Depuis le 23 avril, je suis triste.

Frédéric TERRIER HERMANN
3 min readApr 27, 2017

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Pas révolté mais triste. Je ne peux me révolter contre le vote de 21 % des Français du premier. Je suis triste de la façon dont on va peut-être soutirer le vote de presque 4 français sur 10 au second tour (selon les sondages). Je suis triste du mépris dans lequel on les tient : au lieu de leur expliquer que ce monde est complexe et qu’on ne va pas le faire disparaître mais en améliorer les conditions et les effets, on leur explique qu’il est simple et qu’il n’y a qu’à s’en retirer et dresser des murailles.

Je comprends les craintes de mes compatriotes face à ce monde en mutation, je note aussi que depuis 30 ans, les hommes politiques des partis traditionnels ont refusé de présenter ce monde complexe et ses enjeux à leurs électorats. Jospin en 2002 « l’état ne peut pas tout faire ». 10 ans plus tard, Hollande « mon ennemi c’est la finance ! » sans parler de la fracture sociale de 1995 chère à Chirac.

Les politiques de tous bords ont eu peur du monde ouvrier et ont évité d’expliquer que la réponse à la complexité du monde passait par plus d’Europe et par mieux d’Europe. Ils ont laissé les ouvriers en rase campagne face à la mondialisation, sans espoir et en leur déniant le droit de comprendre et de poser leurs questions.

Puis les anciens bassins industriels ont été délaissés : les infrastructures de désenclavement ont profité aux grandes métropoles, les politiques de ré industrialisation ont oublié ces bassins, les crédits de la formation se sont focalisés sur ceux qui étaient déjà inclus dans le monde du travail pour les rendre encore plus performants face aux nouveaux défis technologiques, laissant sur le carreau les ouvriers et employés les moins diplômés. On a même laissé ces territoires à l’abandon, services publics, commerce, service de santé, transports… ce qui a eu pour effet d’assigner à résidence les habitants, de les figer dans leur situation.

Je remarque aussi que la plupart des candidats du premier tour ont concentré leurs attaques les plus virulentes et quelques fois caricaturales sur le supposé 2ème du premier tour (Emmanuel Macron), visant certainement cette 2ème place, la première étant à l’époque assurée à la candidate d’extrême droite. En faisant cela, ils ont oublié de démontrer que le programme de Marine Le Pen était insensé, simpliste et, pour le coup, démagogique. Trop occupés à essayer d’attraper la 2ème place. Ils ont résigné le peuple à la présence obligatoire de Marine Le Pen au 2nd tour, a fortiori à la première place. Sans cet acharnement à taper sur Macron en épargnant Le Pen, nous aurions pu avoir un 2nd tour Macron VS Fillon ou Macron VS Mélenchon, cela aurait eu « plus de gueule » pour notre grande République ! Mieux que l’actuel affrontement entre La Terre du Milieu et Le Côté Obscur de la Force, débat totalement asymétrique parce que deux conceptions de la vérité s’affrontent, le XXIe siècle contre les années 30.

Emmanuel Macron ne se dérobe pas au débat avec les français, avec tous les français. Il ne les méprise pas en leur cachant la réalité du monde et ses défis. Il veut que les moins armés des salariés et des chômeurs soient mieux formés, en concentrant l’effort de formation sur eux et pas seulement sur les bacs + 10 déjà installés dans le monde du travail. Il ne fait pas l’erreur d’une partie de la gauche qui fut de déserter le monde du travail et les quartiers populaires. Il ne pense pas, comme une partie de la droite, que seule l’économie peut régler les problèmes, sans accompagnement des populations impactées par les changements et l’évolution industrielle de notre pays.

Il veut être le président de tous et de tous les territoires.

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