Le rapport Cométa, prémonitoire et précurseur…
« Le problème des OVNI ne peut pas être éliminé par de simples traits d’esprit caustiques et désinvoltes. (…)
Elles démontrent la réalité physique quasi-certaine d’objets volants totalement inconnus, aux performances de vol et au silence remarquables, apparemment mus par des intelligences. (…)
Une seule hypothèse rend compte suffisamment des faits et ne fait appel, pour l’essentiel, qu’à la science d’aujourd’hui ; c’est celle de visiteurs extraterrestres. Emise, dès 1947, par certains militaires américains, elle est aujourd’hui mondialement populaire, décriée par une certaine élite, mais plausible. Des scientifiques (astronomes, physiciens, ingénieurs, prospectivistes …) l’ont suffisamment élaborée pour qu’elle puisse être recevable — en tant qu’hypothèse — par leurs pairs ».
Rapport Cométa.
A l’époque de sa sortie en 1999, le rapport français Cométa, rédigé par d’anciens auditeurs de l’IHEDN, Institut des Hautes Etudes en Défense Nationale, fut unanimement moqué par la presse et les commentateurs. Il apparait pourtant aujourd’hui étrangement prémonitoire et précurseur et semble bien être le déclencheur d’une révélation en cours dont le dernier épisode sont les révélations de David Grush.
Bien que non officiel et émanant d’un COMité d’ÉTudes Approfondies, le rapport éponyme fut remis de manière officieuse par Jean-Jacques Velasco directeur du GEPAN/SEPRA, — qui était également maire socialiste de Montgiscard (Haute-Garonne) — , au président de la République et au Premier ministre, lesquels se gardèrent bien de la moindre réponse. Il eut un grand retentissement, surtout à l’étranger où ses conclusions spécialement sur la politique de secret américain, firent sensation.
L’association COMETA semble avoir commencé ses travaux en 1996, avant de se constituer en association loi de 1901 à but non lucratif le 24 février 1999. Composée d’experts provenant pour la plupart de l’IHEDN, elle est présidée par le général de l’armée de l’air Denis Letty et déclare avoir pour but la sensibilisation des pouvoirs publics et de la population au phénomène OVNI ou PAN.
Jean-Jacques Velasco fera brièvement état de cette remontée du rapport jusqu’à l’exécutif du pays : « [1]Quand le rapport Cometa a été fourni, je l’ai remis en main propre au Premier Ministre, puisque j’étais par ailleurs maire de ma commune et Lionel Jospin était aussi député de ma circonscription, ce qui m’a permis d’avoir un accès pour lui fournir le rapport et en discuter (…) Sur le sujet, Lionel Jospin connaissait parfaitement le dossier et il l’abordait de façon très ouverte ».
« En ce qui concerne François Mitterrand lors de sa Présidence, j’ai eu l’occasion moi-même de lui en parler et sa réaction a été de prendre le sujet très au sérieux. A l’époque, j’évoquais seulement quelques années de travail et de recherche sur le sujet… ».
Publié initialement comme hors-série du magazine VSD, dirigé par le journaliste aéronautique et ufologue Bernard Thouanel qui fut étroitement associé au rapport, vendu à plus de 70.000 exemplaires, le rapport Cométa donnera lieu eu égard à son succès, à une publication livresque en 2003[2].
Parmi les auteurs de cette somme, on trouve notamment Michel Algrin, docteur d’Etat en sciences politiques, avocat à la cour; Pierre Bescond, ingénieur général de l’armement; Denis Blancher, commissaire principal de la police nationale au ministère de l’Intérieur; Jean Dunglas, docteur-ingénieur, ingénieur général honoraire du Génie rural et des eaux et forêts; Bruno Le Moine et Joseph Domange, généraux de l’Armée de l’air, Françoise Lépine, de la Fondation pour les études de défense; Christian Marchal, ingénieur en chef des Mines, directeur de recherches à l’ONERA; Marc Merlo, vice-amiral d’escadre; Alain Orszag, docteur d’état en sciences physiques, ingénieur général de l’armement, mais aussi Jean-Jacques Velasco (alors ex-directeur du GEPAN et du SEPRA), Edmond Campagnac, ancien directeur technique d’Air France, le professeur André Lebeau (préambule), ancien président du CNES et le Général de l’Armée de l’Air Norlain (préface), ancien directeur de l’IHEDN.
Le CV du Général Letty, décédé en 2020, est éloquent. Au début des années 1960, il est pilote de chasse, commandant d’une escadrille, puis d’un escadron de pilotes sur Mirage 3. En 1966 il est au bureau chasse de l’état-major de la FATac, 1ère Région Aérienne (RA), qui reçoit les rapports d’enquête de la gendarmerie sur les objets volants non identifiés. Ces rapports éveillent sa curiosité, dont un cas très crédible de par ses témoins, décrivant un phénomène similaire à l’observation de Trans-en-Provence, avec traces au sol comme si la terre avait été soufflée, et des colorations violettes. Il ne trouvera plus jamais trace de ce rapport. Comme beaucoup d’autres cas particulièrement sensible, celui-ci a disparu dans les limbes administratifs ou n’a jamais été transmis au GEPAN en 1977.
Letty rejoint ensuite la 11ème escadre, qui fait mouvement de Bremgarten (Allemagne) à Toul-Rozières. Il y passe 3 ans sur F-100 Super Sabre, avant de commander une promotion de l’Ecole de l’Air à Salon-de-Provence.
Dans les années 1970, Letty intègre la 5ème escadre de chasse (Mirages 3 C, puis Mirage F1), fait l’Ecole de Guerre à Paris, et retrouve l’état-major de la FATac, cette fois comme chef du 3ème bureau Opérations. En 1980, il devient Commandant de la base aérienne de Strasbourg, jusqu’en Septembre 1982. Il rejoint alors l’IHEDN, puis est nommé Chef d’état-major de l’inspection, à l’inspection générale de l’armée de l’air. Il assurera par la suite le commandement du Centre des Operations de l’Armée de l’Air (CO Air) pendant les opérations en Mauritanie et au Tchad.
Nommé adjoint à la Défense Aérienne à Aix-en-Provence, commandée par le général Lanata, il devient chef de la mission militaire française auprès des alliés à Ramstein, où il a l’occasion de piloter des F-16 et des F-18 auprès de l’AFCENT (Air Forces in Central Europe). Le 18 Mai 1989 il crée avec Henri Bret (ancien pilote de l’Aéronavale) la société AvDef (AViation DEFence service), spécialisée dans l’entraînement à la guerre électronique et de tractage de cible pour le compte de la DGA, lors d’exercices au profit de l’Armée de l’air mais aussi de la Marine Nationale.
Retraité en novembre 1989 avec le grade de Général de Division (CR) de l’armée de l’Air, Letty va estimer que la fin de ses fonctions officielles l’autorise à conduire une mission de sensibilisation auprès du public autour du phénomène OVNI.
La genèse du Cométa débute en mars 1995 où Letty évoque avec Bernard Norlain, (ancien chef du cabinet militaire du Premier ministre Jacques Chirac puis de Michel Rocard, directeur de l’Institut des hautes études de défense nationale et général d’armée aérienne), l’idée d’un projet de comité sur les ovnis. Norlain l’oriente alors vers l’association des auditeurs du IHEDN et en 1999, Letty va alors fonder l’association COMETA, dont il devient président. L’association déclare avoir pour but la sensibilisation des pouvoirs publics et de la population au phénomène OVNI ou PAN.
L’année de sa fondation en 1999, l’association va publier via le réseau de diffusion de la revue VSD et avec un tirage excédant les 100.000 exemplaires, le « Rapport COMETA », sous-titré : « OVNI et Défense, à quoi doit-on se préparer ? ».
A propos des cas recensés dans le rapport, Letty déclare : « nous voulons convaincre par le sérieux de notre enquête : tout ce qui n’était pas prouvé à été éliminé. (…) Nous espérons que l’Etat reprendra la balle au bond : nous ne demandons pas la création d’une énorme entité, mais le renforcement des structures existantes (le SEPRA est aujourd’hui réduit à sa plus simple expression) et la création d’une cellule de veille technologique ».
Malgré une conférence sur le sujet en décembre 2000 au sein de l’association Guerrelec (guerre électronique) « La Fayette », les membres du Cométa resteront plutôt discrets à la suite de la publication du rapport, prenant acte de l’intérêt poli et indifférent des hautes autorités, ainsi que de la gêne face à cette défense argumentée de l’hypothèse extraterrestre, pourtant loin d’être marginale dans les milieux militaires.
Le rapport Cométa s’intéressait aux ovnis essentiellement du point de vue des questions de Défense nationale. Par son style militaire, documenté et concis, il s’apparente à d’autres notes documentaires ou d’information dont les services officiels peuvent être les producteurs et doit aussi beaucoup sur le fond à Jean-Jacques Velasco et François Louange.
Une première partie présente quelques cas remarquables aussi bien français qu’étrangers, constitués de témoignages de pilotes français, de cas aéronautiques internationaux, de rencontres rapprochées et de contre-exemples ayant reçus des explications conventionnelles. Ces cas étaient pour l’essentiel bien connus des spécialistes mais constituaient une synthèse pertinente pour l’information du grand public.
Une seconde partie se propose de faire le « point sur les connaissances », notamment sur les travaux de différentes commissions et du GEPAN/SEPRA français ainsi que sur les hypothèses.
La troisième partie, « Les ovnis et la Défense » propose différentes mesures visant à assurer l’information aux pilotes, civils et militaires et présente la très controversée hypothèse extraterrestre.
Il y est évoqué la question du secret américain, qui sera un des points parmi les plus discutés du rapport, lequel insistera également sur le renforcement du SEPRA, la création d’une cellule stratégique au plus haut niveau de l’Etat, chargée du développement des hypothèses et de la coopération internationale. Les signataires du rapport insistent sur les initiatives à prendre au regard de la politique des Etats-Unis, qui sont présentés clairement comme ayant bénéficié d’une technologie extraterrestre suite à différents crashes tels que Roswell ou Aztec.
Implicitement, le rapport suppose que l’existence d’engins secrets d’origine bien terrestre (drones, avions furtifs…) ne peut rendre compte que d’une minorité des cas. L’hypothèse interplanétaire est la seule à même de rendre compte des faits et à pouvoir être étudiée par la science d’aujourd’hui. C’est la meilleure hypothèse scientifique actuelle selon le Cométa.
Le rapport formule enfin des recommandations finales :
-Informer toutes les personnes occupant un poste de décision et de responsabilité ;
-Renforcer les moyens d’investigation et d’étude du SEPRA ;
-Mettre en œuvre des moyens de détection des Ovnis via des agences de surveillance de l’espace ;
-Créer une cellule stratégique au plus haut niveau de l’Etat ;
-Engager des actions diplomatiques envers les Etats-Unis pour une coopération sur cette « question capitale » ;
-Etudier les mesures nécessaires à prendre en cas d’urgence.
Les réactions au rapport Cométa ont été pour le moins diverses. Le général Denis Letty, assure qu’à l’époque, toutes les instances en charge ont pris le rapport très au sérieux, le premier-ministre Lionel Jospin à qui il l’avait remis l’annotant abondamment. Néanmoins, certains membres de l’IHEDN auraient été très critiques.
La presse réserva pour l’essentiel un accueil glacial à cette initiative. [3]L’Express évoque un « rapport délirant », « vraiment pas crédible ». L’article ouvre ses colonnes au sociologue Pierre Lagrange, virulent négateur du secret, de l’affaire Roswell notamment et qui s’emploiera à démolir la portée du rapport Cométa.
« Ce rapport passe par pertes et profits toute la réflexion récente sur les ovnis et accorde du crédit à des histoires que les ufologues américains rangent dans le folklore, se désole le sociologue Pierre Lagrange, probablement le meilleur connaisseur de l’ufologie et auteur de La Rumeur de Roswell (La Découverte). Leur modèle d’extraterrestre semble droit surgir des années 50, comme s’il ne s’était rien passé depuis. C’est franchement dommage ».
Pierre Lagrange produira la charge la plus sévère contre le rapport Cométa, convaincu avec d’autres que la mythologie américaine a contaminé les esprits ufologiques et que ce type de prise de position nuit à l’image de l’ufologie elle-même. Evoquant le chapitre consacré aux secrets américains en matière d’ovni, Lagrange considère ainsi : « [4]Les choses se gâtent lorsque le rapport aborde les travaux accomplis à l’étranger, tout particulièrement aux Etats-Unis. On apprend en effet que les Américains auraient retiré un bénéfice technologique de la récupération de l’épave d’une soucoupe à Roswell en 1947! Mieux, ils auraient établi des contacts avec des civilisations extraterrestres. Dans leurs efforts pour décrypter le plan des extraterrestres à notre égard, les auteurs supposent que les traditions religieuses ont pour origine des visites d’extraterrestres mal interprétées par les civilisations qui nous ont précédés (les dieux venus du ciel). Qui sait si, un jour, nous ne passerons pas pour des dieux en débarquant sur d’autres planètes, s’interrogent les auteurs.
Après ces révélations, le rapport prône la nécessité de créer une structure étatique et/ou militaire qui centraliserait les dossiers au niveau européen, de mettre en place une politique de défense en cas de confrontation avec les extraterrestres et de forcer l’armée de l’air américaine à nous livrer ses secrets sur la soucoupe de Roswell. Un remix d’X-Files, Independence Day et de Men in Black écrit par un polytechnicien, l’humour et les effets spéciaux en moins ! ».
Presque 25 ans après, que reste t’il du rapport Cométa ? Il fut un beau succès d’édition puisque la version de poche continue toujours d’être disponible à la vente et donna la parole à une frange de certains milieux de militaires et d’ingénieurs qui brisaient un tabou, celui du tacite silence qui entoure la gestion du dossier ovni et plus particulièrement la possession par les Etats-Unis d’Amérique d’artefacts biologiques et de technologies issus d’une civilisation exogène. Pour autant le rapport Cométa fut unanimement déconsidéré en France comme une expression complotiste et ascientifique, relevant de ce que le monde anglo-saxon nomme la « lunatic fringe » de l’ufologie. Selon Pierre Lagrange, « [5]le Cométa ne disposait d’aucune information nouvelle sur le problème et rien dans son discours ne permettait de le différentier de ce qu’on peut lire dans les livres d’ufologues consacrés à la défense de la théorie du complot. Nous n’avions pas ici un rapport issu de spécialistes du Renseignement et de l’analyse militaire, mais de personnes dont le hobby consiste à faire de l’ufologie et qui voudraient se donner une respectabilité en étalant le fait qu’ils sont par ailleurs ingénieurs et militaires de carrière ».
Malgré un long développement appelant à renforcer le GEPAN et lui donner d’authentiques prérogatives en termes d’éducation et de rapport avec la presse, le rapport Cométa fut plutôt un plaidoyer supplémentaire pour en finir avec ce service, du moins dans sa formulation de l’époque.
Quelques années après, le Cométa était tombé dans un sommeil dont il n’est pas sorti. Jean-Pierre Petit, ancien Directeur de Recherche au CNRS, note en 2006 : « Pinon prend rendez-vous avec Letty et la rencontre a lieu le 24 mars 2006, à l’occasion d’un déjeuner. Mais le ressort semble définitivement cassé. L’homme se dit désabusé, précise que “l’association Cometa est en sommeil” et ne pourrait être réactivée que sur demande expresse du .. GEIPAN, et à condition “qu’il y ait des faits qui justifient la reprise d’une action ».
Il semble bien que l’initiative ait été lâchée non seulement par les milieux militaires mais aussi par le GEIPAN lui même, le très sceptique Xavier Passot, directeur du GEIPAN, déclarant notamment au sujet du rapport Cométa : “«”Nous ne cautionnons pas les conclusions du rapport Cometa. On ne considère pas l’existence d’extraterrestres comme une hypothèse privilégiée. (…) Nous sommes submergés de témoignages de gens qui n’ont en réalité vu que des lanternes chinoises! (…) L’armée ne nous contacte pas sur ce sujet, mais nous avons des appels de pilotes civils. Notre travail est d’essayer de comprendre et d’expliquer. (…) Les militaires qui s’intéressent à ces questions abandonnent les uns après les autres”.
Notre premier ouvrage, « Un fait maudit » s’efforçait d’opérer une grille de lecture de l’ensemble des faits documentés à disposition. Faut-il considérer alors, avec Lagrange et consorts, comme récits folkloriques, relevant d’une mythologie vaguement mercantile ou sectaire, les témoignages désormais nombreux d’officiels et de militaires impliqués dans ce secret américain ? Les récents développements de l’ufologie américaine lui donnent parfaitement tort.
En effet, l’époque n’est plus aux contactés ou à l’ufologie new-age des années 70 mais aux récits implacables de ces officiels confrontés au phénomène. Les auteurs, Donald Schmitt et Thomas Carey, sont unanimement considérés comme les spécialistes les plus informés de l’affaire Roswell dont il n’est plus besoin de dire le caractère fondateur pour l’ufologie. Schmitt, responsable des enquêtes pour le Cufos (Center for UFO Studies), investigue l’affaire Roswell depuis les années 90 et il a notamment publié en 2007 et 2010 avec Thomas Carey, une somme volumineuse regroupant l’ensemble des témoignages relatifs à ce cas, « Witness To Roswell » et « Children of Roswell », qui peut ainsi être considérée comme le recueil implacable des récits directs et indirects de ceux qui ont été confrontés au crash de Roswell en 1947, année et événement ufologique majeur. Les deux ouvrages constituent en effet un témoignage très documenté et poignant sur les événements de juillet 47 tels que les ont vécus les citoyens de cette petite ville du Nouveau-Mexique mais il montre surtout comment le secret militaire qui s’est abattu sur les nombreux témoins directs et indirects de l’événement.
Le rapport Cométa accréditait définitivement ce “cover-up” à une échelle institutionnelle. Tout porte à croire qu’il a été l’accoucheur d’un mouvement plus large qui se poursuit aujourd’hui.
Parmi les héritières du Cométa, il faut citer la journaliste d’investigation américaine Leslie Kean dont l’intérêt pour les ovnis est ancien.
Kean est une journaliste d’investigation indépendante, un auteur et une animatrice radio. Elle appartient à l’aristocratie américaine, et fut la compagne de l’artiste et spécialiste des enlèvements extraterrestres Budd Hopkins. “Kean a grandi à New York, descendant de l’une des plus anciennes dynasties politiques du pays. Son grand-père, Robert Winthrop Kean, a effectué dix mandats au Congrès ; il a retracé son ascendance, du côté de son père, jusqu’à John Kean, délégué de la Caroline du Sud au Congrès continental, et du côté de sa mère, jusqu’à John Winthrop, l’un des fondateurs puritains de la colonie de la baie du Massachusetts. Elle parle de l’héritage familial en termes plutôt abstraits, sauf lorsqu’elle évoque l’abolitionniste William Lloyd Garrison, l’arrière-grand-père de son grand-père, qu’elle considère comme une source d’inspiration. Son oncle est Thomas Kean, qui a été gouverneur du New Jersey pendant deux mandats et qui a ensuite présidé la Commission du 11 septembre”.
Elle a fréquenté la Spence School et le Bard College, et a participé à la fondation d’un centre zen dans le nord de l’État de New York.
Elle a écrit des articles dans des dizaines de publications aux États-Unis et à l’étranger, dont le Boston Globe, le Philadelphia Inquirer, l’Atlanta Journal-Constitution, le Providence Journal, l’International Herald Tribune, le Globe and Mail, le Sydney Morning Herald, le Bangkok Post, The Nation, le Journal of Scientific Exploration et, bien sûr, le NY Times. En 2002, elle a cofondé la Coalition pour la liberté d’information (CFi), une alliance indépendante qui prône une plus grande ouverture des informations sur les ovnis et une couverture médiatique responsable basée sur une approche crédible et rationnelle. En tant que directrice de la CFi (Coalition for Freedom of Information), elle a également obtenu gain de cause dans un procès intenté pendant quatre ans contre la NASA en vertu de la loi sur la liberté de l’information (Freedom of Information Act, FOIA). En 2009, Mme Kean a participé à la production du documentaire indépendant “I Know What I Saw”, réalisé par James Fox. À l’époque, elle était la partenaire de Budd Hopkins, l’un des chercheurs les plus prolifiques dans le domaine des enlèvements.
Elle est l’auteur de Surviving Death : A Journalist Investigates Evidence for an Afterlife (Crown Archetype, 2017) et UFOs : Generals, Pilots, and Government Officials Go on the Record (Crown Publishing Group, 2010), un best-seller new-yorkais à l’époque. Son livre a été traduit en neuf autres langues et a servi de base à un documentaire de la chaîne History Channel. Mme Kean est productrice consultante pour la série documentaire “Surviving Death” (2021), une série originale de Netflix basée sur son livre. Kean a coécrit une série d’articles novateurs sur les ovnis, le Pentagone et la marine pour le New York Times de 2017 à 2020. Leslie Kean était connue pour ce qu’elle appelait une approche “activiste agnostique” du phénomène, empruntant au politologue Alexander Wendt, selon The New Yorker.
Elle raconte l’impact fort qu’eut à l’étranger la diffusion du rapport Cométa et sur ses propres convictions.
« [6]Que pouvait signifier tout ceci ? Du fait que certains officiers militaires du COMETA étaient membres de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale, une agence de planification stratégique financée par le gouvernement, leur caractérisation des ovnis comme un phénomène pouvant avoir des implications pour la sécurité nationale était d’une importance critique.
Dans leur rapport de quatre-vingt-dix pages écrit avec objectivité, clarté et logique, les auteurs expliquaient qu’environ cinq pour cent des observations — celles pour lesquelles une documentation suffisamment solide permettait d’exclure d’autres possibilités — ne pouvaient être attribuées facilement à des sources terrestres telles que des exercices militaires secrets ou des phénomènes naturels. Ces cinq pour cent semblent être «des machines volantes totalement inconnues avec des performances exceptionnelles et qui sont guidées par une intelligence naturelle ou artificielle». Dans leur conclusion percutante, les auteurs déclarent que « les nombreuses manifestations observées par des témoins crédibles pourraient être le fait d’engins d’origine extraterrestre ». En fait, écrivaient-ils, l’explication la plus logique à ces observations est « l’hypothèse extraterrestre ».
Plus loin, Kean indique que le rapport Cométa fut pour elle un « catalyseur »…
Alors, est-il donc si insensé de considérer, avec ces dizaines de témoins directs, que les Etats-Unis ont pu recueillir du matériel et des entités exotiques liées au phénomène ovni et qu’ils en en ont peut-être retiré bénéfice d’un point de vue technologique ? Et si le rapport Cométa n’avait eu pour vocation que de faire éclater ce secret de « Polichinelle » dans un contexte général de divulgation ufologique ?
Si nul n’est décidément prophète en son pays, le Cométa fut un acte important pour l’ufologie. S’il a échoué à une prise de conscience du personnel politique en France, il fut remarqué à l’étranger et mérite d’être lu de nouveau, eu égard à tous les récents développements aux Etats-Unis.
[1] Site de l’INREES : https://www.inrees.com/articles/Velasco-a-remis-le-rapport-Cometa-a-Lionel-Jospin/
[2] COMETA, Les OVNI et la Défense — À quoi doit-on se préparer ?, Paris, Éditions du Rocher, 2003.
[3] Marc TRAVERSON, « Ovnis : un rapport délirant », L’Express — 5 août 1999.
[4] Pierre LAGRANGE — Ovni soit qui mal y pense In Libération — 21 juillet 1999 — https://www.liberation.fr/sciences/1999/07/21/entre-x-files-et-independence-day-le-rapport-d-experts-publie-par-vsd-alimente-la-desinformation-sur_279366
[5] Pierre Lagrange « OVNIS ce qu’ILS ne veulent pas que vous sachiez », Presses du Chatelet, 2007, pp.85–86.
[6]Leslie KEAN, « OVNIS, Des généraux, des officiels et des pilotes parlent », Editions Dervy, 2014, p.2.