L’image digitale : Le rêve d’un mème égoïste, ou le mythe de la simulation du réel.

Yann Minh
17 min readNov 5, 2021

YANN MINH·JEUDI 12 NOVEMBRE 2015

La vidéo de mon intervention au colloque de l’ENSAD : Les images du numérique, le 21 et 22 Mars 2016. https://vimeo.com/171158615 la totalité des interventions sur le site de l’ENSAD http://hist3d.ensad.fr/colloque-les...
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Le syndrôme démiurgique.

Un tropisme cognitif récurrent chez les programmeurs, comme chez certains mathématiciens, c’est qu’ils sont, comme les artistes, souvent atteints de ce que j’appellerai, un “syndrôme démiurgique” .. c’est à dire qu’à force de générer par le code des cosmogonies en apparence cohérentes, ils finissent par croire dans leurs propres métaphores, projettent sur le monde leurs illusions… et finissent par se croire omnipotents… :-)
- “Si je peux coder des univers, c’est que l’univers est codé… d’ailleurs nous vivons dans une simulation informatique… “.

C’est un tropisme ancien chez les artistes, les conteurs, les auteurs, surtout ceux qui construisent des cosmogonies à partir de rien comme les illustrateurs et auteurs de SF.
Ainsi, Philipp K.Dick dans SIVA met en scène ce syndrôme démiurgique de façon explicite :
« Fat conçu par la suite une théorie selon laquelle l’univers est composé d’informations. Il se mit à tenir un journal — en réalité, il le faisait déjà secrètement depuis quelque temps : acte furtif d’un déséquilibré. Sa rencontre avec Dieu s’y trouvait consignée de sa propre écriture — celle de Fat, pas celle de Dieu. »
Extrait de: Dick,Philip K. « Siva. » iBooks
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Ce mème, est aussi présent en philosophie, dont une des occurrences les plus virulentes est le fameux mythe de la caverne de Platon, qu’on retrouve entre autres dans le film de Matrix.

Certains “littéraires” ont tendance à croire que ce qui n’est pas “nommé”, n’existe pas, certains rituels “magiques” expriment ce tropisme, au travers par exemple des poupées qui deviennent des vecteurs d’action dans le “réel”…
Cela rejoint d’ailleurs cet aphorisme de Korzybski qui formalise ce tropisme cognitif récurrent par le constat que nous avons fortement tendance à prendre nos cartes pour le territoire. Et je dirais, à prendre nos “mèmes” pour la réalité.

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Le Mème Numérique
Il a existé une population d’images numériques qui se sont rêvées elles-mêmes sous forme analogique avant d’être numériques.

Telle une prophétie autoréalisatrice similaire à la fameuse loi de Moore, par un phénomène de double feed-back, l’esthétique sommaire et balbutiante des premiers dispositifs informatiques à généré un espace imaginaire et esthétique qui, par rétroaction culturelle, à orienté la recherche et le développement des outils de création numériques et popularisé de nouvelles variations autour du mythe de la caverne de Platon. Car ce mythe est lui-même l’expression d’un tropisme métaphorique artistique hérité du vivant, propageant des mèmes virulants via les conteurs et les artistes.

Max Headroom

En même temps que les premiers ordinateurs produisaient de véritables images de synthèse très pixellisées, ou filaires, ils généraient des canons et archétypes esthétiques spécifiques qui, tels des mèmes, ont contaminé les champs esthétiques et lexicaux de nos fictions cinématographiques, littéraires, graphiques, télévisuelles. Et, par un processus de feed-back, ces “contes” ou métaphores digitales ont conforté le très vieux mythe de “l’illusion du réel”, avec cette nouvelle variation qui voudrait que notre réalité soit une simulation informatique.
(Tron, Alien, 2001, La guerre des étoiles, Johnny Mnemonic, Max Headroom, Le Cobaye, Pink Floyd, King Crimson, Einstürzende Neubauten, Vangelis, Klaus Shultz, Tangerine Dream, Xenakis, Boulez, Staukhausen, Divo, Kraftwerk… Elisabeth de Senneville…Neuromancer, Cyberpunk, Simulacron 3, Un Logic nommé Joe, Sur l’onde de choc, Snow Crash…)
Ainsi, en 1982, inspiré par ce mème esthétique et aussi inspiré entre autre par le roman de SF Simulacron 3, et Ubik de Philip K.Dick, j’ai réalisé une installation vidéo immersive, Media ØØØ qui décrivait l’histoire d’une jeune femme perdue dans une simulation informatique et qui a été présentée au musée d’art moderne du centre Georges Pompidou en 1983. http://www.yannminh.org/french/IndM...

L’installation Média ØØØ reconstituée dans les mondes persistants du cyberespace

Aleph Ø et Aleph 1 de Cantor.
Début 2016, lors d’un repas mensuel réunissant les amateurs de mathématiques parisiens, j’ai eu le plaisir d’assister à une conférence de Pierre Berloquin qui décrivait ce soir la aux convives éclairés les concepts d’Aleph ø et Aleph 1 du mathématicien Georg Cantor.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Georg...
Dans son exposé, Pierre Berloquin expliquait, (pour ce que j’ai pu en comprendre), que tout ce qui relève du domaine des nombres, (dont l’informatique) appartient à un ensemble dénommé Aleph ø, et tout ce qui appartient au “réel” dans un sens large, appartient à un ensemble appelé Aleph 1, qui inclut Aleph ø, mais est plus grand qu’Aleph ø, forcément.

D’où on peut déduire, qu’il restera un espace inaccessible aux simulations informatiques qui n’existent que dans Aleph ø, à la différence par exemple et entre autre de notre pensée qui est située à la fois dans Aleph ø et Aleph 1.

Cette idée rejoint un vaste débat chez les mathématiciens, qui n’est pas résolu et dont m’avait déjà fait part le mathématicien Vincent Danos au vingtième siècle : “l’humanité a t’elle inventé les mathématiques, ou a t’elle découvert les mathématiques…

Si l’humanité à découvert les mathématiques, c’est que l’univers serait de “nature” mathématique, si l’humanité à inventé les mathématiques, c’est qu’elles n’appartiennent qu’à la sphère cognitive de l’humanité.

“Le Dr J. Bronowski, entre autres, a signalé que les mathématiques constituent la plus colossale métaphore imaginable et doivent être jugées par le succès de cette métaphore…”

Norbert Wiener, CYBERNETIQUE ET SOCIÉTÉ

Ce mythe moderne de la simulation informatique dans laquelle nous serions en train d’évoluer à notre insu, développée par Max Tegmark dans sa Theory of Everithings, dont le nom ne peut pas ne pas évoquer 42 The Ultimate Question of Life, the Universe and Everything de l’auteur de SF Douglas Adams, et dont le créateur de SpaceX et Tesla, Elon Musk inspiré par Nick Bostrom, s’est fait le défenseur, est pour moi, une version moderne du “mème” ancestral de la caverne de Platon, qui s’est formalisé à notre époque dans le roman de science-fiction précurseur de F.Galouye de 1964 : Simulacron 3, ou dans des films emblématique de notre cyberculture comme Matrix des soeurs Wachovsky, ou Pi du réalisateur Darren Aronofsky.

Ces métaphores esthétiques et narratives d’un code mystérieux caché derrière nos perceptions, qui renforcent l’intuition d’une crypto-structure mathématique structurelle de la “réalité” physique ou matérielle du monde, confortent ce postulat que l’univers serait de nature mathématique. (ce qui pour moi, est une autre forme de réinvention de dieu).

« La philosophie est écrite dans cet immense livre qui continuellement reste ouvert devant les yeux (ce livre qui est l’Univers), mais on ne peut le comprendre si, d’abord, on ne s’exerce pas à en connaître la langue et les caractères dans lesquels il est écrit. II est écrit dans une langue mathématique, et les caractères en sont les triangles, les cercles, et d’autres figures géométriques, sans lesquelles il est impossible humainement d’en saisir le moindre mot; sans ces moyens, on risque de s’égarer dans un labyrinthe obscur. » Galilé.

Dans ce débat, intuitivement je penche plutôt du côté de ceux qui pensent que l’humain a inventé les mathématiques, qui sont un outil conceptuel permettant de manipuler des abstractions qui échappent à nos capacités cognitives soit par leurs grandeurs, soit par leurs complexités. L’univers physique, informationnel et la vie sont beaucoup plus complexes que nos outils cognitifs, et en l’occurrence, plus complexes que les mathématiques…

Il est compréhensible que certains aient besoins de croire dans cette “simulation”, car lorsque nous formalisons dans notre esprit la dimension non simulée du réel, on en perçoit alors une complexité qui, loin de rassurer, peut être inquiétante dans son étrangeté … c’est un peu comme l’envie de croire dans la vie E.T. Il est plus rassurant d’imaginer l’univers plein de vie, qu’immensément vide.

La croyance dans la “simulation” informatique de l’univers est donc l’expression de ce vieux tropisme cognitif qui est de prendre les métaphores pour des réalités. Pour citer la sémantique générale d’Alfred Korzybski: “ La carte n’est pas le territoire… “

l’écrivain de science-fiction, A.E. Van Vogt met en scène cet aphorisme de Korzybski dans son roman “Le monde des (non) A” de 1945, dans lequel son héros Gossein est omnipotent et peut se transporter sur la lune par la pensée, car pour lui la carte et le territoire sont identiques, il “voit” l’univers. Un autre personnage de fiction, qui devient un “Dieu”, Paul Atréide dans le roman Dune de Frank Herbert, bien que devenu aveugle, “voit” aussi l’univers, et même l’infinité des multivers, ainsi ses yeux ne lui sont plus utiles, car sa pensée “est” l’univers…

Donc non, pour moi les mathématiques ne sont pas structurelles, ou essentielles de l’univers, et non nous ne vivons pas dans une “simulation”, par contre, et la je rejoint l’intuition de Norbert Wiener l’inventeur de la cybernétique, il se peut que l’univers soit de nature “informationnelle” et en tout cas le vivant. Cette “vision” d’une simulation informatique dans laquelle nous évoluerions, est l’expression métaphorique, dans notre imaginaire, de la nature informationnelle, immatérielle du vivant et peut-être de la matière. Attention, “informationnel” n’induit pas une réduction en algorithmes ou en mathématiques… l’information est un processus dynamique temporel qu’on commence tout juste à appréhender et dont nous ne connaissons pas les limites.

“Pour l’astrophysicien, il faut donc accepter le fait que « la science n’est qu’un mode d’accès au réel, parmi beaucoup d’autres », notamment les arts et la littérature, et que la vérité qui résulte de sa pratique ne révèle pas l’essence pure du monde, mais fournit une rigoureuse description du réel, qui reste « dépendante d’un système de pensée »humainement construit.” … “« une tension constitutive entre, d’une part, la liberté presque démiurgique du scientifique et, d’autre part, la contrainte terrible que constitue le réel ».

Aurélien Barrau

http://www.ledevoir.com/culture/livres/478038/la-science-dit-elle-la-verite?

La théorie des multivers illustre bien pour moi cette perversion, cette inversion conceptuelle d’adapter le territoire à la carte, faute de pouvoir “formaliser” le paysage perçu avec nos outils conceptuels, aussi complexes soient-ils. Ainsi, la théorie des multivers se construit, s’échafaude pour combler une difficulté à formaliser avec les outils mathématiques, une complexité inexplicable de certains phénomènes structurels de l’univers.
Effectivement, si on inverse la causalité, et qu’on considère que l’univers serait de “nature” mathématique, alors il est possible d’imaginer que l’univers est à l’image des mathématiques, et donc, qu’il comporterait une infinité d’univers imbriqués, car, en mathématiques, on peut construire des univers à X dimensions… inversion ultime, on fini par adapter le réel, à la carte… le réel à la fiction… :-)

Dans l’énigme du triangle et des allumettes, où, pour la résoudre : “Il faut inventer des dimensions supplémentaires” la métaphore est d’une pertinence absolue, car, les triangles sont des projections cognitives qui nous servent à décrire le réel, mais qui n’existent pas, car dans le réel, ces “dessins” décrivent des structures, des assemblages, des compositions complexes, qui ne se réduisent pas à de simples “formes”.

La théorie des multivers qui, si je ne me trompe pas, n’est toujours pas “mesurée” en terme de physique illustre pour moi, cette inversion conceptuelle d’essayer d’adapter le territoire à la carte faute de disposer d’outil cartographique adapté. Face à notre impuissance à formaliser une complexité qui nous échappe, faute de pouvoir “formaliser” le “paysage” perçu, de le faire coïncider avec nos outils conceptuels, aussi complexes soient-ils, la théorie des multivers inverse la causalité en tentant de faire correspondre le réel avec nos outils cognitifs. C’est un tropisme démiurgique, comme l’artiste, qui aimerait que le réel ressemble à ses fictions.

En mathématique, comme en fiction, ou poésie, on peut échafauder une multitude de cosmogonies chimériques complexes ayant leurs cohérences propres. Si on considère que l’univers serait de “nature” mathématique, il devient alors possible d’imaginer que l’univers est à l’image des mathématiques, et donc, qu’il comporterait une infinité d’univers imbriqués, car, en mathématiques, on peut construire des univers à X dimensions… inversion ultime, on fini par adapter le réel, à la carte… le réel à la fiction… Cthulhu est bien présent au fond des océans…

Le mythe de l’I.A. forte prédatrice.

Le mythe d’une créature artificielle omnipotente qui s’efforcerait d’asservir ou anéantir l’humanité est un vieux mythe ou mème, qu’on retrouve sous différentes formes dans notre histoire depuis l’aube de l’humanité, aussi dans le mythe mésopotamien d’Atrahasis et dans l’épopée de Gilgamesh, et qui se formalise de façon plus explicite avec la cybernétique de Norbert Wiener en 1948.
Il est totalement impossible actuellement d’extrapoler rationnellement (par la mesure) l’éventuel comportement prédateur d’une I.A. forte, car celle-ci, même en ébauche, n’existe pas, on est donc la dans de la fiction, dans l’espace immatériel des mèmeplexes et de la noosphère. Cependant, bien que le mythe de l’I.A. forte “prédatrice”, ne repose sur rien de mesurable, donc de rationnel, en terme de production scientifique contemporaine, on peut spéculer qu’elle puisse exister un jour du fait que nous avons un tropisme à la réaliser. Comme le mythe de l’arche salvateur du déluge, la plupart de nos mythes, et mèmes étant des sortes de prophéties autoréalisatrices, inscrites et propagées dans notre imaginaire collectif par les auteurs et artistes ; la volonté de fabriquer une I.A. performante en jeux de stratégies, est l’expression de ce tropisme inconscient morbide, et mémétique, de fabriquer cette I.A. forte prédatrice…
Pour le dire simplement, l’I.A. forte prédatrice risque d’exister car noocontaminés par un vieux mème démiurgique apocalyptique, nous avons fortement envie de la faire exister ailleurs que dans notre imaginaire.

Mais, dans tous les cas, ce mythe de la “simulation” comme celui de l’I.A. forte prédatrice, sont d’excellentes sources d’inspiration, en particulier pour construire des fictions mettant en scène des imbrications de mondes parallèles, ou simulés, dans lesquels évoluent des créatures artificielles, comme dans mon roman Thanatos, Les Récifs, de 1997, dont la dramaturgie se situe dans la cosmogonie des “futurs probables” et dans laquelle le monde virtuel des “récifs” s’est “matérialisé”
http://www.yannminh.org/french/IndR...

La Métaphore métaphysique du code caché derrière le vivant

L’esthétique générée par l’imagerie numérique scientifique est un moteur métaphorique puissant, qui induit de façon subliminale dans l’esprit du spectateur l’existence d’une structure immatérielle cachée derrière le réel. C’est une métaphore ancienne présente dans nos plus anciens mythes, et qui a une force de pénétration mémétique virulente, car elle permet de véhiculer une description métaphysique d’un réel reposant sur une immatérialité informationnelle invisible. (Matrix).

Lorsque je suis invité dans les colloques scientifiques pour témoigner de mon expérience de nøønaute et d’artiste, j’aime souvent provoquer mon auditoire avec ma définition de l’art qui m’a été inspirée par la philosophie cybernétique de Norbert Wiener :

“L’art, c’est du traitement de l’information, et c’est le plus haut niveau de traitement de l’information de l’humanité, qui englobe la science, et la philosophie ; où la “Métaphore” joue le même rôle dans les sphères informationnelles que la pesanteur pour les rivières et les fleuves : une force invisible puissante, omniprésente, qui détermine et oriente les flux cognitifs..”

Tout comme le vivant est structuré par le code génétique, l’image digitale est générée par du code, un code informatique qui organise la matière de façon à former une image, qui elle même est information. De l’information “immatérielle” qui en ordonnant la matérialité génère une autre information “immatérielle”. L’image numérique est la métaphore de l’organisation de la matière par la Vie pour assurer sa survie et sa propagation.

L’artiste est un spécialiste des métaphores, nous sommes des “métaphoriseurs” si j’ose dire. Et, nos œuvres sont des métaphores, conscientes et subconscientes. Ainsi, je suis convaincu que certains de nos plus grands mythes sont l’expression métaphorique de tropismes structurels du vivant, que les conteurs, auteurs, artistes transmettent sous la forme de fictions, de contes, de “story-tellings” pour reprendre une expression à la mode. Ainsi, le mythe de l’arche de noé, qu’on retrouve dans la plus ancienne mythologie écrite par l’humanité, dans le mythe mésopotamien d’Atrahasis, est l’expression métaphorique de l’extropie, complexification, ou orthogenèse du vivant. Outre le mème apocalyptique du déluge, l’arche exprime le tropisme de la vie à assurer sa survie en investissant l’humanité de la mission de la propager dans l’espace, hors du piège qu’est la planète terre.

Je dis souvent, aussi par provocation : “la vie n’existe pas, c’est de la matière informée”. En effet, les premiers organismes apparus il y a des milliards d’années sur terre ne sont plus “vivants”, ils ont soit disparu, soit se sont fossilisés, mais la vie se perpétue toujours, en tendant vers la complexification. Tout se passe comme si une sorte “d’entité informationnelle et immatérielle” assurait sa pérennité et propagation en “informant” la matière, en organisant les molécules et les atomes en “organismes” qui se dupliquent, se propagent, se démultiplient, se complexifient, transmettant de générations en générations, avant de se désagréger, cette myriade de parcelles de l’entité informationnelle immatérielle et multiple qu’on peut appeler “la Vie”. C’est cette “nature informationnelle” de la vie, qui inspire dans notre imaginaire les métaphores du code caché derrière le réel, de la nature “mathématique de l’univers”, ou de la “simulation informatique” que serait notre “réalité”.

Avec l’évolution et la popularisation des technologies informatiques, cette entité informationnelle qu’est l’image numérique à acquis des propriétés proches du vivant. Ainsi, une image de synthèse, même si ses données originales ne varient pas, ses reproductions vont s’améliorer en définition, et pérennité, du fait de l’évolution des techniques d’impression, et elle va se transmettre à plus grande échelle grâce aux techniques de compression et l’amélioration des réseaux numériques. Ce qui va conférer au mème dont elle est le support de plus grandes capacités de pénétration cognitive. Sa structure informationnelle de datas est une sorte topologie génétique, un phenotype ou origami pour reprendre le concept de Richard Dawkins, qui peut servir de base à d’autres artistes numériques pour élaborer, transformer, complexifier l’œuvre originale.

Un futur symbiotique.

Cette “image numérique” par sa complexification acquiert des propriétés robotiques de flexibilité, versatilité, et auto-adaptativité, qui en fait une entité vivante symbiotique qui va accompagner et augmenter l’humain quotidiennement, sous la forme par exemple d’avatars numériques, dont les “NøøEntités” étendent notre champ de conscience et multiplient nos dividualités par leur utilisation dans les mondes persistants et les métaverses des réseaux sociaux numériques du cyberespace.

Conclusion

Les grands mythes ne décrivent pas quelque chose qui est arrivé, mais qui va arriver…Ce sont des prophéties autoréalisatrices : nous sommes en train de construire l’arche du déluge, et de construire en grandeur “réelle” les créatures artificielles transmises par nos plus anciens memes. Nous sommes aussi en train de nous rendre “divins” par la compréhension et maîtrise du “code caché” derrière le réel, (la “singularité technologique” étant l’émergence moderne de ce mythe originel.)

Comme Dieu me l’a dit lui-même “ Yann, je n’existe pas”.

Sinon, à travers nous… peut-être ? :-)

Et pour finir sur une note humoristique, une petite nouvelle de SF de Frédric Brown, qui illustre parfaitement ce mème démiurgique et ses prophéties autoréalisatrices

— — — — — — — — — — — — — -LA REPONSE:
Dwar Ev souda cérémonieusement la connexion finale avec l’or.

Les yeux d’une douzaine de caméras de télévision le fixaient et le subether transmis à travers l’univers une douzaine d’images de ce qu’il faisait.

Il se redressa, et après un hochement de tête vers Dwar Reyn se déplaça à proximité de l’interrupteur qui allait fermer le contact quand il l’abaisserait. Ce commutateur devait activer d’un coup le monstre de calcul formé par toutes les machines des quatre-vingt-six milliards de planètes. Un supercircuit les connectait toutes en un seul supercalculateur, une machine cybernétique qui combinait toutes les connaissances de toutes les galaxies.

Dwar Reyn s’adressa brièvement aux milliers de milliards de spectateurs, puis, après un moment de silence, dit:

- “Maintenant, Dwar Ev.”

Dwar Ev abaissa l’interrupteur. Il y eut un bourdonnement sourd pendant la montée en puissance des quatre-vingt-six milliards de planètes. Les voyants clignotèrent puis s’apaisèrent le long du panneau de contrôle d’un km de long.

Dwar Ev recula et prit une profonde inspiration.

- “L’honneur de poser la première question est la vôtre, Dwar Reyn.”

- “Merci”, déclara Dwar Reyn.

- “Ce sera une question à laquelle aucune machine cybernétique n’a été en mesure de répondre.”

Il se retourna pour faire face à la machine.

- “Dieu existe-t’il ?”

La voix puissante répondit sans hésitation et sans le cliquetis d’un seul relais.

- “Oui, maintenant Dieu existe.”

La peur s’afficha soudainement sur le visage de Dwar Ev. Il sauta pour relever le commutateur.

Un éclair de foudre tombé d’un ciel sans nuages le frappa tout en soudant définitivement l’interrupteur en position fermée.

Fredric Brown. La réponse (Answer) 1954 (traduction Yann Minh)

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Texte extrait d’une Proposition de communication pour le Colloque « Les images du numérique » par Yann Minh. http://www.noomuseum.net/.

J’ai le plaisir d’avoir été invité mardi 22 Mars 2016 à contribuer par mes réflexions et expériences artistiqus au colloque de L’ENSAD « Les images du numérique », où j’ai parlé de la NøøContamination planétaire du meme virulent de l’imagerie numérique… Le support de présentation public de cette réflexion s’est fait au travers du dispositif immersif 3d temps réel du NøøMuseum. (http://noomuseum.net/)

https://www.facebook.com/events/151...

http://www.ensad.fr/actualites/colloque-images-numeriques

http://www.ensad.fr/sites/ensad/fil...

Je pense qu’un nouveau type de réplicateur est apparu récemment sur notre planète; il nous regarde bien en face. C’est encore un enfant, il se déplace maladroitement dans la soupe originelle, mais subit déjà un changement révolutionnaire à une cadence qui laisse les vieux gènes pantelants et loin derrière.La nouvelle soupe est celle de la culture humaine. Nous avons besoin d’un nom pour ce nouveau réplicateur, d’un nom qui évoque l’idée d’une transmission culturelle ou d’une unité d’imitation. “Mimème” vient d’une racine grecque, mais préfère un mot d’une seule syllabe qui sonne un peu comme “gène”, aussi j’espère que mes amis, épris de classicisme, me pardonneront d’abréger mimème en mème. Si cela peut vous consoler pensons que mème peut venir de “mémoire” ou du mot français “même” qui rime avec “crème” (qui veut dire le meilleur, le dessus du panier).On trouve des exemples de mèmes dans la musique, les idées, les phrases clés, la mode vestimentaire, la manière de faire des pots ou de construire des arches. Tout comme les gènes se propagent dans le pool génique en sautant de corps en corps par le biais des spermatozoïdes et des ovocytes, les mèmes se propagent dans le pool des mèmes, en sautant de cerveau en cerveau par un processus qui, au sens large, pourrait être qualifié d’imitation. Si un scientifique, dans ce qu’il lit ou entend, trouve une bonne idée, il la transmet à ses collègues et à ses étudiants, la mentionnant dans ses articles et dans ses cours. Si l’idée éveille de l’intérêt, on peut dire qu’elle se propage elle-même d’un cerveau à l’autre.Comme mon collègue N.K.Humphrey l’a résumé clairement : “…/… les mèmes devraient être considérés techniquement Comme des structures vivantes, et non pas simplement comme des métaphores. Lorsque vous plantez un mème fertile dans mon esprit, vous parasitez littéralement mon cerveau, le transformant ainsi en un véhicule destiné à propager le mème, exactement comme un virus peut parasiter le mécanisme génétique d”une cellule hôte.

…/..
Nous sommes construits pour être des machines à gènes et élevés pour être des machines à mèmes, mais nous avons le pouvoir de nous retourner contre nos créateurs. Nous sommes les seuls sur terre à pouvoir nous rebeller contre la tyrannie des réplicateurs égoïstes.

Richard Dawkins. 1976 Le Gène égoïste.

Le réalisme immersif

https://www.facebook.com/notes/yann...

L’arche et le déluge

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La vie n’existe pas c’est de la matière informée

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NøøTutoriel de révélation divine.

https://www.facebook.com/notes/yann...

La nouvelle de Fredric Brown.
https://www.facebook.com/notes/yann-minh/les-proph%C3%A9ties-autor%C3%A9alisatrices-de-nos-mythes/10153731470423149

DIVERS

https://paleophil.com/2016/07/21/une-interview-passionnante-de-david-krakauer-par-sam-harris/

Jeux vidéos emblématiques

“mondes ouverts” : no man’s sky, second life, open sims

digital design : Rez (trance vibrator) , Child of Eden

Les NøøScaphes : Roger Dean, Retreat pod, Ovei , Lee McCormack http://ovei.co.uk/...

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Au musée de l’art brut de Lausanne, sont exposés des “ Trolleybus” construits par Martial Richoz qui avait été recalé au concours de recrutement de chauffeurs municipaux. Avec des pièces détachées de tableau de bord, il s’était fabriqué un volant à roulette, et tous les jours pendant des années, il circulait avec dans la ville, et faisait une halte à chaque arrêt pour prendre d’éventuels passagers…

https://www.youtube.com/watch?v=7Xp...

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Yann Minh

Artiste Chercheur, NøøNaute Cyberpunk, voyageur explorateur au long cours des sphères de l’information et en particulier des métaverses.