La République des idées, ou comment créer un nouvel espoir pour une France citoyenne.

jonathan bros
AgenceProches
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6 min readJan 26, 2017

L’Etat et la représentation nationale, une mécanique grippée.

La défiance à l’égard des hommes politiques est à son paroxysme. Preuve en est le baromètre annuel de la confiance politique réalisé depuis 2009 par le Cevipof. « Les Français sont installés dans la défiance à l’égard des femmes et des hommes politiques et du fait politique en général. Ce sentiment, dont les racines sont anciennes, est associé à une déception immense qui peut aller jusqu’au dégoût. » Bruno Cautrès.

La faute à qui ? Aux hommes politiques eux-mêmes et au système que nous avons tous participé à créer, ou laissé faire. La parole d’autorité s’est travestie jusqu’à ne plus exister dans les yeux de ceux qui sont censés la percevoir. A force de mensonges et de promesses non tenues, nous, citoyens, avons perdu toute confiance à leur égard.

« Quand le vieux se meurt et que le jeune hésite à naitre » écrivait Antonio Gramsci.

Cette période de trouble idéologique caractéristique des phases de crises économiques, sociales et identitaires longues est malheureusement propice au développement de pensées rétrogrades et d’idées xénophobes. Pourquoi ce même malêtre s’exprime-t-il aussi différemment en Espagne, l’émergence de courants comme Podemos ou bien encore en Italie ou en Grêce ?

De plus, les comportements décadents et irresponsables de certaines élites politiques et intellectuelles (copinage, conflits d’intérêt et irresponsabilité) renforcent le sentiment d’une représentation nationale grippée et de l’absence de réelle démocratie.

Le transfert des souverainetés individuelles au profit d’un collectif, l’Etat, est nécessaire au bon vivre ensemble. A l’aune de cette situation de trouble, ce modèle n’est plus opérant car la confiance est rompue entre le peuple et ceux qui ont la responsabilité de gouverner. Et sans confiance, pas de contrat social.

Comment se sortir de cette impasse ?

« En France on a pas de pétrole mais on a des idées. » disait le jeune Valérie Giscard d’Estaing. C’est à se demander si c’est encore le cas. Nos hommes politiques n’incarnent plus d’idées nouvelles, et c’est bien là que réside le problème. Les idées sont justement le symbole d’une espérance renouvelée, d’un avenir meilleur. Les logiciels idéologiques sont trop anciens et ne permettent plus d’avoir une clef de lecture effective du monde dans lequel nous vivons.

De plus le temps court, les réseaux sociaux et les chaînes d’information en continu encouragent les petites phrases, les pensées simplistes et tronquées qui rassurent les esprits ou suscitent des émotions collectives, aussitôt balayées par le flot des actualités.

Le financement actuel des partis politiques et la bipolarisation qu’il engendre tue les idées nouvelles. Les primaires quant à elles tuent le premier tour des élections. Ce pourtant lors de ce premier tour où chacun est censé pouvoir exprimer des idées nouvelles. Nous avons besoin d’idées simples, concrètes, crédibles, avec du sens et au profit du vivre ensemble et de la reconnaissance de l’individu. Des idées qui redonnent du souffle au modèle républicain. Illustrant à merveille ce phénomène, les partis politiques ont tous « outsourcés » la proposition d’idées nouvelles à des think tanks (Institut Montaigne, Fondapol, TerraNova, etc…). Finalement, les idées dans un parti politique, aujourd’hui, c’est n’est pas si stratégique…

« Great Minds Discuss Ideas; Average Minds Discuss Events; Small Minds Discuss People » Sir Winston Churchill.

Pourquoi les nouvelles idéologies peinent à naître.

Une idéologie est un système prédéfini d’idées, appelées aussi catégories, à partir desquelles la réalité est analysée, par opposition à une connaissance intuitive de la réalité sensible perçue (source wikipedia). De tels systèmes considérés comme idéologiques existent dans les domaines politique, social, économique et religieux. Une idéologie est souvent la dimension culturelle d’une institution sociale ou d’un système de pouvoir.

Une idéologie dominante est diffuse et omniprésente, mais généralement invisible pour celui qui la partage, justement car elle fonde la façon de voir le monde. On peut distinguer dans une idéologie les dimensions : cognitive (dogmes, croyances) ; morale (jugements, valeurs) et normative.

À l’origine, le terme d’idéologie fut créé par Destutt de Tracy pour tenter de fonder une discipline qui étudie les idées pour elles-mêmes. Mais ce sens s’est perdu en faveur de la notion de système d’idées doctrinaires.

Pour faire émerger de nouvelles idéologies il est essentiel de constituer un intellectuel collectif, ouvert, pragmatique sans autre idéologie que la neutralité et le respect des autres comme base. Ni « de gauche » ni « de droite ». Ni libérale ni Keynésienne.

Il faut réconcilier les intellectuels et le peuple. Trop de campagnes politiques populistes visent à critiquer les intellectuels pour obtenir les voix du peuple (à gauche comme à droite). L’éducation et le développement du libre arbitre doivent être les fondements de la d’une nouvelle Rrépublique. La Rrépublique des idées.

La révolution technologique et sa conséquence plus large, la révolution sociologique sont une opportunité de faire évoluer notre manière d’aborder la démocratie. La participation du peuple ne doit pas être un alibi justifier les décisions des élites, elle doit être une condition du vivre ensemble. Elle doit se structurer en se dotant de règles de fonctionnement qui garantissent sa neutralité.

Pour cela, nous devons repenser complètement la représentation nationale et éliminer un certain nombre de représentations intermédiaires qui diluent la démocratie dans les méandres de l’administration bureaucratique. Cela aura pour conséquence : de lutter contre la perception d’entre soi des élites, de ré-enchanter la politique par les idées et de faire prendre par massivement au décisions qui concernent la France.

L’absence de proportionnel et le cumul des mandats sont vécus par le peuple comme une injustice profonde à leur égard. Le FN profite de cette perception d’injustice pour nourrir la haine de l’autre sur laquelle il prospère.

Les idées nouvelles, seul rempart face aux tentations conspirationnistes et rétrogrades.

Nul ne sert de contredire les partisans du FN car pour eux, Marine Le Pen constitue LA seule alternative crédible à des systèmes idéologiques qui ne marche plus (UMPS). J’entends souvent « C’est la seule voix que l’on a pas essayé ». « Elle au moins, elle ne fait pas partie du système ». Bernard Stiegler écrivait récemment dans l’Obs : « Les gens qui perdent le sentiment d’exister votent Front national » Le philosophe explique dans son livre que les électeurs FN sont, comme beaucoup d’entre nous dans cette société malade, victimes de troubles narcissiques. Pour s’en sortir, ils ont la particularité de désigner des boucs émissaires. C’est un symptôme, une façon d’évacuer le mal-être. Il est impossible de discuter avec des troubles et des symptômes. Les journalistes peuvent donc continuer à s’agiter, à « fact-checker », à enquêter, à essayer de comprendre à coups de portraits, ils n’ont aucune prise sur rien.

Seul un collectif éclairé et des idées nouvelles peuvent lutter contre l’obscurantisme des idées anciennes, des retours en arrières, de la haine de l’autre. Lorsqu’une société n’avance plus, elle reporte souvent la faute sur LES AUTRES, les étrangers, ceux que l’on ne comprend pas parce qu’ils ne sont pas comme nous. Dans la société du vide, seules les idées nouvelles de progrès auront leur place et susciteront un espoir nouveau pour les Français qui ainsi se détourneront de la tentation réactionnaire…

La seule manière de sortir de cette crise, économique, sociale et identitaire est de créeré un espoir nouveau. Des mouvements citoyens comme « La transition » récemment initié par un collectif de la société civile illustre cet envie d’incarner un espoir nouveau.

La démocratie peut et doit encore progresser. Nous avons souvent la tentation de croire que nous n’avons rien à gagner et tout à défendre. Eh bien c’est fauxt !

Le progrès social, la lutte contre les inégalités, la pauvreté et ces nouvelles formes doivent être un combat prioritaire. Nous devons faire de l’urgence sociale d’aujourd’hui, la justice sociale de demain. Il y a tant de droits qu’il nous reste encore à conquérir, ensemble. Le principe de Rrépublique, laïque, unique et indivisible doit être au cœur de la promesse « France ». La France doit prendre soin de tous ses citoyens de la même manière pour que le pacte social fonctionne.

Et si la VIème Rrépublique était celle des idées ?

Tout reste à faire.

Tout reste à construire.

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jonathan bros
AgenceProches

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