[Synthèse] Quels déchets sur les chantiers aujourd’hui dans le secteur du Bâtiment ?
Aujourd’hui, le secteur du bâtiment génère à lui seul environ 46 millions de tonnes de déchets par an, selon la Fédération Française du Bâtiment (FFB). Pour mieux se situer, c’est 1,5 fois de plus que les déchets des ménages (30 millions de tonnes/an), ce qui représente près de 70% des déchets générés en France (ADEME). Pour mieux se situer, cela équivaut à remplir 36,5 fois le stade de France de béton. La gestion de ces déchets est donc un enjeu majeur qui concerne l’ensemble des acteurs du secteur du Bâtiment. Tous à leur échelle ont le devoir de se mobiliser pour réduire, réutiliser, recycler et repenser la gestion globale des déchets sur les chantiers.
Du maître d’ouvrage aux gestionnaires de déchets, en passant par les architectes, les différents bureaux d’études, les entreprises générales et leurs sous-traitants… Chacun a son rôle à jouer pour la réduction massive des déchets produits chaque année.
En effet, certaines initiatives gouvernementales existent comme la Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTECV) en 2015. Cependant, le tri, le recyclage ou encore la revalorisation des déchets de ce secteur restent à améliorer et à optimiser. En effet, diminuer au maximum les déchets de chantier signifie la réduction de l’empreinte environnementale globale générée lors de l’exécution des ouvrages. Aujourd’hui en France, et toujours selon la FFB, 49% des déchets du secteur du Bâtiment proviennent des travaux de démolition, 38% de la réhabilitation et 13% de la construction neuve. Il faut donc s’adapter à chaque type de déchet pour concevoir un système global fonctionnel. Mais avant de comprendre la manière de les appréhender sur sites, faisons un focus sur les différentes natures de déchets dans le Bâtiment.
Sur l’ensemble de ces chantiers, on catégorise les déchets générés selon plusieurs critères, en fonction de leur composition et du danger qu’ils représentent. Tous les types de déchets ne seront pas présents sur un chantier au même moment. On peut prendre l’exemple de la construction neuve, qui a deux grandes phases distinctes. Tout d’abord le Gros Œuvre, qui génère 75% des déchets, puis le Second Œuvre responsable des 25% restants.
On compte trois grandes catégories de déchets dans le secteur du Bâtiment :
INERTES (73% — gravats, béton, parpaing, briques…) :
Ils ne subissent pas de modification physique, chimique ou biologique pendant la durée de leur stockage sur le chantier. C’est-à-dire qu’ils ne sont pas biodégradables et ne détériorent pas les autres matières avec lesquelles ils peuvent être en contact. Ils ne se décomposent pas, ne brûlent pas et ne produisent aucune réaction physique ou chimique particulière. Parmi les plus connus, on trouve les matériaux issus de la démolition, les pierres naturelles, la terre, le sable…
NON DANGEREUX et NON INERTES (22% — emballages, bois, plâtre…) :
Comme leur nom l’indique, ils n’ont pas de caractéristiques de « dangerosité » (non corrosifs, non explosifs, non toxiques…) et ne rentrent pas non plus dans la catégorie « Inertes ». Ils représentent globalement l’ensemble des déchets d’un entreprise considérés comme « communs » et que l’on nomme les DIB (Déchets Industriels Banals). Entre autres, on y retrouve le plastique, la quincaillerie, les isolants.
DANGEREUX (5% — hydrocarbures, peintures en solvants, produits contenant des gazs fluorés…) :
Il sont surtout issus d’activités industrielles représentant un risque pour l’environnement ou la santé. Ces déchets comme les vernis, les huiles ou l’amiante nécessitent un traitement adapté avant de sortir de l’enceinte du chantier en cours.
L’ensemble de ces types de déchets générés chaque année représente un enjeu majeur dans l’empreinte environnementale de l’industrie du Bâtiment. Leur bonne gestion et la mise en place de solutions viables et généralisées pour les réduire au maximum est primordiale.
Pour synthétiser toutes ces données :
Bien visualiser la répartition des déchets sur les chantiers aide à mieux appréhender leur gestion en phases de travaux, mais aussi leurs circuits possibles une fois sortis de l’enceinte du site de construction. On note de plus en plus de réglementations pour une construction durable, ce qui contraint fortement les acteurs de ce secteur à limiter leurs production de déchets pour chaque projet. Cela regroupe plusieurs phénomènes que vous retrouverez dans plusieurs prochains articles d’Alternative Builders sur ce thème !
Le but sera de se concentrer sur les 3R qui sont 1) Réduire, 2) Réemployer et 3) Recycler. Toutes les clés seront données pour comprendre comment les déchets sont distribués en sortant de la majorité des chantiers. Mais aussi ce qui existe déjà en alternatives encore plus responsables et les innovations en cours… Un article spécifique sera même consacré au réemploi avec ses multiples facettes !
Pour aller plus loin : Focus sur les évolutions de loi en début 2021
- Le projet de Décret Diagnostic Produits-Matériaux-Déchets (PMD) ayant pour objectif d’augmenter le taux de matière réemployable et d’améliorer la traçabilité des déchets du BTP http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=article&id_article=2265
- Le projet de Décret de Tri à la source des 6 flux de chantier
- Le Décret définissant la Responsabilité Élargie des Producteurs (REP) https://ww.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000042575740
- La RE 2020 et son ACV dynamique
- La révision du Code de la Construction et le dispositif ESSOC 2 http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/o3_-_annexe_essoc_ii_-_livre_i_cch.pdf
L’ensemble des chiffres et infographies proviennent de la Fédération Française du Bâtiment, suite à la synthèse : “Etude de scénarii pour la mise en place d’une organisation permettant une gestion efficace des déchets du bâtiment dans le cadre d’une économie circulaire”. Ce document a été publié en Mai 2019 et rédigé par des acteurs de la filière bâtiment afin de répondre à la demande du Ministère Écologique et Solidaire.
