série Sortie de filles de Catherine Bourgault, chez Les éditeurs réunis

Ça peut pas être pire… de Nathalie Roy, chez Libre Expression

Petit guide pour orgueilleuse (légèrement) repentante d’Annie L’Italien, chez Québec Amérique

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