Pourquoi il faut avoir peur des profils neuroatypiques dans l’entreprise

Les profils neuroatypiques sont un levier d’innovation pour les organisations… En témoignent les centaines d’articles qui vantent leurs vertus, allégrement relayés par les employeurs. Et s’il valait mieux rester sur nos gardes ?

Oli CLEMENT
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2 min readFeb 16, 2020

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Photo by Ben Hershey on Unsplash

Je ne reviendrai pas sur le caractère séduisant de ces deux notions placées côte-à-côte : innovation et inclusivité. Toutefois dans la vie réelle, c’est compliqué à mettre en place, plus encore dans les entreprises à « taille humaine ». Et c’est compréhensible : accueillir une personne différente, c’est bien gentil, mais dans une équipe de 10, c’est avant tout mettre en péril l’ordre établi.

Au sein d’un groupe majoritaire, les individus perçoivent souvent leur culture commune comme une évidence.

C’est l’expression naturelle de ce qui doit être, ce qu’on doit faire. C’est un atout pour la cohésion, le sentiment d’appartenance, mais aussi, pour éviter de trop réfléchir. Au contact de l’Autre, le groupe court le danger de découvrir que des schémas alternatifs sont possibles. Individuellement, chacun·e réalise alors la subjectivité de ses choix, méthodologies ou convictions*. Brutal.

L’Autre, dans sa seule différence, questionne beaucoup de choses.
Sans même avoir formulé de jugement sur la culture majoritaire, il-elle devient une menace. Pour cette raison, le groupe va lui infliger un châtiment corporate bien mérité : le rejet.

Malgré tout, il arrive que cet Autre s’accroche à son poste. Voici comment survivre à son intrusion :

• Sache que, malgré les apparences, l’Autre vient en paix. Il-elle souhaite travailler avec toi, pas te convertir à son mode de fonctionnement.

• Il-elle a sans doute déjà connu l’ostracisme et, en réaction, développé une foule de compétences intéressantes. Prête-y attention !

• Quelque-chose ne te convient pas dans la collaboration ? N’attends pas d’avoir envie de l’emplafonner : propose-lui, avec bienveillance, de trouver ensemble des solutions.

Ces techniques peuvent, évidemment, entraîner des transformations irréversibles : en te dégageant du carcan de l’entre soi, tu vas confronter ton point de vue au sien, ce qui peut faire émerger une puissante complémentarité. L’angoisse.

Car c’est bien là que réside le risque : à vouloir intégrer des profils atypiques, tu élargis le champ des possibles de l’innovation. Est-ce vraiment souhaitable pour ton organisation ?

*Quand je parle de subjectivité, il n’y a pas de sens caché : je ne questionne pas la pertinence des « choix, méthodologies ou convictions », uniquement la croyance qu’ils constituent le seul schéma valable.

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Oli CLEMENT
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Accompagnement au changement par l’innovation numérique, sociale et organisationnelle. Neurodivergence, inclusion, tout ça. Aime beaucoup lire et un peu écrire.