Du Soleil en Décembre

Samuel Fergombé
Alaska Taciturne
Published in
3 min readJan 22, 2023
Rio de Janeiro en Novembre.

Qu’est-ce qui peut rester d’un long voyage de trois mois ? Des paysages peut-être, des visages sans aucun doute.

Je suis parti avec une idée fixe de ce que j’allais faire durant ce voyage. Pour autant, rien ne s’est passé comme prévu.

J’avais eu l’idée d’écrire, de créer. Beaucoup. Ce n’est que depuis quelques semaines, que j’ai commencé à entreprendre l’essaim de ce périple.

Il y eut les élections. Il y eut la compétition sportive. Il y eut les conflits. Il y eut les résolutions.

Je n’ai jamais été épris d’autant de doutes et de certitudes à la fois.

J’ai clôturé un cycle, celui de mon adolescence. J’en ai ouvert un autre, celui du jeune adulte qui doit entreprendre sa vie avec insistance.

Insistance, car le temps avance et l’énergie se dissipe.

Je crois que le cycle premier a pris fin avec la fermeture de mon association. Un projet tout d’abord ambitieux, puis prenant. Le cycle premier a aussi pris fin avec une plus grande introspection. Qu’est-ce que je suis capable de faire de bien ?

Comment s’en donner les moyens ? Cette question sera déterminante ces prochains mois.

Autour d’une bière tout proche du Lac Argentino, Patrick souligne que mon éveil est ce qui a de plus normal à mon âge. Car à partir de maintenant, plus rien n’est pareil. A 24 ans, rien n’a été fait et tout reste à faire.

Compte-tenu des circonstances en France, je suis dans un entre-deux. Qu’est-ce qui est le plus intéressant de faire ? Tout changer maintenant ?Ou profiter ?

Je ne manque qu’à ma mère et à deux trois personnes. Je le sais, ils me le disent. Pour le reste, tout est à prouver.

Nous pouvons décider de ne jamais revenir, de tout laisser en plan. Et là, les relations nous apparaîtront beaucoup plus froides, beaucoup plus liquides.

Parce que c’est ce qu’elles sont au XXIème siècle. Liquides.

Loins d’être des villages, les réseaux sociaux sont notre camera obscura. Ils sont les voleurs du temps et les destructeurs de notre environnement. Chaque image que nous capturons est tronquée.

Il m’est arrivé de les couper, mais de ne jamais les supprimer. Pourtant, aujourd’hui il le faut. Il le faut pour vivre, pour mieux voir les relations.

Des discussions le soir avec Manel dans un bar. Des balades avec Inès, Louis ou Maxence dans les rues de Paris. Des retrouvailles avec Valentine à Rennes ou dans un restaurant de la Capitale. Des mots de Damien et de Maxence. Des soirs d’été qui nous entraînent avec maman à refaire le monde autour d’un verre.

C’est peut-être un peu de tout ça la vie. Des relations qui durent, des choses qui le temps d’un instant vous transcendent.

Et c’est aussi toutes celles qui nous refondent, comme toi mio caro David.

Le voyage c’était aussi ça. C’est prendre conscience de ce que l’on a et être plus déterminé que jamais pour persévérer en son être.

Et probablement que ce texte sera dépassé dans un mois, ou bien dans dix ans. Mais il en restera sa substance. Cette chaleur à vivre face à certaines froideurs qui ne sont que des états.

Maintenant,

Qu’attendre du retour ? Un nouveau départ probablement.

Repartir ? Peut-être…

Ushuaia — Buenos Aires. Argentine. 21/01/2023

--

--