L’AVIS DES EXPERTS

Dans le cadre de la session d’experts d’aujourd’hui, nous avons interviewé Youssouf Diabby de Côte d’Ivoire qui a partagé ses connaissances sur le marché agricole en Côte d’Ivoire et comment la technologie est progressivement adoptée pour améliorer la production alimentaire.

AGROHIVE: Faisons connaissance avec vous Youssouf. Pouvez-vous nous parler de vous et de votre travail dans le secteur agricole en Côte d’Ivoire ?

DIABY: Mon nom est DIABY Youssouf. Je suis ivoirien, je vis à Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire. Je suis titulaire d’un diplôme d’ingénieur agronome.

Je travaille actuellement comme responsable du suivi et de l’évaluation à SO-B-GREEN Côte d’Ivoire, une entreprise dont le siège est situé au Ghana. Nous nous concentrons sur la mise en place de programmes de durabilité le long de la chaîne de valeur du cacao au profit des agriculteurs. Nous nous occupons de plusieurs projets de diversification pour donner aux agriculteurs les moyens d’être plus résilients.

AGROHIVE: Quels sont les secteurs les plus attractifs et pour quelles raisons?

DIABY: La Côte d’Ivoire est un pays dont l’économie repose sur l’agriculture. Le secteur agricole emploie plus de 2/3 de la population active. Avec un chiffre d’affaire de plus de 2.000 milliards de francs CFA, l’exportation de café et cacao occupe la première place du classement des secteurs d’activités les plus rentables en Côte d’Ivoire.

Par ailleurs, ces dernières années, l’accent est mis sur le secteur secondaire, surtout l’agroalimentaire pour la transformation de nos matières premières agricoles en produits semi-finis et finis.

AGROHIVE: Quels sont les secteurs d’avenir et pour quelles raisons?

DIABY: La transformation des matières premières agricoles.

AGROHIVE: Quels sont les difficultés rencontrées lors du lancement d’une entreprise agricole ( surface foncière, financement, administratif, juridique) et les pièges à éviter?

DIABY: Les plus grandes difficultés rencontrées sont liées à:

• La surface foncière du fait d’une loi foncière désuète.
• L’accès au financement car les banques commerciales ne maîtrisent pas bien le secteur agricole et que les risques y sont élevés.

AGROHIVE: Quel est l’état des lieux de la production biologique en Côte d’Ivoire?

DIABY: Présentement, peu d’entreprises agricoles ont obtenus la certification d’agriculture biologique ECOCERT. Cependant, nous progressons rapidement vers l’agriculture biologique. En effet, des organisations internationales incitent vivement les produteurs de cacao et des cultures vivrières à produire du bio.

Des ONG internationales et des partenaires locaux collaborent pour la création d’un label biologique. Il sera basé sur la méthodologie de certification de l’IFOAM, le “Système Participatif de Garantie” (SPG). Il s’agit d’un système d’assurance qualité axé sur les besoins locaux. Il certifie les producteurs sur la base d’une participation active des parties prenantes et repose sur une base de confiance, de tissu social et d’échange de connaissances.

AGROHIVE: Quelle est la typologie des entreprises agro-alimentaires ivoiriennes ?

DIABY: Nous avons un regroupement en forme de sablier, à savoir, plusieurs multinationales qui dominent 90% du marché et des petites et très petites entreprises qui grignotent le reste de la part de marché.

AGROHIVE: Quels sont les principaux pays concernés par les flux internationaux de produits agricoles ?

DIABY: Cacao: l’Union Européenne et les USA

Noix de cajou: l’Asie (Vietnam, Inde, etc.)

AGROHIVE: Quels sont les principaux produits agricoles exportés ?

DIABY: Les produits issus du cacao (Fèves, poudre, masse et beurre de cacao), la noix de cajou, le café, le caoutchouc naturel, l’huile de palme et la noix de cola.

AGROHIVE: Quel est le pourcentage de flux de produits agricoles avec d’autres pays africains?

DIABY: Les échanges avec les pays voisins sont faibles, de l’odre de 5%.

AGROHIVE: Quels sont les principaux produits agricoles importés ?

DIABY:Le riz et le blé.

AGROHIVE: Comment l’emérgence des outils numériques soutient-elle les agriculteurs dans leurs activités?

DIABY:En Côte d’Ivoire comme dans la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest, l’agriculture demeure plus ou moins archaïque. L’avènement des outils numériques est une bouffée d’oxygène puisqu’il permet d’effectuer la traçabilité dans les chaines d’approvisionnement internationalisées.

Au-delà de cela, les outils numériques dont les drones, les applications mobiles (suivi et gestion des parcelles, market-place et autres) sont de plus en utilisés.

Bien que les agriculteurs sont moins alphabétisés et maîtrisent moins les outils informatiques, il y a une poignée de jeunes qui s’y intéressent et apportent leur contribution à l’intégration des outils informatiques à tous les niveaux de la chaine de valeur agricole.

AGROHIVE: Agriculture et jeunesse: comment le secteur agricole espère-t-il attirer les jeunes?

DIABY:Les jeunes qui s’intéressent aujourd’hui, y viennent dans l’espoir que les outils utilisés dans l’agriculture anciennement soient révolus. A cet effet, nous assistons peu à peu à la naissance de start-up porté par des jeunes qui misent sur l’Agrotechnologie à travers l’utilisation diversifiée des systèmes d’irrigation, des drones, des applications web et mobiles et autres technologies de l’information et de la communication.

*Cette publication n’a pas été éditée afin de ne pas altérer les idées originales de l’auteur.