OVNI : Pourquoi s’informer est-il si compliqué ?

Dylan Leport
16 min readDec 9, 2016
Le CNES, abritant le GEIPAN — Toulouse

Depuis les premières observations qualifiées d’officielles aux États-Unis en 1947, le phénomène OVNI n’en fini pas de faire parler de lui. Si les grands médias internationaux en parlent de manière ponctuelle, force est de constater que son traitement médiatique n’a pas grand chose à voir avec les informations de premier ordre ; économiques, politiques, ou scientifiques.

N’en déplaise aux sceptiques, ces mystérieuses observations d’objets volants non-identifiés sont un mystère véritable, bien loin des fantasmes science-fictifs que les médias aiment dépeindre. Car s’ils privilégient souvent l’humour et la dérision à la véritable analyse scientifique, les OVNI constituent bel et bien un objet d’étude délaissé au bénéfice du divertissement.

Quelques lignes dans la rubrique insolite de nos canards nationaux, ou deux minutes de rigolade pour clore un journal télévisé hiérarchisé par la morosité actuelle : c’est tout ce que méritent les observations d’objets volants non-identifiés dans les médias.

Pourtant, la France dispose d’une cellule entièrement dédiée aux OVNI. Sous la direction du CNES, (Centre National d’Études Spatiales) le GEIPAN (Groupe d’Études et d’Informations sur les Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés) étudie ces phénomènes de manière sérieuse. Environ 500 témoignages sont recensés chaque année, et si 50% des cas sont expliqués en 5 minutes après analyse de la description faite par le témoin, l’autre moitié mérite, — et obtient — une plus grande attention de la part du GEIPAN. Parmi ceux-ci, après différentes études et analyses, environ 13% des cas restent rationnellement inexpliqués. Telle est la réalité du phénomène OVNI, au sens littéral.

Mais alors ; si une structure étatique telle que le CNES consacre du temps et de l’argent aux phénomènes OVNI, comment se fait-il que la couverture médiatique, — tant sur le fond que sur la forme — soit si désinvolte vis à vis d’une réalité indéniable ?

Pour comprendre la manière dont sont traitées les informations liées aux OVNI de nos jours, il est impératif de revenir à la genèse du phénomène.

L’emballement médiatique de 1947

Kenneth Arnold a 32 ans. Employé du Service des Forêts des Etats-Unis, il manipule, distribue et installe des équipements de lutte contre les incendies dans cinq états, dans lesquels il se déplace dans son petit avion. Marié et père de deux filles, il vit à Boise, dans l’Idaho.

Tout commence le 24 juin 1947. En début d’après-midi, il décolle à bord de son monoplan, un CallAir A-2, en direction de Yakima (État de Washington) pour affaire.

Kenneth Arnold et son CallAir A-2 — 1947

Six mois plus tôt, au mois de décembre 1946, un avion transporteur de la marine (C-46) s’est perdu dans la montagne, au sud-ouest du Mont Rainier. 5000$ sont promis à celui qui retrouvera l’épave. Sur son trajet, dans un ciel parfaitement dégagé, Arnold décide de tenter sa chance et s’autorise un détour pour tenter d’empocher le magot.

La dérive ne semblant pas concluante, il reprend son trajet vers Yakima quand soudain, il se fait surprendre par une « lueur brillante » se reflétant sur le fuselage son avion en provenance du Nord. Craignant une collision, Arnold tourne la tête et observe une « file de neuf aéronefs étranges, volant du Nord au Sud, perpendiculairement, et approchant du Mont Rainier ».

Trop loin au départ, Arnold est incapable de déterminer leur forme. Mais, arrivé aux abords de la chaine de montagne enneigée, il en fait une meilleure observation. N’ayant manifestement pas de queue, il en déduit qu’il s’agit d’avions à réaction.

Leur vitesse et leur cap semblent constants, bien qu’ils fassent des « crochets d’un côté ou de l’autre des sommets des montagnes ». Arnold note tout de même la « vitesse extraordinaire » des engins observés, mais la rationalise, se doutant que les forces aériennes ont en leur possession des prototypes d’avions top-secrets très rapides, certainement liées à la seconde Guerre Mondiale, achevée moins de deux ans plus tôt.

Néanmoins, la trajectoire « diagonale » et « en chapelet, comme les oies sauvages, comme s’ils étaient liés les uns aux autres » l’étonne. D’autant plus qu’il n’a jamais vu d’avion voler à une vitesse si élevée, et encore moins si proche de la cime d’arbres situés sur une chaine de montagne. Notons qu’à l’époque de l’observation, personne n’a encore fait voler un avion dépassant la vitesse du son.

À 14h59 : Plus rien. L’observation aura duré entre 2 minutes 30 et 3 minutes.

Kenneth Arnold montrant une esquisse de ce qu’il a vu dans le ciel.

Persuadé d’avoir assisté aux essais d’un nouvel avion ou d’un missile, Arnold est sûr de ce qu’il a vu et n’en démord pas. Des objets d’une forme inhabituelle, « arrondis à l’avant et triangulaires à l’arrière », dotés d’« une vitesse prodigieuse ». Rien d’autre ne saurait expliquer cette vitesse.

Vers 16h00, il arrive à Yakima, et interroge quelques pilotes. Ils n’ont rien vu. À Pendleton (Oregon), un attroupement l’attend pour en savoir plus sur les « avions sans queue ». Le comité, renseigné par la base de Yakima se montre réceptif, mais exprime le doute. Plus tard dans la journée, lorsqu’il en parle avec ses amis pilotes, leur réaction est d’emblée de lui dire : « Es-tu sur que tu as bien vu ce que tu as vu ??? ». Il passe ensuite à l’antenne locale du F.B.I., mais personne ne s’y trouve. Il décide alors de laisser un mot, auquel personne ne répondra.

Le lendemain, Arnold décide de se rendre au seul journal du coin : l’« Est Oregon ». Un certain Bill Bequette note l’expression qu’utilise Arnold pour décrire le mouvement des objets dans le ciel : « semblable à celui d’un galet ou d’une soucoupe ricochant sur une surface d’eau calme ». Si ses interlocuteurs manifestent de l’intérêt pour son récit, ils seront moins consciencieux lors de la rédaction de leurs papiers.

Dépêche relayée par l’Associated Press

En effet, ce sont ces informations mal retranscrites qui sont à l’origine de toute la controverse que l’on connait aujourd’hui sur le sujet OVNI. Kenneth Arnold n’a jamais dit avoir vu de « soucoupes volantes », mais a simplement décrit le mouvement des aéronefs qu’il a pu observer en tant que tel.

Dès que le pilote sort de la rédaction, les deux journalistes s’empressent de rédiger une dépêche pour l’Associated Press, et l’United Press, — les deux plus grandes agences de presse des USA à l’époque — et un bref article parait dans l’édition du jour. La machine est lancée : les « flying saucers » — soucoupes volantes — parcourent la presse, à défaut de parcourir le ciel.

Une approche conventionnellement sceptique

En dehors du fait que la retranscription de l’observation d’Arnold faite par les journalistes est d’emblée erronée, le traitement médiatique de l’affaire est un véritable concours de circonstance. On pense généralement que les observations d’OVNI effectuées durant cette période ont d’abord suscité une interrogation liée à la guerre froide. C’est faux.

Pierre Lagrange, sociologue des sciences et auteur de plusieurs livres traitant de la question OVNI raconte :

« Nous sommes précisément en 1947. Si le pilote avait observé la même chose un an auparavant, il aurait été pris très au sérieux, mais la guerre s’éloigne, et la mentalité des gens a changé. Le climat de peur s’est largement estompé. Un an plus tôt, la moindre météorite ou étoile filante suscitait la crainte d’une attaque japonaise. Ne pas penser à l’URSS était même considéré comme étant antipatriotique ; à mille lieues des convictions d’Arnold. En 1947, c’est de la paranoïa.

Dès le départ, l’opinion générale vis à vis des observations d’OVNI ne se pose pas la question d’un lien avec la guerre froide, mais dénonce la crédulité des observateurs. Toute l’analyse de l’époque est basée sur le doute, et Kenneth Arnold n’est pas pris au sérieux. Il est pourtant un honnête homme, ses dires n’ont jamais évoqué la moindre thèse farfelue, et il ne pense pas un seul instant à une quelconque hypothèse extra-terrestre : tout simplement car lui est encore dans l’optique d’une guerre froide, contrairement à la grande majorité du peuple américain. »

Directement, c’est tout un panel de personnalités différentes qui s’intéresse au phénomène. Ethnologues, scientifiques et intellectuels prennent part au débat. Le problème est que personne n’arrive à prendre de hauteur, tant le sujet est régi par les émotions et interprétations des témoins. De fait, les prétendus observateurs du débat se retrouvent acteurs, car qu’ils soient scientifiques, journalistes, ou anthropologues : tous se fixent pour point de départ la mise en doute du témoignage étudié, ce qui met inéluctablement à mal la crédibilité du phénomène.

On cherche d’abord — et c’est encore le cas aujourd’hui — à savoir qui est le témoin d’un point de vue social et médical, plutôt que d’essayer de comprendre ce qu’a vu la personne. On n’étudie pas l’observation effectuée, mais bel et bien « pourquoi cette personne croit avoir vu quelque chose dans le ciel ? ». Chaque étude de cas commence par des questions de ce genre : « Dans quelles circonstances a-t-il observé ce dont il parle ? avait-il bu ? s’est-il drogué ? est-il tout simplement fou ? »

Un processus d’analyse des témoignages bien rodé

Dans le cadre de mon enquête, j’ai pu m’entretenir avec Jean-Paul Aguttes, actuel responsable du GEIPAN (Groupe d’Études et d’Informations sur les Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés). Si cet organisme étatique existe depuis 1977, — bien que les appellations aient variées — il ne publie publiquement les témoignages reçus que depuis 2005.

De son propre aveu, Jean-Paul Aguttes explique que si ces témoignages sont publiés de manière anonyme, la procédure suivie par le GEIPAN met un point d’honneur à « se renseigner sur la personnalité de chaque témoin ».

« Si besoin, on demande à consulter les données radar de la zone ou l’observation a eu lieu afin de voir si elle a aussi été faite dans les aérodromes. Et dans environ 10% des cas, on envoie quelqu’un rencontrer directement le témoin afin de réaliser un entretien cognitif permettant de revenir aux faits ».

« J’ai parfaitement conscience que dans l’inexpliqué se loge énormément de possibilités différentes, dont l’hypothèse extra-terrestre. Cependant je n’ai aucune raison de lui apporter une probabilité supérieure. »

Jean-Paul Aguttes

Si le responsable du GEIPAN est tout à fait attentif aux témoignages, et les traite de manière sérieuse ; force est de reconnaître que sa qualité d’ingénieur spécialisé dans les radars fait de lui quelqu’un de spontanément terre à terre.

Le rationalisme comme base scientifique

Depuis le siècle des lumières, la science s’oppose aux « croyances populaires ». L’élite intellectuelle condamne fermement la pensée dite « magique », qu’elle considère réservée au sauvages, paysans non-instruits et autres illuminés. Dès lors, tout observateur du débat sur la question OVNI craint une décrédibilisation de son propos s’il ne consent pas à étudier le phénomène par une approche rationaliste.

Ce rejet catégorique de l’incompréhension correspond finalement au début des sciences sociales, qui elles-même sont basées sur l’intérêt porté à la bizzarerie des autres. Les premiers ethnologues, anthropologues et folkloristes ont dirigé leurs travaux vers ce qui n’appartient pas à leur mode de vie, et c’est finalement cette manière d’approcher l’autre qui constitue l’un des fondements de notre culture rationaliste occidentale.

Dès les premières études d’observations d’OVNI, sociologues, scientifiques, journalistes et ufologues se positionnent au dessus du débat. Ils n’ont pas le recul pour, et la curiosité de s’interroger quant à leur propre implication au sein de celui-ci, et ne se rendent pas compte que leur vision du phénomène est bridée par un carcan social et culturel.

Ayant établi une véritable frontière entre le savoir et la croyance, la culture occidentale a conceptualisé ces deux termes au point de les rendre non-miscibles, au point de faire du rationalisme une norme à laquelle on ne peut transgresser sans passer pour un illuminé.

L’affaire Roswell

Représentation populaire des aliens liés au crash de Roswell

Le 24 juillet 1947, un objet volant non-identifié s’écrase près de la ville de Roswell. Si l’armée affirme aujourd’hui qu’il s’agissait d’un ballon sonde issu du projet « Mogul », classé top-secret au moment des faits, et que le mystère est résolu, l’affaire Roswell continue de constituer la référence des OVNI dans bien des têtes.

Pourtant en 1947, elle n’est qu’une affaire parmi tant d’autres, bien moins médiatisée que l’observation d’Arnold. Le premier ouvrage sur Roswell ne paraît qu’en 1980. « The Roswell incident » est un ouvrage co-écrit par Charles Berlitz, célèbre linguiste en son temps, et William Moore, professeur de français et d’anglais devenu journaliste et auteur par la force des choses. L’ouvrage fait parler de lui dans une certaine mesure, mais ne marque pas non plus le départ de la polémique.

En 1993, soit 46 ans après le crash : le sénateur du Nouveau Mexique, Steven Schiff, reçoit dans son bureau une petite dizaine d’enquêteurs et ufologues. Ceux-ci lui présentent un rapport de témoignages précis et documentés sur le cas Roswell. Depuis le crash, et l’étude des débris qui lui sont liés, l’armée a toujours démenti avoir quelconque information sur le phénomène. En revanche, les enquêteurs convainquent le sénateur de se poser des questions, et Steven Schiff se rend compte qu’il s’est fait embobiner par l’armée. Il demande alors à la commission du congrès de publier tous les documents relatifs à l’affaire Roswell.

Début 1994, un certain Larry Shockley répond au sénateur au nom de l’US Air Force, que tous les documents ont déjà été publiés, et que l’armée ne dispose d’aucun autre document concernant l’affaire Roswell.

Ballon-sonde issu du projet Mogul en cours d’installation

Non convaincu, Steven Schiff monte un dossier comportant presque 200 pages dans lequel près de 30 témoins de tout horizons démontrent les contradictions entre la version officielle de l’US Air Force — niant en bloc avoir étudié le crash — et les données recueillies par tout un tas de témoins, prouvant non pas l’existence d’un engin piloté par une intelligence différente de la notre, mais le fait que l’armée ait menti sur leur implication dans l’étude de l’OVNI s’étant crashé. Coincée, l’US Air Force publie un dossier de plus de 1000 pages à propos du crash de Roswell et du projet « Mogul » durant le même année.

Dans le même temps, Internet fait son apparition dans les foyers. X-Files débarque à la télévision durant cette même période, et la petite lucarne propose des programmes liés aux phénomènes que l’on n’explique pas. Les gens se connectent, diffusent et échangent sur le phénomène OVNI. Inévitablement, les forums de discussion nourrissent l’idée que les gouvernements cachent des choses à la masse, et les discussions de comptoir deviennent internationales.

Si l’on sait aujourd’hui que le folklore lié à la ville de Roswell est le résultats de différents montages et canulars mis en place au fil des années uniquement dans un but commercial, l’affaire Roswell et la dissimulation d’informations qu’elle a subi marque un tournant dans l’étude des OVNI. Les ufologues qui doutaient parfois des informations fournies par les organes officielles voient leurs soupçons confirmés, et le peuple tout entier assiste au mensonge de l’armée vis à vis de toute une population.

L’apparition du sujet OVNI dans les émissions TV

Tout porte à croire que le sujet se libère et que les langues se dénouent. Dans la vidéo ci-dessus, on constate le fossé creusé entre les positions divergentes sur la question de la réalité du phénomène.

Jean-Pierre Petit est un scientifique français spécialiste en mécanique des fluides, physique des plasmas, magnétohydrodynamique et cosmologie théorique, astrophysicien et ancien directeur de recherches au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique).

Les termes sont barbares pour qui n’est pas scientifique, mais il faut bien présenter le personnage. Il est un pionnier d’un pan de recherche abandonné dans les années 1970, la magnétohydrodynamique et la magnétoaérodynamique. Il a participé régulièrement à des colloques internationaux sur le sujet.

Auteur de nombreux livres d’ufologie et partisan de la théorie selon laquelle les phénomènes sont réels et matériels, il a été l’un des principaux invités récurrents à ces débats télévisés et raconte :

« Ces débats télévisés auxquels j’ai participé étaient globalement une foire lamentable. L’intérêt des producteurs n’était pas d’ouvrir les plateaux afin de discuter des points intéressants, mais d’opposer deux visions diamétralement opposées des phénomènes. On se serait cru au bistrot du coin. Les sceptiques auxquels nous étions confrontés n’avaient aucune légitimité pour parler des OVNI, et on s’arrangeait toujours pour apporter une certaine dérision au propos.

Par exemple, dans « Ça vous regarde », Bercoff (le présentateur) demande à la journaliste scientifique Martine Castelot de lui parler des moeurs sexuels des ummites (potentiels extra-terrestres vivants sur la planète « Ummo »). C’était surréaliste ! Après l’émission, je suis allé la voir en lui disant ; « Mais Martine, pourquoi vous avez fait ça ?! ». Vous savez ce qu’elle m’a répondu ? « C’était ça ou ma carte de presse sautait ».

Quand Gillot-Pétré fanfaronne sur le plateau de « J’y crois, j’y crois pas », c’est la même chose ; on essaye systématiquement de tourner le sujet en dérision, et qui plus est avec des parvenus qui n’ont aucune connaissance à propos de la question OVNI. D’ailleurs, si les débats autour du sujet ont disparu des écrans c’est pour une raison très simple : le peu de personnes intéressées et surtout intéressantes sur le sujet ne voulaient plus y aller ! C’était ridicule. »

Dans le même temps, une autre manière de concevoir le phénomène OVNI à la télévision se développe :

“La Grande Soirée Spéciale OVNI” est la dernière émission télévisée produite et diffusée en France. Pour la concevoir, Damien Hammouchi, présentateur et producteur a fait appel à Jean-Pierre Petit pour la concevoir.

“Quand Hammouchi est venu réclamer ma participation à l’émission, j’ai dit “non, ça suffit, on ne fait que de la merde”. Il tenait visiblement à ma présence, alors je lui ai dit “écoutez je veux bien travailler avec vous, à la condition que vous suiviez mes directives.” Il a accepté, et ça a donné une émission somme toute intéressante, avec des intervenants de qualité.

Pour ce qui est de l’allure, nous avons évidemment respecté les codes ridicules qui servent à faire grimper l’audimat. Mon rôle était de faire en sorte que le contenu soit de qualité, mais les sponsors veulent un rendement.

Les émissions sur les OVNI sont faites pour attirer le plouc du coin, si l’on essaye de traiter le sujet scientifiquement et sérieusement, le programme fait un bide monumental”

Après l’émission, Jean-Pierre Petit a tenté de recontacter Damien Hammouchi, sans succès. Aucune réponse ni explication. L’émission avait pourtant bien fonctionné en terme d’audience. Depuis celle-ci, les émissions que l’on peut voir sur les chaines de la TNT que sont RMC découverte ou Numéro 23, sont exclusivement américaines. Sans que l’on ne sache expliquer pourquoi, le PAF boude le sujet depuis quelques années.

En dehors des émissions spécialisées, le problème qui se pose est la sélection faite dans le choix des sujets traités. Les rares cas d’observations évoqués dans les journaux télévisés ne sont pas ceux qui méritent de l’attention. Bien au contraire.

Extrait du JT de France 3 — 24 novembre 2005 — Commenté par Dylan Leport

En clair, les médias traditionnels disposants d’un accès à une diffusion vidéo se font un malin plaisir à gagner de l’audimat en pratiquant le sensationnalisme, l’humour, ou la désinformation.

Et sur le papier ?

En France, c’est le publication du rapport COMETA (COMmité d’ÉTudes Approfondies) qui a fait le plus de bruit dans les journaux. Le comité dont il est question se revendique comme étant “composé d’experts provenant pour la plupart de l’Institut des Hautes Études de la Défense Nationale”, et est présidé par le général Letty, ancien de l’Armée de l’Air. L’association COMETA a pour but de renforcer la sensibilisation des pouvoirs publics et de la population au phénomène OVNI.

Parmi ses contributeurs, on retrouve de nombreux composants des institutions étatiques tels que Jean-Jacques Velasco (Membre du CNES et ex-directeur du GEIPAN), les généraux de l’Armée de l’Air Domange et Norlain, André Lebeau, ancien président du CNES, mais aussi Edmond Campagnac, ancien directeur technique d’Air France.

En 1999, Jean-Jacques Velasco remet en main propre à Lionel Jospin — alors premier ministre - un document non officiel intitulé « rapport COMETA » et cela sans qu’il ait été commandité par l’État. Celui-ci est composé de 90 pages relatantes de cas d’observations d’OVNI étudiées de par le monde depuis la Seconde Guerre Mondiale. La particularité du rapport réside dans le fait qu’il traite avant toute autre chose des questions liées à la défense militaire des états nations, et conclue avec une “quasi-certitude” que les observations dont le rapport fait l’objet ont une “réalité physique méritant la plus grande attention de la part des services armés”, et que “l’hypothèse extra-terrestre est la plus probable” pour décrire ces phénomènes OVNI.

Sans la moindre réaction officielle de l’État, le rapport en partie publié dans le magazine VSD s’est vu publié aux éditions “J’ai lu” sous l’intitulé “Les OVNI et la Défense : À quoi devons-nous nous préparer ?”

Seuls 3 des grands médias nationaux ont relaté et traité l’information. Il est intéressant d’observer que Le Monde et le Figaro n’ont pas daigné lui consacrer le moindre vers. Libération, Le Canard Enchaîné et l’Express, ont respectivement titré : « Ovni soit qui mal y pense », « Frappes chirurgicales contre les Martiens », et « Ovnis : Un rapport délirant ». Les mots ne trompent pas, dans ces articles, on est loin de laisser une place à l’hypothèse extra-terrestre, même quand le rapport est sérieux, hors de question de traiter le sujet avec le sérieux qui lui est dû.

Et maintenant ?

Le 17 novembre dernier, Ouest-France consacrait un article à Jean-Paul Aguttes, actuel responsable du GEIPAN. “Il traque les OVNI… Mais n’y croit pas beaucoup” : telle est la manière dont l’homme est présenté. Pour en avoir parlé avec l’intéressé, ce n’est ni en tant que tel que celui-ci se présente, ni la manière dont il pensait être présenté après s’être fait interviewer.

Il semblerait que le traitement médiatique par les médias traditionnels soit encore et toujours en train de ramener les dires des uns et des autres à ce qu’ils ont de plus rationnels. La même titraille continue d’abaisser le niveau des informations que l’on pourrait trouver sur les phénomènes OVNI. Le même carcan mis en place depuis 1947 perdure dans toutes les rédactions de France. L’actualité des OVNI n’intéresse que celui qui s’y intéresse.

Si tant est que vous soyez intéressés par le sujet, armez vous de courage et de lucidité, car on ne vous prendra certainement pas par la main, mais les médias traditionnels se feront un plaisir de vous tirer la jambe vers le bas.

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