Dessiner le droit dans l’Anthropocène

Participation des étudiant·e·s de l’école Émile Cohl (Lyon)

Lou Herrmann
Anthropocene 2050
5 min readDec 20, 2021

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Dessiner le droit dans l’Anthropocène est un projet de recherche exploratoire porté par l’École urbaine de Lyon* qui interroge, par le dessin, la façon dont le droit répond de manière originale et inédite aux multiples défis de l’Anthropocène. Il questionne ainsi la capacité d’interprétation et de création du droit face aux mutations du système Planète-Terre-Monde**. Les défis soulevés par l’Anthropocène se diffusent dans toutes les sphères normatives et en infléchissent le contenu, structurent la forme, imposent une mutation de la règle, induisent l’exploration de voies alternatives. Le dessin est envisagé comme une écriture singulière, support d’une intelligibilité propre capable d’exprimer ces enjeux de manière originale et performante.

50 sources juridiques (traités, lois, chartes, décisions contentieuses,…) sélectionnées pour leur force créative ; 50 duos composés d’un·e artiste et d’un·e juriste, un duo par source ; 50 rencontres ; 50 dessins. Voilà le programme de Dessiner le droit dans l’Anthropocène. Un exercice de traduction donc. D’abord une traduction orale : quand le·la juriste explique à l’artiste les enjeux, l’histoire et l’apport de la source juridique sélectionnée. Puis une traduction dessinée : quand l’artiste exprime par le dessin ce qu’il·elle en a saisi.

Nous avons proposé l’exercice aux étudiant·e·s en illustration de l’école de dessin Émile Cohl. Dans le cadre d’un atelier de dessin de presse, sous la direction de François Olislaeger, nous leur avons confié trois affaires, présentées par trois juristes. Découvrez ci-dessous leurs regards dessinés, parfois drôles, d’autres fois poétiques, toujours vifs. Une occasion ici de les féliciter et de les remercier.

L’affaire Asghar Leghari (2015, Haute Cour de Lahore)

racontée par Emma Novel, doctorante en droit de l’environnement (Université Lyon 3, Ecole urbaine de Lyon).

Premier jugement climatique au monde, condamnant l’inaction du gouvernement pakistanais face au changement climatique et à la sécheresse qui en découle. Une affaire dans laquelle, Ashgar Leghari, fils de paysans et étudiant en droit, a demandé aux juges de défendre le droit de ses parents à la vie, à la dignité humaine, à l’information et à la propriété.

1. Louna Gauriaud / 2. Nina Girardot
2. Romain Lacau / 3. Héloise Lemieux
4. & 5. Apolline Bescher / 6. Pierre Chandezon

L’affaire Urgenda (2019, Cour suprême des Pays Bas)

racontée en anglais par Dennis Van Berkel, avocat spécialiste du changement climatique (legal counsel to the Urgenda Foundation and co-director of the Climate Litigation Network)

Une décision historique et symbolique, qui a fait de nombreux émules, au cour de laquelle la Cour suprême des Pays-Bas a reconnu l’existence d’un consensus scientifique sur la gravité du changement climatique, la contribution des activités humaines à ce changement et l’obligation des États de définir des objectifs nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre afin de protéger les citoyen·ne·s et la nature face au changement climatique et aux activités polluantes.

1. Leonore Stuckens / 2. Emma Wos
3. Sophie Blaise / 4. Thomas Tcherkezian
5. Eve Siropt
6. Laetitia Geraud / 7. Antoine Pommier
8. Mathilda Abousamra / 9. Jennifer Celani
10. Carla Charreton / 11. Sarah Chary
12. Yihui Chang / 13. Keming Li

Les affaires des ‘décrocheurs’

racontée par Antoine Le Dylio, Avocat au barreau de Paris

En décrochant et en dérobant dans plusieurs mairies françaises, le portrait du Président de la République, les militant·e·s de la cause écologique cherchent à interpeller le gouvernement sur l’urgence climatique et utilisent le tribunal comme une tribune. Il·elle·s convoquent l’état de nécessité pour défendre leur cause.

1. Ambre Buathier / 2. Lola Rorato
3. Ariadne Stamatiadis / 4. Coline Vagne
5. Victor Bernard / 6. Tanguy Chapuy
7. Lina Najib / 8. Aymerick Paccoud
9. Laura Daniere / 10. Sylvain Renard

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*Le projet est dirigé conjointement par Isabelle Michallet (enseignante et chercheuse en droit de l’environnement, Université Lyon 3, EVS — UMR 5600 — CNRS), Jérémy Cheval (docteur en architecture, chargé de formation à l’École urbaine de Lyon), Lou Herrmann (docteure en urbanisme, chargée de mission et édition à l’École urbaine de Lyon) et Natalia Kobylarz (juriste référendaire au greffe de la Cour européenne des Droits de l’Homme).

  • * La planète étant définie comme un système biophysique qui a existé sans l’humanité et pourrait continuer d’exister après elle ; la Terre désignant la planète transformée en habitat (écoumène) ; le Monde correspondant à l’état contemporain de l’écoumène-Terre profondément lié à l’urbanisation généralisée (Lussault, M. (2013). L’avènement du Monde. Essai sur l’habitation humaine de la Terre. Paris : Seuil.)

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