VEILLE ANTHROPOCENE #30
Semaine du 15 au 21 mai 2020
Viennent s’ajouter à la pandémie : un cyclone d’ampleur historique qui dévaste les terres bordant le golfe du Bengale, deux barrages débordés par les fortes pluies et inondant une usine de produits chimiques dans le Michigan (Etats-Unis) et une saison des ouragans qui s’annonce particulièrement violente sur la côte Atlantique américaine. Il ne s’agit pas de dresser un inventaire non exhaustif des catastrophes en cours et à venir mais d’étudier comment les gouvernements peuvent se préparer face à des risques combinés annoncés. Pendant ce temps en ville, on fait du vélo et on loue l’architecture comme un art du rassemblement.
Si vous avez des suggestions pour enrichir cette veille, n’hésitez pas à les partager : berenice.gagne@universite-lyon.fr
Retrouvez la veille au fil de l’eau sur twitter : @BereniceGagne
URBAIN
- L’architecte Corinne Vezzoni propose d’inverser notre conception française du terrain constructible : et si nous considérions que tout le territoire français est a priori inconstructible ? « Et si pour construire il fallait donner la preuve qu’il n’y a pas d’autre solution ? » (Le Monde, 22/05/2020).
- « Coronavirus : ce que les grandes épidémies disent de notre manière d’habiter le monde » (Le Monde, 21/05/2020).
- Un entretien avec l’architecte Patrick Bouchain au service d’une architecture à “Haute Qualité Humaine” (France culture, 20/05/2020).
- Un appel à ce que l’architecture et l’urbanisme restent des arts du rassemblement et non de la séparation (Libération, 19/05/2020). Quelques temps forts du texte à retrouver ici.
- Le rôle des entreprises de la Tech dans la transformation des villes états-uniennes, notamment dans le contexte de l’épidémie de Covid-19 : vers une conquête des villes moyennes de l’intérieur du pays et une modification d’ampleur de la carte électorale ? (Le Monde, 19/05/2020).
- Tribune de l’architecte Jeffrey Raven : « Une densité bien pensée peut permettre de répondre aux défis posés par l’urbanisation galopante, les inégalités croissantes et le changement climatique. L’enjeu fondamental du XXIe siècle est de concevoir des systèmes urbains efficaces capables de concilier densité, équité, efficacité et respect de règles sanitaires » (Le Monde, 18/05/2020).
POLITIQUE
- La Commission européenne présente une feuille de route ambitieuse sur l’alimentation et la biodiversité dans le cadre du Pacte vert (Le Monde, 20/05/2020).
DROIT
- Une analyse des bouleversements à venir du cadre réglementaire applicable à l’exploitation de l’espace (Lune, Mars, astéroïdes etc.) et des bonnes pratiques déjà à l’œuvre en Antarctique ou dans les grands fonds marins (The Conversation, 19/05/2020).
SOCIETE
- Les fabricants de boisson soutiennent un projet de production de bouteilles en plastique entièrement végétal et biodégradable (The Guardian, 16/05/2020).
- Le plastique contre-attaque : condamné en début d’année avec l’interdiction de certains produits en plastique à usage unique, le plastique opère un grand retour à la faveur des solutions proposées pour faire face à la pandémie (Usbek & Rica, 16/05/2020).
- Mieux comprendre les mécanismes cognitifs qui régissent nos comportements pour transformer les modes de vie à l’échelle individuelle et collective : « les pouvoirs publics ciblent les comportements individuels sans modifier les infrastructures, la structure sociale et symbolique dans laquelle les individus sont encastrés. Et dans un environnement qui favorise l’accès au plaisir immédiat, la surconsommation, les déplacements en voiture, et le gaspillage, il semble difficile de mettre en place de nouvelles habitudes sur le long terme » (Socialter, 14/05/2020).
HUMAIN/VIVANT/NON-VIVANT
- Un entretien avec l’anthropologue Philippe Descola qui invite à refonder une « cosmopolitique », une « politique de la Terre entendue comme une maison commune » aux humains et aux non-humains (Le Monde, 20/05/2020). Quelques temps forts du texte à retrouver ici.
- Malgré une demande sans précédent dans les banques alimentaires états-uniennes, la fermeture des usines de transformation de la viande en raison de l’épidémie de Covid-19 entraîne le “dépeuplement” dans des conditions effroyables de millions d’animaux d’élevage aux Etats-Unis (The Guardian, 19/05/2020).
- Une étude de l’hypothèse Gaïa, introduite par James Lovelock et Lynn Margulis, qui met en évidence l’extraordinaire influence de la Vie sur la Terre, une Vie incluant tous les êtres vivants existant. L’étude montre « comment le couplage de la Vie avec son environnement a conduit à des effets profonds sur l’habitabilité de la Terre. Reconnaître l’impact de la Vie sur la Terre et en tirer des leçons pourrait être essentiel pour comprendre et naviguer avec succès dans l’Anthropocène » (The Anthropocene Review, 16/05/2020).
PLANETE TERRE
- Une étude du verdissement de l’Antarctique en raison de la prolifération d’une algue microscopique due au changement climatique : le début d’un nouvel écosystème (The Guardian, 20/05/2020).
- Une enquête sur le trafic d’hydrofluorocarbures (HFC), ces gaz principalement utilisés comme réfrigérants dans les climatiseurs et les réfrigérateurs qui ont un effet de serre jusqu’à 15 000 fois plus puissant que celui du CO2 (Le Monde, 20/05/2020).
- Une étude de la baisse des émissions de CO2 due à la gestion de l’épidémie secteur par secteur (The Conversation, 19/05/2020).
- Une sécheresse menace le fonctionnement du Canal de Panama (Courrier international, 17/05/2020).
- Le paléoanthropologue Pascal Picq explique comment la forêt a véritablement modelé l’anatomie de l’espèce humaine et pourquoi il est nécessaire de recréer un destin commun avec les derniers habitants de la forêt (Sciences et Avenir, 16/05/2020).
- Une étude des risques combinés auquel les gouvernements doivent faire face en plus de la pandémie de Covid-19 : les risques climatiques perturbent la réponse aux épidémies, mais l’adaptation au climat nécessite également une stratégie à long terme de préparation aux pandémies (Nature, 15/05/2020).
- Stress hydrique au Maghreb : modification de la pluviométrie liée au réchauffement climatique, mauvais entretien du réseau et insuffisance d’infrastructures d’épuration menacent les petits paysans de la région (Orient XXI, 12/05/2020).
ECONOMIE
- Une tribune de l’économiste Benjamin Coriat sur l’anthropocène, ou le « capitalocène », qui nécessite la mise en œuvre de « politiques publiques qui redonneraient tout leur sens aux services publics, aux biens communs, qui se trouveraient placés sous le contrôle des citoyens » (médiapart, 16/05/2020).
- Un entretien avec l’économiste Michel Aglietta qui mise sur les biens communs et un « catastrophisme éclairé » (impliquant « la disponibilité de surcapacités publiques suffisamment massives selon un principe de précaution rationalisé ») pour sortir de la crise (Le Monde, 15/05/2020).
ENERGIE
- Entretien avec l’économiste Antoine Missemer sur la place des énergies fossiles dans notre vie : « Le pic pétrolier aura-t-il lieu ? La croissance est-elle indissociable de la consommation d’énergies fossiles ? Quel lien y peut-on établir entre transition énergétique et système politique ? » (Usbek & Rica, 20/05/2020).
- Publication d’un rapport international sur les investissements des banques dans les énergies fossiles (Banking on Climate Change). Dans le même mouvement, Les Amis de la Terre et Reclaim Finance publient un rapport sur les investissements français dans le pétrole et le gaz de schiste (Les Amis de la Terre, 13/05/2020).
MOBILITES
- « La question de l’accessibilité des salariés au lieu de travail mériterait aujourd’hui d’être réinvestie par les entreprises, au regard des enjeux économiques, sociaux et environnementaux qu’elle soulève » (Le Monde, 16/05/2020).
- A écouter : « La crise est-elle le moteur de nouvelles mobilités ? » (France culture, 15/05/2020).
- L’étude « Impact économique et potentiel de développement des usages du vélo en France » dresse un état des lieux des différents usages du vélo en France et de leurs trajectoires d’évolution à 5 ou 10 ans. Elle en mesure les effets économiques et analyse les bonnes pratiques internationales en matière de politique « vélo » afin d’éclairer les décideurs publics et privés dans leurs projets de développement des mobilités cyclables, mais également les industriels du cycle, ceux du sport et les professionnels du tourisme désireux de tirer le meilleur bénéfice du retour à la pratique du vélo (Direction générale des entreprises, 06/05/2020).
ENJEUX POST- ET DECOLONIAUX / PEUPLES AUTOCHTONES
- Une tribune de l’anthropologue Nastassja Martin sur le rôle essentiel des collectifs indigènes qui ont construit un rapport au monde informé par l’incertitude à laquelle nous faisons face aujourd’hui : « Préserver le dialogue avec les non-humains est fondamental, car lui seul permet d’éviter les catastrophes qu’entraîne l’oubli que nous partageons ce monde avec d’autres puissances » (Médiapart blog, 21/05/2020).
- Le philosophe colombien Luis Fernando Marín Ardila analyse la stratégie d’isolement dans la forêt amazonienne du peuple Nukak Maku et l’arrivée de la faune sauvage dans les métropoles comme une métaphore des déséquilibres du vivant (France culture, 18/05/2020).
- La perception du confinement et la relation au territoire des autochtones du Canada (La Presse, 18/05/2020). Quelques temps forts du texte à retrouver ici.
- Une tribune sur le racisme structurel qui pousse les Occidentaux à présenter la réponse allemande à l’épidémie comme un modèle au lieu de s’inspirer de véritables réussites non-blanches (Indi Samarajiva, 24/04/2020). L’exemple du Vietnam : 324 cas et aucun mort (Usbek & Rica, 19/05/2020).
- La voix de communautés Aborigènes d’Australie (Barunga, Beswick, Manyallaluk et Borroloola) sur l’épidémie et le confinement : repli dans le bush car la maison c’est le territoire (The Conversation, 14/05/2020).
ARTS ET CULTURES
- A voir : « Affordable Solution for better living », création du duo formé par le plasticien Théo Mercier et le danseur Steven Michel (Théâtre Nanterre-Amandiers) qui met en scène un individu sujet d’un conformisme pleinement intériorisé, incarné par l’étagère star d’Ikea (France culture, 18/05/2020).
- Exposition : « Traversées » (Musée Denys-Puech, Rodez, 8 février-14 juin 2020), la photographe Edith Roux rend compte de la restructuration du quartier populaire des Quatre-Saisons, à Onet-le-Château près de Rodez et accompagne les habitant·es dans le partage d’une mémoire collective et personnelle (métropolitiques, 18/05/2020).
- Un entretien avec l’artiste argentin Jorge Caterbetti au sujet de sa création “Green Carpet. Huella sonora [Esconder el polvo bajo la alfombra]” (Green Carpet. Empreinte sonore [cacher la poussière sous le tapis]) : « en Amérique latine, le concept de biodiversité s’étend à la biodiversité culturelle et inclut également la destruction de peuples autochtones et indigènes […]. Car ces peuples originaires sont attaqués frontalement, et avec eux leur capacité à proposer de nouvelles visions du Cosmos, de nouvelles visions mystiques, de nouvelles odeurs, textures, sensations » (Anthropocene 2050, 15/05/2020).
NUMERIQUE
- Pourquoi le pistage humain des cas de Covid-19, quoique lent et coûteux en ressources humaines, est plus efficace qu’une application numérique ? (The Conversation, 19/05/2020).
SCIENCE
- Un point sur la manière dont les sciences sociales peuvent penser les virus et les épidémies : « au binôme de la virologie et de l’épidémiologie qui conseille majoritairement nos gouvernants sur la conduite à tenir en situation de crise pandémique, il faut ajouter l’écologie, l’anthropologie, la sociologie, l’histoire, l’économie, la philosophie qui nous permettront de repenser le défi social que nous adresse le Covid-19 : comment voulez-vous recomposer vos collectifs ? » (EHESS, 13/05/2020). Quelques temps forts du texte à retrouver ici.
- RAMSES, un projet de recherche européen, qui fournit des preuves quantifiées sur les impacts du changement climatique et les coûts et avantages d’un large éventail de mesures d’adaptation, en se concentrant sur les villes. Le programme propose notamment des ressources sur la résilience urbaine et sur les liens entre les questions de santé et de climat dans les villes (RAMSES).
IDEES
- Le philosophe Pierre Charbonnier analyse « la façon dont l’épidémie actuelle percute nos pensées et modes de vie » (médiapart, 16/05/2020). Quelques temps forts du texte à retrouver ici.
