Les régulateurs du rail : une veille à la minute près

Vive Le Train !
5 min readApr 23, 2019

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Présents dans toutes les régions, les Centres Opérationnels de Gestion des Circulations (COGC) suivent à la minute près, 24h sur 24, la circulation des 15 000 trains qui sillonnent l’hexagone. Reportage sur le COGC de Toulouse qui veille sur le parcours de 500 trains en Midi-Pyrénées.

Bienvenus chez les régulateurs du rail de Midi-Pyrénées ! Vous êtes au Centre opérationnel de gestion des circulations. Le COGC. Ici, travaille en synergie et en 3/8 (et donc 24h sur 24h), une équipe de 40 experts de la sécurité qu’on pourrait appeler « aiguilleurs du rail ».

Installés au premier étage de la gare Matabiau, les yeux rivés sur leurs multiples écrans, ils suivent tous les trains circulant en Midi-Pyrénées et même au-delà. Leur veille commence à l’ouest, à la sortie de Bordeaux ; à l’est à l’entrée de Narbonne ; au nord à partir de Souillac et au Sud jusqu’à Lourdes. « Ce qui représente le suivi de 500 trains par jour dont 350 TER » nous explique notre guide du jour, Sébastien Guy, dirigeant du poste d’aiguillage.

Ils sont régulateurs, superviseurs, coordinateur, aiguilleurs… Chacun est chargé d’un secteur géographique particulier. A chacun ses lignes et ses missions.

Tout ici est informatisé. La souris et le clavier ont remplacé les emblématiques leviers de commande. C’est à distance et de manière centralisée que s’effectue aujourd’hui la gestion du trafic.

Lieu stratégique par excellence, le COGC regroupe deux activités : d’une part la régulation et la supervision. De l’autre la circulation.

La régulation et la supervision des trains

Cette partie du COGC est composée de cinq postes de régulateurs et de superviseurs.

Ils ont essentiellement pour interlocuteurs les agents de circulation des postes d’aiguillage locaux et les régulateurs de sous-stations chargés de l’alimentation électrique des trains.

François Fourny, coordinateur régional (CRC), a ici la casquette du chef. Lui seul, avec Clarisse son adjointe, est habilité à contacter les conducteurs en ligne. En tant que coordinateur, il gère notamment avec les horairistes(*), les demandes concernant les travaux d’urgence sur les voies et les transports exceptionnels.

Sans l’aval du coordinateur régional dont la mission est intimement liée à la sécurité, aucun train ne peut circuler. Lorsqu’un accident survient sur une voie, le CRC est l’interlocuteur SNCF privilégié des autorités (préfet, pompiers, etc) avant l’intervention sur place des agents de l’astreinte. Le contact s’effectue via un numéro d’urgence. Toute personne témoin d’un problème, peut par ailleurs alerter le coordinateur en utilisant les téléphones installés sur le bord des voies tous les 300/400 mètres.

Les passages à niveau, hantise du COGC

Les superviseurs ont eux-aussi un rôle primordial de veille du trafic.

« Ici au COGC, notre hantise ce sont les passages à niveau, sources potentielles d’incidents multiples » nous explique Sébastien Guy. « Ils sont particulièrement nombreux sur le réseau de notre région. Imaginez, sur une portion de 60 km, il peut y avoir une quarantaine de passages à niveau » .

Au total, le COGC comptabilise pas moins de 887 PN sur Midi-Pyrénées. D’où l’importance d’un suivi pointu par secteur.

Clarisse gère à distance le trafic sur les 251 km du Gers et de l’Ariège . Elle est en contact régulier avec les 17 agents régulateurs de son périmètre géographique.

Alice pour sa part veille sur le trafic, du sud de Toulouse jusqu’à Narbonne. Quant à Élodie, elle suit les trains entre Toulouse et Bordeaux, et Toulouse Brive-la-Gaillarde . Soit 450 km pour l’une et 354 km pour l’autre.

Gérer les retards et autres dysfonctionnements sur « leurs lignes » est leur mission quotidienne.

Le moindre souci apparaissant sur le réseau est détecté au COGC. Un freinage d’urgence par un conducteur, déclenche, par exemple, immédiatement une alarme sur la platine téléphonique de régulation.

La circulation des trains

C’est la seconde activité du COGC. On l’appelle la Commande centralisé Tessonnières-Toulouse : La CTTT. Quelle différence avec la mission des régulateurs et superviseurs ? Son rôle est complémentaire. « Si les premiers sont les yeux qui suivent le trafic en temps réel, l’agent de circulation est quant à lui chargé d’ouvrir ou de fermer les signaux et de diriger les aiguillages vers la bonne direction » précise Sébastien Guy. Là aussi les sept agents de la CTTT travaillent en roulements 24h sur 24. Ce sont eux, qui dirigent les trains pour les faire passer sur telle ou telle portion de voie. Là encore, il s’agit bien sûr d’une fonction hautement liée à la sécurité ferroviaire.

Bruno et Alexandre aujourd’hui aux commandes, œuvrent chacun devant 12 écrans : 8 écrans permettant de faire fonctionner la commande centralisée des aiguillages et 4 autres donnant une visibilité au-delà du secteur toulousain.

Avec l’automatisation, les postes d’aiguillage qui existaient auparavant sur le terrain, sont désormais pilotés du Centre de commande centralisée : Pour exemple, les 7 postes opérationnels hier encore entre Toulouse et Albi.

Hier enrayeur, aujourd’hui aiguilleur

Il y a quelques années, Bruno Vinet travaillait à l’aiguillage de Saint-Sulpice. Celui-ci est désormais géré à distance par la CTTT. Alors aujourd’hui, c’est de Toulouse qu’il aiguille les trains. Depuis le début de sa carrière cheminote, au fil de l’évolution des métiers, Bruno a multiplié ses missions : enrayeur a été son premier poste. « Un boulot à haut risque consistant à mettre des cales sur les rails pour ralentir les trains. Je me sentais un peu cascadeur du rail. Il fallait être vif et sportif » raconte Bruno. Puis il a été manœuvre avant de prendre le poste d’aiguilleur. De son parcours, il garde la nostalgie du terrain et ne manque pas une occasion pour préserver le contact avec les unités locales.

Sébastien Guy, dirigeant du poste d’aiguillage, encourage d’ailleurs ses équipes à poursuivre un dialogue direct avec les agents du terrain.

« L’automatisation ne peut pas remplacer l’humain dit-il. Et puis, l’absence de dialogue est source d’incompréhension. Car à ne plus se parler on s’engueule »

© France Berlioz, pour #ViveLeTrain

(*) Les horairistes conçoivent et adaptent le plan de transport annuel qui recense minute par minute le trafic ferroviaire. Ils définissent en amont les horaires des trains de leur gare de départ à leur gare d’arrivée.

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Durant une semaine du 13 au 18 mai 2019 avec l’opération Vive Le Train, SNCF dévoile ses coulisses. Partout en France, sur plus de 150 sites, pour une opération ouverte au grand public, entre le “Comment ça marche ?” cher à Michel Chevalet et le “Vis ma Vie” de cheminot dans un train, une gare, un atelier, un chantier ou un bureau d’étude:

Pour vous inscrire rendez-vous sur: ViveLeTrain.sncf

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