Le renouveau féministe

PRETNUMERIQUE.CA
3 min readJun 15, 2017

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Il y a 10 ans, se dire féministe pouvait demander du courage. Aujourd’hui, le mouvement regagne en popularité, beaucoup grâce à des jeunes femmes qui propulsent leurs idées sur les réseaux sociaux. Les essais sur le nouveau féminisme contribuent eux aussi à sensibiliser la société à l’importance de l’égalité entre les sexes, et attirent leur lot de lecteurs et lectrices. En voici 3 à découvrir.

Second début. Cendres et renaissance du féminisme, de Francine Pelletier

D’accord, Francine Pelletier n’est pas une jeune féministe. La preuve : la chroniqueuse au Devoir faisait partie de la bande qui a créé le magazine féministe La vie en rose en 1980. Elle a vu le mouvement prendre son envol, puis frémir et presque s’éteindre à la suite de la tuerie de Polytechnique, et enfin, renaître. Qui de mieux placé pour retracer l’histoire du féminisme et de la condition des femmes au Québec? C’est ce qu’elle fait dans cet ouvrage très accessible, avant de s’attarder, pour finir, aux trois dernières années. Car en 2014, note-t-elle, «les astres se sont alignés en faveur du féminisme», dans la foulée de l’affaire Ghomeshi, et avec l’appui de vedettes comme Emma Watson et Beyoncé. Pourtant, les femmes rencontrent encore plusieurs obstacles : violence, pression de performance sexuelle, peur de ne pas être à la hauteur professionnellement, relations hommes-femmes toujours périlleuses… Découragée, Francine Pelletier? Pas complètement. Parmi les lueurs d’espoir qui lui donnent foi : le désir de diversité et d’inclusion des jeunes féministes comme Judith Lussier et Marianne Prairie.

Je suis féministe. Le livre, de Marianne Prairie et Caroline Roy-Blais

En 2008, ça prenait du front pour lancer un blogue féministe dans une webosphère encore très masculine. Les fondatrices de Je suis féministe en avaient. Et trouvaient que les jeunes féministes manquaient de tribunes; elles souhaitaient les faire parler de leurs combats. Ce livre se veut un condensé de cette aventure collective de réflexion, qui a toujours cours. Pas didactiques du tout, les textes retenus offrent un miroir du nouveau féminisme, dit de la 3e vague. Le panorama des sujets est vaste : féminisation du langage et de l’éducation, dicos pour filles, cyberviolence, culture du viol, haine du poil féminin, pression d’allaiter, décriminalisation de la prostitution, tabou de la masturbation féminine, etc. L’intérêt du bouquin est surtout de montrer que les féministes d’aujourd’hui sont au fait des paradoxes du mouvement, et se questionnent. Peut-on être féministe et regarder de la porno? L’approche des Femen, qui écrivent des slogans sur leurs seins nus, est-elle défendable? Pour comprendre ce qui préoccupe les jeunes féministes québécoises des années 2010, il n’y a pas mieux.

Les libéraux n’aiment pas les femmes, d’Aurélie Lanctôt

Vous trouverez peut-être qu’il y a plus attirant comme sujet que les conséquences des politiques d’austérité sur les femmes. Soit, mais parfois, se frotter à des ouvrages plus «sérieux» permet de découvrir une réalité qui est complètement passée à côté du radar médiatique, mais qui n’en mérite pas moins notre attention. Les libéraux ont beau se targuer de compter le féminisme parmi leurs valeurs phares, l’auteure démontre ici à quel point leur indifférence envers les effets de l’austérité sur les femmes aura nui à ces dernières. Un exemple? La modulation des tarifs de garderie incite les femmes à demeurer à la maison, limitant ainsi leur accès au monde du travail. Les milieux majoritairement féminins, comme l’éducation, la santé et le communautaire — bref, d’importantes institutions publiques — auront aussi grandement souffert des nombreux coups de ciseaux distribués dans les budgets.

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