In The Kitchen | Dans la cuisine

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4 min readNov 29, 2015

By Dasia Moore, PC ’18

Dasia describes the important role the kitchen plays in her life and in Southern culture as a whole.

ORIGINAL

Les soirs chez moi sont remplis de la musique de la cuisine. A l’évier, j’écoute l’eau tourbillonnant et le tintement de l’argenterie. Mes deux soeurs chantent doucement, ouvrant les placards et fermant les tiroirs. Périodiquement, nous rompons la routine pour plaisanter et bavarder. Plongées dans nos pensées, au rythme de cette ritournelle envoutante, nous devenons plus sérieuses — imaginant nos avenirs, se confiant nos secrets et avouant nos peurs. Dans la cuisine, j’ai appris qu’une de mes soeurs aimait un garçon mais elle se sentait souvent toute seule. Dans la cuisine, nous avons choisis les noms des enfants que nous pourrions avoir et des romans que nous voudrions écrire. La cuisine c’est notre lieu de rituel.

Cette pièce ne nous est pas chère, par coïncidence. La cuisine, la nourriture et les tâches ménagères occupent une place importante dans la culture familiale américaine, surtout au Sud, la région d’où je viens. Ma mère, née à la campagne en Caroline du Nord, raconte souvent des histoires de grands diners qui avaient lieu chez sa grand-mère. Tous les dimanches, après l’Eglise, les femmes préparaient des banquets élaborés, les petits apprenaient à mettre la table et espionnaient les adultes. Quant aux hommes, j’imagine qu’ils mangeaient et fumaient beaucoup. Tout le monde se rassemblait dans la salle à manger.

Dans les années 70, à l’époque où ma mère était enfant, le Sud était encore principalement une société des ouvriers faite de fermiers qui travaillaient sous le soleil brûlant et d’employés d’usines enfumées et bruyantes. La pauvreté qui existait — et reste un enjeu du Sud actuel — rendait la vie plus simple mais plus dure. Dans cette routine difficile, la dimanche était le jour de repos, celui de la famille, de la cuisine. Une seule et unique salle devenait le coeur de la vie quotidienne. Cuisiner et manger, c’étaient des actions sacrés, des rituels.

Aujourd’hui, la grande importance de la cuisine au Sud a un peu diminué. Beaucoup d’éléments ont déclenché cette transformation de la culture : par exemple, l’éloignement familial dû à une mobilité accrue, le déclin de la religion, entraînant la disparition des banquets familiaux, et les efforts contre les rôles de genre stéréotypés). Mais malgré ces changements, la cuisine comme espace de rituel fait partie du patrimoine du Sud, et elle reste importante dans la vie quotidienne, et dans mon propre quotidien.

J’attends avec impatience les vacances d’hiver quand je serai avec mes soeurs dans la cuisine. Je raconterai des histoires, et mes soeurs me confieront leurs secrets et leurs béguins. Peut être discuterons-nous de nos ambitions, de nos projets. Peut-être évoquerons-nous le fait que cette année sera probablement la dernière que nous partagerons chez nous, avant de vaquer à nos propres occupations ou projets de voyages.

Une chose dont je suis sûre, c’est que nous rirons, chanterons, et écouterons la musique de la cuisine.

TRANSLATION

At my house, evenings are filled with kitchen music. At the sink, I stand washing dishes. I listen to the water whirling and silver clinking. My two sisters sing softly as they open and close drawers and cabinets. Our quiet tranquility is punctuated by jokes, gossip, and laughter. Some nights, when we allow ourselves to be put under the kitchen music’s spell, we become pensive. We imagine our futures, share our secrets and admit our fears. It was in the kitchen that I learned about one sister’s first crush, and about her feelings of loneliness. In the kitchen, we chose the names of the children we might have and the novels we would like to write. The kitchen is our space for rituals.

It is no coincidence that the kitchen is so special to my sisters and me. Kitchen, food, and domestic life occupy an important space in the culture of the American family, especially in the South, the region I am from. My mom, who was born in rural North Carolina, often tells stories of grand dinners she had as a child at her grandmother’s house. The entire family gathered there each Sunday after church. The women prepared elaborate banquets. The children pretended to learn how to set the table while spying on the adults’ conversations. (As for the men, I imagine they ate and smoked a great deal.) Everyone came together in the kitchen.

In the seventies, when my mom was a child, Southern society still consisted mostly of manual laborers. There were farmers who toiled under the glaring hot sun and factory workers who endured smoke and noise. The poverty that existed — and still poses problems today — made life simpler…and more difficult. In the context of this difficult routine, Sunday was the day of rest, of family, and of food. The kitchen became the center and the heart of everyday life. Cooking and eating together were sacred acts, rituals.

Today, the kitchen and food are not quite as important as they once were in the South. A number of factors brought about this change. Fewer people live close to their extended families. Church attendance has declined, and Sunday afternoon banquets with it. Attitudes towards gender roles have modernized. Despite some changes, however, the kitchen is an important ritual space in Southern heritage, and it remains important in everyday life, and in my life specifically.

I look forward to winter vacation, when I will be with my sisters again in our kitchen. I am excited to tell them stories and hear their news. Maybe we will talk about the possibility that this year will be out last spent together at home as each of us follows her path of travel and work. There is one thing of which I am sure: we will laugh, sing, and rejoice in our kitchen music.

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