La théorie des contrats c’est quoi ? Et comment ça marche ? #prixnobel

jonathan bros
AgenceProches
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3 min readJan 26, 2017

Le prix Nobel d’Economie 2016 vient tout juste d’être remis à Oliver Hart et Bengt Holmström pour récompenser leurs travaux sur la théorie des contrats. Mais au fait, la théorie des contrats c’est quoi ?

En économie, la théorie des contrats étudie comment les acteurs économiques peuvent et passent des arrangements contractuels, généralement en présence d’information asymétrique. En raison de ses liens avec les théories de l’agence et des incitations, la théorie des contrats est souvent classée à l’intérieur d’un domaine connu comme le Droit et l’économie. Hors tout comme l’économie comportementale, il s’agit d’une discipline hybride faisant appelle à des principes émanants d’autres spécialités.

La théorie des contrats a un nom trompeur, qui peut laisser penser qu’elle étudie les procédures juridiques encadrant les relations économiques. Sa définition est d’ailleurs difficile. Les travaux publiés dans ce domaine depuis les années 1970 forment un ensemble tellement foisonnant qu’une définition précise exclurait arbitrairement trop de contributions dont il est pourtant clair pour un économiste qu’elles relèvent de la théorie des contrats.

Une application importante de la théorie est la conception de régimes optimaux de gestion de la rémunération. Le premier traitement de ce sujet a été donné par Kenneth Arrow dans les années 1960. Le prix nobel quant à lui a été attribué à Oliver Hart (économiste) et Bengt R. Holmström pour leurs travaux sur la théorie des contrats, couvrant tout le champ de cette théorie depuis le salaire des présidents aux privatisations. Ils ont donné naissance à “un champ fertile de recherche fondamentale”, selon le jury des prix Nobel: Bengt Holmström dès la fin des années 1970, et Oliver Hart dans la décennie suivante.

Une pratique standard en microéconomie de la théorie des contrats est de représenter le comportement d’un acteur à l’intérieur de fonctions d’utilités numériques et ensuite appliquer un algorithme d’optimisation pour identifier les meilleures décisions.

Une telle procédure a été utilisée dans la théorie des contrats cadre de plusieurs situations typiques, marquées de l’aléa moral, sélection adverse et de signalisation. L’idée derrière ces modèles réside dans la recherche théorique des façons d’inciter les agents à prendre des mesures appropriées, même en vertu d’un contrat d’assurance.

Cette nouvelle grille d’analyse a été ensuite appliquée à une foule de champs présents dans notre quotidien, selon l’Académie royale des sciences: “Les fournisseurs de services publics, comme les écoles, les hôpitaux ou les prisons, doivent-ils appartenir au public ou au privé? Les enseignants, les personnels de santé, les gardiens de prison doivent-ils recevoir un salaire fixe ou indexé à leurs performances? Dans quelle mesure les dirigeants d’entreprise doivent-ils être payés via des programmes de primes ou de stock-options?”

Bref il s’agit de déterminer le bon contrat pour créer la bonne incitation à la décision.

Par exemple, c’est ce genre de réflexions qui a provoqué la disparition progressive des stock options dans la rémunération des PDG. Trop peu contraignantes, elles étaient aussi payantes à tous les coups. Désormais, elles sont remplacées par des “actions de performances”, censées mieux prendre en compte l’avenir de l’entreprise, au-delà du mandat de son PDG. C’est le cas notamment de Carlos Ghosn, le PDG de Renault, qui ne touchera pas avant 2020 une part de sa rémunération de 2015. Un autre exemple : si votre maison brûle, ou que votre voiture est volée, la théorie des contrats a aidé les assureurs à calculer la différence entre la valeur réelle de vos biens et ce qu’il doit rembourser pour vous inciter au maximum à vous mettre à l’abri du risque.

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jonathan bros
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