Au supermarché, les combines des patrons pour affronter leurs factures d’énergie

Taslime Maazouzi
3 min readOct 26, 2022

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Face à l’augmentation du prix du gaz et de l’électricité, les supérettes cherchent des solutions. À Paris, les gérants se concentrent sur le froid et l’éclairage.

Chez Carrefour dans le 12e, on économise l’énergie en allumant 1 néon sur 2 au rayon froid. (Taslime Maazouzi)

Chauffage éteint, micro-onde retiré. Seule une ampoule à peine lumineuse éclaire la salle de pause des salariés d’un Monoprix du 15e arrondissement de la capitale. Pour Stéphanie, responsable de caisse, c’est sandwich tiré du sac à la pause déjeuner et gilet en laine sur sa polaire Monoprix pour rester au chaud. Si la responsable reconnaît que la mesure est radicale, elle assure néanmoins qu’elle ne durera pas tout l’hiver.

Les grandes surfaces ne sont pas épargnées par la crise énergétique. L’association des acteurs de la consommation, Perifrem, estime l’augmentation de la facture à 1,5 milliards d’euros par an pour les supermarchés. Si le 15 octobre prochain un protocole de cette même association devrait dévoiler une série de recommandations à l’attention des gérants, c’est, pour l’heure, la débrouille.

Réduire la consommation de froid
De retour dans les rayons chauffés, c’est le sourire aux lèvres que Stéphanie se précipite au rayon frais. Des portes vitrées ont été installées l’été dernier. « Les clients pensent qu’on les a installées pour garantir une meilleure qualité de produits, mais en réalité c’est pour ne plus surchauffer », explique la quarantenaire. Une nouveauté qui coûte « cher », mais dont le retour sur investissement est sérieux. Les rayons froids représentent la moitié de la facture globale d’électricité des supermarchés. « On devrait baisser de 40% notre consommation de froid et ainsi économiser environ 10% sur la facture d’électricité globale », se félicite le gérant de la supérette, Tambalou Slimane. Et d’ajouter : « Il y avait trois centrales froides dans le magasin à l’origine. On n’en n’a plus que deux ».

À une centaine de mètres, chez Picard, c’est le même son de cloche. « Regardez, la glace contenue dans de ce congélateur est trop épaisse ! », montre du doigt Alexandre, sous-gérant de la supérette. « En dégivrant environ tous les deux mois, on réduit la consommation d’énergie de 30% », poursuit-il en s’empressant de débrancher le congélateur. Il n’a cependant aucune idée de la facture de son patron. « Vous sentez l’air frais ? C’est la clim ». Indispensable, elle préserve la qualité des produits quand ils entrent en contact avec l’air ambiant à l’ouverture d’un bac. « On ne peut rien faire de plus. On attend les directives de la hiérarchie », déplore le sous-gérant.

Réduire l’éclairage
Chez Carrefour, dans le 12e arrondissement, c’est tout autre chose. Caché derrière les cartons du rayon biscuit, le gérant Mohammed Lachgar dévoile sa stratégie. « Ce qui coûte le plus cher, c’est le néon ». Selon l’Ademe, l’éclairage représente 25% de la consommation d’énergie d’un commerce. Alors au rayon frais, on allume un néon sur deux. « Ça ne pose pas de problème au client, les pizzas sont quand même visibles ! », plaisante le patron. Sa facture mensuelle est passée de 4200 euros en septembre 2021 à 5300 euros en septembre 2022.

Avec les LED, moins énergivores et tout juste installés dans sa supérette, Mohammed Lachgar espère faire baisser la note de « 5 à 10% ». En croisant les doigts pour que cela suffise à tenir l’hiver.

Taslime Maazouzi

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