Rencontre avec Alizée Lozac’hmeur

En 2019 à l’occasion du lancement de Makesense Seed I, le premier fonds français d’impact investing dédié aux entrepreneurs en phase d’amorçage, nous avions échangé avec Alizée Lozac’hmeur, co-fondatrice de Makesense. Retour sur cette rencontre.

Bonjour Alizée, tu nous parles de Makesense Seed I ?

C’est un fonds d’investissement dédié aux start-ups de la Tech For Good. Ce sont des jeunes pousses avec la volonté d’avoir un impact sociétal et environnemental fort. Nous finançons des tickets d’entrée allant de 50 000 à 150 000€, avec la possibilité d’investir une nouvelle fois par la suite. En plus, avec l’incubateur Makesense accolé au fonds d’investissement, les start-ups bénéficient d’une vraie infrastructure pour développer leurs projets.

L’ impact investing, c’est quoi exactement ?

C’est un champ d’investissement qui vise les start-ups, avec une double attente : économique et sociétal. En résumé, nous cherchons de nouveaux types d’entreprises, avec des modèles économiques viables mais aussi un impact positif sur la société.

Comment mesurer ces critères d’impact positif ?

Nous avons des référentiels d’impact qui cumulent tous les critères qui existent. Mais ensuite, c’est une mesure très spécifique à chaque projet. Pour chacun d’entre eux, nous définissons une grille d’indicateurs spécifiques comme le nombre de bénéficiaires par exemple, le taux d’usage ou encore le volume de déchets convertis.

Quelle est la différence entre le fonds d’amorçage makesense SeedD I et un fonds d’investissement classique ?

Chaque fonds a sa thèse d’investissement. C’est-à-dire que chacun d’entre eux regarde les critères qui l’intéressent. Le type de société, par exemple. Nous, c’est l’impact. En complément, nous regardons le niveau d’avancement du projet et le taux de maturité. En phase de pré-amorçage, c’est en général de l’investissement public ou alors des business angels qui mettent la main à la poche. Ensuite, les fonds d’amorçage mettent un billet lorsque que l’entreprise commence à avoir ses premiers clients. Après, les fonds de capital prennent la relève sur le développement avec, parfois, des tickets de plusieurs millions d’euros, lorsque l’entreprise a besoin de changer d’échelle.

Ça fait quoi de lancer aux côtés de BNP Paribas le premier fonds d’Impact Investing dédié à la phase de pré-amorçage ?

C’est un super accomplissement ! Avec l’incubateur de Makesense, nous avons été les premiers à nous positionner sur l’entrepreneuriat social. La problématique du financement est toujours très prégnante. C’est une question cruciale. Et maintenant, nous avons ajouté cette corde à notre arc. C’est un vrai coup de pouce supplémentaire. C’est aussi un signal fort pour ce modèle, maintenant que l’investissement social est reconnu par des investisseurs institutionnels.

Entre nous Alizée, l’entrepreneuriat social, ce n’est pas un peu ringard ?

Pour moi, au contraire ! Nous cherchons des marchés et des entreprises avec une finalité positive autour de nous. Les gens se posent la question de la quête de sens, et nous y répondons. Nous n’aurons pas à rougir devant nos enfants. Et même, on nous enviera ! Je pense que cela va devenir mainstream*.

J’ai un super projet et j’ai envie de candidater, je fais comment ?

On peut candidater directement sur le site. Il y a un premier formulaire très simple à remplir. C’est une première prise de contact pour connaître le projet. S’il rentre dans les critères décrits sur le site, on en parle !

Allez Alizée, tu peux bien nous donner un ou deux astuces pour être pris. Ça reste entre nous, promis.

Comme les projets sont jeunes, on n’a pas 40 ans de comptes de résultats à étudier. Donc on regarde beaucoup l’équipe. On cherche de l’ambition, de l’engagement. Comment les membres voient le changement de société, et quelle sorte de société ils veulent créer. Cette notion d’audace et de vision est très importante. Même si, évidemment, on commence petit, mais peut-être qu’on peut changer le monde…

Mainstream : intégré, devenu la norme.

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