Supprimer des pistes cyclables à Moncton, c’est non.

Symbiose
Synthèse
Published in
3 min readDec 1, 2019

Ce texte a été lu le lundi 18 novembre 2019 durant la séance du conseil municipal de Moncton par Antoine Zboralski, président de Symbiose, à la suite de la décision de la ville de supprimer des pistes cyclables sur le chemin Mountain.

Notre intervention au conseil municipal. Auteure : Lise Éthier

Cette année, avec l’aide de la communauté, nous avons organisé différentes marches pour le climat à Moncton. La dernière a réuni plus de 2000 personnes de tous âges et de tous milieux, ce qui a fait de cette forte mobilisation citoyenne un moment historique pour la ville. Cette marche a démontré que les habitants et habitantes de Moncton veulent des actes politiques concrets pour réaliser une transition écologique plus que nécessaire.

Et seulement quelques semaines plus tard, nous apprenons que le Conseil s’apprête à retirer des infrastructures pourtant essentielles à cette transition : des pistes cyclables. Nous avons attentivement écouté l’exposé de M. Kozak d’EXP lors de la dernière séance du conseil. Et nous avons été frappés par trois éléments :

1. Premièrement, l’un des principaux arguments pour supprimer les pistes cyclables repose sur un problème de sécurité : en moyenne, les gens en voiture roulent bien plus vite que la limite légale, à un niveau qui met en danger la vie des personnes à vélo. Il est inquiétant de constater que le conseil semble privilégier le retour au statu quo plutôt que de faire respecter les limites de vitesse, comme la loi l’exige.

2. Deuxièmement, pour justifier le retrait des pistes, on nous dit que le nombre de voitures va augmenter dans les dix prochaines années à Moncton, donc qu’il faut faire de la place. Cet argument est absurde selon nous, car il est certain qu’augmenter la capacité d’un réseau routier va mécaniquement augmenter le nombre de voitures qui l’empruntent. Ce phénomène bien connu a même un nom : le trafic induit (induced traffic). Ne vaudrait-il mieux pas instaurer les politiques nécessaires pour diminuer le trafic ainsi que mettre en place et renforcer les infrastructures dédiées au transport actif ? C’est ce que l’on attendrait de la part d’une collectivité qui prend l’urgence climatique au sérieux.

3. Troisième et dernier élément : la proposition de mettre en place une voie pour les cyclistes et les piétons d’un seul côté de la route ne nous semble pas sécuritaire. Cette configuration a déjà été testée dans d’autres villes comme Ottawa, avec comme résultat une augmentation du nombre de collisions. Et elle ne serait mise en place que dans plusieurs années, laissant les cyclistes sans solution sécuritaire.

Pour conclure, il y a effectivement un problème de sécurité routière sur le chemin Mountain. Mais il est temps d’être écologiquement et socialement ambitieux pour Moncton, en arrêtant de mettre la voiture individuelle au cœur des décisions d’aménagement. C’est une addiction dont nous devons nous passer si nous voulons faire de notre ville un endroit durable et vivable pour les générations présentes et à venir. Nous vous demandons donc de faire respecter les limites de vitesse des voitures, ainsi que de maintenir la piste cyclable actuelle et de l’allonger jusqu’au centre-ville.

Antoine Zboralski

--

--

Symbiose
Synthèse

Environnement et justice sociale — Université de Moncton