Les collaborateurs parlementaires, qui sont-ils ? Quels sont leurs réseaux ?

Valentine Serino
3 min readJan 30, 2017

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Depuis le début du #PenelopeGate que je ne détaillerai pas ici, nous avons entendu à peu près tout et n’importe quoi sur une profession bien particulière (la mienne), celle des collaborateurs parlementaires.

« Privilégiés », « caste », « abus »… Ce matin je lisais encore que notre place était due à une « nomination discrétionnaire ». La semaine prochaine, à ce rythme-là, il y aura certainement un média pour demander si les assistants de vos députés sont des illuminatis…

L’ambiance est un poil pesante. Mais autant ne pas lire que des conneries. Et puisque apparemment, il faut faire un point, je vous explique.

Pour commencer, ce qui intéresse tout le monde : la thune

En général on est plutôt pas mal payés (on a aussi fait des études pour ça, donc ça tombe bien). Mais quand un élu LR dit que les assistants sont rémunérés 4000 euros mensuels en moyenne…

Je me dis que j’ai dû mal négocier.

Plus sérieusement, le salaire mensuel moyen d’un assistant parlementaire à temps plein se situe entre 1800 et 2500 euros net. Nous ne disposons d’aucune grille de salaire, d’où les écarts. Alors non, les collaborateurs parlementaires ne sont pas absolument privilégiés, tous ne se font pas construire une baraque aux Bahamas, mais on n’est pas trop malheureux non plus.

C’est vrai que vous êtes payés avec nos impôts !?

Oui oui, et j’en paie aussi hein. Pour être précise, nous sommes des salariés de droit privé (contrat signé avec le député employeur) mais rémunérés avec des deniers publics. Mais ça arrive à des gens bien.

Ouais en gros t’es fonctionnaire

Non. Y a une règle simple à savoir sur nos contrats : si le parlementaire perd son élection, ses collaborateurs perdent leur emploi. Avec les prochaines élections législatives et le renouvellement de l’Assemblée nationale, le nombre de licenciements est estimé à un millier le 19 juin prochain. Un peu violent ? Mais non voyons. Ce sont aussi 1000 places qui se libèrent pour d’autres.

Ce qui intéresse un peu moins mais quand même : le travail

Différentes tâches attendent les collaborateurs, avec trois jobs typiques :

• Le collaborateur parlementaire stricto sensu : s’occupe du travail législatif, rédige les interventions, réalise des veilles et/ou notes de synthèse… Lieu de travail : Assemblée nationale / Sénat.

• Le secrétaire parlementaire : secrétariat, contact avec les habitants de la circonscription, gestion de la réserve parlementaire. Lieu de travail : permanence du député en circonscription.

• Le chargé de com / relations presse : gestion des réseaux sociaux, contact avec les journalistes, réalisation des supports de communication. Lieu de travail : variable.

Chacun est un couteau suisse et peut être amené à remplir des fonctions qui ne sont pas officiellement de son ressort. Parfois l’élu s’occupe lui-même de ses réseaux sociaux, rédige tous ses discours…

C’est une toute petite entreprise où chacun a une fonction précise, tout en restant polyvalent.

Et après avoir rédigé une question au gouvernement, le collaborateur parlementaire peut aussi avoir à aller chercher une chemise au pressing, faire une course... Il arrive de bosser le soir sur une séance de nuit, de rédiger quelques punchlines en plein weekend…

Ce qui intéresse encore moins mais c’est dans le titre : qui sommes-nous ?

Des CDD, CDI, stagiaires. Des jeunes, des moins jeunes. Des diplômés, dans de nombreux domaines, d’autres moins diplômés ou pas du tout. Certains technocrates, d’autres militants, souvent les deux. Mais nous avons une passion commune : contribuer, à notre échelle, au bon déroulement de la vie politique française. Participer à l’idéal d’intérêt général. Vous aider, chers compatriotes.

Vous nous voyez derrière notre patron quand il vient vous voir sur le marché, nous sommes en arrière-plan quand il passe à la télé. Vous recevez les courriers que nous écrivons pour notre parlementaire, c’est nous que vous avez au téléphone quand vous appelez au bureau.

Nous sommes les petites mains du Parlement.

Donc s’il ne devait y avoir qu’une seule morale à cette petite histoire…

Et pour mes confrères et consoeurs qui lisent ce post :

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