AGRICULTURE & ALIMENTATION

berenice gagne
Anthropocene 2050
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11 min readAug 27, 2023

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LECTURES ANTHROPOCÈNES #2019-2023

“Verde” © Cássio Vasconcellos

Sébastien ABIS, Pierre BLANC, Géopolitique de l’agriculture. 40 fiches illustrées pour comprendre le monde (Eyrolles, 2020).

40 fiches documentées, illustrées de cartes, de graphiques et de tableaux, pour cerner les enjeux géopolitiques et les défis de l’agriculture : du conflit foncier à la sécurité alimentaire, des révoltes de la faim à l’accès à l’eau.

Sébastien ABIS (dir.), Le Déméter 2023. Agriculture et alimentation. La durabilité à l’épreuve des faits (IRIS Editions, 2023).

« À travers des analyses inspirantes et intersectorielles, cette 29e édition du Déméter parcourt le monde et pose de multiples questions à propos des systèmes agricoles et alimentaires. Des producteurs aux consommateurs, l’ouvrage explore différentes composantes de la ferme à la fourchette, non sans examiner certaines dimensions scientifiques, industrielles, logistiques et culturelles ».

Vincanne ADAMS, Glyphosate and the Swirl. An Agroindustrial Chemical on the Move (Duke University Press, 2023).

L’autrice « explore le glyphosate, l’ingrédient actif du Roundup et un herbicide agricole omniprésent, comme un phénomène de science controversée et de vie saturée de produits chimiques. Adams retrace l’histoire de l’invention du glyphosate et de ses multiples utilisations, alors que les activistes, les régulateurs, les scientifiques, les cliniciens, les consommateurs et les malades tentent de déterminer sa dangerosité et son innocuité. Les débats scientifiques et politiques sur la toxicité du glyphosate sont lancés dans un tourbillon — un état dans lequel la certitude est continuellement contestée, divisée et multipliée. Le tourbillon est à la fois un artefact du capitalisme académique, des stratégies militantes et des faits scientifiques controversés, et un moyen de saisir la complexité de la vie contemporaine avec les produits chimiques ».

Antoine BERNARD DE RAYMOND, Delphine THIVET (dir.), Un monde sans faim. Gouverner la sécurité alimentaire (Presses de Sciences-Po, 2021).

« La sécurité alimentaire ne peut plus être seulement envisagée sous l’angle des quantités produites et des questions de développement, elle doit aussi prendre en compte les aspects sanitaires, sociaux, climatiques et environnementaux. Que l’on appelle à une nouvelle révolution verte, à une diversification radicale de l’alimentation ou à des interventions transversales dans les secteurs de la santé et de la protection sociale, aucune approche ne peut en outre faire l’impasse sur les rapports de pouvoir entre les acteurs des différents systèmes alimentaires. Et si, pour relever le défi de nourrir neuf milliards d’êtres humains en 2050, le levier le plus efficace était une transformation de nos modes d’alimentation? ».

Vincent BRETAGNOLLE, Vincent TARDIEU, Réconcilier nature et agriculture (CNRS Editions, 2021).

« La Zone Atelier Plaine & Val de Sèvre : ce grand laboratoire à ciel ouvert, créé en 1994 par Vincent Bretagnolle, couvre aujourd’hui plus de 45 000 hectares de cultures intensives exploités par 450 agriculteurs. C’est sur ce terrain qu’une équipe atypique d’écologues, en collaboration avec les agriculteurs, a produit les études scientifiques parmi les plus significatives sur l’écologie des milieux agricoles au cours des dix dernières années ».

Matthieu CALAME, Enraciner l’agriculture. Société et systèmes agricoles, du Néolithique à l’Anthropocène (Puf, 2020).

« Tout comme l’agriculture industrielle est consubstantielle de la société industrielle, une agriculture écologique ne peut se développer en dehors d’une société écologique. En partant des écrits et pratiques des sociétés préindustrielles, l’ingénieur agronome Matthieu Calame analyse les correspondances entre sociétés et agricultures, et les conditions de l’émergence d’une agriculture de la cohabitation, seule voie d’avenir pour éviter l’effondrement ».

Laura CENTEMERI, La Permaculture ou l’art de réhabiter (Éditions Quæ, 2019).

À rebours des présupposés qui voient dans la permaculture des pratiques cantonnées dans l’infiniment petit et l’ultralocal, dénuées de portée politique, l’ouvrage montre qu’elles visent au contraire, par le renouveau des façons de cultiver et d’habiter, à transformer le monde social et politique.

Véronique CHABLE, Gauthier CHAPELLE, La graine de mon assiette. De l’origine de l’agriculture et des semences à une invitation à changer le monde (Editions Apogée, 2020).

La généticienne et agronome et l’ingénieur agronome livrent une histoire de l’agriculture à travers les graines et les semences, reflets de notre vision de la société. Après la deuxième guerre mondiale, le choix politique de l’agriculture conventionnelle a favorisé la productivité. Les semences sont stabilisées, sélectionnées et distribuées par des entreprises semencières. « 75% de la nourriture mondiale provient de seulement 12 plantes et de 6 espèces animales, 60% de l’apport calorique mondial total n’est issu que de 3 plantes qui sont le riz le blé et le maïs » (France inter, 04/01/2021).

Jeremy CUKIERMAN, Hervé QUENOL, Michelle BOUFFARD, Quel vin pour demain ? Le vin face aux défis climatiques (Dunod, 2021).

« S’il rappelle le contexte, les enjeux et les implications des changements climatiques pour le monde du vin, cet ouvrage met surtout en lumière les initiatives vertueuses et les stratégies d’adaptation, tant à la vigne qu’au chai, lors du transport ou de la commercialisation, s’appuyant sur des exemples variés et innovants à travers le monde entier ».

François DEDIEU, Pesticides. Le confort de l’ignorance (Seuil, 2022).

« Au terme de ce voyage inédit au cœur de la fabrique de l’ignorance, l’auteur apporte des pistes et réflexions pour accélérer la transition vers une agriculture affranchie des pesticides ».

Marc DUFUMIER, De la terre à l’assiette — 50 questions essentielles sur l’agriculture et l’alimentation (Allary, 2020).

Pourquoi la plupart des tomates n’ont-elles plus de goût ? Doit-on l’explosion du nombre de cancers aux produits chimiques présents dans nos aliments ? Peut-on avoir encore confiance dans les labels bio ? Dans cet ouvrage, l’agronome Marc Dufumier répond à 50 questions sur l’agriculture et notre alimentation.

Stéphane FOUCART, Et le monde devint silencieux (Seuil, 2019).

« Comment l’industrie des pesticides a orchestré le plus grand désastre écologique du début du XXIe siècle ».

Gilles FUMEY, Jean-Pierre WILLIOT, Histoire de l’alimentation (Puf, Que sais-je, 2021).

« Jamais nos systèmes alimentaires n’ont été aussi bouleversés que dans la période que nous vivons. Non seulement de nombreux systèmes de production sont en transition vers de nouveaux modèles, mais les consommations évoluent vers des formes personnalisées dont le numérique accélère la mise en place. Dans cette histoire de l’alimentation, qu’ils ont pris le parti de ne pas traiter comme un continuum, Jean-Pierre Williot et Gilles Fumey parcourent toutes les évolutions de la chaîne alimentaire sur les différents continents et montrent à quel point nous devons revoir nos manières de penser l’alimentation ».

Bertrand HERVIEU, François PURSEIGLE, Une agriculture sans agriculteur (Presses de Sciences-Po, 2022).

« La France se vit toujours comme un pays de petites et moyennes exploitations agricoles autonomes. Ce modèle, voulu de longue date et renforcé durant la période de modernisation de l’après-guerre, vole en éclats, laissant place à des formes nouvelles et très diverses d’organisation du travail et du capital agricoles. L’agriculture est devenue un sujet de débat dont chacun s’empare en ignorant la révolution indicible en cours. Cet ouvrage s’applique à la mettre en mots afin de permettre une réflexion sur l’avenir qui ne laisse pas de côté les principaux intéressés ».

David HOLMGREN, Comment s’orienter ? Permaculture et descente énergétique (Editions Wildproject, 2023). Traduction par Sébastien Marot.

« À moyen terme, le changement climatique et l’épuisement des ressources fossiles vont inévitablement nous rattraper. Que faire face à ces réalités ? Comment vont-elles modifier nos sociétés et nos économies ? À partir de ce diagnostic et de ces questions, David Holmgren identifie 4 scénarios d’avenir : 1) dirigisme et sociétés de contrôle (« brown tech » ou technologie brune) ; 2) États-providences et énergies renouvelables (« green tech ») ; 3) sociétés écologiques désindustrialisées (« intendance de la Terre ») ; 4) effondrement et tribalisme néo-féodal (« canot de sauvetage »). Ce travail inédit de « prospective écologique » s’inscrit dans le droit fil de la permaculture — un projet de transformation indissociablement agricole et social ».

Jean-Noël JOUZEL, Pesticides. Comment ignorer ce que l’on sait (Presses de Sciences Po, 2019).

« Une enquête sur les pesticides, en France et aux États-Unis, pour comprendre ce qui conduit les agences d’évaluation à ignorer volontairement certaines données scientifiques lorsqu’elles n’ont pas été élaborées selon les normes de la toxicologie réglementaire ».

Dusan KAZIC, Quand les plantes n’en font qu’à leur tête. Concevoir un monde sans production ni économie (La Découverte, 2022).

L’anthropologue « nous initie aux côtés des paysans et paysannes à un monde où se tissent des liens qui donnent naissance à des familles multispécifiques. Il ne s’agit pas d’arrêter de nourrir les humains mais de commencer à penser une agriculture au travers des rapports coévolutifs que les humains entretiennent avec les plantes, une agriculture des relations. Dans l’héritage de Pierre Clastres, James Scott et Donna Haraway, l’auteur propose de rompre avec le paradigme de la production issu du savoir économique, qui mène à la destruction des paysans et de cette Terre, pour concevoir une agriculture et plus largement un monde sans production et sans économie ».

L’ATELIER PAYSAN, Reprendre la terre aux machines. Manifeste pour une autonomie paysanne et alimentaire (Seuil, 2021).

« Les alternatives paysannes, aussi incroyablement riches soient-elles, s’avèrent totalement inoffensives face au complexe agro-industriel, plus prédateur que jamais. Il est temps d’échapper à notre enfermement dans les niches d’un marché alimentaire réservé aux classes aisées et de reprendre entièrement la terre aux machines. Ce manifeste propose de sérieuses pistes de rupture ».

Anne LAUVIE, Annick AUDIOT, Etienne VERRIER (dir.), La biodiversité domestique. Vers de nouveaux liens entre élevage, territoires et société (Editions Quae, 2023).

« Cet ouvrage réinterroge la diversité des populations animales utilisées en élevage ainsi que la place des races locales. La question de la diversité des animaux d’élevage est abordée en tenant compte de la pluralité des pratiques humaines pour la gérer, l’utiliser et la valoriser. Elle est aussi appréhendée au travers de ses relations avec le reste du vivant, la biodiversité sauvage notamment, que ce soit la diversité de la faune et de la flore dans les territoires d’élevage ou les pathogènes présents dans les milieux d’élevage. Ce livre établit aussi un panorama des nouvelles connaissances produites et des méthodologies de gestion (avancées récentes en génétique, nouveaux questionnements autour des services écosystémiques, résilience des systèmes d’élevage). Il propose enfin une vision prospective qui interroge la place de cette biodiversité au regard des grands enjeux actuels ».

Lucile LECLAIR, Hold-up sur la terre (Editions Le Seuil-Reporterre, 2022).

Une enquête sur l’accaparement des terres en France par de grandes entreprises. « Naguère « réservé » aux pays du Sud, il se répand rapidement dans notre pays. Des grandes entreprises achètent la terre par centaines d’hectares. Elles profitent des failles de la législation, que laissent perdurer le gouvernement et le Parlement ».

Lucile LECLAIR, Pandémies, une production industrielle (Seuil/Reporterre, 2020).

La journaliste enquête sur les dangers sanitaires que porte l’élevage industriel et sur les effets contre-productifs de la biosécurité qui renforce l’industrialisation de l’élevage. Cette situation offre des conditions écologiques optimales à la diffusion de toute nouvelle souche virulente : les conditions de vie des animaux et l’homogénéisation des espèces les rend particulièrement vulnérables aux maladies infectieuses. L’autrice propose également des solutions déjà existantes, qui supposent une politique agricole différente et une modification de nos habitudes alimentaires.

Denis LEFEVRE, Des racines et des gènes. Une histoire mondiale de l’agriculture (Rue de l’échiquier, 2020).

L’ouvrage retrace l’évolution de l’agriculture à travers les époques et nous amène à réfléchir aux enjeux actuels concernant la capacité à nourrir toute la population dans la perspective de l’explosion démographique. Il invite également à repenser la relation de l’humain avec le vivant.

Nicolas LEGENDRE, Silence dans les champs (Arthaud, 2023).

« Enquête au long cours jalonnée de témoignages saisissants, cet ouvrage est une immersion glaçante dans le principal territoire agro-industriel de France : la Bretagne ».

LES GRENIERS D’ABONDANCE, Qui veille au grain ? Sécurité alimentaire : une affaire d’Etat (Editions Yves Michel, 2022).

« Une stratégie politique pour garantir notre sécurité alimentaire dans un monde sous tension : l’intervention de l’État est en effet nécessaire pour lever les obstacles structurels qui dépassent l’échelon territorial ».

Gilles LUNEAU, Steak barbare. Hold-up végan sur l’assiette (éditions de L’Aube, 2020).

Une enquête sur l’agriculture dite « cellulaire », c’est-à-dire la production par des start-up d’aliments (produits animaux) à partir de cellules souches cultivées en laboratoire ou de substituts végétaux assemblés avec des protéines de synthèse (viandes, œufs, laitages, poissons, fruits de mer, gélatines, cuirs, soies etc.). Le journaliste mène une investigation sur les financeurs et les fondations qui portent ces initiatives et alerte sur l’idéologie qui les anime, craignant une véritable rupture de civilisation.

Chris OTTER, Diet for a Large Planet. Industrial Britain, Food Systems, and World Ecology (The University of Chicago Press, 2020).

« Une histoire de notre régime alimentaire moderne non soutenable, riche en viande, en blé et en sucre, qui nécessite plus de terres et de ressources que la planète n’est capable d’en offrir ».

Coline PERRIN, Brigitte NOUGAREDES (dir.), Le foncier agricole dans une société urbaine. Innovations et enjeux de justice (Cardère, 2020).

Un ouvrage de recherche collectif et pluridisciplinaire (géographie, sociologie, urbanisme, architecture et économie) qui présente des études de cas sur des innovations locales de gestion publique du foncier et du bâti agricoles, en France méditerranéenne, en Suisse, en Italie et en Algérie, pour articuler justice sociale et préservation de l’environnement dans un contexte d’urbanisation croissante.

Pierre RAFFARD, Géopolitique de l’alimentation et de la gastronomie. De la fourche à la FoodTech (Le Cavalier Bleu éditions, 2021).

« Souvent réduite à sa seule dimension anecdotique et divertissante, l’alimentation est aussi une puissante arme de domination et de conquête. Élément de souveraineté, enjeu humanitaire, elle est, à chaque maillon de la chaîne, un outil géopolitique essentiel dans le contrôle des bouches et des esprits ».

Ian SCOONES (dir.), Pastoralism, Uncertainty and Development (Practical Action Publishing, 2023).

« Les pâturages couvrent plus de la moitié de la surface terrestre de la planète et accueillent des millions de personnes et de bétail, souvent dans des environnements difficiles et hostiles. Les chapitres de cet ouvrage explorent la manière dont la mobilité pastorale est maintenue, dont les ressources sont gérées, dont les marchés sont combinés, dont les protections sociales sont fournies et dont les modèles d’accumulation et d’investissement sont maintenus dans un monde de plus en plus globalisé et interconnecté. En se concentrant sur les attributs de flexibilité, d’adaptation, d’innovation et d’apprentissage pour générer de la fiabilité, ce livre offre des leçons plus larges pour le développement dans les zones pastorales du monde entier qui vont au-delà des modes rigides de planification, de gestion et de contrôle ».

Alessandro STANZIANI, Capital Terre, une histoire longue du monde d’après (XIIe-XXIe siècle) (Payot, 2021).

« La longue histoire de l’agriculture devenue productiviste et capitaliste, depuis les transformations des semences et espèces jusqu’à l’exploitation des producteurs, en passant par l’expropriation des paysans et la chimie des engrais et des pesticides » (la vie des idées, 02/02/2022).

Caroline STEEL, Sitopia. Comment la nourriture sauvera le monde (Rue de l’Echiquier, 2021). Traduction par Marianne Bouvier.

« La nourriture menace notre futur. En cause ? Le peu de prix que nos sociétés industrielles lui accordent, et la distance croissante qu’elles entretiennent entre producteurs et consommateurs. Pourtant, l’alimentation est de loin le moyen le plus puissant dont nous disposons pour faire face aux difficultés et saisir les opportunités de notre ère urbaine et numérique. En lui redonnant sa juste valeur, il devient non seulement possible de renverser les effets délétères dont elle est la cause, mais aussi de s’en servir comme levier d’action et de transformation vers une société meilleure, où il ferait bon vivre ».

Bertrand VALIORGUE, Refonder l’agriculture à l’heure de l’Anthropocène (éditions le Bord de l’Eau, 2020).

Les changements induits par l’Anthropocène fragilisent le système alimentaire et l’agriculture elle-même est mise en cause par des mouvements sociaux quant à son rôle dans le changement climatique. De nouveaux entrepreneurs d’une agriculture dite cellulaire émergent ainsi : la production de denrées alimentaires se basent alors « sur la multiplication de cellules animales ou végétales dans des laboratoires à partir des connaissances et moyens offerts par les biotechnologies ». La profession agricole est sommée de se transformer sous peine de disparaître et de bifurquer vers une agriculture régénératrice qui limite son empreinte environnementale, qui répare l’atmosphère par le stockage de CO2, qui restaure la biodiversité en (ré)introduisant des espèces anciennes ou nouvelles et qui réforme les institutions inadaptées, à la fois politiques, agronomiques/zootechniques et économiques (la vie des idées, 06/10/2020).

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berenice gagne
Anthropocene 2050

Vigie du changement global, je vois l’Anthropocène partout. Un œil sur le Capitalocène, l'Urbanocène & le Plantationocène