Prizee: Le Portail Flash si grand qu’il a eu son propre restaurant

ToulouTouMou
25 min readSep 14, 2021

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Il est impossible de nier le lien entre l’explosion du free-to-play et la démocratisation de l’accès à Internet. Depuis les tout premiers contenus postés sur le net, des gens ont essayé de les monétiser, et naturellement cela s’est étendu au domaine des jeux vidéo. De nombreuses compagnies ont tenté de générer du profit grâce à des jeux gratuits (voir mon article sur Studio Tanuki), mais ont souvent terminé par fermer leurs portes sans laisser de marque dans l’inconscient collectif. Mais, dans les premières années du net, il y a eu un site qui a réussi à rester actif presque deux décennies, toujours discuté de nos jours, et qui a changé Internet: Prizee.

Si vous étiez un adolescent au début des années 2000, vous avez certainement déjà entendu parler de Prizee. C’était le site de jeux free-to-play le plus populaire de son époque, assemblant une immense communauté de joueurs grâce à des jeux Flash addictifs, des mascottes attrayantes et des systèmes de monétisation complexes. Des années avant les débats sur les microtransactions et loot boxes, ce site générait littéralement des millions d’euros de bénéfice chaque année grâce à des jeux free-to-play promettant des récompenses physiques aux joueurs.

Mais Prizee, c’était quoi exactement? Bizarrement, pour un site aussi connu, il n’y a eu aucune rétrospective sur son histoire. La chose s’en rapprochant le plus est sa page Wikipédia, qui a été clairement été écrite par un ancien employé. C’est assez surprenant, d’autant que son histoire est fascinante, impliquant de jeunes développeurs, de grandes entreprises, le studio Motion-Twin, des procès, du contenu auto-généré, et effectivement, aussi un restaurant thématique. Vous ne me croyez pas ? Et bien, revenons un peu en arrière.

2000: Les premiers jours

Nous sommes en l’an 2000. Youtube et Facebook n’existeront pas avant plusieurs années, et Newgrounds vient d’inaugurer son portail, permettant à n’importe quel utilisateur inscrit d’uploader des jeux ou animations Flash sur leur site. Il est souvent décrit comme le tout premier portail communautaire de l’histoire d’internet. Créé seulement quatre ans auparavant, le succès de Adobe Flash est indéniable. Les sites dédiés à Flash sont de plus en plus populaires, et l’idée de capitaliser sur cette mode commence à intéresser du monde…

Prizee, septembre 2001 (Source: Internet Archive)

C’est dans ce contexte que Prizee fut créé, un site assez basique dans son apparence, avec une page d’accueil proposant quelques jeux Flash et un formulaire pour s’inscrire. En résumé, rien d’inhabituel pour l’époque. Pour autant, un détail le faisait déjà se démarquer des autres sites, et cela se trouvait déjà dans le titre: Jouer à des jeux pour gagner des cadeaux. Avec des noms de jeux tels que Ticket d’Or, Chasse au Trésor et Micro Jackpot, il n’y avait aucune ambiguïté sur le principal point de vente. Ni fausse monnaie ou tickets, votre compte affichait un portefeuille virtuel indiquant de la vrai argent (en francs à l’époque), et vous pouviez soit en gagner plus en jouant à des jeux, soit en ajouter de votre propre poche pour participer à des loteries ou autres évènements. Qu’elles soient physiques ou monétaires, le site mettait énormément en avant les possibles récompenses.

Pour la création de la première version du site, une seule personne est créditée: Tristan Colombet, un jeune développeur de 19 ans alors dans sa première année à l’IUT d’informatique de Clermont-Ferrand. Colombet dit avoir commencé par créer des loteries en ligne durant ses études, avant d’investir 50.000 francs (environ 10.000 euros) de sa propre poche pour créer le site, parce que personne ne voulait investir dans un site web après le crash de la Bulle Internet.

Tristan Colombet (Source: Wikipedia)

Il n’y a aucune statistique officielle sur le nombre de visiteurs pour les premières années de Prizee, mais Tristan Colombet assure que le site a généré du profit “dès le premier jour” grâce à la publicité. Il dit aussi avoir assuré lui-même la promotion du site sur des forums et tchat en ligne, et que le bouche à oreille aurait pris à partir de là. Nous n’avons aucune preuve de celà, mais que ce soit vrai ou non, dans les années qui ont suivi, Prizee ne cessera jamais de grossir en popularité, évoluant au fil des mises à jour et gagnant chaque jour de nouveaux utilisateurs. Ce n’était qu’un projet étudiant, mais à la fin de sa première année d’existence, Prizee était devenue une compagnie.

2002: La touche Motion-Twin

Les premières versions de Prizee ne ciblaient aucun public en particulier, mais étaient très certainement adressés aux jeunes adultes. Après tout, la page d’accueil mettait surtout en avant les récompenses monétaires et les jeux de casino. Mais en 2002, Prizee allait prendre un virage à 180 degrés dans ce qui allait être le meilleur changement de stratégie commerciale de l’histoire des business en ligne. Et tout cela allait venir d’un partenariat avec un petit studio de développement appelé Motion-Twin.

De nos jours, Motion-Twin est surtout connu pour leur jeu Dead Cells, mais si vous étiez en ligne durant les années 2000 vous les connaissez probablement pour l’un de leurs nombreux jeux free-to-play tels que Hordes ou La Brute. Leur catalogue de jeux est si vaste et hétéroclite, on peut y trouver pêle mêle un jeu de plateforme avec classement quotidien, un MMO au tour par tour, un simulateur de hacking, un étrange mélange entre un casse-brique et un jeu d’aventure, etc… Chaque joueur pouvait trouver un jeu Motion-Twin à son goût, chacun avec leurs propres gimmicks mais partageant tous la même attention aux détails et une attirance particulière pour le multijoueur et l’aspect social. Et, bien qu’ils aient tous des graphismes différents, ils semblent tous privilégier des designs coloré et mignons, et un goût prononcé pour les mascottes.

Toudou gourmand (Source: https://www.youtube.com/watch?v=hoTSdqMWxXc)

Le partenariat avec Motion-Twin a duré de 2002 à 2003. Durant cette période les utilisateurs de Prizee ont pu assister à une transformation graduelle du site, allant d’un site Flash basique n’ayant que quelques jeux nommés “La Maison Hantée” ou “Jackpot”, pour devenir un portail proposant des jeux Flash originaux et remarquablement bien faits (par rapport aux standards Flash). Les jeux étaient désormais comparable à des jeux d’arcade: simples, rapides et axés sur le scoring. Fini l’époque où Prizee n’avait qu’à offrir que des jeux de casino, les nouveaux jeux incluent maintenant des introductions semblable à des bandes dessinées racontant des petites histoires mettant en scène des personnages tels que Toudou le lapin, Bubule le poisson rouge ou Diabolo le petit diable. Ces derniers allaient rapidement devenir les mascottes du site, apparaissant sur chaque page et chaque publicité pour Prizee.

L’Arbre à Poème (Source: https://www.youtube.com/watch?v=5rDSvYh7EmI)

Au début des années 2000, l’Internet francophone était encore relativement petit, et il était très difficile de trouver des jeux ou animation Flash en français, très souvent oubliés au profit des innombrables productions anglophones. Des exceptions existaient bien entendu, mais aucune que l’on pourrait qualifier de “adapté pour les enfants”. C’est pour cela qu’il est intéressant de voir Prizee, un site qui n’était ni plus ni moins qu’une loterie en ligne, devenir un site pour enfants de tout âge, mettant en scène des mascottes attachantes dans des jeux amusants et non-violents. La collaboration entre les deux compagnies n’a duré que deux ans, mais inutile de dire que Motion-Twin a donné à Prizee une identité, créant certains des jeux les plus mémorables et surtout les mascottes qui allaient continuer à gagner en popularité jusqu’à devenir des personnages cultes.

Prizee en 2004 (Source: Internet Archive)

Au fil des mises à jour, Prizee est devenu le site français numéro un dans la catégorie “pari et jeux d’argent”, et l’un des sites les plus visités par les enfants. Littéralement des milliers d’enfants se connectaient tous les jours pour jouer à des jeux Flash en espérant gagner des cadeaux. L’étape finale de la transformation de Prizee arriva en 2006 quand toute mention de vraie monnaie disparut des jeux, le portefeuille du joueur affichant désormais une fausse monnaie appelée “Bubz”. Après plusieurs d’années d’évolution, Prizee avait enfin trouvé son identité définitive.

2004: Jeux pour enfants et monétisation aggressive

Le terme “free-to-play” n’était pas vraiment utilisé à l’époque dans l’industrie du jeux vidéo, mais ça ne veut pas dire que ça n’était déjà pas une pratique courante, surtout sur le net. De nombreux jeux par navigateur limitaient quotidiennement les actions du joueur et lui proposait de payer s’il souhaitait jouer plus longtemps. Prizee utilisait un système similaire: un certain nombre de jeux étaient à disposition, et chaque jour les joueurs recevaient un certain nombre de jetons. Un jeton permettait de faire une partie sur un jeu, et si vous n’en aviez plus, il vous fallait soit attendre le jour suivant, soit en acheter en appelant un numéro surtaxé.

Mais Prizee avait une particularité. Une monnaie du site vous permettait d’acheter des jetons spéciaux utilisables uniquement sur des jeux bonus. Et par jeux bonus, je veux dire des tickets à gratter virtuels et machines de casino, donnant au hasard des récompenses en Bubz. Ces jetons spéciaux étaient difficiles à acheter, vous deviez soit jouer très longtemps tous les jours pendant parfois des mois pour pouvoir en acheter un seul. Donc si vous vouliez jouer à ces jeux bonus plus d’une fois par an, il vous fallait jouer plus que la limite quotidienne vous permettait, et cela implique dépenser de la vrai argent. En somme, c’était des jeux d’argent faits pour les enfants.

Kaboom, un des “Jeux bonus” (Source: https://www.youtube.com/watch?v=pv5haBeNVKE)

Comme pour le débat sur les loot boxes, la distinction entre les jeux de Prizee et les jeux d’argent est une affaire de sémantique et de définition. Après tout, vous ne pouvez pas retirer d’argent sur le site donc tout va bien, non ? Dans les interviews, la comparaison avec les jeux de fête foraine tels que les machines à pinces est souvent faite. Techniquement, oui, Prizee est une sorte de fête foraine en ligne où vous achetez des jetons pour jouer à différents jeux dans le but de gagner des prix, allant d’un porte clé ou un autocollant à une télévision ou console de jeux. Mais si les centaines de recherches sur l’addiction et les jeux mobile nous ont appris quelque chose, c’est que rien de tout cela n’est inoffensif, particulièrement avec les jeux reposant essentiellement sur la chance et utilisant des système de récompense sophistiqués. Dans un interview, Tristan Colombet affirmait que “3% des utilisateurs dépensaient de l’argent sur le site, et que ces 3% constituaient 100% de leur chiffre d’affaires”. Sachant que à l’époque leur bénéfices se calculaient en millions, ces chiffres ressemblent énormément à ce que l’on peut voir de nos jours avec des jeux tel que Candy Crush, où la grande majorité des revenues viennent de personnes que les spécialistes ont appelés “Whales” en anglais, des joueurs dépensant une très grande quantité d’argent, souvent au point de s’endetter.

Ce qui est frappant avec Prizee en particulier, c’est que le site était généralement très bien vu par les parents, qui laissaient leurs enfants jouer dessus sans problème. Un article en particulier décrit Prizee comme “éthique et adapté aux enfants”, tout en affirmant plus loin que le site était numéro un dans la catégorie “jeux d’argent et paris”.

Arche de Koulapik (Source: https://www.youtube.com/watch?v=pv5haBeNVKE)

D’un autre côté, ce serait mentir de dire que Prizee était populaire uniquement pour les cadeaux et que les joueurs approchaient le site comme des jeux de fête foraine. La plupart des anciens joueurs de Prizee auxquels j’ai parlé m’ont dit beaucoup aimer les jeux sans imaginer un seul moment qu’ils pourraient gagner un cadeau, souvent vu comme un but inaccessible. De plus, les limites quotidiennes poussaient les joueurs à revenir tous les jours, ce qui faisait entrer Prizee dans la routine quotidienne de nombreux joueurs. Il est aussi important de souligner que Prizee n’a jamais attiré uniquement des enfants et adolescents. De nombreux parents jouaient avec leurs enfants, voire seuls (au point que certaines entreprises ont dû bloquer Prizee sur leurs ordinateurs). Et tandis que les adolescents avaient la possibilité de dépenser de l’argent sur le site, les parents étaient les plus enclins à dépenser. Cela peut être démontré par la disparité entre les différents cadeaux proposés: les enfants rêvaient d’avoir les peluches des mascottes, tandis que les parents visaient les télévisions et les électroménager.

2006: Le site numéro un dans un marché saturé

Chaque succès attire son lot d’imitateurs. Au cours des années 2000 nous avons pu voir arriver de nombreux sites français ciblant les enfants avec des jeux free-to-plays, inspirés par le succès de Prizee, voire copiant directement la formule, tel que Yacado, imitant le concept jusqu’à avoir un nom proche. Ce phénomène n’était pas limité aux jeux Flash. En 2006, de nombreux jeux français par navigateur incluant des microtransactions sont apparus sur la toile, tel que 650km: Perdu dans l’océan, un RPG/simulateur de survie, ou encore Urban Rivals, un jeu de cartes en ligne inspiré par Pokémon. L’époque où personne ne voulait investir dans des sites web était révolu. Prizee avait prouvé qu’il était possible de générer un profit grâce à du contenu gratuit en ligne, pour peu que vous ayez un système de monétisation solide.

KadoKado (Source: http://www.jeux-alternatifs.com/Kadokado-jeu86_generale_1_1.html)

La compétition était acharnée, il est difficile de calculer exactement combien de jeux gratuits en ligne étaient actifs à cette époque. Mais dans ce domaine, leur concurrent le plus féroce était nul autre que Motion-Twin. Fort de leur expertise acquise durant le partenariat, le studio lança de nombreux sites de jeux free-to-play durant la deuxième moitié des années 2000, avec de nombreux concepts originaux, mais aussi des copies de la formule Prizee, incluant un nom similaire et l’utilisation de mascottes originales. En fait, ils sont allés jusqu’à lancer trois portails Flash différents avec un système de jeton quotidiens: KadoKado en 2004, CaféJeux en 2007 et Arkadeo en 2013.

Pour autant, la saturation rapide du marché ne freina pas l’ascension fulgurante de Prizee, dont les revenus annuels étaient à plus de 10 millions d’euros. Le site était disponible en six langues, avec plus de deux millions de cadeaux envoyés. C’était plus qu’un site populaire, c’était devenu un phénomène culturel. Sur le web francophone, il était désormais impossible de ne pas avoir entendu parler du portail de jeux Flash avec des mascottes. D’innombrables blogs et sites partageaient des stratégies pour les jeux. Des “hack” étaient aussi monnaie courante, quelqu’un m’a même raconté avoir téléchargé un logiciel qui supposément permettait de recevoir des jetons graduellement. Oui, c’était très probablement un virus.

Les locaux de Prizee de 2007 à 2014. Source : Google Maps.

En 2007, Prizee inaugura leur tout nouveau bureaux à Clermont-Ferrand, un immeuble entier accueillant plus de 100 employés, situé dans une zone commerciale flambant neuve. A l’accueil se trouvait un grand écran affichant en temps réel les achats réalisés sur le site. Dans un interview faite juste après l’ouverture, Tristan Colombet parlait déjà d’agrandir l’entreprise et engager plus de personnes. Tout le monde pensait que Prizee ne pouvait que continuer de grandir. En réalité, il s’avéra que c’était le plus haut point que Prizee allait jamais atteindre, et que à partir de maintenant le site n’allait que chuter.

Mais à l’époque, personne ne pouvait s’en douter. L’entreprise était tellement lucrative, tout le monde ne pensait qu’à étendre la marque. Prizee n’était pas étranger aux projets secondaires: En 2005 ils avaient lancé un site d’animaux virtuels appelé Blobzone, probablement dans le but de concurrencer Neopets, et malgré avoir eu sa communauté de fans, n’a pas tenu très longtemps. Mais maintenant, il fallait voir les choses en grand. Il était temps pour Prizee de s’étendre hors d’Internet. Après tout, le nom et les personnages étaient tellement populaires en ligne, la transition en réel serait facile, non ?

C’est pour cela que, tel un trentenaire rêvant de quitter son travail, ils décidèrent d’ouvrir un restaurant.

2007: Restaurant thématique et livre pour enfant : Bienvenue dans Prizee World

Aussi absurde que ça puisse être, c’est la vérité. Un portail de jeux Flash pour enfant a eu à une époque son propre restaurant. Mais pour comprendre comment nous en sommes arrivés là, il est important de comprendre à quel point Prizee était populaire à son plus haut point. C’était une marque connue de tous, un succès comparable à Amazon ou eBay, en France au moins. Et surtout, les personnages étaient très populaires. Après tout, les cadeaux les plus prisés par les joueurs étaient les produits dérivés (peluche, autocollants, brochure plastifiée qu’ils appelaient livre de cuisine, etc.). C’étaient de vraies icônes du web, et Prizee avait bien l’intention de les rendre encore plus populaires.

Prizee Café, 2008 (Source: Google Maps)

Fin 2007, une nouvelle entreprise appelée Prizee World fut fondée. Peu d’informations sont disponibles en ligne, elle est simplement décrite comme faisant partie de la catégorie “Finance”, mais son nom nous permet de facilement deviner son but. En effet, Prizee était inscrite au registre des entreprises sous le nom Prizee.Com. Prizee World était très certainement une société mère ayant pour but d’étendre la marque en dehors de l’Internet. Un plan ambitieux, mais qui pourrait mal tourner très facilement.

Cela nous amène donc en 2008. Le Prizee Café est inauguré en grande pompe dans la périphérie de Clermont-Ferrand. Il est présenté comme un mélange entre un restaurant, une salle d’arcade, un cybercafé et un espace de jeux pour enfants. En somme, une sorte de Chuck E. Cheese avec des personnages Prizee à la place des animatroniques. Les parents pouvaient y manger des plats ayant une thématique vaguement Prizee entouré de décoration réminiscente du site et quelques personnages en costume, pendant que les enfants pouvaient aller au parc à jeux où à l’étage où plusieurs ordinateurs permettaient de jouer à des jeux.

Le Prizee Café était censé être le premier d’une franchise, mais malheureusement ferma ses portes peu de temps après son ouverture. Aucune raison officielle n’est donnée quant à la fermeture. En fait, très peu d’informations sont disponibles en ligne, révélant par ailleurs à quel point il resta ouvert peu de temps. En dehors de la vidéo de publicité ci-dessus, les seules informations sur le restaurant sont quelques critiques peu flatteuses. Nous ne pouvons faire que des suppositions, mais le café fut très certainement un immense échec, au point de couler en seulement quelques mois. Que l’on soit bien clair: ouvrir un restaurant est toujours un pari, surtout en dehors du centre ville. Mais c’est une chose de louer un petit local quand vous êtes trois potes d’université rêvant d’ouvrir votre tout premier business, et c’est une autre chose d’être une entreprise pesant des millions d’euros investissant énormément en publicité avec l’espoir de transformer votre restaurant en franchise.

Heureusement (ou malheureusement ?) Pour Prizee, un restaurant n’était pas le seul tour qu’ils avaient en poche. Peu après l’ouverture du café, ils annonçaient déjà leur prochain projet: Toudou et la plante magique, un livre pour enfant de 3 à 7 ans, publié en interne sous le nom Prizee Edition. Il n’y a aucune information en ligne à propos des ventes, mais nous pouvons supposer que le livre n’a pas été un succès, vu le peu de commentaires sur les sites de vente et le fait que Prizee Edition n’a publié qu’un seul livre avant de disparaître.

Toudou et la Plante Magique, couverture

J’ai acheté le livre en occasion à moins de un euro. Je suppose que c’est un bon livre. Je n’ai pas d’enfant auquel le lire, et je ne suis définitivement pas le public visé. Les dessins ne ressemblent pas vraiment à ceux du site, en dehors des mascottes, mais on peut voir un effort sincère pour étendre la vie de ces personnages en dehors des jeux, en essayant de donner vie au monde autours d’eux. Si le livre avait marché, qui sait ce que cela aurait pu amener?

Mais une question bien plus importante reste: pourquoi publier un livre pour enfants de 3 à 7 ans mettant en scène des personnages d’un site fait pour adolescents ? La réponse est en fait assez évidente si on voit le livre pour ce qu’il est en réalité: une publicité visant de très jeunes enfants. A la fin du livre se trouve un message disant “Retrouvez Toudou, Bubule et tous leurs amis sur Prizee.com”. Nous pouvons imaginer que le plan était de vendre ce livre aux parents jouant sur Prizee, pour qu’ils lisent ce livre à leurs jeunes enfants pour les encourager à aller sur Prizee lorsqu’ils seront en âge. Si vous avez l’impression que c’est une tactique assez sale de montrer une publicité déguisée à des enfants de trois ans avec l’espoir qu’ils visitent un site où ils pourront dépenser de l’argent quand il seront en âge, c’est parce que c’est le cas.

Toudou et la Plante Magique, dernière page

Mais mauvaise nouvelle pour Prizee: Aucune de ces stratégies n’ont pris, et Prizee World fût clôturé en 2011 après aucune autre tentative à étendre la marque en dehors d’internet. Cette mésaventure n’aurait pu être qu’un faux pas dans l’histoire de l’entreprise, mais il s’avéra que c’était en fait un présage de ce qui allait venir.

2008: Le revers

Intérieur de l’entrepôt de Prizee, 2007 (Source: https://www.youtube.com/watch?v=k6YcQqgZa4Q)

Si 2007 était une année d’optimisme nourri par le succès fulgurant de Prizee, 2009 était l’exact inverse. Seulement un an après l’ouverture des nouveaux bureaux, la compagnie connut un plan social, justifié par d’importantes pertes sur l’année, combinées avec la crise financière de 2008. Malgré des grèves et de nombreuses tentatives de négociations, la moitié des employés furent licenciés. Difficile de dire si l’échec de Prizee World y était pour quelque chose, mais quoi qu’il en soit ça n’avait pas dû aider.

Prizee bénéficiait d’une communauté de fans bien établie, mais les choses changeaient très vite sur le net, et ils avaient désespérément besoin de se réinventer, mettre à jour le site régulièrement et proposer toujours plus de nouveaux jeux. L’Internet des années 2010 ne ressemblait en rien à celui des années 2000, changé par Facebook et les autres réseaux sociaux. L’Iphone, sorti quelques années auparavant, avait complètement transformé l’industrie du casual gaming, et, au grand malheur de Prizee, le plugin Flash n’étaient pas supportés sur leurs machines pour officiellement des raisons de performances et de sécurité, mais plus probablement parce qu’il permettait d’exécuter des applications sur lesquelles Apple n’avait pas le contrôle. Déjà en 2009, Flash avait une épée de damoclès au-dessus de sa tête.

Les choses allaient mal pour Prizee, mais elles s’apprêtaient à aller encore pire. En septembre 2011, la Cour de Grande Instance de Paris condamna Prizee pour royalties non payées. Un artiste licencié en 2009 les avait poursuivis à cause de plusieurs musiques qu’il avait composées pour le site qui avaient été vendues au format CD sans son autorisation. La cour lui donna raison et força Prizee et le distributeur du disque à lui verser plus de 60.000€ en réparation.

En résumé, nous avons un procès qui a coûté beaucoup d’argent à Prizee et abîmé sa réputation, au cours d’une année déjà marquée par une perte de revenus. Ajouté à cela la migration des joueurs vers les jeux smartphones, on peut déjà deviner ce qu’il va se passer: Il était temps de vendre.

En 2012, Tristan Colombet vendit Prizee à Digital Virgo, une entreprise française spécialisée dans le marketing en ligne. Le site qu’il avait fondé douze ans auparavant n’était désormais plus entre ses mains. Dans un récent interview, Colombet a dit que Prizee avait atteint les 15 millions de joueurs en 2012, ce qui en faisait la meilleure année du site, et qu’il avait vendu la société parce qu’il “a eu une opportunité et sentais qu’il était temps de partir vers de nouveaux horizons”. Cela ne semble pas être entièrement vrai, sachant qu’ en 2014 Prizee allait fusionner avec la société mère avant de connaître une restructuration et un nouveau plan social.

Les raisons officiellement données à la fusion parlent de pertes de revenus durant cette année et une baisse de la fréquentation. Les bureaux de Prizee, décrite des années auparavant comme trop petits pour la nouvelle équipe, fut fermé sans cérémonie, rapatriant le reste de l’équipe de développement à Paris. Que Tristan Colombet ait sauté du navire avant qu’il coule ou qu’il ait été totalement honnête et que la faute incombe à Digital Virgo, nous ne le saurons peut-être jamais.

En théorie, 2014 marqua la fin de Prizee. Plus exactement, c’était la fin la fin de Prizee la société fondée en 2000 par Tristan Colombet, et son équipe qui a construit et géré les différentes versions du site pour devenir le phénomène culturel connu de tous. Mais 2014 ne fut pas la fin de Prizee le site. En fait, ce dernier était bel et bien actif durant ces évènements, permettant toujours aux joueurs de jouer à des jeux pour gagner des cadeaux. Envers et contre tout, le site arrivait toujours à être suffisamment rentable pour justifier qu’il reste ouvert, ayant survécu bien plus longtemps que la plupart des sites du même genre. Mais pour combien de temps ?

2014: La mort lente

Prizee.com en 2013 (Source: https://www.youtube.com/watch?v=gMY37L7QK1I)

Prizee est passé par deux plans sociaux, deux fermetures de sociétés, le départ du créateur et un déclin de la fréquentation. Mais il était toujours ouvert, proposant toujours des jeux en Flash et expédiant toujours des cadeaux. Le concept avait certes était un peu retravaillé, avec un nouveau système de monétisation et la disparition des jetons en 2015, mais c’était toujours Prizee, avec toujours les mêmes personnages iconiques et le même logo rouge et or. L’entreprise avait toujours l’ambition d’étendre la marque, mais elle se limitait désormais (judicieusement) au développement informatique. Durant les années 2010 les équipes lancèrent plusieurs nouveaux sites (qui ne restèrent pas longtemps ouverts), un jeu exclusif à Facebook, ce qui était courant à l’époque, et, comme à leur habitude, de nouveaux jeux pour le site principal. Mais, plus important, ils lancent leurs premiers jeux pour smartphone, une évolution logique pour la société.

L’application Smartphone de Prizee, 2017 (Source: https://www.youtube.com/watch?v=5rDSvYh7EmI)

Mais la popularité de Prizee était déjà sur le déclin, et cela n’allait que s’aggraver durant la seconde moitié des années 2010. La qualité des jeux ou du site n’était pas en baisse, ce n’était pas non plus la faute de la perception de plus en plus négative du plugin Flash: les jeux par navigateurs en général étaient sur la pente descendante. De nos jours, ils n’ont pas entièrement disparu, mais aujourd’hui seul une infime partie de ce qui était ouvert au début des années 2000 est encore actif de nos jours. D’innombrables simulateurs de villes et animaux virtuels furent fermés, ainsi que de nombreux jeux d’aventure par navigateur (dont un étrange reboot de la franchise Zork qui était selon toute apparence très mauvais et n’a même pas réussi à rester ouvert plus de deux ans).

Malgré tout, les développeurs de Prizee étaient toujours au travail, créant de nouveaux jeux, de nouveaux graphismes, partageant leurs création sur les réseaux sociaux et invitant des fans à leurs bureaux pour leur faire tester leur nouveaux jeux en avant première. L’âge d’or de Prizee était derrière eux, mais la machine était toujours bien huilée et tournait encore, envers et contre tout. Malheureusement deux évènements consécutifs allaient faire planer le doute sur sa durabilité.

Flower Shop, 2013 (Source: https://www.youtube.com/watch?v=gMY37L7QK1I)

En 2016, un nouveau procès opposa des joueurs de Prizee à Digital Virgo à propos de cadeaux non reçus. Des rumeurs de cadeaux inexistants étaient déjà courantes dès les débuts du site, mais c’était la première fois que Prizee était officiellement mis en cause. Malheureusement l’issue du procès est inconnue. Cette affaire est néanmoins intéressante à relever car il s’agit de la seule et unique fois où Prizee sera remis en question par rapport à son contenu proche des jeux d’argent.

En juillet 2017, Adobe annonce son intention d’arrêter le support du plugin Flash au 31 décembre 2020. Cette nouvelle était attendue de longue date, Flash ayant déjà la réputation de poser des problèmes de sécurité et d’être obsolète face à HTML (que ça soit vrai ou non est très débattable). Théoriquement, cela aurait dû être le coup fatal pour Prizee. Depuis les tout débuts, la technologie Flash faisait partie du cœur du site. Prizee allait devoir évoluer ou disparaître. C’est pour cela qu’ils annoncèrent en 2018 la fermeture du site pour se focaliser entièrement sur leur application smartphone. La fermeture du site original donna lieu à quelques articles et attira un peu l’attention, mais sans plus.

Il est intéressant de lire les tweets du compte Twitter officiel durant cette période, qui resta actif jusqu’à la toute fin, annonçant les grands gagnants du jour et les cadeaux tels que des mixeurs ou des aspirateurs (montrant par ailleurs que les derniers joueurs de Prizee n’étaient clairement plus des adolescents). C’est un peu triste de l’admettre, mais en 2019, Prizee n’était déjà plus que l’ombre de lui-même, ayant perdu la majorité de ses utilisateurs. Pas parce que la qualité des jeux avait baissé, mais simplement parce que les joueurs étaient passé à autre chose. Le casual gaming étant désormais omniprésent, il est difficile d’imaginer des concepts tels que Prizee attirer ne serait ce qu’un tout petit peu l’attention de nos jours. Je ne suis pas en train de dire que “c’était mieux avant”. Simplement, Prizee était arrivé au bon moment, et ce moment était passé.

Et puis, le 10 juillet 2019, la nouvelle tomba: Prizee allait fermer définitivement. L’information a juste été annoncée via Twitter et Facebook. La nouvelle fit un peu de bruit, mais elle ne fit pas vraiment le tour des sites de news jeux vidéo. L’information n’intéressait plus personne déjà à l’époque. Bien sûr il y avait toujours des joueurs, mais la majorité des anciens joueurs de Prizee auxquels j’ai parlé ne savaient pas que le site avait fermé, ni même qu’il y avait une application smartphone.

Annonce de la fermeture de Prizee (Source: Twitter)

Mais Prizee n’était pas une exception. En fait, la majorité des jeux multijoueurs par navigateurs mentionnés dans cet article n’ont pas survécu au-delà de 2016, et ceux encore ouverts n’ont jamais atteint le même niveau d’engagement que le plus basique des sites pouvait atteindre en 2006. Prizee était une anomalie du passé, qui ne pouvait pas survivre plus longtemps. Ironiquement, les imitations lancés par Motion-Twin ont survécu bien plus longtemps que Prizee, alors qu’ils étaient bien moins populaires.

En ce qui concerne Tristan Colombet, sa carrière dans l’informatique semble se porter plutôt bien. Il s’avère qu’il a gardé les anciens locaux de Prizee, et en a fait un espace de coworking appelé Turing 22. Il est aussi le PDG de Domraider, une entreprise qu’il a créé un an après son départ de Prizee. Je ne saurais pas expliquer ce que cette entreprise fait exactement, seulement qu’elle semble beaucoup porté sur les cryptomonnaies et NFT, donc… Ouch. J’ai essayé de le contacter mais je ne suis pas prêt à payer un accès à Linkedin Premium juste pour pouvoir lui envoyer un MP.

2020: L’étrange demi-vie

Le 10 juillet 2019 était la fin officielle de Prizee, le portail de jeux au logo doré et aux mascottes iconiques. Mais, envers et contre tout, malgré la fermeture de la société, du site internet et de l’application smartphone, ça n’était TOUJOURS pas la fin de Prizee en tant que marque. Parce que, aussi bizarre que ça puisse paraître, Prizee… Est revenu ? En quelque sorte ?

Prizee.com, mai 2021

Fin 2020 le site Prizee.com a rouvert sans aucune annonce préalable, avec un design et concept totalement différent, maintenant un site de news jeux vidéo très ordinaire fait sous Wordpress. Et, pour être clair, ce n’est pas un site différent qui a juste racheté le nom de domaine comme c’est souvent le cas. Le Twitter, Facebook et Instagram officiel de Prizee ont tous adopté le nouveau design et postent à propos des articles sur le site. La personne qui détenait le nom Prizee et les comptes sur les réseaux sociaux a clairement cédé tous les accès à une nouvelle équipe.

Maintenant la question est: Qui est en charge de Prizee ? Parce que basé sur les informations publiquement disponibles sur le net, il n’y a aucune réponse claire. Le nouveau site ne mentionne aucune équipe. Les articles semblent être des textes auto-générés et les deux seuls noms présents sur tout le site sont les auteurs des articles, qui n’apparaissent nulle part ailleurs sur Internet. Le nouveau site est juste apparu, bénéficiant uniquement du SEO du nom Prizee et des différents comptes sur les réseaux sociaux. Digital Virgo n’a pas répondu à mes questions, ni aucun ancien employés de Prizee que j’ai tenté de joindre.

Conclusion

Je pourrais dire que c’est triste de voir le nom de Prizee être utilisé pour faire de l’argent facile, mais la vérité est que ça n’a plus vraiment d’importance aujourd’hui. Nous sommes en 2021, Prizee n’est plus qu’un souvenir distant, et ce nouveau site ne va certainement pas remplacer la version originale dans le cœur de littéralement millions de joueurs. Et puis, après tout, Prizee n’était rien de plus qu’un business. C’était juste un site de jeux free-to-play après tout, pas un artéfact culturel.

Ou peut-être que si ?

Prizee le site a été créé pour des raisons monétaires, c’est un fait. Après tout à l’origine ce n’était qu’un business lancé en solo par un jeune développeur pour vendre des tickets de loterie et des jeux de casinos. Mais personne ne peut dire ce qu’était Prizee la marque, à part Tristan Colombet lui-même. Est ce que c’était un site destiné à des adultes ? Une franchise pour enfants avec des personnages attachants ? Un nom reconnu que l’on pouvait coller à des applications smartphone ? Et bien, c’était tout cela et bien plus. Prizee n’était pas seulement la création de Colombet. Il appartenait à toutes les personnes qui y ont touchés: A Motion-Twin qui lui a donné son identité kid-friendly, à tous les développeurs et artistes qui ont donnés vie aux mascottes dans les jeux, et aux joueurs qui ont permis à Prizee d’atteindre des sommets et de survivre toutes ces années.

Quand j’ai commencé à écrire cette rétrospective, j’étais prêt à tacler sans remords ce site de jeux d’argents ciblant des enfants. Mais au fur et à mesure de mes recherches et alors que j’entendais les témoignages des anciens joueurs de Prizee, il était difficile pour moi de rester totalement négatif. Je n’ignore pas les problèmes d’éthique soulevés, malheureusement plus d’actualité que jamais. Cependant, j’ai réalisé ceci: Prizee évoque surtout des souvenirs positifs pour d’innombrables joueurs qui se connectaient tous les jours, pas parce qu’ils étaient appâtés par les cadeaux, mais parce que les jeux étaient sincèrement addictifs. Il a redéfini l’Internet, en appliquant à grande échelle des pratiques encore utilisées dans l’industrie du jeu vidéo free-to-play.

Prizee a survécu pendant 19 ans, bien plus longtemps que la plupart de ses concurrents directs. Difficile de dire ce qui l’a ultimement condamné. L’échec du restaurant et du livre pour enfant n’étaient pas des causes directes, mais les symptômes d’un problème plus grand. Digital Virgo, d’un autre côté, a racheté l’entreprise seulement après que les choses commencent à aller mal, donc même si leur gestion de la franchise a été discutable, il est difficile de leur rejeter totalement la faute. On n’aura jamais une réponse claire, mais une chose est certaine: On peut rire autant qu’on veut à l’idée d’un site internet ouvrant un mauvais restaurant avant de sombrer dans l’oubli, il ne faut pas oublier qu’il a été fondé dans une région de France peu reconnu pour son secteur informatique, et qu’il est devenu un des plus grands noms d’Internet. Et qu’on le veuille ou non, cela en fait un pilier de la pop culture du web.

Merci à Francis Janvier pour la très utile relecture, et merci à tous les anciens joueurs de Prizee qui ont répondu à mes questions.

Sources

https://fr.wikipedia.org/wiki/Prizee

https://www.afjv.com/societe/422-prizee-com.htm

https://www.digitalvirgo.com/

https://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/prizee-le-petit-site-de-jeux-pour-enfants-est-devenu-tres-grand_1419292.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Motion_Twin

https://web.archive.org/web/20160303194515/http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2009/10/23/1756450_plan-social-et-greve-chez-prizee.html

https://web.archive.org/web/20130123165844/http://www.cyberbougnat.net/Prizee-com-se-lance-dans-l-edition,2026.html

http://www.astu-prizee.com/presentation-societe-prizee.html

http://gregosphere2.canalblog.com/archives/2007/06/20/5368065.html

https://www.sophienavas.fr/graphisme/prizee-com/

https://www.tangramcom.net/portfolio-item/prizze-cafe-agencement-restaurant/

https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/actualites/90-000-damende-pour-le-fondateur-du-site-de-jeux-en-ligne-prizee-com_11807275/

https://actualitte.com/article/95987/edition/prizee-devient-editeur-et-sort-toudou-conte-pour-enfants

https://lentreprise.lexpress.fr/creation-entreprise/etapes-creation/34-ma-boite-a-gagne-de-l-argent-des-le-premier-jour-34_1514190.html

https://www.societe.com/societe/prizee-world-500271887.html

https://www.societe.com/societe/prizee-com-432535581.html

https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/actualites/clap-de-fin-pour-la-success-story-auvergnate-prizee-com_11235890/

https://capitalfinance.lesechos.fr/deals/build-up/digital-virgo-soffre-des-jeux-105985

https://www.afjv.com/news/4524_plan-social-chez-prizee-com-groupe-digital-virgo.htm

https://www.google.fr/maps/place/22+All%C3%A9e+Alan+Turing,+63000+Clermont-Ferrand/@45.7590467,3.1279785,17z/data=!3m1!4b1!4m5!3m4!1s0x47f71c44f54465b3:0xbdc928b625fdbbfa!8m2!3d45.7590467!4d3.1301672

http://entreprises.lefigaro.fr/prizee-com-00/entreprise-432535581

https://www.capital.fr/entreprises-marches/prizee-le-petit-genie-francais-du-jeu-en-ligne-390746

https://www.jeuxvideo.com/news/2011/00055191-une-nouveaute-chez-prizee.htm

https://www.google.fr/maps/place/Le+Studio+120/@45.7389749,3.159628,285m/data=!3m1!1e3!4m13!1m7!3m6!1s0x47f71d732a95a311:0x70bb325bfc2c06b8!2sSarli%C3%A8ve,+63800+Cournon-d'Auvergne!3b1!8m2!3d45.739315!4d3.162858!3m4!1s0x47f71db87317adb1:0xf689d96050b87a8e!8m2!3d45.7392919!4d3.1605786

https://www.afjv.com/societe/422-prizee-com.htm

https://www.doctrine.fr/d/TGI/Paris/2011/KFV76C85BD0D1520EFA9357

https://www.youtube.com/watch?v=EgaTkGA8SiE

https://www.youtube.com/watch?v=5rDSvYh7EmI

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ToulouTouMou

Freelance game designer, making baby steps as game curator. You can talk to me on Twitter: https://twitter.com/Le_Toulousaing