The Sound of Silence

Vivien Clauzon
2 min readJun 20, 2024

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The Sound of Silence (Simon & Garfunkel, 1964) est l’une de ces chansons dont je ne serai jamais certains d’avoir la “bonne” interprétation, … ni même de la vouloir en fait. Je crois aux vertus du silence, je sais sa puissance, son expressivité ; ce que Paul Simon décrit comme le son du silence ici c’est plutôt certainement l’absence de communication réelle, d’échange, de connexion sincère, il dénonce les paroles creuses, les balivernes, le bruit. Mais la mélodie et le texte sont trop beaux pour lui en vouloir d’avoir associé le mot silence à sa magnifique contestation. Et puis finalement, ce que Paul Simon voulait dire compte peut-être autant que ce que je crois entendre aujourd’hui ?

Hello darkness, my old friend, I’ve come to talk with you again.

L’histoire raconte que Paul Simon fait ici référence à son habitude d’écrire et composer dans l’obscurité et l’écho de sa salle de bains, trouvant ici l’apaisement et la concentration nécessaire à sa créativité. Mes oreilles entendent la nécessité, le besoin, de se confronter à soi-même, de fouiller nos recoins les plus sombres, d’avoir le courage de l’introspection devant les choix les plus opaques, face à l’ombre, aux ténèbres de l’existence. J’entends la mélancolie mais aussi l’espoir devant une situation difficile déjà trop bien connue.

In restless dreams I walked alone
Narrow streets of cobblestone
‘Neath the halo of a street lamp
I turned my collar to the cold and damp

Quelle description époustouflante de la sensation de solitude, d’abandon, de perte de repère. Je vois, je sens vraiment le froid et l’humidité me pénétrer jusqu’aux os, je vis l’inconfort, la détresse.

And the people bowed and prayed
To the neon god they made
And the sign flashed out its warning
In the words that it was forming

And the sign said, “The words of the prophets
Are written on the subway walls
And tenement halls
And whispered in the sounds of silence”

Si les mythes ont certainement forgés les civilisations catalysant la capacité de l’être humain à unir ses forces, à faire corps, à travailler en groupe, il me semble bien que le mythe née lui toujours de l’esprit. C’est aussi vrai du consumérisme néo-libéral que je crois voir dénoncé dans ces quelques vers (To the neon god they made). Le manque de connexion sincère, de communication significative, est possiblement une conséquence d’une société qui s’est centrée sur la consommation et la compétition. La commercialisation et la marchandisation de la vie elle-même entraîne, de fait, une existence superficielle. Le bruit du consumérisme étouffe la parole significative, la contemplation, la réflexion profonde et le partage.

Bref, je veux entendre cette chanson comme une condamnation poétique de la manière dont se répand le vide intellectuel et comment il contribue à la fragmentation des liens entre les êtres.

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