Dingbats

Alain Jacquemin
Abécédaire du studio
2 min readMar 4, 2014

Polices de caractères constituées de symboles tels que des ornements, des flèches et des puces.
Le dingbat est donc une “police” qui au lieu d’être composée des lettres l’est de motifs ou d’ornements. Le mot proviendrait d’une onomatopée forgée en anglais : l’espace autour du texte ou du motif serait rempli en faisant “tinter/dinging” l’ornement dans la page puis en “battant ferme/bating” pour le préparer à l’encrage. Dingbat c’est l’équivalent de notre “toc-toc” ou “toqué” en français. Or “toquer” dans l’agot des typographes c’est “remplacer momentanément quuelqu’un”. Fallait-il être toqué pour remplacer un collègue sachant tous les dangers que représente le fait commettre des erreurs à “la cuillère à pot/ grand composteur ?
Les dingbat servent le plus souvent de séparateur, pour créer des puces, ou attirer le regard du lecteur sur un point important. À l’origine, c’était une série de caractères obtenus avec les premiers codes ASCII de l’IBM PC, d’abord visage souriant ou non, puis les quatre as de carte à jouer, les symboles (R), (c), etc… AsCII : American Standard Code for Information Interchange ( prononcer “aski “! ) est le nom de la table habituelle de codage des caractère, quand elle est codée sur 7 bits, proposée en 1963. L’ASCII étendu, utilisé par les PC, est codé sur 8 bits. Il a existé des ASCII codés sur moins de 7 bits. L’ASCII a été créé par Bemmer en 1965 , produit par le groupe de travail X3.4 de l’ANSI, certifié en 1977 et adopté par l’ISO en 1968 sous le n° 646 .
Quand on dispose de la police “Wingdings” et qu’on tape NYC (en majuscules) avec cette fonte on obtient une tête de mort, une étoile juive et un pouce levé… de quoi alimenter les paranoïas, ou autres troubles psychopathologiques… Justement ! Dingbat : en anglais signifie idiot, imbécile, truc ou machin. “Das Ding” signifie la chose en allemand. “La chose”, celle de Freud, puis celle de Lacan. Pour le premier, “ das Ding “ est la chose cachée, hors-champ, ce que nous ne pouvons nommer, tout en sachant qu’elle est là, terrée ; pour le second c’est un objet autour duquel s’organise le champ des représentations inconscientes soumises au principe de plaisir, qu’il nomme “la ronde des signifiants”. Ainsi cerné par du symbolique, s’instaure au cœur du sujet un point de réel qui n’est autre que celui de l’objet à jamais perdu : “la chose.”

C’est également une typologie architecturale vernaculaire, datant de la fin des années soixante à Los Angeles. Un type d’architecture qui singe le minimalisme de Mies Van Der Rohe pour réaliser à moindre frais des cubes de béton recouverts de stuc et dont l’enseigne est le seul élément d’ornementation. C’est une architecture sans architecte, faite par des constructeurs. Ce sont des habitats collectifs (condominiums), qui tranchent avec la typologie une maison — un jardin — un voiture, habituelle a Los Angeles. Aujourd’hui, dans une sorte d’inversion des rôles architectes/constructeurs, les dingbats sont étudiés comme une solution pour créer de la densité face à l’expansion incontrôlable de la mégapole.

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