Crise politique en RDC : comment s’organise l’opposition sur Twitter ?
L’analyse des conversations sur Twitter laisse entrevoir un manque de cohésion et d’union dans la stratégie digitale de visibilité et de mobilisation de l’opposition à Joseph Kabila en République Démocratique du Congo. Cette carence nuit à la lisibilité des messages portés par l’opposition. Ce manque de cohésion traduit-il des dissensions au sein de cette dernière, où chacun défend sa singularité en vue des tant attendues prochaines élections ?
Dans ce jeu politique, Sindika Dokolo, considéré comme un outsider au sein de l’opposition, se refuse à évoquer son avenir politique. Lui qui voulait faire émerger un mouvement citoyen “Congolais Debout” parvient-il à le faire exister au delà de sa notoriété personnelle ?
UPDATE (12 mars 2018) : Ce 12 mars 2018, comme le relaie RFI, Moïse Katumbi lance son mouvement électoral “Ensemble pour le changement” , suite à un conclave tenu ce week-end en Afrique du Sud. Le lancement digital de ce mouvement se calque sur celui de S. Dokolo et s’accompagne sur le web d’une plateforme, proposant notamment la vidéo de son serment, mais aussi un compte Twitter (248 abonnés à l’heure actuelle). Les deux hashtags du mouvement #EnsembleMK et #Ensemblepourlechangement suscitent à eux deux près de 1 000 tweets depuis ce matin, comme l’indique la plateforme de veille des réseaux sociaux Visibrain. Sur Facebook, le mouvement sera incarné par la page personnelle de Moïse Katumbi, au regard des liens proposés dans la plateforme.
Cependant, ce mouvement ne réunit ni l’autre leader de l’opposition F. Tshiekedi dont le parti tiendra un congrès dans les semaines à venir, ni l’outsider S. Dokolo et son mouvement “Debout congolais”. Ce dernier, comme nous l’évoquons dans notre étude initialement publiée fin février, se retrouve une nouvelle fois marginalisé face à F. Tshikedi et notamment M. Katumbi, qui font l’agenda et actualité de l’opposition.
L’actuel président J. Kabila s’accroche toujours au pouvoir malgré la fin de son second mandat, les avertissements de la communauté internationale et la grogne grandissante de l’opinion publique congolaise. La République Démocratique du Congo (RDC) s’enfonce toujours plus profondément dans la crise. Depuis plusieurs jours, le niveau de tension entre l’ancien pays colonisateur, la Belgique, et la RDC, prend une autre envergure, celle de la “crise diplomatique” (TV5 Monde). La RDC est également fortement secouée suite à la disparition d’un pasteur ayant appelé au départ de J. Kabila (VOA Afrique). Ce week-end, à l’occasion d’une nouvelle manifestation pacifique lancée par l’Eglise catholique, les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles et fait deux morts et de nombreux blessés parmi les manifestants (France24). Ces évènements ne sont pas sans précédent.
Le choix de l’engagement pour son pays : S. Dokolo, dernier arrivant d’une opposition à trois têtes
Homme d’affaires à qui tout réussit, S. Dokolo a suivi des études dans les établissements universitaires européens les plus prestigieux. Marié à Isabelle Dos Santos, fille de l’ex-Président de l’Angola, il est également reconnu comme l’un des plus grands collectionneurs d’art classique africain (voir étude précédente sur l’art africain sur Twitter) et de par son combat pour la restitution dans les musées africains des oeuvres “volées”.
C’est désormais dans le combat politique que S. Dokolo s’engage corps et âme. À l’origine du mouvement citoyen #CongolaisDebout, qu’il lance en août 2017, l’homme refuse cependant d’incarner à lui seul ce mouvement qu’il souhaite inclusif. Ce positionnement politique est observable depuis le début de l’année 2017 sur son compte Twitter, qu’il utilise comme tribune et vecteur de visibilité.
Le 18 août 2017, quelques jours après l’initiation de la mobilisation de S. Dokolo, une dizaine d’associations et de mouvements de la société civile, dont le mouvement #CongolaisDebout, lance en ligne un « Manifeste du citoyen congolais ». Le manifeste réclame le départ du président J. Kabila et prévoit la mise en place d’une période de « transition citoyenne ». Il regroupe à l’heure actuelle plus de 22 800 signataires.
Malgré les blocages politiques et constitutionnels certains, organisés par l’actuelle présidence, deux autres hommes politiques s’imposent comme les plus influents, populaires et engagés depuis plusieurs mois pour faire chuter J. Kabila et ne cachent pas leurs ambitions électorales.
Tout d’abord Félix Tshisekedi, fils de l’opposant historique Étienne Tshisekedi, décédé le 1ᵉʳ février 2017 à Bruxelles et dont la dépouille demeure toujours à Bruxelles — le retour au pays faisant l’objet de querelles entre le pouvoir en place et la famille du défunt.
Puis Moïse Katumbi, homme d’affaires puissant, qui est un ancien gouverneur de la riche région minière du Katanga à l’est du pays. “Allié du pouvoir et passé à l’opposition en 2015”, il est actuellement “contraint à l’exil” suite à des problèmes judiciaires et dénonce un “acharnement”. Sa popularité dans le pays est grande, due à son rôle de président du Tout Puissant Mazembe (club de la ville de Lubumbashi au Congo RDC), l’un des meilleurs clubs de football en Afrique.
Depuis cette réunion au sommet entre les 3 hommes en juillet dernier, qu’en est-il de l’état de l’union de l’opposition à J. Kabila ? Font-ils front commun dans leur stratégie de communication en ligne ?
Afriques connectées a collecté entre juillet 2017 et février 2018 plus de 560 000 tweets relatifs à la vie politique en RDC, avec l’aide de la plateforme de veille des réseaux sociaux Visibrain. De cette collecte découle l’analyse des rapports de force politiques en RDC sur Twitter. Et plus particulièrement le poids du mouvement “Congolais Debout” dans l’opposition à Kabila : le mouvement est-il incarné au delà de la simple personne de S. Dokolo ? Quels en sont ses soutiens majeurs ?
Une vidéo virale pour un lancement réussi
C’est avec une vidéo virale, publiée sur les réseaux sociaux le 10 août 2017, que S. Dokolo lance le mouvement, une vidéo fédératrice regroupant plusieurs personnalités religieuses, de la société civile ou encore des citoyens lambda qu’il appelle à l’union et à l’alternance. La vidéo recueille un succès notable avec plus de 28 500 vues à ce jour sur Twitter et 4,9 millions vues sur Facebook.
Le lancement du mouvement a généré d’importantes reprises par les médias, africains comme occidentaux, à l’instar de l’article de Jeune Afrique “« Les “Congolais Debout” », S. Dokolo lance un « mouvement citoyen » pour « l’alternance en 2017 »” (5 123 interactions sur Facebook, plus de 370 partages sur Twitter) ou comme le montre le fait que le site du mouvement est l’une des URL les plus partagées (plus de 600 occurrences) sur l’ensemble de la durée d’étude. Par ailleurs, le compte Twitter @LeCongoDebout a suscité plus de 22 000 mentions entre le 31 juillet 2017 et le 9 février 2018.
Les principaux pics de visibilité du mouvement observables sur la timeline ci-dessus ont eu lieu les 17 et 21 décembre. Le 17 décembre dernier, S. Dokolo dans une vidéo se félicite que le mouvement regroupe plus d’un million de membres :
Le second pic de visibilité du mouvement correspond à son appel aux Congolais à répondre présents à l’invitation des laïques catholiques et de toutes les forces positives pour l’opération “Trompettes de Jéricho”.
Le mouvement rencontre, cependant, quelques difficultés à s’implanter durablement comme un acteur prépondérant dans les conversations sur Twitter et à rebondir efficacement sur l’actualité, notamment quand elle provient des autres grands acteurs de l’opposition. Le mouvement s’avère dépendant et fortement rattaché à la personnalité de son créateur.
Une stratégie digitale soigneusement étudiée
Il est intéressant ici de souligner deux points essentiels sur lesquels repose la “campagne” de S. Dokolo.
Sur la forme tout d’abord : des vidéos travaillées et éditorialisées, des messages clairs, des temporalités fortes (lancement du mouvement, signature du manifeste, lancement des vidéos à des dates-clés). Au-delà des réseaux sociaux (création de comptes Twitter, Facebook et Instagram), le mouvement “Congolais Debout” s’appuie également sur un site web. L’ensemble de ces espaces illustre une stratégie d’engagement bien huilée.
Mais surtout sur le fond : la création d’un manifeste, la création d’une baseline, de mots-clés accompagnant le hashtag #CongolaisDebout comme #esili, signifiant “c’est fini” en lingala… Rien n’est laissé au hasard pour établir puis asseoir l’identité du mouvement.
Cette stratégie s’adosse en permanence sur un argument “légal” d’opposition à J. Kabila : il y a un appui constant sur la constitution du pays, comme en témoigne la référence régulière à l’article 64, qui justifie à lui seul l’action de l’opposition. Cet article dispose : « Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution […] ». L’expression “article 64” a été tweetée près de 3 500 fois dans l’écosystème de l’opposition congolaise, connaissant un pic d’activité autour de la date de lancement du mouvement de S. Dokolo, mais également lors des manifestations et notamment fin octobre, où les tensions se sont faites de plus en plus vives.
Autre exemple : en faisant écho à la date butoir du 30 septembre (date limite pour convoquer les élections si l’on voulait qu’elles aient lieu avant le 31 décembre 2017, comme l’impose l’Accord de la Saint-Sylvestre 2016), S. Dokolo a publié et épinglé sur son compte Twitter une vidéo appelant à la “désobéissance civile”. Exit les chemise et veste de l’homme d’affaires : on l’y voit, polo blanc, manches courtes, posture décidée, appeler le peuple congolais à ne plus reconnaître l’autorité du Président à partir du 31 décembre 2017. Cette vidéo est la deuxième vidéo postée par S. Dokolo la plus vue ; elle cumule aujourd’hui 424 retweets, près de 900 likes, 16 300 vues sur Twitter, et plus de 200 000 vues sur Facebook.
S. Dokolo ne s’est pas lancé tête baissée dans ce combat politique : il en a délimité les contours, a travaillé les messages, la légitimité de son action et a pensé les canaux de diffusion et d’activation (voir l’encart ci-dessous sur l’utilisation de Whatsapp). Mais cette stratégie, très efficace pour le lancement, semble avoir échoué à trouver les relais nécessaires pour pérenniser la mobilisation.
De Twitter à Whatsapp, de la campagne digitale à l’organisation sur le terrain
Le mot-clé “whatsapp” a généré 336 occurrences du 31 juillet 2017 au 9 février 2018 sur l’ensemble des données récoltées. Le point culminant se situe le 11 août 2017, date du début en fanfare de la campagne de recrutement initiée par le mouvement “Congolais Debout”.
Parmi les 336 occurrences recensées, 81 sont des tweets uniques. Le top 3 des tweets révèle la structure de cet appel à la mobilisation sur Whatsapp autour des comptes et des éléments ci-après :
Les deux comptes les plus influents sur le sujet sont donc celui de S. Dokolo et du mouvement Les “Congolais Debout”. Chacun de ces comptes a un rôle bien défini : S. Dokolo commente le recrutement sur cette plateforme, et condense ainsi la parole politique sur ce sujet, tandis que le compte @LeCongoDebout envoie les instructions et se charge plus particulièrement de la partie logistique.
Le tweet donnant les informations nécessaires pour rejoindre le mouvement nous éclaire sur la volonté fédératrice de celui-ci : il y est demandé de renseigner le pays (probablement de résidence) ce qui implique une certaine connaissance de la dispersion géographique de l’audience visée, et ce qui légitime d’autant plus l’utilisation de Whatsapp.
S. Dokolo : seule incarnation du mouvement face à des relais inexistants ou presque
La visibilité et la mobilisation du mouvement n’ont pas été assez propulsées pour s’implanter efficacement ; elles n’ont pas reçu de soutien pérenne des autres figures politiques de l’opposition, à l’image de F. Tshisekedi, pourtant très audible sur le sujet. Avec plus de 157 000 abonnés, ce dernier est la personnalité politique congolaise la plus mentionnée (plus de 126 000 mentions sur la période) et influente sur Twitter.
Il s’agit d’une absence dommageable : très populaire, F. Tshisekedi n’a apporté son soutien ni au lancement ni à l’appel à la mobilisation du mouvement “Congolais Debout”. Le mouvement ne bénéficie donc pas de son audience large et de son influence qui auraient permis d’étendre sa visibilité auprès des Congolais. C’est même un premier signe d’échec : se voulant unitaire et fédérateur, #CongolaisDebout montre ses limites en ne parvenant pas à associer l’un des porte-paroles phares de l’opposition.
Ancien gouverneur de la riche région minière, l’ex-Katanga, M. Katumbi (392 000 abonnés sur Twitter) est le seul homme politique d’envergure à avoir apporté son soutien lors du lancement du mouvement le 10 août dernier. Un soutien de taille pour le mouvement et S. Dokolo : M. Katumbi est la 3ème personnalité politique congolaise la plus mentionnée et influente sur Twitter, derrière F. Tshisekedi et S. Dokolo, avec plus de 123 000 mentions sur l’ensemble de la période d’analyse.
Les deux hommes avaient auparavant affiché sur Twitter leur proximité, reprise notamment par Politico : “Dokolo — Katumbi: une rencontre et une photo qui fait rêver!”, alors que le média congolais Radio Okapi évoquait “Le Potentiel : « L’axe Katumbi — Dokolo se met en place : les “”Congolais Debout”” ».
Bien qu’il soit difficile de connaître l’état actuel de l’entente actuelle entre les deux hommes les relais et soutiens de M. Katumbi au mouvement sont, depuis, restés lettre morte.
Le lancement du mouvement “Congolais Debout” a aussi pu bénéficier du soutien du porte-parole de M. Katumbi, Olivier Kamitatu, très actif et influent sur Twitter (plus de 80 000 mentions enregistrées sur la période), malheureusement sans relais vers la plateforme ou les comptes officiels. Cependant, ses gestes de soutien, de promotion et de relais du mouvement n’ont pas été renouvelés au delà du mois d’août.
Ces soutiens exprimés à demi-mot ou inexistants sont révélateurs : comme l’évoque Le Monde, il semble davantage s’agir d’une “alliance de circonstance” des poids lourds de l’opposition congolaise face à J. Kabila. Chacun semble préserver son écurie électorale, alors que la situation du pays mériterait une alliance totale jusque dans les stratégies de mobilisation et actions digitales communes.
Le 19 septembre dernier, le porte-parole de M. Katumbi se félicite que “@M._katumbi et @fatshi13 s’accordent avec les mouvements citoyens : “Kabila doit partir !”. L’absence de S. Dokolo et du Mouvement “”Congolais Debout”” est notable.
Le mouvement “Congolais Debout” est l’une des têtes de proue de l’opposition au regard de l’engagement suscité par ses publications sur Twitter, il peine cependant à mobiliser et s’étendre à de nouveaux soutiens influents.
La force de S. Dokolo, à savoir sa notoriété et son “aura”, est parfois aussi un handicap : le traitement médiatique du mouvement est régulièrement concentré sur sa personnalité et ses activités économiques. À l’opposé de l’image du mouvement fédérateur et désincarné que souhaitait son créateur, en témoigne ce titre de RFI du 21 août 2017 : “RDC: S. Dokolo, l’homme d’affaires qui veut le départ de J. Kabila”.
Au-delà de la sphère politique : même silence du côté de l’Église catholique et des acteurs la société civile
L’Eglise catholique, puissante et influente auprès des populations, est de nombreuses fois sortie de sa réserve depuis décembre dernier pour s’exprimer fermement en faveur du départ de J. Kabila, en appelant notamment les congolais à manifester pacifiquement leur volonté de changement. Ces leaders et porte-paroles ne sont que peu présents, influents ou identifiés sur Twitter. De plus ni l’Eglise ni ses représentants n’ont soutenu ou relayé le mouvement “Congolais Debout”, bien que des ecclésiastiques soient présents dans la vidéo de lancement du mouvement. Le mouvement ne peut donc pas s’appuyer sur un maillage important au sein de l’Eglise pour étendre sa visibilité en ligne.
Il est également à noter une absence de soutien et de relais de la part des organisations de la société civile très bien implantées dans le débat politique et les médias comme LuchaRDC (près de 100 000 abonnés sur Twitter) et Filimbi (plus de 6 000 abonnés). LuchaRDC est le 4ème compte le plus influent de la sphère politique congolaise avec plus de 107 000 mentions sur Twitter. Malgré une convergence des points de vue entre ces structures et le mouvement “Congolais Debout” sur la signature du manifeste, les prises de parole communes se font rares, l’absence d’actions en ligne synchronisées et complémentaires laisse une nouvelle fois apparaître un manque de cohésion politique, une division voire une concurrence au sein de l’opposition incarnée “sur le terrain”.
La cartographie confirme plusieurs points de l’analyse, à savoir l’émergence difficile du compte @LeCongoDebout, ou l’éloignement de S. Dokolo des deux principaux opposants. Cette cartographie permet également de rendre compte de l’engagement d’acteurs et d’influenceurs sur lesquels S. Dokolo mais aussi les poids lourds de l’opposition devraient s’appuyer :
- Les médias et journalistes avec notamment la présence active et influente du compte de @SoniaRolley, journaliste pour RFI
- Le rôle des autres parties prenantes qui semblent mobiliser des communautés, qu’ils s’agissent d’influenceurs activistes comme @tresinsolent (22,5K abonnés), @bob_vanderhoeve (16K abonnés), de politiques @MartinFayulu (233K abonnés), @VitalKamerhe1 (267K abonnés), d’experts et militants des droits de l’homme comme @Olengha (26K abonnés) ou @MichaelTshi ( 42K abonnés) ou encore de chercheurs comme @madiata (3 822 abonnés).
Un manifeste peu porté par l’opposition sur les réseaux sociaux
Bien que S. Dokolo, signataire du manifeste avec les autres membres de l’opposition ait appelé les membres de son mouvement à y joindre leur signature, la plateforme du mouvement ne propose aucun lien vers le manifeste. De plus le compte Twitter @ManifesteRdc (qui n’a étonnamment plus tweeter depuis décembre 2017) regroupe une audience très faible avec moins de 400 abonnés et bénéficie donc d’une caisse de résonance réduite pour porter son message, tandis que le compte du mouvement enregistre près 17 000 abonnés. Fort de plus de 28 000 signataires, le manifeste est le deuxième lien le plus partagé sur l’ensemble de l’analyse avec plus de 575 partages sur Twitter, sa médiatisation et ses relais s’avèrent en revanche inexistants à partir de mi-octobre.
L’absence de liens politiques et digitaux entre les deux démarches présente 3 conséquences regrettables :
- elle fait apparaître l’absence de contenu politique du mouvement et donc sa capacité à rassembler sur des idées fédératrices et à porter des messages politiques forts sur les réseaux sociaux
- elle nuit à la lisibilité politique entre le mouvement et le manifeste qui apparaissent comme des démarches éloignées l’une de l’autre, voire concurrentes
- sur le web, elle suscite une dispersion des visites, ce qui compromet le trafic sur chacune des deux plateformes et la lisibilité des éléments sur les réseaux sociaux
Il est également dommage que le compte Twitter de rassemblement de l’opposition (@rassopp — 47 300 abonnés) ne soit pas plus valorisé et utilisé comme canal central de diffusion et de publication des messages de l’ensemble des parties prenantes de l’opposition.
Dokolo, éternel outsider ?
Tandis que F. Tshisekedi et M. Katumbi exposent toujours plus leur proximité dans la lutte contre J. Kabila, S. Dokolo semble marginalisé et éloigné de ces deux leaders de l’opposition, dont les actions avec les mouvements citoyens se cantonnent à une alliance de circonstance.
D’une manière générale, la comparaison des comptes personnels de S. Dokolo et de ceux du mouvement est sans appel : il n’y a pas eu l’effet boule de neige escomptée par le créateur du mouvement. Sans l’aura et l’audience dont S. Dokolo dispose, il n’est pas sûr que le mouvement soit encore partie prenante dans les discussions en ligne.
Cela pose notamment la question de la posture choisie par S. Dokolo : en la définissant comme a-politique et désintéressée, celle-ci n’est-elle pas en train de l’enfermer hors des discussions des autres grands acteurs de l’opposition ? Ainsi, il se prive du rôle de leader assumé du mouvement qui pourrait asseoir ses messages plus directement.
La question des relations entre les trois hommes est également intéressante : doute-t-on des ambitions politiques du dernier arrivant ?
Quelle suite ? S. Dokolo a déjà cherché à étendre la visibilité du mouvement à l’international, par l’utilisation de la langue anglaise dans des interviews vidéos qu’il relaie sur ses comptes sociaux. L’étape suivante sera peut-être d’interpeller ou de faire intervenir plusieurs “leaders” institutionnels comme politiques : ONU, Présidents du G5, présidents africains, @Pontifex… comme caisse de résonance de leur combat afin d’internationaliser un peu plus le combat et mobiliser l’opinion internationale.