Promesse de vente vs compromis đŸ„Š

Sacha BOYER
MyNotary ‱ Blog
5 min readApr 14, 2020
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Nous entendons souvent parler du compromis (alias la PSV pour promesse synallagmatique de vente) et la promesse (alias la PUV pour promesse unilatérale de vente). Mais quelle est la différence ?

La promesse synallagmatique de vente — alias le compromis.

DĂ©finition đŸ‘©â€đŸ«

Elle correspond au contrat par lequel le promettant s’engage Ă  vendre et le bĂ©nĂ©ficiaire Ă  acquĂ©rir.

Dans ce contrat chaque partie a dĂ©jĂ  donnĂ© son consentement. Le Promettant (celui qui souhaite vendre) comme le bĂ©nĂ©ficiaire (l’acquĂ©reur) sont engagĂ©s et ni l’un ni l’autre ne peut se dĂ©sengager Ă  l’exception des cas suivants :

  • Le dĂ©lai de rĂ©tractation de 10 jours pour l’acquĂ©reur Ă  compter de la remise du courrier SR ;
  • La rĂ©alisation des diffĂ©rentes conditions suspensive ;
  • L’obtention d’un prĂȘt par l’acquĂ©reur pour lui permettre de financer le prix de l’immeuble ;
  • La remise de l’état hypothĂ©caire ne rĂ©vĂ©lant pas d’inscription pour un montant supĂ©rieur au prix de vente ;
  • La dĂ©livrance d’une autorisation d’urbanisme?

Que se passe-t-il si une partie refuse de signer ? ✒

L’autre partie pourra dans ce cas demander :

  • L’exĂ©cution forcĂ©e de la vente, mais cela devra passer par une action en justice qui peut ĂȘtre longue et coĂ»teuse
  • La rĂ©solution de la vente, soit par un accord amiable entre les deux parties, soit par application d’une clause spĂ©cifiquement prĂ©vue Ă  cet effet.
  • Invoquer la caducitĂ© de la vente. En effet, lorsque le compromis est rĂ©digĂ© par un agent immobilier, il est obligatoire de prĂ©voir un terme extinctif Ă  peine de nullitĂ© du contrat. Aussi, si Ă  l’arrivĂ©e du terme rien n’est fait, une partie pourra invoquer la caducitĂ© de la vente (Civ. 3e, 9 mars 2017, FS-P+B, n° 15–26.182)

Quelque soit la mĂ©thode choisie, des dommages et intĂ©rĂȘts pourront ĂȘtre demandĂ©s si l’une des parties Ă  commis une faute. En principe le montant des dommages et intĂ©rĂȘts sont dĂ©terminĂ©s en justice, mais ils pourront ĂȘtre dĂ©terminĂ©s dans une clause pĂ©nale.

Pourquoi on verse un dĂ©pĂŽt de garantie ? đŸ’¶

Pour prĂ©munir le promettant, il est souvent demandĂ© le versement d’un dĂ©pĂŽt de garantie. En principe, en vertu de l’article L.217–2 du Code de la construction et de l’habitation, si l’acquĂ©reur est un non-professionnel et que le bien est Ă  usage d’habitation, aucune somme ne peut ĂȘtre versĂ©e par l’acquĂ©reur avant l’expiration du dĂ©lai de rĂ©tractation. Toutefois, lorsque la promesse est conclue par l’intermĂ©diaire d’un professionnel ayant reçu mandat pour prĂȘter son concours Ă  la vente, un versement peut ĂȘtre reçu entre les mains d’un professionnel disposant d’une garantie financiĂšre.

Si le bénéficiaire venait à refuser de signer, malgré la réalisation des conditions suspensives, le promettant pourra conserver cette somme, aprÚs décision de justice ou accord amiable entre les parties.

La PSV doit-elle ĂȘtre rĂ©digĂ©e par acte authentique ? đŸ‘©â€âš–ïž

Non, sauf si elle a une durée de validité de plus de 18 mois.

La promesse unilatérale de vente

DĂ©finition đŸ‘©â€đŸ«

Il s’agit du contrat par lequel une partie, le promettant, accorde Ă  l’autre, le bĂ©nĂ©ficiaire, le droit d’opter pour la conclusion d’un contrat dont les Ă©lĂ©ments essentiels sont terminĂ©s, et pour la formation duquel ne manque que le consentement du bĂ©nĂ©ficiaire (Article 1124 du Code civil).

On comprend donc que contrairement Ă  la PSV, dans la PUV seul le promettant est engagĂ©, le bĂ©nĂ©ficiaire dispose d’une “option” d’acquĂ©rir. Les deux parties seront engagĂ©es seulement si le bĂ©nĂ©ficiaire dĂ©cide de lever l’option, levĂ©e qui est systĂ©matiquement encadrĂ©e dans un dĂ©lai dĂ©terminĂ©.

En contrepartie de cette “option” offerte au bĂ©nĂ©ficiaire, il est systĂ©matiquement intĂ©grĂ© une “indemnitĂ© d’immobilisation” reprĂ©sentant environ 5% du prix de vente, et qui pourra :

  • Être acquise au promettant si l’option n’est pas levĂ©e dans le dĂ©lai dĂ©terminĂ© et qu’il n’existe aucune condition suspensive non rĂ©alisĂ©e.
  • S’imputera sur le prix de vente si le bĂ©nĂ©ficiaire lĂšve l’option.

Que se passe-t-il si une partie refuse de signer ? ✒

Il faut traiter le promettant et le bĂ©nĂ©ficiaire diffĂ©remment. Concernant le Promettant il est tenu aux mĂȘmes exigences que dans le cadre d’une PSV, et ce pendant toute la durĂ©e de la levĂ©e d’option.

Concernant le bĂ©nĂ©ficiaire, tant que l’option n’est pas levĂ©e il n’a aucune obligation de lever l’option et donc d’acquĂ©rir. Il peut donc choisir de ne pas acheter et de perdre son indemnitĂ© d’immobilisation.

En revanche, si le bĂ©nĂ©ficiaire lĂšve l’option, on se retrouve alors dans les conditions d’une PSV ou les deux parties sont engagĂ©es.

Comment intĂ©grer cette levĂ©e d’option avec les autres dĂ©lais ? 🕐

Dans la PUV il existe plusieurs dĂ©lais qu’il faut traiter sĂ©parĂ©ment, mĂȘme s’ils peuvent ĂȘtre simultanĂ©s

  • La durĂ©e de la promesse
  • La date avant laquelle la levĂ©e de l’option doit intervenir
  • La date avant laquelle, en cas de levĂ©e d’option, devra intervenir la rĂ©itĂ©ration par acte authentique de la vente
  • La date avant laquelle devront ĂȘtre rĂ©alisĂ©es les conditions suspensives

En pratique, dans les actes, la date de la levĂ©e d’option est souvent concomitante avec la signature de l’acte authentique. Pourquoi ? Simplement car si le bĂ©nĂ©ficiaire ne se prĂ©sente pas le promettant est libĂ©rĂ©, conserve son indemnitĂ© d’immobilisation et peut vendre Ă  une autre personne. Toutefois, cela pose en pratique des difficultĂ©s quand tous les documents n’ont pas Ă©tĂ© rĂ©unis dans les dĂ©lais, il faut alors impĂ©rativement faire un avenant pour dĂ©caler la date de la levĂ©e d’option ou de la signature.

La promesse doit-elle ĂȘtre rĂ©alisĂ©e par acte authentique ? đŸ‘©â€âš–ïž

La encore ce contrat peut ĂȘtre rĂ©digĂ© par acte sous seing privĂ©. Toutefois, dans ce cas il faudra impĂ©rativement que ce contrat soit enregistrĂ© dans un dĂ©lai de 10 jours Ă  compter de son acceptation sous peine de nullitĂ©. Il est Ă  noter qu’aujourd’hui le service des impĂŽts n’accepte pas la signature Ă©lectronique.

Pourquoi tout ce dĂ©bat entre ces contrats ? 💁‍♀

Vous le savez probablement, les notaires bĂ©nĂ©ficient de la signature Ă©lectronique, mais cette signature est uniquement authentique, pas de sous seing privĂ©. Vous l’avez aussi peut ĂȘtre compris, mais le compromis Ă©quivaut (presque) Ă  une vente. S’il est signĂ© sous forme authentique, alors la vente pourrait ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme parfaite Ă  la rĂ©alisation des conditions suspensives. DĂšs lors, si la vente est parfaite, les droits de mutations doivent ĂȘtre payĂ©s dans le mois (vous savez les fameux 5,81%), Ă  dĂ©faut une majoration de 10% pourrait ĂȘtre demandĂ©e. Mais cela reste au stade de la rĂ©flexion thĂ©orique.

Pour ce prĂ©munir de ce risque, et parce que les notaires veulent signer leur avant-contrat en Ă©lectronique, ils choisissent de recourir majoritairement Ă  la promesse unilatĂ©rale. Cela leur permettant non seulement de recourir Ă  leur technologie, mais aussi de valorise l’acte authentique dĂšs l’avant-contrat et ainsi se dĂ©marquer des autres professionnels.

Si on peut comprendre l’intĂ©rĂȘt d’un tel choix dans les zones tendues, on peut douter de ce raisonnement dans les autres rĂ©gions


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Sacha BOYER
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Co-Fondateur @ MyNotary.fr — Aide les professionnels de l’immobilier Ă  accĂ©lĂ©rer leurs opĂ©rations immobiliĂšres 🚀