La naissance des sciences humaines

Anthropologie. Ethnologie ou Sociologie? La question des territoires académiques révèle d’emblée un malaise dans l’histoire des sciences humaines en France— Leçon #1 de la découverte de l’anthropologie.

Maxime Blondeau
Voyage en anthropologie
13 min readOct 13, 2018

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Il est de notoriété publique que les scientifiques ne s’entendent pas bien sur les frontières et les territoires disciplinaires. Mais en l’espèce (c’est le cas de dire), les sciences humaines se chevauchent. Clichés, modes et chapelles; sociologie moderne, anthropologie surannée? ethnologie de terrain et sociologie de cabinet. Anthropologie, science mère? Depuis 150 ans, quand les uns souhaitent le rassemblement des disciplines, d’autres se battent pour leur autonomie.

La France incarne à merveille ces contradictions. Le douloureux souvenir colonial, l‘irruption du marxisme et de la psychanalyse freudienne dans les traditions scientifiques du XXe ont déclenché des conflits qui demeurent imparfaitement résolus. La voix des maîtres assure que l’objet des trois disciplines premières (anthropologie, ethnologie et sociologie) ne diffère pas : toutes trois étudient les faits humains. Ce seraient les méthodes d’analyse et de mesure qui diffèrent.

Mais alors, que recoupent précisément ces méthodes?

Ces sciences s’excluent-elles mutuellement ou se combinent-elles?

Le territoire des sciences humaines est si difficile à déterminer que Gérard Lenclud, directeur de recherche honoraire au CNRS et membre du laboratoire d’anthropologie sociale, va même jusqu’à dire sur France Culture en 2014 que tout bien considéré, l’anthropologie, l’histoire et la psychologie relèvent de la même discipline.

Etymologie

Le terme anthropologie vient de deux mots grecs, anthrôpos, qui signifie « homme » (au sens générique), et logos, qui signifie parole, discours, science. C’est la science des hommes.

Le terme ethnologie est forgé à partir du préfixe ethnos « famille, peuple, tribu, nation » et du suffixe logos. C’est la science des peuples.

Le terme sociologie est forgé à partir du préfixe « socio » du mot latin socius signifiant « compagnon, associé » et du suffixe logos. C’est la science des relations.

Chronologie

Si les termes apparaissent dans l’histoire de façon successive, la chronologie lexicale ne nous est pas d’un grand secours. L’analyse lexicologique n‘apporte pas d’éléments décisif, déterminants les territoires.

Le mot “anthropologie” est certes apparu avant les autres, pour la première fois dans la poésie française en 1516 (voire même en Grèce antique — dans un autre sens) mais sa fixation critique, académique et institutionnelle n’intervient en France, comme les autres, qu’après 1860. On trouve quand même “anthropologia” en latin et en allemand avec Emmanuel Kant en 1797 (ouvrage précurseur Anthropologie d’un point de vue pragmatique) ou encore chez le philosophe Robinet en 1778 dans une note sur le Traité de l’Homme de Buffon.

Le terme “ethnologia” en latin, semble avoir été utilisé pour la première fois par un historien slovaque, Adam František Kollár à Vienne en 1783, avant de connaître une grande popularité au milieu du XIXème siècle en Angleterre. L’Oxford English Dictionary enregistre le terme en 1842 au sens “history of nations”. Dès 1848, Ethnology désigne un champ officiel des sciences naturelles en tant que section de la branche Histoire Naturelle, appliquée à l’Homme.

Le terme “sociologie”, enfin, aurait été composé par un français, l’abbé révolutionnaire Sieyès en 1780, une cinquantaine d’années avant qu’Auguste Comte ne conçoive la physique sociale, puis qu’Emile Durkheim ne la mette en pratique en 1895 avec les “Règles de la Méthode Sociologique” dans lequel il déclare avec force : la sociologie ne doit pas être considérée comme l’auxiliaire d’une autre science; elle est en soi une science distincte et autonome.

Lumières et sociétés savantes

Nos trois sciences humaines primordiales dérivent directement de l’avènement de l’humanisme à la Renaissance et sont révélées par les Lumières européennes (en France, en Allemagne et en Angleterre). Entre la fin du XVIIIe et la première moitié du XIXe, les sociétés savantes fleurissent sur ce thème, parmi lesquelles on peut citer :

  • La Société des observateurs de l’homme, fondée en 1799 par Louis-François Jauffret, qui se fixe pour tâche l’étude de l’homme sous ses aspects physiques, moraux et intellectuels, projetant d’établir une classification des races sur des bases anatomiques. Elle disparait en 1804.
  • La Société nationale des antiquaires de France, fondée en 1804 sous le nom d’Académie Celtique, toujours en activité, qui a posé très tôt les fondements de l’étude de l’histoire, de l’archéologie et de la préhistoire.
  • La Société ethnologique de Paris, fondée en 1838 par le franco britannique William Edwards circonscrit principalement ses débats à la querelle sur l’origine des races, opposant monogénisme et polygénisme. Elle disparaît en 1848.
  • L’American Ethnological Society, fondée en 1842 par Albert Gallatin and John Russell Bartlett à New York. Leur but était de promouvoir la recherche en ethnologie et toutes les disciplines traitant des humains. Les premières rencontres combinaient biologie, histoire, géographie, philologie et anthropologie.
  • L’Ethnological Society of London née en 1843 sur le modèle de la société créée par Edwards à Paris ; une fraction polygéniste et anti-darwinienne, menée par James Hunt, opère une scission pour créer l’Anthropological Society of London en 1863 et réclame que l’anthropologie soit associée à l’intitulé de la section E (Géographie, Ethnology), mais elle ne sera qu’intégrée à la section D (Biology). Les deux sociétés se rassemblent finalement dans le Royal Anthropological Institute en 1871.
  • Pierre-Paul Broca, considéré par ses contemporains comme le père de l’anthropologie physique en France, fonde la Société d’anthropologie de Paris en mai 1859 puis l’École d’Anthropologie de Paris, inaugurée en décembre 1876, d’orientation polygéniste.
  • Outre-Rhin, Rudolph Virchow et Adolf Bastian, tous deux médecins, créent en 1869 la Société berlinoise d’anthropologie, d’ethnologie et de préhistoire (Berliner Gesellschaft für Anthropologie, Ethnologie und Urgeschichte).

Le débat fondateur : polygénisme vs monogénisme

L’anthropologie se distingue des deux autres disciplines par le fait qu’elle s’interroge autant sur la culture humaine que la nature humaine, et son premier sujet fut celui de l’origine de l’homme et la pluralité des races.

Un grand conflit académique précède la théorie de l’évolution de Darwin, dans La descendance de l’Homme, Sur les races des hommes (chapitre 7) en 1871, qui le résume en ces termes :

La question de savoir si l’humanité se compose d’une ou de plusieurs espèces a ces dernières années été beaucoup discutée par les anthropologues, qui se sont répartis entre deux écoles le monogénisme et le polygénisme. Ceux qui n’admettent pas le principe de l’évolution doivent considérer les espèces comme des créations distinctes, ou en quelque sorte comme des entités distinctes, et ils doivent décider quels sont les types d’hommes qu’ils considèrent comme des espèces par l’analogie avec la méthode généralement appliquée pour classer les êtres organiques en espèces.(…)Les naturalistes, d’autre part, qui admettent le principe de l’évolution, et cela est maintenant admis par la majorité des hommes de progrès, n’hésiteront pas à considérer que toutes les races humaines sont les descendants d’un stock unique primitif ; Ils peuvent ou non croire bon de désigner les races comme des espèces distinctes, afin d’exprimer leur différence.

Pour résumer, les monogénistes considèrent que tous les hommes descendent d’un couple unique (par exemple Adam et Eve, comme les monothéistes), tandis que les polygénistes (parfois anticléricaux comme Voltaire) considèrent que toutes les races n’ont pas la même ascendance. Le polygénisme est à l’origine des courants racialistes et dans le courant du XIXe siècle, les anthropologues semblent avoir été majoritairement polygénistes.

La théorie de l’évolution de Darwin, bien qu’encore largement réfutée ( 25% des diplômés américains sont encore créationnistes d’après Jared Diamond dans Le Troisième Chimpanzé), fait désormais l’unanimité chez la totalité des anthropologues contemporains. La position monogéniste est hégémonique et engendre le postulat primordial de la discipline : l’unité de l’espèce humaine.

Nous verrons les courants historiques de l’anthropologie dans un autre article.

L’anthropologie aujourd’hui

En plus des trois sciences majeures (anthropologie, ethnologie, sociologie), on entend souvent parler d’ethnographie. De quoi s’agit-il?

En France, les territoires de l’ethnographie, de l’ethnologie et de l’anthropologie ont été dessinés par Marcel Mauss au début du XXème siècle, avant d’être définitivement fixés par Levi Strauss. L’ethnographie est une méthode, c’est la phase de recueil de données, c’est l’outil de mesure de l’ethnologie, qui elle-même est la branche culturelle de l’anthropologie.

L’ethnographie fait donc partie de l’ethnologie, qui fait partie de l’anthropologie.

Mais les termes n’ont pas les mêmes sens dans les différents pays. Aux Etats-Unis, le terme Anthropology désigne de façon générique les départements universitaires suivants : social anthropology, visual anthropology, paleontology, primatology, archeology, philology, etymology, genetics, ethnology, history, philosophy, cultural and religious studies. Et de façon générale, le terme a connu le succès dès la fin du XIXeme en Amérique et son usage continue de croître.

En France en revanche, c’est clairement le champ de la Sociologie qui domine les sciences humaines et sociales (SHS). La dispute entre Emile Durkheim, fondateur de la sociologie moderne et son neveu anthropologue Marcel Mauss, serait à l’origine d’un divorce symbolique qui n’existe pas dans le monde anglo saxon.

Par curiosité, j’ai pioché deux analyses sur l’évolution des sciences humaines, l’une de 1958 et l’autre de 2015 en France. Ma démarche n’a rien d’exhaustif, mais déjà, en parcourant ces deux analyses, on trouve des choses surprenantes.

Dans Les Sciences sociales en France. Un bilan, un programme, écrit en 1958, par le minéralogiste et directeur général du CNRS Henri Longchampbon développe une analyse qualitative et quantitative des sciences humaines et sociales. A l’époque, le terme sciences humaines regroupait d’un côté les “sciences humaines classiques” : philosophie, philologie, langues, littérature, histoire, géographie… et de l’autre côté les “sciences sociales nouvelles” : économie politique, sociologie, ethnographie, psychologie sociale, biométrie, démographie … On trouve donc à cette époque une distinction entre les disciplines traditionnelles des facultés Droit et Lettres, dites humanités et les sciences nouvelles, qui regroupent Sociologie et Psychologie. En 1958, en tous cas pour cette personnalité, les sciences sociales sont incluses dans un ensemble plus vaste qu’il appelle sciences humaines. Notez : aucune mention n’est faite de l’anthropologie, bien qu’on y parle d’ethnologie et d’ethnographie ou de biométrie.

Dans Vers une transformation des sciences humaines et sociales, écrit en 2015 par la sociologue Monique Piriou, un encadré méthodologique présente la démarche: grâce aux chiffres de la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l’Éducation nationale), des calculs statistiques ont été réalisés sur la base des titres produits en « Sciences humaines et sociales » (SHS) de 2005 à 2010. La catégorisation des titres universitaires en question, au XXIe siècle en France, regroupe 11 domaines disciplinaires : 1) Aménagement ; 2) Archéologie, Ethnologie, Préhistoire ; 3) Géographie ; 4) Histoire ; 5) Philosophie, Épistémologie ; 6) Pluri Sciences humaines et sociales ; 7) Psychologie ; 8) Sciences de l’éducation ; 9) Sciences de l’information et de la communication ; 10) Sciences religieuses ; 11) Sociologie et Démographie. On y fait une analyse du lexique, de l’évolution du nombre d’étudiant, du succès de telle ou telle discipline. Selon des critères que je trouve personnellement assez étrange. A nouveau : aucune mention n’est faite de l’anthropologie. Aucune.

Le terme anthropologie aurait-il disparu de la langue française? Pour en avoir le coeur net, j’ai appelé Ngram Viewer pour mesurer les usages de 1840 à nos jours en langue anglaise, française et italienne.

En langue anglaise :

Depuis le début des années 80 dans le monde anglo saxon, le terme anthropology présente une dynamique beaucoup plus positive que le terme sociology qui décline assez nettement. Cette tendance s’illustre par la classification des disciplines universitaires américaines (plutôt que britanniques). Le terme anthropology y est en passe de devenir dominant, regroupant toutes les sciences humaines et sociales. Sociology étant progressivement remplacé par Social Anthropology.

En langue française :

En France, dès l’époque coloniale, on observe que le terme anthropologie était très largement usité, ce qui n’était pas le cas du mot sociologie. Mais à la fin du XIXeme siècle, vers 1890–1895, le terme sociologie de Sieyès, Comte et Durckheim a nettement supplanté le terme originel, sans doute trop connoté dans son utilisation à l’ère coloniale. Son retrait est assez spectaculaire. Il faut attendre 1975 pour qu’il retrouve sa fréquence de 1890. La sociologie reste la discipline reine des sciences humaines en France, et assez nettement, malgré un relatif rattrapage du terme anthropologie.

En langue italienne :

En Italie, pays à l’activité universitaire très intense, l’histoire des termes est encore différente. Le mot sociologia a connu un franc succès dès les années 1880 et ce jusqu’à la première guerre mondiale, ce qui était particulièrement précurseur et avant-gardiste. Mais avec la première guerre mondiale, l’usage s’est complètement effondré. Tout comme celui le terme antropologia d’ailleurs. Sur la deuxième moitié du siècle dernier et pour la tendance récente, l’usage italien suit la tendance américaine avec une diminution nette de l’usage du mot sociologia sur les 30 dernières années..

Les différences entre sociologie et anthropologie?

J’ai trouvé deux documents de qualité sur ce thème :

  1. Un travail du sociologue québécois Jacques Hamel, intitulé la socio-anthropologie, nouveau lien entre sociologie et anthropologie. Dans son introduction, il décrit avec une grande clarté ce qu’il appelle la rivalité, ou la compétition ouverte entre ces deux disciplines.
  2. Et un billet de blog, celui de la revue Terrain, sur le thème : c’est quoi la différence entre sociologie et anthropologie? que j’ai trouvé très clair également.

Les arguments avancés pour distinguer ces deux champs de la connaissance (tous ces arguments sont réfutés ensuite) seraient pour le couple Anthropologie/Sociologie, les suivants :

  1. Etude de l’altérité pour l’anthropologue/ du système pour le sociologue
  2. L’objet est “Eux”/ L’objet est “Nous”
  3. Etude des particularismes/ Etude des phénomènes généraux
  4. Approche concrète/Approche abstraite
  5. Observation participante/ Distanciation objective
  6. Rapport d’intimité/ Posture neutre

Seulement, tous ces critères peuvent être rejetés un par un et quelques grands esprits tels que Levi Strauss ou Latour ont tenté de réconcilier les deux disciplines, en se présentant à la fois comme anthropologue et sociologue. A la lecture de ces documents, il semble difficile d’accorder la primauté à l’une ou l’autre des disciplines tant elles se complètent. Je crois qu’il existe aujourd’hui une forme de statu quo, une forme de respect académique, une courtoisie universitaire qui interdit le représentant de l’une de ces disciplines d’en déclarer la primauté sur l‘autre.

Définition du projet de l’anthropologie

(Wikipedia) “L’anthropologie est une science, située à l’articulation entre les différentes sciences humaines et naturelles, qui étudie l’être humain sous tous ses aspects, à la fois physiques (anatomiques, morphologiques, physiologiques, évolutifs, etc.) et culturels (social, religieux, psychologiques, géographiques, etc.). Chapitre le plus vaste de l’histoire naturelle, l’anthropologie constitue une monographie sur le type ou genre homo, qui décrit et analyse les « faits anthropologiques », c’est-à-dire les caractéristiques de l’hominisation et de l’humanité.”

(Wiktionnaire) “L’anthropologie est une branche des sciences qui étudie l’être humain sous tous ses aspects à la fois :

  1. la structure et l’histoire physique (anatomiques, morphologiques, physiologiques, évolutifs, etc.) de l’espèce humaine.
  2. sur les plans culturels (socio-religieux, psychologiques, géographiques…)”

(Cntrl — Académie française) “SC. HUM. L’anthropologie est l’étude de l’homme dans son ensemble.

A.− Étude des traits physiques de l’homme en tant qu’il appartient au règne animal et à la nature physique.

  1. Étude des types humains
  2. Étude de l’évolution physique des races :

B.− Étude générale de l’homme sous le rapport de sa nature individuelle ou de son existence collective, sa relation physique ou spirituelle au monde, ses variations dans l’espace et dans le temps.”

(Cours universitaire — définition que je reçois) : “Les théories anthropologiques peuvent être considérées comme autant de réponses possibles aux questions que soulève la particularité de l’espèce humaine.”

Définition du projet de la sociologie

(Wikipedia) La sociologie est l’étude des êtres humains dans leur milieu social. Elle est une branche et une discipline des sciences sociales qui a pour objectif de rechercher des explications et des compréhensions typiquement sociales, afin d’en montrer leur « nature » sociologique.

(Wiktionnaire) sociologie \sɔ.sjɔ.lɔ.ʒi\ féminin. Science, étude des phénomènes sociaux, des relations humaines.

(Cntrl — Académie française) sociologie. Science des faits sociaux humains (considérés comme un objet d’étude spécifique), des groupes sociaux en tant que réalité distincte de la somme des individus qui les composent. + compl. déterminatif (désignant la chose étudiée). Ensemble d’études ayant trait aux différentes relations que la chose étudiée entretient (dans sa production, sa destination, son élaboration, etc.) avec les groupes ou phénomènes sociaux.

Mon choix personnel

Je décide d’intégrer l’acception universelle qui décrit l’anthropologie comme l’étude générale du fait humain. Ceci suppose d’inclure la sociologie et l’ethnologie dans le champ de l’anthropologie.

Voilà, çà ne plairait pas à Durkheim, mais c’est mon choix.

Ce n’est pas si arbitraire, puisque je me fonde sur l’étymologie et sur le projet affiché des deux disciplines. Pour moi, la sociologie étudie les rapports sociaux. L’anthropologie étudie les êtres humains. La science de l’homme vise à la compréhension de la nature de l’homme, de la culture de l’homme, et de la structure des relations sociales qui le déterminent. C’est donc que la sociologie en tant science des relations humaines est une discipline relevant de l’anthropologie, parce que la sociologie n’a jamais eu l’ambition d‘étudier la nature de l’homme, alors que l’inverse est vrai.

Je considère l’anthropologie comme la science humaine la plus holistique des trois, surplombant les lettres, la linguistique, la psychologie et les sciences sociales, dans une vue transdisciplinaire fondée sur le triptyque initial suivant :

  • Etudes des natures de l’homme: paléoanthropologie, primatologie, géographie, biométrie, anthropologie cognitive…
  • Etudes des cultures de l’homme: lettres, histoire, préhistoire, archéologie, religion, ethnologie …
  • Etude des structures de l’homme : sociologie, psychologie, écologie, information et communication, linguistique, éducation…

Ce schéma évoluera sans doute à mesure de mon avancée sur ce nouveau terrain. Voilà en tous cas mon regard initial.

Bilan

La France entretient un rapport compliqué avec l‘anthropologie.

Cela semble éminemment lié à son histoire nationale. Pays précurseur, pays universaliste, mais aussi parfois, pays racialiste. Son passé colonial et les théories qui furent développés au XIXe siècle quand l’anthropologie était à la mode ont fortement connoté un terme qui, en réaction, a été massivement rejeté au XXe siècle. Le mot “sociologie” l’a supplanté, d’autant que la discipline a été aussi théorisée en France par Durkheim.

Aujourd’hui, je crois que l’heure est à la réconciliation et à la transdisciplinarité.

Notre capacité à traiter et à rassembler les données est devenue aussi cruciale que notre capacité à en produire de nouvelles. Nous avons donc besoin de sciences holistiques, susceptibles de fusionner les disciplines et de jeter des ponts entre les champs de données.

C’est la vocation, je crois, de l’anthropologie, qui m’apparait comme la discipline la mieux placée pour organiser la convergence des sciences humaines.

Voici les organisations les plus reconnues en 2018 par le monde anglo saxon dans le domaine de l’anthropologie de pointe (Génétique évolutionnaire, psychologie cognitive, anthropologie visuelle…):

Parmi les ouvrages retraçant l‘histoire de la discipline, on me recommande :

  • Mercier Paul, Histoire de l’anthropologie, Paris, PUF, 3e édition, 1984

Et je trouve par mes propres moyens :

  • Deliège Robert, Une histoire de l’anthropologie. Écoles, auteurs, théories, Paris, Seuil, 2006
  • Weber Florence, Brève histoire de l’anthropologie, Paris, Flammarion, 2015
  • Blanckaert Claude, Ducros Albert, Hublin Jean-Jacques dir., Histoire de l’anthropologie : Hommes, idées, moments, Bulletins et mémoires de la société d’anthropologie de Paris, Série II, Vol. 1, 1989

Pour les sciences humaines :

  • Jean-Claude Quentel 2007, Les fondements des sciences humaines, Éditions Érès, 2007

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