Pour une revue de presse quotidienne à l’école !
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Éducation à l’information : nous n’en faisons pas assez ! Et j’ai une proposition pour y remédier.
L’éducation aux médias et à l’information fait partie du programme scolaire, du primaire au lycée. Chaque année, de nombreuses initiatives se lancent localement partout en France (création d’un média dans l’établissement scolaire, ateliers sur les réseaux sociaux, ateliers sur les infox…), souvent grâce au travail des professeurs-documentalistes avec l’appui d’associations, de partenaires locaux. Nationalement, lors de la Semaine de la presse, les élèves rencontrent des journalistes, sont invités à lire la presse, à participer à des ateliers. Tout cela est très bien. Mais, ce n’est absolument pas suffisant. Voici pourquoi.
Trop souvent, l’éducation à l’information ne repose que sur des actions ponctuelles. Il n’y a pas de suivi. On se contente d’actions de sensibilisation. Ce n’est pas la faute des enseignants, qui font ce qu’ils peuvent avec le temps dont ils disposent et les moyens et le programme qu’on leur impose. L’approche même de ces actions est aussi à revoir. Par exemple, le grand sujet du moment est la lutte contre les fausses informations. C’est très bien de sensibiliser nos jeunes aux fake news, de leur donner des outils et des conseils pour ne pas se faire piéger. Mais, il ne faudrait pas non plus que les seules actions d’éducations à l’information se résument à leur dire qu’il faut se méfier des médias et particulièrement de la presse d’information et que toute information est à prendre avec des pincettes. Oui, je grossis le trait en disant cela, comme il est vrai aussi que même la presse dite sérieuse ne donne pas toujours l’exemple, comme l’a montré l’énorme « fail » au sujet de l’affaire Dupont de Ligonès… Mais, comment motiver nos jeunes à s’informer si le premier message qu’on leur donne est de se méfier de la presse d’information, que toute information peut être sujette à caution ? Des ateliers sur les infox ne doivent arriver qu’à la suite d’actions de sensibilisation pour motiver les jeunes à lire la presse. Pour résumer, si le premier message que l’on diffuse à nos enfants à propos de l’acte de s’informer est de leur dire « méfiance ! », on est mal parti pour les motiver à lire la presse.
S’informer, lire la presse régulièrement devrait être un réflexe quotidien. C’est développer notre culture générale du temps présent. Pour des enfants et des ados, c’est crucial, d’autant plus que les programmes scolaires parlent beaucoup du passé, mais peu du présent et encore moins du futur. Et si les enseignants font ce qu’ils peuvent pour relier certains points de leur programme à l’actualité, ce n’est pas suffisant pour autant. N’oublions pas que la lecture de la presse fait partie de ces marqueurs sociaux qui font souvent toute la différence entre deux personnes possédant pourtant le même bagage scolaire. N’oublions pas que le bac en poche, nos jeunes sont ensuite en âge de voter. Devenir un citoyen éclairé, si c’est encore une des ambitions éducatives de notre pays, demande une bonne connaissance des enjeux du moment. Lire la presse, c’est le moyen de se forger sa propre opinion et d’éviter de tomber dans le piège des discours politiques réducteurs et manipulateurs.
C’est pourquoi suivre l’actualité, s’informer, doit être un acte quotidien. Il existe plusieurs supports de qualité et adaptés à l’âge des enfants et des adolescents. La presse jeunesse est en France particulièrement créative et dynamique par rapport à tous les autres pays occidentaux. Là aussi, ce n’est pas suffisant, car seule une petite partie de la population, bien souvent avec un très bon niveau social et culturel, investit et peut investir dans cette presse pour leurs enfants.
Il faut aller plus loin, vers une culture de l’information qui soit populaire. Voici ma proposition. Elle est simple à mettre en place, ne demande pas une implication énorme des professeurs et ne coûte pas un rond au Ministère. Tous les matins, au début de la première heure de classe, quelle que soit la matière qui y sera enseignée, un élève prend la parole pendant 5 minutes et expose sa revue de presse. Et ceci de la 6e à la Terminale, en passant par les enseignements professionnels. En 5 minutes, un élève peut parler d’un sujet d’une manière un peu approfondie et de 3 ou 4 autres informations. C’est l’occasion pour chaque élève de réaliser une revue de presse une à deux fois par trimestre. Et, c’est l’occasion pour chaque élève de mieux comprendre le monde qui l’entoure chaque jour. Connaître mieux les nouvelles du jour, c’est se questionner sur les grands enjeux du moment, c’est le moyen d’en parler avec ses parents et ses professeurs. C’est surtout, petit à petit, le moyen de faire le lien entre bien des sujets et mieux comprendre toute la complexité du monde. Alors bien sûr, on ne demande pas le même niveau d’exigence entre un élève de collégien et un lycéen pour l’élaboration de la revue de presse. On peut aussi éviter que cet exercice soit noté. Il doit être seulement obligatoire et quotidien.
Il est temps de changer de méthode. Suivre l’actualité doit être un acte régulier. Pour développer une culture du temps présent et faire de nos enfants des citoyens éclairés, il faut organiser une revue de presse quotidienne à l’école !
Pour continuer la conversation : christophe@geekjunior.fr