La Photographie : que retenir deux ans après ?

Victor
7 min readJul 26, 2018

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Si l’été vient généralement marquer la fin d’un cycle, c’est également l’occasion parfaite pour dresser le bilan de son année, ou même plus généralement, de sa vie (rien que ça). Dans cette démarche totalement partiale où je solde les comptes de mes actions, comme de mes inactions, après de 21 ans d’existence, évoquons donc le sujet — le plus facile— la photographie.

Poste important de dépense compte tenu du temps que j’ai alloué à cette passion, cela va maintenant faire 2 ans que j’ai acquis un boîtier Canon dont je ne me sépare plus. Accroché à mon épaule ou au bout de mon poignet partout où je me déplace, je n’aurai jamais imaginé apprendre tant de choses avec lui.

Le fait est que la parfaite complétude du 8 ème art a pour conséquence non seulement de pousser à la réflexion et de développer de nouvelles compétences, mais aussi, et surtout, de façonner l’esprit.

Coupe du Monde 2018 Paris — Victor P.
  • La qualité d’un appareil ne détermine en rien celle du photographe :

Le prix d’un appareil photo ne sera jamais le reflet du talent de son propriétaire. J’éviterai de m’étendre sur le cas des personnes qui ont pour plus de 3K € de matériel photo acheté pour une unique occasion (un voyage de famille afin d’immortaliser le visage des enfants et petits enfants) et qui restera dans un placard une fois rentré, puisque, après tout, un iPhone suffit pour prendre en photo les pigeons devant la Tour Eiffel.

Néanmoins dire que : “l’appareil ne fait pas le photographe” n’est pas totalement vrai.

En ce qui me concerne j’ai eu mon premier appareil photo vers l’âge de 11–12 ans, alors que les téléphones portables munis d’un capteur photo commençaient à se démocratiser. Cela m’a permis de prendre mes premières photos d’abord sur des compacts de chez Pentax et Nikon, avant d’avoir un hybride de chez Sony vers 15 ans, puis à 19 mon premier (et actuel) reflex.
Je considère cependant avoir commencé à faire de la photo que depuis deux ans, puisque ce n’est qu’en prenant en main mon reflex que j’ai réellement compris la photographie.
Ayant mis la main pour la première fois sur des appareils photos compacts, où le principe même de la photographie est masqué par l’automatisation du processus, je n’avais alors pas à réfléchir quant à la technique. C’est donc avec l’envie d’aller plus loin dans la personnalisation et la maîtrise de mes photos que j’ai décidé de passer sur un reflex et de découvrir par moi même les joies des réglages manuels.

A force d’exercice et de clichés ratés j’ai donc pu comprendre la mécanique sur laquelle repose la photographie. Ce n’est qu’après des dizaines d’heures à jouer avec tous les paramètres de mon boîtier que j’ai pu être libre et autonome dans mes déclenchements. Ce qui rejoint le concept de 10 000 hours rules développé par Malcolm Gladwell dans Outliers ( livre à lire absolument soit dit en passant !) selon lequel la clé du succès est d’avoir a son actif près de 10 000 heures de pratique dans sa spécialité. Bien évidemment ma notion de succès ici diffère de celle évoquée par Gladwell puisque mon objectif est de devenir quelqu’un capable de prendre de bonnes photos, et non de devenir le nouveau Capa.

En ce sens, l’expérience de l’appareil constitue un des éléments déterminant pour devenir un photographe.

Moi même entrain d’essayer de prendre une photo 360°- Marion S.
  • Rester maître de sa photo :

Pouvoir gérer l’exposition, la mise au point et la post-production sur une photo permet de laisser sa propre signature dans chacune de nos prises de vue. Une fois qu’on a goûté à ce plaisir de pouvoir agir sur toutes les variables déterminantes d’une photo, il devient compliqué par la suite de revenir au mode auto, ou mode “P”. Ce qui explique mes crises de panique répétées lorsque l’on me tend un appareil photo avec ce type de réglages…

Plus sérieusement, la photographie est idéal pour les personnes — comme moi — qui aiment contrôler tout ce qui peut l’être, et où les seules contraintes sont parfois liées à la technologie.
En étant le seul au commandant à bord vous êtes aussi le seul responsable si votre photo est raté, ce qui peut parfois être problématique si l’instant à figer ne se produit qu’une et unique fois. Mais si ce risque est bien réel, rater une photo à laquelle vous tenez réellement s’avère parfois être un mal pour un bien puisque vous serez amené : soit à trouver toutes les parades possible pour récupérer ce qui peut encore l’être lors de l’édition de la photo, ou encore prévoir une organisation mieux adaptée à l’avenir pour éviter de vous trouver dans la même situation.

De mes deux ans passées avec mon appareil constamment en mode manuel je retiendrai 2 choses qui sont l’anticipation, et la prise de décision.

_ l’anticipation : Car dans ce contexte il est primordial d’analyser l’environnement et les sujets potentiels de votre photo pour prévoir un premier set de réglage. Même si vous aurez à adapter à la marge ces derniers, vous devez être prêt pour capturer LA milliseconde que vous souhaitez figer. Il est évident que vos réglages en place ne seront pas les mêmes selon que vous vous apprêtez à photographier une voiture de course ou une personne âgée. La photographie va donc toujours vous pousser à réfléchir pour anticiper les conditions de lumières, comme les mouvements de vos sujets.

_la prise de décision : Pour réussir une photo il est nécessaire de réfléchir vite et faire des choix extrêmement rapidement ! Que ce soit pour choisir votre angle de vue, composer votre photo, faire vos réglages d’exposition ou déclencher votre appareil au bon moment, vous n’avez que quelques secondes pour prendre les bonnes décisions afin d’obtenir la photo que vous souhaitez. Cependant ce processus de décision est difficile à automatiser, même si on prend certains réflexes notamment pour des photos statiques de type paysage, lorsqu’il s’agit d’une personne chaque cas devient unique.

Alix — Victor P.
  • Composer son tableau :

De l’artiste peintre au photographe il n’y en réalité qu’un pas. Avant d’appuyer sur son déclencheur le photographe va imaginer le rendu final de son tableau, de la même façon qu’un peintre lorsqu’il entame une nouvelle toile. C’est à cet instant précis que toute la démarche artistique de la photo prend naissance. De sorte qu’avant de laisser entrer la lumière sur le capteur de son boîtier, le photographe a déjà prévisualisé l’image qui apparaîtra quelques secondes plus tard sur son écran, et parfois même le rendu final de la photo éditée. Les photos les plus impressionnantes sont généralement celles où l’on a une idée précise de l’ambiance, teintes et couleurs à faire ressortir, et cela avant même qu’elles ne soient prises. Cela revient à avoir son logiciel de retouche photo à disposition dans sa tête pour appliquer ses réglages (ou preset) à ce que l’on voit dans le viseur.

  • La beauté d’une image

Photography… it’s a good way of saying “i’ve been there, you’ve been there” I guess. — Citation du personnage de Dennis Stock dans le film Life

Si on peut déterminer ce qui se cache derrière une belle photographie, les ingrédients de la recette vont dépendre de la perception de chacun.

Val d’Isère stuck under the snow — Victor P.

Tout d’abord la photographie peut être belle car elle renvoie à la notion même de beauté comme une évidence partagée par tous. Un élément présent sur la photo va venir sublimer celle-ci de sorte que tout le monde s’accordera à dire qu’elle est belle. Cela peut venir des couleurs, de la lumière d’un paysage, d’un objet, d’une personne, d’une mise en scène, ou encore des émotions qui émanent de la photo.

On peut également considérer une photo comme belle lorsque celle ci est le support d’un message puissant. En ce sens les photographies de conflits armés ou de catastrophes climatiques sont belles étant donné l’intensité du message véhiculé. C’est par son discours, et non son apparence, que celle ci relèvera de l’art.

Pour finir une photo pourra apparaître comme belle aux yeux de certains parce qu’elle évoque un souvenir qui leur est cher. Un moment d’extase, de rage, de terreur… qui va pouvoir resurgir plusieurs années après par un simple regard posé sur cette photographie. C’est l’émotion créée par la photo (et non celle figée sur la photo) qui viendra habiller l’image en beauté.

At the incredible pace most of us live, the arrested image becomes of maximum necessity.Dennis Stock

Cependant, est-ce que la banalisation de la photographie qui est omniprésente dans nos vies, de par les réseaux sociaux, ne se fait pas au détriment de la beauté, en banalisant le souvenir ?

Pour plus de photo retrouvez moi sur mon compte instagram : https://instagram.com/victor_psz

Afin de garder cet article médium un minimum synthétique et lisible je m’efforce de le conclure, même si j’ai encore bien des choses à raconter sur cette expérience photographique. Cela pourra faire l’objet d’un autre billet si jamais cela intéresse.

Vu le contexte j’ai pu illustrer cet article avec mes photos (ou des photos de moi même) qui ne sont pas forcément les plus spectaculaires, mais qui allaient bien .

V.P

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