Ethics by design

Legal Design
3 min readMar 29, 2018

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> Design éthique et services numériques : quelles influences sur le comportement des utilisateurs ?

Karl Pineau de l’association Designers Ethiques est intervenu au meetup Think LeD* du 19 mars pour partager les réflexions de son association en matière éthique, et détailler dans quelle mesure le design peut apporter de l’éthique à un projet numérique.

« Technology is neither good or bad, nor is it neutral », Merlin Kranzberg, 1986.

Retour sur deux notions souvent confondues : design UX et design UI.

Concevoir un service demande de bien prendre en compte l’ensemble des besoins de l’utilisateur : on parle ici d’« expérience utilisateur », ou encore d’UX. La manière dont les technologies numériques, les éléments graphiques et textuels vont s’organiser pour mettre en œuvre une expérience utilisateur attrayante, c’est l’UI, l’interface utilisateur. C’est par exemple le site internet fluide, qui permet à l’internaute de naviguer aisément sans que cela ne lui demande une trop grande concentration.

Le design de l’attention

On parle de design de l’attention pour qualifier les fonctionnalités mises en place pour capter la concentration de l’utilisateur à des fins commerciales ou non. L’avènement de l’économie de l’attention date d’il y a une vingtaine d’années, comme le rappelle le professeur Yves Citton ici : l’attention est désormais la ressource rare. Le terme s’est surtout fait connaître dans la foulée de la polémique causée par le discours de Patrick Le Lay qui, parlant du modèle d’affaire de TF1 avait affirmé : « Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible ». Pour les partisans de cette vision aujourd’hui, comme Tristan Harris, anciennement « Monsieur Design éthique » de Google, le produit est financé par l’attention de ses utilisateurs, captée par l’exploitation incitative des biais cognitifs. Ces fonctionnalités sont par exemple les notifications (qui incitent à toujours revenir), le scroll infini (le fait de pouvoir faire dérouler une page à l’infini), l’auto-play (la mise en route automatique d’une vidéo). L’attention de l’utilisateur est captée jusque dans son temps de sommeil…

Quoiqu’intelligentes, ces fonctionnalités peuvent mener à des abus : l’application Uber incite ses conducteurs, pourtant auto-entrepreneurs, à continuer à travailler par un message automatique lorsqu’ils souhaitent faire une pause. Du design naît une dimension éthique, tel est peut-être le message que nous a laissé Karl Pineau.

Et pour les juristes et professionnels du droit ?

Il est certainement intéressant pour les juristes de capter ces signaux faibles dans la conception de leur offre « digitale ». Ce n’est pas simple : les services juridiques font à peine leur apparition sur la Toile et les professionnels du droit manquent encore cruellement d’expérience en comparaison avec d’autres professions largement plus présentes sur le web. Et pourtant, le risque d’un « ras le bol » des consommateurs incite à une certaine prudence dans le développement des applications… Rendre sa plateforme interactive, fluide, orientée vers l’accès, oui. Mais dans le respect de son utilisateur, avec des fonctionnalités et des contenus que celui-ci juge nécessaire. Plus l’entrepreneur sera formé à l’UX et à l’UI, mieux il pourra vraisemblablement prendre en compte la dimension éthique…

Elodie Teissèdre

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