Débats houleux sur l’éco-rénovation dans le 12e

Taslime Maazouzi
3 min readOct 19, 2022

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Ce lundi 17 octobre, la mairie du 12e présentait au cours d’une réunion publique le programme Éco-Rénovons Paris + lancé par la ville. Mais comme nous l’avons constaté, convaincre les copropriétaires de rénover leur logement n’est pas gagné d’avance.

Antoine Guégan, adjoint à la cheffe du bureau de l’habitat privé, défend coûte que coûte le programme devant une assemblée majoritairement défavorable. (Taslime Maazouzi)

Dans la salle des fêtes de la mairie du 12e, décorée de vitraux et d’une fresque au plafond, les 270 chaises aux bordures dorées sont occupées. Pas d’autres choix pour la vingtaine de copropriétaires, qui s’est décidée en dernière minute à assister à la réunion publique du 17 octobre, que de rester debout au fond de la salle. Parmi eux, quelques trentenaires au look de bobo -baskets Veja, pull col chemises- mais surtout, des retraités venus se renseigner sur les aides financières qui leur sont proposées pour rénover leur appartement.

Au programme, la présentation du dispositif Éco-Rénovons Paris + pour encourager la rénovation énergétique des immeubles privés. Lancé dans le cadre du Plan Climat, il doit permettre de réduire de moitié la consommation d’énergie dans la capitale d’ici 2050.

« J’ai un 50m2, le moindre mètre carré compte »

Jacques Baudrier, adjoint PCF chargé de la construction publique, ouvre le bal. « Seulement 2000 logements privés sur 40.000 ont été rénovés dans l’arrondissement », déplore l’élu en costume-cravate. Or, le secteur du bâtiment représente 80% des consommations d’énergie du territoire parisien et 20% de ses émissions de gaz à effet de serre, selon l’Agence Parisienne du Climat (APC). Les réactions du public ne se font pas attendre. Des sifflements, du chahut. Une soixantenaire se lève. « Mon syndic me répète que ça ne sert à rien de refaire l’isolation de notre copropriété [haussmannienne], car l’architecte des bâtiments de France refusera ! »

Si Jacques Baudrier reconnaît que la rénovation des immeubles en pierre de taille est complexe pour des raisons de préservation du patrimoine et de l’esthétique, il ne perd pas pour autant son sang-froid. Remontant ses lunettes, il rassure la foule. « Ne vous découragez pas ! On interviendra par le dialogue ». Antoine Guégan, adjoint à la cheffe du bureau de l’habitat privé assis au premier rang, vole à son secours. À défaut de rénover les façades sur rue, « l’isolation des façades sur cour est souvent possible quand elles sont construites en brique ! », assure-t-il.

Seul bémol, l’isolation doit se faire par l’intérieur et non par l’extérieur. Les propriétaires doivent donc accepter de perdre quelques mètres carrés. Édith, une copropriétaire, refuse. « J’ai un 50m2, le moindre mètre carré compte », murmure la soixantenaire à sa voisine.

« Mais ça coûte combien ces travaux ? »

Antoine Guégan tapote le micro de son pupitre comme pour demander le silence. Ce soir, il doit convaincre. Alors il ne parle pas du climat, mais du confort de vie. « Grâce aux rénovations, la température grimpera moins vite dans vos logements en été et vous chaufferez moins l’hiver ». Ces rénovations devraient permettre un gain énergétique d’au moins 30% par bâtiment.

Si les annonces ravivent la salle un instant, la tempête reprend quand Isabelle, membre d’un syndic de copropriétés, demande le micro. « Mais ça coûte combien ? », questionne-t-elle agacée. Sofia Protopapadakis, chargée de mission copropriété pour l’APC, lui répond hésitante. « La fourchette de prix est assez large. Je ne veux pas trop m’avancer ». La salle, peu convaincue, reprend son brouhaha. « À quoi bon rénover nos logements pour sauver le climat s’il n’y a aucun retour sur investissement ? », s’insurge un homme de 75 ans dans sa parka noire, avant de quitter la salle.

Taslime Maazouzi

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