Lettre aux écrivaines maghrébines

Soraya Hosni
4 min readNov 4, 2019

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Chères collègues,

Aussi longtemps que je me souviens ma mère me disait que j’allais être écrivaine. Je lui demandais pourquoi j’avais de petites mains, pourquoi j’avais une petite boule sur mon annulaire droit, pourquoi je tenais le stylo de manière inhabituelle? Elle me répondait toujours que c’était parce que j’allais être écrivaine.

Elle la passionnée de théatre, de Hand Ball, de musique Disco et de Abdelhalim Hafid, laissant sa belle ville méditerranéenne chaude pour migrer vers un Paris froid et solitaire. Elle deviendra le nerf de la société francaise éduquant ses enfants et accompagnant ses vieux délaissés dans leurs vieux jours, m’a toujours encourager a poursuivre mes passions. J’ai pendant longtemp cru en moi sans faille, jusque ce que la faille apparaisse et s’impose. Ma confiance en mes talents n’a pas été fragilisé facilement. J’ai eu tout à tour de bons professeurs et des professeurs qui ne voyait en moi rien de cela. Mes notes de francais n’ont jamais atteint la moyenne. Pourtant j’étais parmis les 3 premieres de la classe dans toute les autres matières. Je me suis donc focalisé sur ce qui me paraissait plus simple: les sciences. Pas besoin de trop écrire en science, suit la logique et tu trouveras le résultats. Personne dans le corps enseignant ne s’est posé de question comment je pouvais écrire avec difficulté si j’excellait dans toutes les autres matières. Toutes ces années d’éducation et de passion pour l’apprentissage et personne ne m’a prise en main. Personne ne m’a prise au sérieux lorsque j’énonçais mes rêves. J’ai d’ailleurs appris aujourd’hui que personne ne me prendra en main. Ce monde educatif n’est pas fait pour ca.

Pas plus que le monde académique autour duquel je gravite depuis une quinzaine d’années. À chaque étape cruciale j’ai rencontré un blocage fatal qui m’a fait changé de route et remettre en question tout ce qui était annoncé. L’annulation de la publication de mon mémoire de Master, la disparition miraculeuse de mon financement de thèse dans les méandres du web, la vendetta ciblé d’un professeur choisissant de me mettre un zéro -éliminatoire-injustifié à la première de la classe “ parce que je ne suis pas à un an près” et j’en passe.

Ces graines semée pour fragilisée ma confiance en soi on finit par éclore alors que je dirigeais les travaux ethnographiques et que j’étais stripper du travail que j’ai poursuivis dans la forêt pendant deux ans pour faciliter le succès de ma collegue fraichement arrivée sur le terrain. La, ce fut le coup de grace. Il me faudra au moins 5 ans pour m’en remettre. Je ne suis bonne a rien. Mon travail n’est pas valorisee et restera dans l’ombre de mes nuits.

Et puis, un jour, le sort est conjuré. Un peu de soutient et beaucoup de volonté ont ravivé la flamme de ce rêves hibernant pendant de trop longues périodes. Cette voix qui me dit que je ne suis pas une ecrivaine recoit une lettre de demission. “Je n’ai plus besoin de vos services. Je suis ecrivaine.” Quelques jours apres cette confiance en soi restaurée je suis accepté en temps que chercheuse invitée à l’université de Stanford. Moi la maghrébine de cite, musulmane, et trop reveuse pour devenir cette anthropologue que je n’ai jamais rencontrer.

Des années à enseigner en Californie la discipline de mes rêves et puis enfin la conclusion de mon travail de recherche. Mais la encore le chemin est loin d’être fini. Alors que je regagne confiance en moi et que j’excelle en tant qu’enseignante, que je suis employée directement par trois tribus dans le monde en tant que conseillère stratégique, je soumet ma thèse pour correction. Mais en vain, je ne suis toujours pas à la hauteur mon travail est jugé catastrophique par mon directeur de thèse “ qui a éprouvé une douleur à lire ce travail un des pure de sa carrière”. Ma dyslexie ne lui a pas permis de se concentrer sur l’écriture et mon niveau n’est pas à la hauteur. Je lis ce message et ferme l’ordinateur. Ma confiance ne sera pas mise ne branle par tant de méchanceté surtout par un directeur qui n’a pas su me soutenir dans le processus d’écriture. Il paraît qu’en France c’est normal de se retrouver seule dans cette étape. Je dirai certainement que oui mais pas pour tout le monde. La encore les discriminations sont flagrantes et délirantes.

Pourtant on ne devrait pas juger un écrivain par sa plume ou l’exactitude de sa grammaire. L’écriture est rarement un travail solitaire, la solitude est une étape mais vient ensuite les lecteurs, correcteurs et autre éditeurs. Mais pour nous ceux et celles à qui on ne veut pas laissé la place, on ne les trouve pas. Pour nous ceux et celles qui sont passionné, ont des choses à dire mais ne trouve pas toujours comment, on n’a pas de mécanisme de soutient. Alors je patiente et fait comme je peux en attendant, j’écris.

Je suis écrivaine. J’aime écrire et je m’engage à partager mes histoires. J’ai démissionner avec cette partie de moi qui me protégeais de la lumière. Je suis là et prête. Bismillah

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