LE SENTIER, HISTOIRES D’UN QUARTIER
Pendant 3 jours, 25 étudiants en Master de stratégie digitale de l’IESA Multimédia sont partis à la rencontre des habitants, travailleurs et passants du Sentier. Grâce à eux, ils ont pu produire un récit du quartier, capté à plusieurs mains, mélangeant les formats et les styles.
Le Sentier, un lieu caractéristique de la diversité parisienne, situé à proximité des Grands Boulevards. Tour à tour considéré comme endroit le plus dangereux de la capitale au Moyen-Âge, quartier emblématique de la presse écrite par Balzac, puis grand vivier français de l’industrie textile, et enfin avant-garde de l’innovation digitale en France, le Sentier semble avoir mené plusieurs vies.
Le Sentier, un lieu emblématique où les gens se croisent, se regardent, se parlent mais ne se ressemblent pas. Le bruit du trafic se mêle à celui des diables des manutentionnaires qui déambulent de tous les côtés. Il y a peu de passants mais le quartier semble animé malgré tout. Du “start-upeur” en afterwork au livreur du petit matin, chacun va à son allure suivant le fil de ses aspirations.
Pour faire émerger les petites histoires du quotidien et les dynamiques du quartier, nous sommes partis à la rencontre de tous ces personnages hauts en couleurs qui ont fait, font et feront le Sentier. Écosystème du textile, start-ups, lieux originaux d’innovation : quels sont les liens qui se tissent entre les acteurs de cette grande toile qu’est le Sentier ?
L’équipe Sentier Ni Café : Charlène, Laurine, Claudie, Andia, Camille et Franck
QUAND LE TEXTILE ET LE DIGITAL COHABITENT DANS #LESENTIER
Le Sentier, quartier emblématique du textile à Paris, se révèle en déclin depuis plusieurs années face à l’émergence d’autres secteurs d’activités. Toutefois, l’essor du numérique a permis à des entreprises innovantes de redonner leurs lettres de noblesses à ces métiers traditionnels qui font partie intégrante de ce paysage urbain. Nous nous sommes rendus sur place pour voir si l’innovation numérique avait un impact fort sur cette profession.
Mercredi, 15h00. Nous entrons dans un village, un lieu atypique où les gens se connaissent, se disent bonjour, s’embrassent et parlent du quotidien. Les boutiques de prêt-à-porter préparent leurs décorations de Noël tandis que les laveurs de vitres s’adonnent à leur tâche rue du Caire en face du NUMA (un des plus grands incubateurs de start-up parisien, NDLR) quand d’autres promènent leurs chiens. Nous sommes bien dans le mythique quartier du Sentier à Paris.
Le textile au cœur du quartier
Les boutiques de vêtements fourmillent dans les parages. On distingue beaucoup d’hommes qui discutent ensemble, attendant avec leur diable. D’autres se passent les cartons à la chaîne, du camion à l’étal. Lorsqu’on les questionne sur les différentes évolutions du quartier ces trente dernières années, l’avis de ces derniers se révèlent dépourvu d’optimisme. L’un des ouvriers se confie :
A l’ouvrage, il semble que la résignation a pris le pas sur la motivation. Selon eux, la mondialisation rime alors avec déclin. Les politiques de réduction des coûts et la concurrence venue d’Asie ont catapulté leur activité vers l’effondrement.
“Ici, vous êtes au cœur de la mode”
Catherine travaille chez Retif, entreprise d’étiquetage & emballage, depuis 28 ans. Selon elle, c’est l’arrivée de l’importation chinoise et la migration des grossistes à Aubervilliers qui a bouleversé la fonction d’emblème du prêt-à-porter français dans le quartier.
“Vous n’êtes plus du tout dans le passage du prêt-porter” à son grand regret.
“Avant, il y avait beaucoup de monde, du travail pour tout le monde… Maintenant il y a moins de fabricants, moins d’exportations mais uniquement de l’importation.”
“Le Maire veut faire arrêter les activités du textile prétextant trop de nuisance”
ajoute son collègue Martial. Plusieurs témoignages nous rapportent des on-dits sur l’avenir du quartier, soulignant une volonté des responsables locaux à transformer le Sentier en lieu de loisir, dans la continuité de la rue Montorgueil qui s’y juxtapose.
“Mon père fait partie des pionniers !”
Nous nous promenions dans la rue à la recherche d’un atelier. Une vitrine attire notre attention. Un mannequin nu, un hoverboard et quelques pots de peinture. Nous rentrons.
Sasha a 22 ans et retape cette boutique rue d’Aboukir pour ouvrir son magasin d’hoverboards (un scooter gyropode de type “Segway”, mais sans selle ni guidon pour le manœuvrer, NDLR). Selon lui, la mutation du quartier s’accélère avec l’ouverture de nouveaux commerces et restaurants. Il nous apprend que sa famille travaille ici dans le textile depuis 48 ans. “Mon père fait partie des pionniers”, déclare-t-il, avant d’expliquer qu’il a repris l’affaire mais a construit aussi son propre projet en parallèle.
Dan est arrivé en 1997 au Sentier. Il nous explique qu’il travaille dans l’entreprise du père de Sasha, située une rue plus loin, laquelle fabrique et vend en gros du prêt-à-porter féminin. Il nous confie que le quartier n’est plus le même. Lui aussi parle de la délocalisation vers Aubervilliers ; nouveau spot pour les grossistes et fabricants de textile. Ce changement se répercute aussi sur le mode de vie. Selon lui, la fréquentation du quartier est en chute libre.
“Avant, une boutique fermait et une nouvelle ouvrait le lendemain. Maintenant il y a beaucoup de trucs à louer. C’était impensable plus tôt.”
Quand on leur parle de digital, Sasha nous répond qu’il a créé des comptes sociaux pour sa marque @hoverboardfrance. Il gère aujourd’hui une communauté de plus de 3500 fans. De ce constat positif, il souhaiterait décliner l’idée sur la marque familiale :
“ Ça rajeunirait la marque pour toucher du nouveau monde. Notre clientèle connait la marque mais elle est quelque peu âgée et moins connectée.”
Dan se montre plus réservé et ne sait quoi répondre. D’un côté oui car il est conscient que les gens font désormais leur achat sur Internet dans le cadre de la vente au détail. D’un autre côté, il veut faire face à cette fatalité.
“Ça tue les commerces, tout l’esprit du métier et celui du quartier”
Après une petite séance d’hoverboard gracieusement proposée par Sasha, nous sommes allés demander aux entreprises innovantes du quartier ce qu’elles pensaient de tout ça.
L’innovation numérique dans la mode : une digitalisation timide mais pleine d’idées
Nous entrons dans le Sentier mais cette fois-ci à l’autre bout, côté Bourse. Rue Réaumur, nous arrivons devant @ESMODParis (école spécialisée dans la confection et le marketing de la mode, NDLR). Nous étions curieux d’avoir l’avis d‘étudiants, les professionnels de demain. Nous retrouvons Romain, étudiant en dernière année qui répond à nos questions pendant sa pause clope.
Selon lui, le quartier du Sentier ne connaît pas d’expansion massive de digitalisation parce que les acteurs sont plus frileux et plus en marge des nouveaux moyens de communication et techniques.
“Il faut avoir des moyens, c’est pas encore assez présent dans la mode. L’objectif, c’est de tisser une relation entre les clients et la marque par la digitalisation.”
“La Fashion tech peut donner un nouveau souffle à l’industrie du textile”
Bénédicte est responsable de la communication chez WAIR, une start-up qui produit des écharpes connectées. Selon elle, le digital peut redynamiser le secteur du textile. Elle témoigne.
L’innovation numérique a permis à certains de suivre d’autres voies pour répondre à une clientèle de plus en plus difficile et pressée. Parmi les acteurs du secteur textile, MEASURES prend le virage avec brio en prenant place sur le marché des costumes sur mesure. Nathalie, responsable patronage & innovation chez Measures nous explique le virage numérique dans le textile sur mesure.
L’informatique est ce qui nous permet d’avancer, le digital était [une étape] nécessaire.”
Selon Nathalie, il est évident que la mode peut évoluer avec les tendances digitales. Surtout dans son secteur qui est très sollicité par des clients à la recherche de vêtement qui s’adapte à leur morphologie. En plus de ça, cela impact aussi à la consommation même du produit. Measures veille à pratiquer des tarifs moins chers que ses concurrents ancrés sur le sur-mesure traditionnel. Ou comment le digital revoit à la baisse les coûts de fabrication, et donc la vente de ses produits.
“Le succès de telles actions passe avant tout par le dialogue”
De nouveaux acteurs innovants ne souhaitent pas se distinguer des artisans du textile. Au contraire, ils veulent tisser une relation durable avec ces acteurs qui font l’esprit du Sentier.
C’est le cas d’Alice, fondatrice de Hall Couture, un espace dédié à la mode et à l’Innovation à La Paillasse. Selon elle, Le Sentier est un secteur en pleine mutation et c’est ici qu’elle y trouve tout l’enjeu de ses travaux.
Satisfaite de sa collaboration avec certains ateliers du Sentier, Alice nous explique l’importance de valoriser le travail des artisans dans une vision “gagnant-gagnant”.
“Ce n’est qu’à travers une collaboration sincèrement équitable qu’il sera possible de tisser des liens dans une dynamique vertueuse.”
Alice nous confie que l’intérêt des start-up pour l’univers de la mode textile n’est pas systématiquement bienveillante.
“Le danger, c’est l’essor des entreprises au détriment des artisans.”
Une action optimiste et rafraîchissante.
De ce constat, et soucieuse des enjeux économiques et éthiques qui touchent le quartier, Alice crée avec ses collaborateurs La Fashion Tech Week. Sorte de Fashion Week alternative qui permet au grand public d’accéder aux dernières innovations en matière de technologie et de textile.
Affirmant une réelle volonté de cohabitation et de la collaboration avec les artisans du Sentier, Alice incarne ces entrepreneurs soucieux des enjeux d’une économie consciente et vertueuse. C’est dans une logique d’intégration que cette entrepreneuse souhaite informer de l’importance de la collaboration et de partage de son secteur d’activité.
Finalement, l’avenir du textile traditionnel semble se tracer. Sa disparition laisse place petit à petit à un quartier plus innovant. En parallèle, certaines entreprises mettent en avant cette tradition tout en embrassant les nouvelles technologies. Comme quoi, une cohabitation peut subsister grâce à une volonté commune de plusieurs acteurs économiques de perpétuer l’héritage du quartier.
L’équipe Incognitos : Eric, Camille, Camille, Céline et Axl
Sentiment partagé par d’autres commerçants du quartier. A deux pas du passage du Caire, Anna, propriétaire d’une entreprise de textile qui travaille depuis toujours dans le Sentier, nous confie avoir suivi la même évolution :
Le passage du Caire a pendant longtemps constitué une place forte de l’industrie textile en France. Aujourd’hui, l’endroit témoigne de la transformation du quartier. A deux pas, de vieilles boutiques de prêt-à-porter quelque peu désertées cohabitent avec de hauts-lieux de l’innovation digitale, le Numa et Player. Deux univers, deux archétypes du Sentier passé et du Sentier présent, comme deux faces d’une même pièce de monnaie.
L’équipe Sentier Ni Café : Charlène, Laurine, Claudie, Andia, Camille et Franck
A LA RENCONTRE DES STARTUPPERS DU SENTIER
Le Sentier c’est le quartier cœur de l’innovation parisienne. On croise aux coins de rues des jeunes aux conversations animées, café à la main, cigarette au bec. Véritable communauté à part, nous nous sommes penchés sur l’activité et le quotidien de ces startuppers, si peu connus du grand public. Partez avec nous à la rencontre des entrepreneurs créatifs de demain.
C’est quoi être startupper au Sentier?
Nous demandons à Eric, passant dans le Sentier, de nous définir en quelques mots sa vision du startupper, et ça fait rêver:
“le mot start up c’est assez sexy, ils me font penser à des hipsters branchés, libres, sans horaires ni contraintes”.
Ni une ni deux, on s’immerge dans un espace de coworking pour découvrir en live ce qu’il en est: direction le NUMA.
Caroline, membre de l’équipe du NUMA, travaille chaque jour au contact d’entrepreneurs et nous en dresse un portrait plus réaliste:
“Ce sont des jeunes à fortes personnalités, créatifs, persévérants, à la fibre communautaire, qui ont un sens des responsabilités, des risques engagés et qui se remettent sans arrêt en question.”
Contrairement à l’image qu’il génère, le startupper ne se la coule pas douce, une idée et de la bonne volonté de suffisent pas. Paul nous explique:
“Il faut des jeunes polyvalents qui ont des notions de management, gestion, comptabilité, fiscalité… Il ne faut pas se leurrer, seule 1 start up sur 200 réussit.”
L’enjeu est de mise: l’objectif du startupper est de développer un projet innovant basé sur de la création de valeur avec peu de moyens et une petite équipe tout en se confrontant à des risques d’investissements aussi bien personnels que financiers.
En fait, l’entrepreneuriat c’est transformer des problèmes en solutions par le biais de business models viables.
Espaces coworking: point de rassemblement des startups
Ce dont ils ont besoin pour entreprendre? Un espace de travail, du café à foison et une bonne connexion internet et ce, à prix réduit.
Le quartier novateur du Sentier grouille de start ups plus ou moins développées et abrite en ses rues des espaces de coworking pour les accueillir. Véritable fourmilière d’esprits créatifs et de talents tous neufs, le NUMA en séduit plus d’un.
C’est autour d’un café, dans l’espace cuisine du deuxième étage, que Hamza, ancien trader et aujourd’hui fondateur de Bob! Dépannage nous donne son avis:
Un lieu atypique qui rassemble, dynamise et motive les équipes mais aussi et surtout un “chez eux” qui les rassure.
Pour Méryl, fondatrice de la Boîte qui Cartonne, ce critère est essentiel:
“Ici tout le monde se connait, on partage des expériences et problématiques similaires, on se comprend. C’est plus facile de se savoir entouré de personnes plongées dans le même écosystème que soi.”
Les espaces de coworking semblent représenter aujourd’hui plus que jamais un second foyer, véritable générateur de créativité, d’échange et de dynamisme pour les start ups qui s’y installent.
Mais comment se développent-elles ?
Caroline, de la team du NUMA, s’y connaît en investissements. Elle alimente chaque jour son réseau d’investisseurs potentiels pour les start ups membres du programme accélérateur du NUMA. Elle nous dresse un topo des aides financières existantes:
“Il y a d’abord les financements, c’est à dire de l’argent donné ou prêté par les banques privées ou publiques (BPI). Il y a ensuite les investissements qui consistent en une donation d’argent en échange de cession de parts”.
Il existe plusieurs types d’investissements que nous vous avons décrits ci-dessous:
Contrairement aux idées reçues, un investissement financier externe n’est pas indispensable pour toutes les start ups.
Grâce à l’open source (licence permettant libre lecture, modification et diffusion en ligne d’informations), de nombreuses start ups peuvent aujourd’hui développer leurs projets, avec un faible taux de fonds propres, comme nous le confirme Simon, co-fondateur de READ.
“On a de la chance, nous n’avons pas eu de coûts initiaux, nous nous sommes basés sur l’open source: les softwares, pages de codes…tout était en ligne et gratuit.”
Durant notre interview, Méryl soulève le danger que peut représenter un investissement externe pour des start ups inexpérimentées:
Il existe donc plusieurs voies de développement pour une start up, qui vont bien entendu se distinguer en fonction de son type d’activité (B2C ou B2B) et de la volonté d’indépendance de son fondateur.
Parmi les entrepreneurs que nous avons interviewé, certains voient en leur start up une idée innovante concrétisée, qui une fois au point, sera revendue à prix d’or à un géant international. D’autres sont plus attachés à leur création et ont pour ambition de l’amener à épanouissement, soit : employer une dizaine de salariés fixes et devenir financièrement indépendant.
Une nouvelle génération de startuppers
On se rend à The Schoolab, qui propose des programmes innovants d’éducation et d’accélération à de jeunes entrepreneurs, souvent étudiants. Julien, responsable de l’organisation nous accueille et nous éclaire.
Pour Julien, un constat s’impose: le monde du travail est en pleine évolution. Les esprits requièrent plus d’autonomies et la volonté d’engagement sur le long terme diminue aussi bien auprès de la nouvelle génération que des entreprises.
The Schoolab forme les futurs entrepreneurs et leur inculque des valeurs clés: méthodes, multidisciplinarité des équipes et mixité des participants. Leur méthodologie d’innovation en constante évolution est en adéquation avec le monde de demain, ce qui ne manque pas de séduire l’État.
En effet, l’organisation intègrera d’ici peu le système éducatif et introduira aux élèves ses programmes pluridisciplinaires, ne manquant pas d’enrichir les formations traditionnelles.
Sensibiliser la nouvelle génération à la dynamique entrepreneuriale est également un objectif du Player, lieu provocateur d’intelligence collective. Nous nous rendons sur place où Rémi, chef de projet, nous en dit plus:
“Le Player va apporter une nouvelle dimension à l’apprentissage publique en s’investissant auprès de collégiens en 4ème année ainsi que dans des lycées. L’objectif est de leur apporter un regard disruptif sur la société d’aujourd’hui et sur celle de demain.”
Une nouvelle génération d’entrepreneurs est en route: vive, formée et plus opérationnelle. L’ère des start ups que nous connaissons n’est très certainement qu’une simple introduction à la mise en place d’un tout nouveau modèle d’idée innovantes.
Bien plus qu’un quartier effervescent, le Sentier accueille en ses ruelles les esprits et organisations qui jouent un rôle clé dans la création de l’écosystème de demain.
L’équipe La vérité du Sentier : Deborah, Tiffany, David, Laura, Margaux
Le Sentier n’a pas fini de changer. En témoigne, parmi tant d’autres, la Garçonnière, boutique nouvellement installée rue des petits carreaux. Concept store, café, barbier, organisateur de soirées… l’endroit est à l’image du quartier dans lequel il se situe : protéiforme.
Ce n’est pas la seule curiosité dans le Sentier. Depuis quelques années, de nouveaux espaces se sont installés dans les environs, attirant aussi bien des amateurs avides de découvertes, que des connaisseurs adeptes de nouvelles pratiques de travail.
L’équipe Sentier Ni Café : Charlène, Laurine, Claudie, Andia, Camille et Franck
SUR LES SENTIERS DE L’INNOVATION
Personne ne peut nier l’implication du digital dans les changements du quartier. Pourtant, de nouveaux espaces ont fait le pari de proposer des expériences et des concepts qui tranchent avec nos habitudes provenant du numérique.
Le Co-Working à l’assaut des nouveaux modes de travail
Malgré la multiplication des moyens de communication à distance, de nombreuses personnes manifestent le besoin d’avoir à leur disposition des espaces conviviaux où il est possible d’échanger et de rencontrer d’inattendus collaborateurs. C’est ainsi que son nés les espaces de co-working.
Paul Veyssiere, co-fondateur du 10H10, espace de travail axé autour de la musique grâce à leurs partenariats avec Sony et Deezer, nous partage son aventure :
Nos pérégrinations dans le Sentier nous amène à rencontrer Jennifer Carlisle, chargé de l’accueil de l’espace MyCowork, qui nous a donné sa vision du lieu et du concept en lui-même :
“Les gens qui viennent ici ne travaillent pas que dans le numérique : viticulture, architecture, association, …”
La motivation de la recherche d’un espace de travail convivial concerne bien d’autres secteurs, telles que des associations, des architectes ou même des viticulteurs, comme nous le montre le cas de Camille, que nous avons rencontré au sein de MyCowork.
Benoît et Thomas, rencontrés devant le Numa, nous confirment que le co-working a de nombreux attraits, comme permettre de rencontrer des gens de divers secteurs et de s’intégrer à l’univers des starts-up.
C’est important d’être proche des starts-up et entouré de monde.
Cela favorise les échanges d’idées.
Le digital n’a pas le monopole de l’innovation
Un des exemples les plus pertinents “d’innovation non digitale” que nous trouvons dans le Sentier est certainement “Mon atelier en ville”.
Installé dans le secteur depuis un an, il propose un espace de bricolage, de couture, de tout type de travaux manuels. Son créateur, Baudoin Demetz, a su nous communiquer avec intérêt et passion les caractéristiques de son concept novateur. Pourtant, dans certains esprits, ce projet n’est pas considéré comme une innovation à proprement parler car il ne touche pas au numérique.
Comme il le dit lui-même, son concept est le même qu’un club de gym, mais adapté au bricolage. Le but est simple : permettre aux parisiens qui manquent d’espace de bénéficier d’un grand lieu de création manuelle et de stockage en fonction de leurs besoins.
“30% de la clientèle vit dans le quartier. La demande est forte et “Mon atelier en ville” participe à la création d’un microcosme dans le Sentier.
Il devient un lieu de vie en son sein.”
Dans un renfoncement adjacent à la rue St-Denis, nous retrouvons un lieu d’innovation sur un secteur d’activité plus inattendu, le “biohacking”, soit les sciences du vivant par une autre approche que les laboratoires académiques ou industriels.
Nous avons donc rencontré Marc Fournier, co-fondateur de la Paillasse, “biohackerspace” où se cristallisent les synergies d’experts de différents domaines. Des exemples de projets de biohacking à la Paillasse ? Développer des algues pour le biocarburant, la production d’encre et de lumière par des bactéries !
Nous sommes partis à la découverte du Sentier en pensant que “innovation” rimait avec “digital”. Au fil de notre déambulation, nos différentes rencontres ont dessiné un écosystème qui évolue sans cesse certes, mais pas seulement dans la direction du numérique. Les lieux qui composent ce quartier accueillent toutes les bonnes idées, à la condition qu’elles apportent nouveauté et originalité à la vie du Sentier, épicentre parisien de la création de demain.
L’équipe Discover : Jean, Etienne, Aurélien, Victor, Maxence, Kareem
“Le Sentier, c’était un quartier. Maintenant ce sont les gens”
Il n’y a en réalité pas un Sentier, mais des Sentiers. L’industrie textile semble en bout de course, subissant une concurrence très forte. Les startups, nombreuses, ont peu à peu pris la place. Les lieux innovants viennent compléter le tableau. Les acteurs de ces entités travaillent et évoluent dans des lieux physiquement séparés, et ils se croisent au quotidien sans véritablement se côtoyer. Leur espace de rencontre est donc la rue, dont les éléments intangibles, quelle que soit l’heure, sont les gens qui s’y promènent.
Alain, rencontré rue de Cléry, a vécu 30 ans dans le quartier. Il nous raconte son attachement à ce dernier :
J’aime bien le Sentier parce que l’on ne se sent pas à Paris. On se sent en province. Je reviens souvent. C’est un vrai plaisir car c’est plus accueillant et chaleureux qu’avant. C’est beaucoup plus jeune. C’est un quartier où il fait bon vivre. C’est le vieux Paris, modernisé.
Sarah, bien que beaucoup plus jeune, a aussi “30 ans de Sentier” puisqu’elle y est née. Elle y est tout autant attachée, et apprécie particulièrement la façon dont les choses ont changé.
Un peu plus loin, deux amis se retrouvent régulièrement sur la Place du Caire pour discuter de tout et de rien :
On se retrouve ici pour voir les copains dès qu’on a le temps, même si on ne vit pas dans le coin. Ça peut être le soir comme le matin sauf quand il pleut.
Ces personnages hauts en couleurs qui ont fait, font et feront le Sentier nous prouvent une chose : si le Sentier a mené plusieurs vies, d’autres — plus nombreuses — s’annoncent encore.