Pourquoi le VR révolutionne la formation industrielle

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«Danger, danger, danger!», hurle le panneau de contrôle de la ligne de production. Pendant sa formation, un nouvel employé fait une erreur. Avant que les désastres s’empilent — il y a quelques semaines, un accident était survenu lors de la même procédure d’intégration — le gestionnaire des opérations ordonne l’arrêt complet de la machinerie, interrompant ainsi l’entièreté de la ligne de production. Le temps, c’est de l’argent; les erreurs coûtent de l’argent; et, maintenant, le manque de confiance de cet employé coûtera plusieurs dizaines de milliers de dollars à l’entreprise, ces coûts s’ajoutant à ceux de sa formation.

Ce type d’erreur est commun lors des séances de formation en milieu industriel. La courbe d’apprentissage particulièrement abrupte force les experts à interrompre leurs tâches, à éteindre les équipements et à gaspiller des biens consommables (matériaux et lubrifiants, peinture, tests de fabrication, etc.), simplement pour enseigner une procédure à un nouvel employé. Bien que la plupart des méthodes de formation comportent une portion théorique, il ne s’agit habituellement que de matériel écrit, survolant les meilleures pratiques industrielles. Les protocoles de sécurité, par exemple, vont être mentionnés, sans toutefois être mis en pratique. Dans certains cas, les nouvelles embauches suivent une longue formation théorique en vue d’obtenir une certification, sans même pouvoir tester leurs nouvelles connaissances avant d’entrer sur le terrain.

Un autre enjeu se situe au niveau du transfert de connaissances entre les travailleurs vieillissants et les recrues inexpérimentées. Une étude du Harvard Business Review (1) révèle que la pénurie de main d’œuvre qualifiée pourrait laisser environ 2.4 millions d’emplois vacants d’ici 2028, et avoir des retombées économiques négatives pouvant s’élever à 2.5 milliards de dollars. La même étude souligne qu’en 2019, 83 milliards de dollars ont été dépensés par les firmes américaines à des fins de formation; une moyenne de 1 300$ par participant. Mais étaient-ce toujours de bons investissements?

Une étude de PwC (2) souligne les différences significatives entre trois scénarios d’apprentissage distincts: les salles de classe traditionnelles, le e-learning, et le petit nouveau, le VR. Sur le plan psychologique, les étudiants faisant l’usage du VR étaient 3.75x plus connectés émotionnellement que les étudiants en salle de classe, et 2.3x plus que les e-learners. Qui plus est, les étudiants avec un casque et des manettes VR ont montré un niveau de concentration 1.5x plus élevé que ceux en classe, et 4x plus élevé que les e-learners.

Si vous avez déjà fait l’expérience d’une formation en VR, ces résultats ne devraient pas vous surprendre. On y emploie une méthode d’apprentissage basée sur l’immersion: il s’agit d’imiter des scénarios de la vie réelle afin de former les employés dans un environnement simulé, sécuritaire et captivant. Les principaux ingrédients de cette nouvelle recette éducationnelle sont l’intelligence artificielle, les méthodes d’apprentissage participatives appliquées, la science des données, l’informatique spatiale et, bien sûr, la réalité virtuelle. Essentiellement, lors d’une simulation en VR, les apprenants ont un comportement continuellement actif; ils interagissent avec des éléments 3D, se déplacent dans des environnements réalistes, et collaborent avec leurs collègues. Cette idée de collaboration a d’ailleurs grandement contribué au regain de popularité du VR dans les circonstances de la présente pandémie. Ce modèle d’apprentissage pratique, combiné à des expériences sensorielles captivantes, permet aux apprenants de très rapidement développer une mémoire musculaire. Selon l’étude Virtual Memory Palaces: Immersion Aids Recall (3), l’utilisation d’un HMD (lunette VR) améliore l’exactitude du souvenir de 8.8% comparativement au simple mode desktop.

Outre les avantages cognitifs, la formation en VR est également plus rentable, à la fois monétairement et en termes de temps. Les ressources éducationnelles additionnelles ne sont plus nécessaires; finie l’époque où on coupait la production et interrompait des travailleurs compétents pour une simple séance de formation! Les simulations virtuelles sont malléables, et chacun peut y développer ses compétences à sa façon, sans aucune limite. On y apprend les protocoles de sécurité et les actions à prendre en situation dangereuse à tête reposée, tout en évitant les accidents dangereux (et coûteux!). «Avec l’expérience VR, nul besoin de se déplacer, et le temps d’entraînement a été réduit à seulement 15 minutes — une réduction de 96%», note un article de HBR à propos du programme pilote VR de Walmart (4). Même avec le coût initial de l’équipement, les solutions de réalité virtuelle s’avèrent plus économes que des solutions en classe ou de e-learning, moyennant un nombre considérable d’employés. L’étude de PwC précise: «avec 3 000 apprenants, les coûts du VR sont 52% inférieurs à ceux d’un cours présentiel, et 8% inférieurs à ceux du e-learning» (5). L’adaptabilité de cette technologie permet également une cohérence du contenu; par exemple, une bibliothèque d’apprentissage VR peut être construite, l’entièreté de son contenu employant la même méthode éducationnelle.

Bref: oui, il est maintenant possible d’engager et de former des employés à plus grande échelle, et ce, de façon plus efficace.

Notons également que le VR permet d’amasser de précieuses données telles que les mouvements et interactions de l’apprenant, son niveau d’attention, ou encore la direction de son regard. La mesure de ces métriques permet d’analyser rapidement la performance et la capacité d’amélioration de chaque participant. Comment gère t-il les conditions risquées? Collabore t-il avec ses collègues? Comment se déroule sa prise de décision? Alors que le participant est immergé dans la formation en VR, les recruteurs et gestionnaires peuvent avoir une vision d’ensemble de ses actions, tout en assistant à sa performance en temps réel.

Enfin, et surtout, la formation par la réalité virtuelle permet aux employés de devenir une meilleure version d’eux-mêmes. Après de multiples répétitions virtuelles, ceux-ci vont se sentir confiants et performants, comme le suggère la même étude de PwC: «les apprenants en VR avaient 40% plus confiance en leurs capacités que ceux en salle de classe, et 35% plus que ceux en e-learning» (6). Cette confiance mène à un sentiment de fierté envers leur employeur, qui souhaite visiblement innover et leur offrir le meilleur; sentiment qui, inévitablement, attirera des candidats plus qualifiés.

«Danger, danger, danger!», hurle à nouveau le panneau de contrôle. Seulement, cette fois, ce n’est pas la réalité. Les séances d’intégration se déroulent maintenant dans un environnement simulé, où on peut commettre des erreurs et apprendre à son propre rythme. Tout ce dont on a besoin, c’est la volonté de continuer à s’entraîner… Et chaque essai sera meilleur que le précédent!

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Sebastian Dickinson | Recherchiste pédagogique | StellarX

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1, 4. Harvard Business Review, The Future of Work is Immersive. https://www.strivr.com/resources/ebooks/hbr-report-immersive/

2, 5, 6. PwC, The Effectiveness of Virtual Reality Soft Skills Training in the Enterprise. https://www.pwc.com/us/en/services/consulting/technology/emerging-technology/assets/pwc-understanding-the-effectiveness-of-soft-skills-training-in-the-enterprise-a-study.pdf

3. Krokos, Eric & Plaisant, Catherine & Varshney, Amitabh. (2019). Virtual memory palaces: immersion aids recall. Virtual Reality. 23. 10.1007/s10055–018–0346–3. https://www.researchgate.net/publication/325187855_Virtual_memory_palaces_immersion_aids_recall

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