Nous « sommes » la Terre.

Par Patrick Degeorges, philosophe, chercheur associé à l’IXXI et membre de l’Institut Michel Serres.

École Urbaine de Lyon
Anthropocene 2050
14 min readJul 24, 2020

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De fin août à mi-septembre 2018, trois chamanes Kogis de Colombie et une quinzaine de scientifiques français (naturalistes, géographes, agronomes, anthropologues, philosophes, un astrophysicien, un médecin, un apithérapeute spécialiste de la culture maya des abeilles et un musicologue) se sont rencontrés pour croiser leurs regards sur un territoire situé dans le Diois aux sources de la Drôme. Français et Colombiens ont travaillé 5 à 6 jours séparément, avant de se rejoindre trois jours pour partager leurs analyses sur l’eau, la végétation, la faune, les usages des sols, les effets du changement climatique, la géologie et l’histoire humaine des paysages. Et ce tout en confrontant leurs manières de connaître le monde.

Shibulata en juin 2019 à Dibulla en Colombie (©Patrick Degeorges)

Cette expérience entreprise à l’initiative des Indiens Kogis de la Sierra Nevada de Santa Marta a été rendue possible par l’association Tchendukua. Elle a également reçu le soutien de la Taironatrust, une fondation britannique, et du Ministère de la Transition Écologique. La coordination des équipes scientifiques a été assurée par l’Institut Michel Serres (ENS de Lyon -IXXI) en collaboration avec le Ladyss (Paris 7). Une première restitution de ces échanges a eu lieu le 26 novembre 2018 lors d’une conférence organisée à l’ENS de Lyon (http://www.ens-lyon.fr/evenement/recherche/regards-croises-sur-la-sante-commune-du-contrat-naturel-aux-savoirs).

Ce texte a été écrit à la suite de cette rencontre.

« Joie : matière dont est faite la Biogée »
(Michel Serres)

Lorsque nous mesurons la valeur des écosystèmes dont nos sociétés dépendent, nous sommes assez bien équipés pour évaluer leur productivité et les divers services de régulation du climat, des inondations, ou de pollinisation qu’ils procurent. En revanche, nous sommes embarrassés dès qu’il s’agit d’apprécier combien nous tenons, culturellement et affectivement, à préserver le patrimoine vivant de la nature. Il nous est beaucoup plus aisé d’estimer le débit d’un fleuve en kilowatt/heure ou de calculer la quantité de carbone stockée dans des sols ou des arbres que de qualifier le sens et la valeur intrinsèque que porte la mémoire des lieux dans le coeur humain. Les méthodes quantitatives de l’écologie et de l’économie ne savent pas apprécier ce qui nous attache à la Terre. C’est pourquoi les destructions des milieux naturels s’accélèrent en même temps que l’information et les alertes scientifiques sur les risques d’effondrement des écosystèmes planétaires se banalisent.

De manière générale, les mesures de la dégradation des écosystèmes et de leur capacité à garantir un certain nombre de services s’inscrivent dans des démarches de « développement durable ». La connaissance du fonctionnement de la nature légitime alors tout un ensemble de dispositifs d’évaluation des coûts écologiques de l’activité économique (compensation, consultation publique, études d’impacts, normes de sécurité…) qui permettent de rendre socialement acceptables l’artificialisation des milieux et l’exploitation des ressources. Le calcul des dommages et les précautions prises pour les contenir viennent ainsi paradoxalement autoriser et justifier l’appropriation économique de la nature. Malgré les alertes, les résistances, les catastrophes, le projet de rentabiliser le « capital naturel » peut donc se poursuivre. Bien que tous les savoirs scientifiques dont nous disposons démontrent l’absolue dépendance de l’humanité vis-à-vis de la biosphère, nous jouons désormais avec les points de basculement du climat global, au péril (assumé ?) de rendre la planète inhabitable.

Les Kogis ont compris cette folie. Pour reprendre les mots du chamane, qu’Alan Ereira a placé à la fin de son film « Aluna » (1), nous avons « vendu les nuages » ! Nous ne nous sentons plus concernés par l’avenir du monde auquel nous appartenons. Aussi délirant que cela puisse paraître, nous nous croyons capable d’exister de façon séparée de la nature. C’est pourquoi nous avons tant de difficulté à comprendre ce que les Kogis nous disent si simplement quand ils nous rappellent que nous « sommes » la Terre. Comment donc retrouver le sens de cette évidence ?

Pour les Kogis, la Sierra Nevada, qu’ils habitent depuis plus de 5000 ans, au nord de la Colombie, est le « coeur du monde ». Ce coeur battant donne la mesure, au sens musical, d’un ordre terrestre auquel il revient aux humains d’apprendre à s’accorder pour le perpétuer. Cet art vital de la mesure n’a rien à voir avec l’espace abstrait dans lequel se déploie la mathématisation des choses, et au moyen duquel la technologie « arraisonne » la nature pour la transformer en un fonds de ressources disponibles, ne retenant des êtres que ce qui entre dans la géométrie du cadre défini « par avance » qui en assure « la maîtrise et la possession ». Pour notre pensée objectivante et opératoire, qui fonde la connaissance sur la mise à distance, la « re-présentation », et donc sur le détachement et le contrôle, la façon dont les Kogis nous invitent à renouer intérieurement avec le vivant pour agir avec lui dans une relation d’épanouissement réciproque est déroutante.

Les Kogis ne conçoivent pas que l’on puisse discuter des affaires humaines sans considération de leurs répercussions sur les besoins de tous les autres êtres de la nature, que l’on puisse s’accorder sur la justice, la beauté, le bien et le mal, sans consulter la communauté des vivants, ou penser le bien-être d’une personne sans prendre soin de la santé commune des collectifs sociaux et écologiques parmi lesquels elle existe. Le territoire est un corps dont l’unité indissociablement organique et spirituelle exprime la vie de la Terre. La pensée n’est pas le propre des humains, elle est la langue du monde. Tout ce qui existe est interconnecté : « … réseau de liens multiples où toutes choses, congruentes, conspirent et consentent, entrelacs qui s’attache, par un treillis de relations, au tissu social et humain, désormais solidaire » pour reprendre les mots de Michel Serres. Cet ordre cosmique, des pierres, de la mer, des eaux de surface et des eaux souterraines, du ciel, des plantes, des animaux, n’existe pas de façon extérieure à la société humaine. Il se manifeste dans l’architecture des maisons et des temples, dans la forme des pots en argile, des sacs tissés, comme dans celle du corps humain. Chaque être, visible et invisible, tient son sens d’appartenir et de travailler au même monde commun que tous les autres. Un monde que les humains ont la mission de connaître pour le préserver.

Cette tradition est venue à notre rencontre à travers le regard que trois chamanes ont posé sur la vallée de la Drôme. Venue pour nous réveiller au monde, justement, dont nous avons si bien appris à nous détourner et que nous consacrons, depuis si longtemps, nos pensées à quitter.

« La notion de négligence fait comprendre notre temps » écrivait Michel Serres, en 1990, dans le « Contrat naturel ». Négliger, c’est ne plus se donner la peine de porter attention à ce qui relie, à ce qui rassemble, jusqu’à en mépriser le sens et la valeur. C’est à cette indifférence qu’avec insistance, et avec un étonnement, parfois teinté d’effroi, les Kogis nous ont confronté. A quoi bon, nous disent-ils, tous vos savoirs, s’ils ne sont pas des « co-naissances », s’ils ne vous relient pas à ce quoi vous tenez, s’ils ne vous permettent pas de protéger ce dont vous dépendez, s’ils ne vous gardent pas de négliger le monde ? Changement climatique, extinction massive de la biodiversité, désertification accélérée des sols par l’agriculture industrielle, contamination chimique des eaux douces, émergence de nouvelles bactéries antibio-résistantes… Tous les désastres écologiques au milieu desquels nous vivons aujourd’hui sont les criants témoignages de cette négligence.

Issus de l’amplification, exponentielle depuis les années 1950, des impacts du développement techno-économique sur la biosphère, ils sont autant de preuves de la folle prétention de la modernité à faire de la guerre contre la nature la condition de la paix et du bonheur des hommes. Leurs ramifications imprévisibles aux conséquences catastrophiques mettent désormais en danger tous les écosystèmes de la Terre, tous les organismes qui les habitent et toutes les sociétés qui en dépendent. Ce chaos qui envahit nos sociétés marque violemment le retour du monde ! Et nous nous y attendions si peu, que nous nous en trouvons profondément désorienté au point de ne pas savoir comment lui répondre.

Depuis leur position « au coeur du monde », les Kogis, quant à eux, ont déjà vécu dans leur chair l’avènement cataclysmique des Temps modernes : plus de 50 millions de morts entre 1492 et 1610, des peuples anéantis du jour au lendemain, de brillantes civilisations détruites à jamais. Ecoutons Montaigne : « Tant de villes rasées, tant de nations exterminées, tant de millions de peuples passés au fil de l’épée, et la plus riche et belle partie du monde bouleversée, pour la négociation des perles et du poivre : mécaniques (viles) victoires ». Aujourd’hui, comme hier, la loi d’airain du capitalisme marchand, la folle course aux métaux précieux, l’exploitation des populations indigènes se poursuit partout et jusque dans les montagnes sacrées de la Sierra Nevada.

C’est pourquoi les Kogis sont si inquiets autant pour l’avenir de leur territoire ancestral que pour l’avenir du monde. Ils sont conscients que nous vivons désormais au seuil d’un nouvel âge de la Terre et que la nature, en réaction à l’accroissement des puissances d’intervention humaine, se comporte de façon nouvelle. Ils perçoivent dans la Sierra Nevada la réalité de ce que les sciences du Système-Terre nomment l’Anthropocène, pour désigner la transformation globale et durable du fonctionnement de la biosphère que nous habitons depuis la fin de la dernière glaciation, il y a 12 000 ans, et qui est le seul état du Système-Terre dont nous savons avec certitude qu’il peut accueillir les civilisations contemporaines. Pour les Kogis, l’ère que nous risquons de quitter était en effet propice à l’accomplissement des capacités propres à l’humanité.

La grande perturbation que décrivent nos scientifiques, est la réponse du monde à un message, une information que, nous autres modernes, ses plus jeunes enfants, envoyons à la Terre, à la Mère, « depuis Colomb ». Nous lui signifions que « nous voulons que cela s’arrête, que cela finisse ». C’est un message de mort que ceux qu’ils appellent, leurs « petits frères », font remonter à la source de la vie. « Si vous ne retrouvez pas le chemin des règles ancestrales d’équilibre entre les humains et la nature », nous disent-ils, « vous entrez en compétition avec elle : Et qui va gagner, à votre avis ? » demande Mama Bernardo. Si la Terre peut vivre sans nous, la réciproque n’est pas vraie.

Comment faire la paix avec la Terre ? Le venue des chamanes Kogi dans la Drôme est un acte diplomatique qui montre en quoi pourrait consister une politique de la Terre. Les Kogis sont partis pour la France parce que la Sierra leur a enjoint cette mission. Ils sont ses porte-paroles, ses ambassadeurs. C’est à ce titre qu’ils sont allés, à la rencontre des montagnes drômoises, « baptiser » un lieu sacré, fonder un temple, le premier « Ezhuama » jamais créé hors de la Sierra Nevada, pour réveiller nos consciences à la communauté de destin, à la proximité vivante qui relient tous les territoires en une seule et même Terre.

Comme nous commençons de le ressentir dans nos chairs, à travers la prolifération des drames écologiques, de même que les conséquences de nos actions reviennent sur leurs causes, tout ce que nous faisons ici a des effets là-bas, et réciproquement. Voici donc, dans la Drôme, le présent de ce lieu dédié à la maison commune de tous les hommes autour duquel ils espèrent que nous saurons nous rassembler. Ce n’est, en effet, qu’en nous rendant sensible à l’unicité de la Terre que nous pouvons nous représenter le sens de ce que nous faisons et expérimenter la consistance et la vulnérabilité du monde auquel nous appartenons. Comment autrement pourrions ressentir que tous les succès égoïstes dont nous nous enorgueillissons au détriment de tous les autres vivants constituent autant de progrès vers notre propre extinction ? Comment autrement pourrions-nous, pour éloigner les terribles catastrophes que nous appelons sur nos têtes, transformer les boucles de rétroactions écologiquement destructives dont nous sommes à la fois les initiateurs et les victimes en boucles de réflexion et de ressourcement ?

Ce sens de l’unité de la Terre, les Kogis ont tenté également de le réanimer en conduisant, pendant deux semaines, avec une vingtaine de scientifiques, un dialogue pour confronter leur compréhension du territoire à la nôtre. En nous montrant que leur façon de connaître la nature pouvait trouver une corroboration objective dans nos sciences, ils nous ont en même temps montré les limites de ce que nous appelons un savoir. Car ce n’est pas savoir que de savoir sans agir en cohérence avec ce savoir. L’hyperspécialisation des disciplines académiques qui ont de plus en plus de difficulté à trouver un langage commun atomise le monde, met en pièce la nature. Comment dans ces conditions répondre au souci de l’unité du monde que la multiplication de perspectives fragmentaires a fait perdre de vue ? Tant que nous subordonnons l’acquisition de la connaissance au pouvoir de soumettre son objet à nos projets, nous ne pouvons entrer en « Zhigoneshi », « aider la nature, se mettre à son service, pour que, en retour, la nature nous aide et nous soigne » (Mama Shibulata).

Le processus de connaissance, « shibulama », auquel nous invitent les Kogis, ne procède pas d’une mise à la question objective mais naît, au contraire, d’un ajustement et d’une coopération entre des sujets à l’écoute les uns des autres. C’est un acte collectif de participation et de communion qui exprime la solidarité entre la conscience humaine et l’ordre du monde. Il nomme littéralement les fils vivants qui rattachent tout ce qui se donne à connaître au tissu continu de la nature. Il relève d’une sensibilité élargie aux réseaux, visibles et invisibles, qui expriment l’interdépendance de tout ce qui fait la Terre : les gens, les roches, les abeilles, les arbres, les eaux, les cieux… Avec l’aide des artistes et des anthropologues, présents aux côtés des naturalistes, des géographes, des géologues, des médecins, des philosophes et des physiciens réunis durant les échanges engagés dans la Drôme, les chamanes Kogis nous ont fait don d’une nouvelle image du territoire à la rencontre duquel ils sont venus nous montrer comment renouer avec le monde et l’avenir. Une image de la Drôme à l’image de leur Sierra Nevada. Une seule et même Terre à connaître pour la préserver ici comme là-bas.

La Vallée de la Drôme à l’image de la Sierra Nevada de Santa Marta, une carte « sensible » issue du « diagnostic croisé » organisé par l’association Tchendukua

La sagesse de la tradition dont les Kogis sont les gardiens est vitale pour retrouver, face à la panique écologique qui saisit nos sociétés, le sens des priorités. Par où commencer pour s’engager sur les chemins de la coexistence avec la Terre ? Notre première tâche devrait être la vigilance à protéger l’eau. Car, à travers tous les êtres vivants, comme l’a puissamment exprimé Saga Narcissa, c’est l’eau qui sent, perçoit, danse, pense, chante… « L’eau est comme une personne, c’est elle qui donne la vie ». Elle est ce qui fait que les pierres des montages aussi sont vivantes. Il ne faut pas la souiller, car c’est elle qui restaure et préserve nos corps des maladies. En l’eau se trouve ainsi reliées indissociablement la santé humaine, la santé des milieux naturels et la santé sociale : « Il ne faut pas maltraiter l’eau, ni les femmes. Maltraiter l’eau, c’est maltraiter les femmes. Maltraiter les femmes, c’est maltraiter l’eau. » Pour entrer en partenariat avec la Terre, en une symbiose avec les éléments et les vivants capable de régénérer nos sociétés inégalitaires, oppressives, et guerrières, sans monde et désormais sans futur, commençons donc simplement par respecter l’eau.

Comme l’écrivait Michel Serres, « sous risque éminent de mort, nous avons à décider la paix entre nous pour sauvegarder le monde et la paix avec le monde afin de nous sauver ». Nous avons pour cela à concevoir, pour « représenter l’eau de la mer ou les glaciers de montagne », de nouvelles institutions, « où Homo politicus accueillerait les éléments et les vivants, quasi-sujets non appropriables, parce que formant l’habitat commun de l’humanité. » Le conseil des Kogis de prendre soin de l’eau comme d’une personne rejoint ainsi la proposition du Contrat Naturel, si mal accueillie et si souvent tournée en dérision, comme formellement impossible ou simplement irrationnelle, voire régressive, jusqu’à comparer son auteur à un « chamane en transe » : « Retour donc à la nature ! Cela signifie : au contrat exclusivement social ajouter la passation d’un contrat naturel de symbiose et de réciprocité où notre rapport aux choses laisserait maîtrise et possession pour l’écoute admirative, la réciprocité, la contemplation et le respect, où la connaissance ne supposerait plus la propriété, ni l’action la maîtrise, ni celles-ci leurs résultats ou conditions stercoraires. Contrat d’armistice dans la guerre objective, contrat de symbiose : le symbiote admet le droit de l’hôte, alors que le parasite — notre statut actuel — condamne à mort celui qu’il pille et qu’il habite sans prendre conscience qu’à terme il se condamne lui-même à disparaître ». Le sens du contrat naturel ne peut apparaître qu’à la condition d’opérer entre nous, collectivement, ainsi qu’en chacun de nous, intimement, une révolution des manières de ressentir, de penser et d’agir qui nous émancipe des affects d’appropriation et des pulsions de destruction de la « maison monde » à laquelle nous vivons d’appartenir. Il suffit de comprendre que nous « sommes » la Terre pour reconnaître à la nature une égalité de droit.

L’extension de la personnalité juridique à des entités de la nature fait aujourd’hui jurisprudence et participe à l’écriture d’une nouvelle « loi de la Terre » — « Earth Law ». La Constitution de l’Équateur de 2008 et une loi bolivienne de 2011 (Ley de derechos de la Madre) ont ainsi accordé des droits à la Terre-mère, dont le droit de ne pas subir de pollution ainsi que le droit corrélatif d’obtenir réparation en cas d’atteinte. En 2017, le Parlement néo-zélandais a reconnu la qualité de sujet de droit au fleuve Whanganui, suivi quelques jours plus tard par la justice indienne qui a hissé le Gange et l’Himalaya au rang de personnes. Des perspectives inédites émergent ainsi pour réanimer les territoires et résister aux modèles dominant d’exploitation et de domination de la nature en nouant dans un nouveau « contrat naturel » les pouvoirs que donnent le politique et le juridique des peuples d’aujourd’hui avec les savoirs ancestraux de ceux qui ont gardé la mémoire de la Terre.

Au seuil de l’Anthropocène, nos sociétés industrialisées et consuméristes sont menacées d’effondrement. Face aux défis sans précédent auquel la nouvelle nature qui est en train de naître confronte l’humanité toute entière, la patiente proposition des Kogis, héritier d’une tradition millénaire, de travailler avec leurs « petits frères » à retisser les relations entre la santé des hommes, des sociétés et des milieux naturels afin de fonder la paix avec la Terre sur l’inséparabilité du bien-vivre des gens et du soin des ressources dont ils dépendent, prend enfin tout son sens. La venue des chamanes dans la Drôme s’inscrit à la fois dans le prolongement de la mission ancestrale du peuple Kogi et dans une histoire de plus de 20 ans de collaboration et de confiance avec l’association Tchendukua en France et la Tairona Trust en Grande-Bretagne. Elle a rassemblé une communauté improbable, ouverte autant sur les sciences que sur les humanités et la spiritualité, pour former une Alliance des Anciens et des Modernes, autour du projet de réapprendre ensemble à habiter le monde en ressuscitant l’art oublié des métamorphoses. Oui, si nous « sommes » la Terre, tout est possible, car nous ne savons pas ce que peut la Terre !

Pour aller plus loin : La thèse de Falk Xué Parra Witte qui, en tant qu’anthropologue spécialiste des Kogis, a joué un rôle clé dans les échanges entre les scientifiques français et les Mamas :

https://www.taironatrust.org/media/files/Falk%20Xue%CC%81%20Parra%20Witte%20(redacted)%20PhD%20Thesis.pdf

(1) Lien vers le film : http://www.alunathemovie.com/fr/

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L’École Urbaine de Lyon (EUL) est un programme scientifique « Institut Convergences » créé en juin 2017 dans le cadre du Plan d’Investissement d’Avenir.