Pourquoi Bergame ? Analyser le nombre de testés positifs au COVID 19 à l’aide de la cartographie. De la géolocalisation du phénomène à l’importance de sa dimension territoriale.
Coordination scientifique : Emanuela Casti et Fulvio Adobati. Chercheurs impliqués : Andrea Azzini, Andrea Brambilla, Francesca Cristina Cappennani, Emanuele Comi, Elisa Consolandi, Marta Rodeschini, Maria Rosa Ronzoni, Anna Maria Variato
Traduction de l’italien réalisée avec l’aimable autorisation d’Emanuela Casti à l’aide du traducteur automatique en ligne Deepl.com (révisée par Lucas Tiphine avec l’aide d’Alfonso Pinto). Les légendes de cartes n’ont pas été traduites (merci de contacter lucas.tiphine(at)universite(tiret)lyon(point)fr pour toute demande complémentaire concernant la traduction).
Pourquoi Bergame ? Pour contribuer à répondre à la question de savoir pourquoi le nombre de testés positifs à la maladie COVID 19 a pris de telles proportions dans cette région — une question que le monde entier se pose — un groupe de chercheurs de l’Université de Bergame a entrepris des recherches qui, à l’aide d’une réflexion fondée sur la cartographie, étudient l’augmentation du nombre de testés positifs en la mettant en relation avec les aspects sociaux et environnementaux du territoire (population, mobilité, travail, pollution) à différentes échelles : celle de l’Italie dans son ensemble, celle de la Lombardie et celle de la province de Bergame.
En partant des recherches scientifiques récentes sur le rôle de la spatialité et de la cartographie dans la représentation des phénomènes sociaux, les objectifs sont : i) d’analyser l’évolution du nombre de testés positifs en relation avec les spécificités socio-territoriales des lieux où la propagation se fait avec le plus de virulence ; ii) de construire des cartes analytiques qui, au-delà du message alarmiste que la plupart des cartes produites par différentes institutions officielles ou non officielles véhiculent sur le nombre de testés positifs, contribuent plutôt à la compréhension du phénomène dans sa complexité.
En ce qui concerne le premier point, il est maintenant établi que pour comprendre et interpréter le présent, la prise en compte de la dimension spatiale des phénomènes sociaux est d’une importance fondamentale. En d’autres termes, le lieu où les choses se produisent est crucial pour comprendre comment et pourquoi elles se produisent. Inclure la manière dont les territoires sont habités dans l’analyse s’applique similairement en ce qui concerne l’augmentation du nombre de testés positifs Covid-19, puisque tant le temps de diffusion accéléré que la propagation réticulaire initiale s’expliquent spatialement.
Les manières d’habiter dans le monde contemporain sont mobiles et urbanisées. Dans le cas de la maladie COVID 19, la mobilité permet d’expliquer que le début de l’épidémie, telle qu’appréhendée par le nombre de testés positifs, est corrélée spatialement à la connexion des lieux. Elle se propage ensuite en fonction de logiques de proximité. L’urbanisation amplifie alors l’épidémie en raison des assemblages inévitables qu’elle implique. Dans la vallée du Pô, bien que les foyers de contagion se soient produits dans des centres périphériques (Codogno, Vo’ Euganeo, Alzano lombardo et Nembro), ils appartiennent toujours à l’agglomération polycentrique généralisée qui caractérise cette région.
Le deuxième objectif, à savoir la construction d’une cartographie réflexive pour contrecarrer la banalisation des cartes et leur pouvoir médiatique dévastateur dans la création de l’inquiétude collective, découle de la fonction innovante que l’on peut attribuer à la cybercartographie. Celle-ci a la capacité à créer une information spécifique autoréférentielle capable de produire d’autres logiques de compréhension des phénomènes, et ce en se détachant de leurs représentations habituelles. En fait, les outils d’information géographique en réseau (WebGIS), s’ils sont bien utilisés, sont capables non seulement de géolocaliser les phénomènes, mais aussi de créer des connaissances en croisant les informations sur le nombre de testés positifs avec des données socioterritoriales concernant les espaces étudiés. La plupart des cartes actuellement en circulation sur l’épidémie de COVID 19 cachent cette potentialité des systèmes cartographiques numériques. L’utilisation des moyens informatiques pour produire des cartes sans raisonnement cartographique et territorial laisse en effet à la “machine” le choix de l’information sans la gérer et la rendre intelligible.
Contexte scientifique :
Au fil des ans, le Centro Studi del Territorio de l’Université de Bergame (Centre d’études sur le territoire) a expérimenté de nouvelles formes de cybercartographie dans le domaine du diagnostic territorial à l’échelle locale, nationale et internationale. Les recherches ont notamment porté sur l’aménagement territorial et paysager ainsi que sur la gouvernance urbaine et environnementale. Celles-ci se sont concrétisées par l’application d’approches théoriques innovantes (Casti, 1998 ; Id. 2013) et de méthodologies qui utilisent des données de terrain (Casti, 2006), provenant de sources multiples (statistiques, archives, médias sociaux, données importantes), ainsi que des plateformes numériques pour leur collecte, leur traitement, leur interprétation et leur diffusion (www.unibg.it/diathesis). Plus spécifiquement, le groupe de recherche interdisciplinaire du Centro Studi sul Territorio a mené des recherches dans la région de Bergame, notamment sur le Val Seriana, qui visait à mettre l’accent sur les dynamiques socioterritoriales liées à l’intégration scolaire, aux déplacements domicile-travail et au monde du travail. Le Centre a également mené une recherche pluriannuelle sur les méthodes et la cartographie dynamique pour la gestion des big data dans le cadre du projet “Excellence Initiative Urban Nexus”, qui a produit une cartographie du “rythme urbain” de Bergame grâce aux données recueillies dans les hotspots de la municipalité.
La présente recherche a été réalisée sur la base du volontariat par des chercheurs de l’Université de Bergame ainsi que par des étudiants et des collaborateurs externes. Elle est coordonnée par le professeur Emanuela Casti, directeur du Centro Studi del Territorio de Bergame, et par le professeur Fulvio Adobati — en utilisant les bases de données du CST et du DiathesisLab sur les différents aspects territoriaux de la ville et de la province de Bergame (sur la répartition de la population, sa composition par tranches d’âge, les différentes formes de mobilité, l’organisation spatiale du territoire, la pollution) et en les croisant avec les données rendues publiques par le Ministère de la Santé et l’Istituto Superiore di Sanità (Institut supérieur de santé).
Les premières cartes présentées dans ce document mettent en évidence des aspects inédits de l’épidémie de COVID-19 appréhendée par le nombre de testés positifs : différents groupes d’âge touchés par l’épidémie selon les régions ; des vues d’ensemble qui ne sont pas les mêmes selon le type de données retenues (réelles ou en pourcentage) ; des implications socioterritoriales différenciées si le pourcentage de l’épidémie est rapporté au nombre total d’habitants : elles offrent de premières réflexions pour contribuer à la construction de l’environnement scientifique qui œuvre à la connaissance du virus tant au niveau national qu’international.
Prochainement, les résultats obtenus par l’Université de Bergame et visualisés grâce à un WebGIS dynamique seront diffusés sur Internet en open source afin de mettre en évidence les caractéristiques socioterritoriales dans la propagation de l’épidémie de COVID 19 et d’encourager leur prise en compte dans sa gestion présente et future. Une communication in itinere est prévue sur la base du suivi de la tendance épidémique et sera publiée sur le site du CST de l’Université de Bergame (www.unibg.it/cst), le site de l’AGeI (Association des géographes italiens) (www.ageiweb.it), ainsi que par le biais des médias sociaux.
Territoire national
Région Lombardie
Province de Bergame
Communiqué de presse original en italien :