Mouvements étudiants à Tolbiac

Paris 1 bloquée depuis une semaine

Alma Mater
Alma Mater
3 min readMar 31, 2018

--

Ce lundi 26 mars 2018, l’équipe Alma Mater est allée à la rencontre des étudiants de Tolbiac (Paris I) pour s’informer sur le mouvement social étudiant, qui perdure depuis maintenant un mois, et s’est intensifié cette semaine. La ligne principale : lutter contre ce qu’ils appellent le « plan étudiant » : un ensemble de réforme que veut mettre en place le gouvernement agissant sur le plan éducatif au niveau du lycée et de l’université.

Qu’est que le plan étudiant ? Pour le baccalauréat, les réformes visent avant tout à instaurer un contrôle continu tout au long de l’année et une sélection post-bac qui ne sera que principalement possible au sein de l’académie d’origine, par le biais de la plateforme PARCOURSUP. Au niveau de l’enseignement supérieur, le souhait de retirer la compensation des notes est d’actualité.

Dans le but de se faire entendre, les étudiants de Tolbiac ont décidé de manifester au sein même de l’établissement, en bloquant les accès aux ascenseurs, empêchant ainsi les autres étudiants du campus de se rendre en cours. Chaque jour de manifestation est également précédé d’une Assemblée Générale ayant pour objectif de diriger correctement le mouvement, d’organiser les prochaines manifestations ou encore de chercher à amplifier la médiatisation autour de leurs actions. C’est donc depuis début février qu’une Assemblée Générale est organisée tous les jeudis : ce procédé permet à l’étudiant boursier qui ne peut se permettre de sécher les cours de pouvoir s’exprimer et participer aux mouvements de contestations. Ces réunions sont évidemment ouvertes à tous et sont principalement des plateformes d’échange dans lesquelles chaque personne possède le droit de parole et de vote. À noter qu’on peut y retrouver professeurs, personnels et étudiants de la dite université. Dans un second temps, les rassemblements sont aussi un moyen d’informer les autres universitaires, de créer le dialogue, tout en amenant des explications sur les objectifs du mouvement.

Cette tentative d’être entendu médiatiquement reste encore sans résultats pour le moment, ce qui désole énormément les contestataires. En effet, bien que le mouvement possède une ampleur actuellement nationale avec des manifestations conjointes, organisées le même jour dans différentes villes, les médias semblent se désintéresser totalement de leur voix. Plus encore : selon eux, il a fallu des actions violentes de la part d’un groupe d’hommes cagoulés envers des manifestants à Montpellier pour que l’on parle un tant soit peu de leurs idées dans les médias, bien qu’il ne s’agisse évidemment pas du cœur du sujet.

Il s’agit donc ici d’un double objectif: informer, mais aussi contrer la désinformation — qui met en avant des étudiants rêvant à un nouveau mai 68, 50 ans après, ignorant leurs revendications. Suite à cela, le doyen de la faculté de Tolbiac a communiqué des mesures et consignes pour assurer la bonne sécurité des étudiants au sein de sa faculté : l’administration est donc au courant des risques possibles encourus par les manifestants, et le fait clairement savoir à travers les échanges existants entre eux et les étudiants.

Toujours dans l’expectative d’accentuer l’importance du mouvement, les étudiants organisent, tout au long des journées de blocus, des ateliers avec des intervenants, tels que des ateliers de prise de parole en public, ou encore des théâtres de l’opprimé pour présenter leurs idées.

Encore une fois, ces étudiants ne se revendiquent pas comme partisans d’un parti politique précis, ni des héritiers de « mai 68 », contrairement aux apparences, mais d’un groupe d’étudiant militant avant tout pour le bien de tous, et tentent tant bien que mal de se débarrasser de cette image que l’on leur attribue. S’émanciper de mai 68, c’est avant tout montrer qu’ils ont conscience des changements qui se sont opérés depuis, et se servir des réseaux sociaux, un moyen d’amplifier le mouvement en s’adaptant à l’ère du temps.

Guillaume Girier et Margot Brunet

--

--