Avortement : pourquoi la Floride pourrait redevenir un état clé ?

Quand la Cour Suprême locale relance la campagne électorale.

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Au delà des plages, du climat tropical, des crocodiles, de Miami, des retraités ou encore de Disney, la Floride est aussi un état important lors des élections présidentielles avec 29 Grands Électeurs à attribuer au vainqueur. Jusqu’en 2016, le Sunshine State était considéré comme un état clé à la portée des deux grandes formations politiques américaines : George W.H. Bush (R) y a gagné, puis Bill Clinton (D), puis George W. Bush (R) suivi ensuite de Barack Obama (D). Mais depuis l’arrivée fracassante de Donald Trump dans la politique nationale, le parti Républicain semble avoir pris le dessus grâce à la popularité locale de celui qui a défait Hillary Clinton et Joe Biden lors des deux derniers grands exercices électoraux et à un rapprochement idéologique avec le conservatisme de l’électorat floridien. Au point que le parti Démocrate ne place plus depuis de grands espoirs dans cet état et tend peu à peu à s’en éloigner.

Pour autant, l’acharnement des conservateurs à réduire à peau de chagrin le droit à l’avortement et une récente décision de la Cour Suprême de Floride pourraient bien rabattre quelque peu les cartes.

Une décision à double tranchant

Deux éléments majeurs ressortent de la dernière grande livraison de la Cour Suprême de l’état datant du lundi 1er mars. D’une part elle a estimé que la loi interdisant l’avortement en Floride après 15 semaines de grossesse était conforme à la Constitution locale, ce qui va permettre à la nouvelle loi interdisant l’avortement après 6 semaines de s’appliquer à compter du 1er mai. D’autre part, elle autorise la tenue d’un référendum le 5 novembre prochain, jour de l’élection présidentielle, visant à modifier la Constitution de Floride pour y inscrire le droit à l’avortement (60 % des voix seront nécessaires pour faire adopter l’amendement).

Ainsi, elle a donc satisfait une partie des volontés du gouverneur républicain Ron DeSantis, qui va pouvoir mettre en œuvre une réduction drastique du droit à l’avortement, ainsi que celles des groupes pro-choix, qui vont pouvoir défier l’exécutif et le législatif dans les urnes. Cependant, ce jugement présente aussi des risques politiques pour les deux parties et un important danger pour les Floridiennes qui vont devoir vivre, à minima 7 mois, dans un état ayant l’une des législations les plus dures des États-Unis en matière d’avortement.

Les conséquences électorales potentielles

Cette décision de la Cour Suprême de Floride a relancé l’intérêt autour de cette campagne électorale un peu terne et offre de nouvelles opportunités au camp présidentiel. Avec la tenue d’un référendum sur la protection du droit à l’avortement dans l’état qui aura lieu le même jour que l’élection présidentielle, les démocrates peuvent espérer mobiliser plus fortement leur électorat et motiver les indépendants et indécis à se rendre aux urnes pour défaire la législation anti-avortement. Par effet de ruissellement, Joe Biden pourrait en profiter en se positionnant comme le seul candidat qui défend réellement le droit des femmes à disposer de leur corps face à l’extrémisme des républicains et convaincre ainsi les votants de faire d’une pierre deux coups le 5 novembre: voter pour la proposition citoyenne mais aussi pour Joe Biden.

En effet, depuis le renversement de l’arrêt Roe v. Wade par la Cour Suprême fédérale, les républicains enchaînent les déconvenues électorales lorsque le sujet de l’avortement est tranché par les citoyens. En Ohio par exemple, état plutôt républicain, les conservateurs ont essuyé deux revers en l’espace de quelques semaines lors du dernier semestre de l’année 2023 tout comme dans le très conservateur Kansas au mois d’août dernier.

Si à partir du mois de mai l’avortement va devenir quasi impossible pour les femmes de Floride, le 5 novembre prochain sera l’occasion de renverser la vapeur et reprendre la main grâce au référendum. Ce qui pourrait permettre aux démocrates et notamment à Joe Biden de concurrencer sérieusement Donald Trump dans un état qui lui paraissait jusqu’ici acquis. Reste à voir comment se positionnera ce dernier, qui souffle parfois le chaud et le froid à ce sujet, pour limiter les conséquences…

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