COVID-19 SARS-CoV-2 VEILLE #1
du 17 janvier au 15 mars
Voici venu le temps de la pandémie. Cette situation inédite au niveau mondial a tout d’un concentré d’Anthropocène : les activités humaines de déforestation et d’urbanisation ont précipité le contact avec un minuscule acteur non-humain désormais mondialisé qui diffuse une maladie potentiellement mortelle. Face à cette incertitude radicale, cette veille propose un tour d’horizon des analyses et réflexions sur la pandémie selon diverses perspectives : sanitaires, politiques, économiques, sociales, climatiques, historiques, philosophiques etc. Elle sera mise à jour chaque lundi. Prenez soin de vous et des autres ❤️
Si vous avez des suggestions pour enrichir cette veille, n’hésitez pas à les partager : berenice.gagne@universite-lyon.fr
Retrouvez la veille au fil de l’eau sur twitter : @BereniceGagne
Pour des données mondiales fiables et à jour sur l’épidémie : le très complet site de Our World in Data qui s’appuie sur les données de l’Organisation Mondiale de la Santé et le tableau de bord mis au point par le Center for systems science and engineering de l’Université Johns Hopkins (Etats-Unis) qui dénombre en direct le nombre de cas confirmés de contamination, de décès mais aussi de guérisons à travers le monde.
URBAIN
- L’urbanisation galopante en Afrique et en Asie, principale cause des nombreuses épidémies qui démarrent sur ces continents. Enchainement implacable : urbanisation, déforestation, contacts entre animaux domestiques, humains et faune sauvage, transmission de virus entre les espèces (The Conversation, 04/03/2020).
- L’empreinte persistante des épidémies sur la géographie urbaine : une étude sur une épidémie de choléra à Londres (Royaume-Uni) en 1854 montre que les loyers du quartier le plus touché gardent encore en mémoire ses traces (Le Monde, 26/02/2020).
- L’urbanisation comme vecteur de propagation des virus (The Conversation, 17/02/2020).
- 2019-nCoV, le « nouveau coronavirus chinois » hautement anthropocène : circulation transfrontalière et franchissement de la barrière d’espèces (France inter, 17/01/2020).
POLITIQUE
- Une analyse de l’idéologie ultralibérale qui fonde le choix d’une stratégie de « pandémie contrôlée » fait, à des degrés divers, par les pays européens hors Italie (Le Grand continent, 15/03/2020).
- Un entretien avec l’historien Kyle Harper (très critiqué par les historien.nes pour les rudes questions historiographiques que pose son travail) qui a publié Comment l’Empire romain s’est effondré (La Découverte, 2019) pointant le rôle majeur joué par le non-humain dans cet effondrement : le changement climatique qui a favorisé l’évolution de bacilles virulents tels que la peste bubonique (AOC, 14/03/2020). Dans le même registre, un spécialiste de la poésie grecque rappelle que les épidémies font souvent suite à de mauvais gouvernants dans les textes antiques (The Conversation, 12/03/2020).
- A écouter : le chercheur en sciences politiques François Gemenne analyse le discours à la nation d’Emmanuel Macron sur le coronavirus, notre peur de l’épidémie plus grande que celle du changement climatique et notre capacité à prendre des mesures radicales (France inter, 13/03/2020). Dans le même registre, Usbek & Rica propose « 5 pistes pour mobiliser sur le climat autant que sur le coronavirus » (Usbek & Rica, 14/03/2020).
- A écouter : le parallèle de plus en plus fréquent entre la gestion de l’épidémie de coronavirus par les politiques et l’inaction face au dérèglement climatique (France culture, 13/03/2020).
- La gestion de l’épidémie par la Chine ouvre de nouvelles perspectives sur la conception du pouvoir : l’omniprésence des applications dédiées au contrôle des mouvements de population se révèle d’une efficacité redoutable. Le coronavirus fait sortir de l’ombre le système de surveillance chinois déjà bien ancré dans la vie quotidienne. En fait, « nous sommes confrontés à la première urgence sanitaire de l’ère de l’intelligence artificielle » (Le Grand Continent, 12/03/2020).
- L’épidémie de coronavirus sera-t-elle le coup de trop sur des institutions déjà démolies par le néolibéralisme ? (Le Monde diplomatique, 11/03/2020).
- Une analyse du retour de l’Etat « administratif » aux Etats-Unis à la faveur de l’épidémie de coronavirus (Financial Times, 11/03/2020).
- Le gouvernement chinois envoie des médecins et du matériel en Italie pour partager son expertise sur l’explosion du nombre de cas de Covid-19 (Vice, 11/03/2020).
- Republication d’une chronique prononcée au moment de la canicule de 2003 par le philosophe Jacques Rancière sur les transformations de l’État contemporain et les usages de l’insécurité (Le Grand Continent, 10/03/2020).
- Une explication des mesures prises par Taiwan dès le début de l’épidémie pour rester à un niveau très faible de contamination malgré une très grande proximité avec la Chine (Vox, 10/03/2020) et en français (Usbek et Rica, 13/03/2020).
- Comment la sphère socio-économique s’entrelace avec le biologique : une analyse des conséquences économiques et politiques de l’épidémie de coronavirus en Chine et dans le monde (Chuang, 26/02/2020). En version française (Des nouvelles du front, 01/03/2020).
- Pour le philosophe italien Giorgio Agamben, la panique entretenue sur le coronavirus sert à justifier « la tendance croissante à utiliser l’état d’exception comme paradigme normal de gouvernement » et répond au « besoin d’état de panique collective » qui s’est répandu ces dernières années dans les consciences des individus (Acta.zone, 26/02/2020).
- Analyse : le coronavirus souligne et amplifie les contradictions et les crises de fond déjà présentes dans le monde contemporain (Le Grand Continent, 24/02/2020).
SOCIETE
- « Nous avons besoin de solidarité sociale, pas seulement de distanciation sociale » : le sociologue Eric Klinenberg pointe l’isolement social comme facteur de risque majeur pour les personnes vulnérables tandis que la solidarité et l’interdépendance entre humains sont des ressources essentielles à la survie (The New York Times, 14/03/2020).
- Une invitation à s’appuyer sur l’expérience de la « communauté sida » pour faire face à l’épidémie de coronavirus en s’auto-organisant, en réduisant les risques et en faisant preuve de solidarité vis-à-vis des plus vulnérables (Gwen Fauchois, 12/03/2020).
- Coronavirus et zombies : ce qu’ils disent de notre humanité (The Conversation, 09/03/2020).
- Le jeu vidéo « Plague Inc. », créé en 2012, qui consiste à faire muter un virus chinois pour qu’il infecte l’intégralité de la population mondiale, a été retiré de l’App Store en Chine (Le Monde, 27/02/2020).
- L’Arabie saoudite suspend l’entrée sur son territoire des pèlerins pour le “petit pèlerinage” (Omra) (Issues, 27/02/2020).
- Récit de la vie en confinement à Beijing et dans le nord de l’Italie (Le Monde, 25/02/2020).
- Premières mesures de confinement en Europe dans le nord de l’Italie pour faire face au virus SARS-CoV-2 (Le Monde, 24/02/2020).
SANTE
- Le COVID-19 va-t-il devenir une maladie saisonnière chronique ? (The Atlantic, 24/02/2020).
HUMAIN/VIVANT/NON-VIVANT
- Les scientifiques sont à la recherche de l’animal intermédiaire qui aurait servi au coronavirus 2019-nCoV de passeur entre les chauves-souris et les humains sur un marché de fruits de mer vivants et d’animaux sauvages à Wuhan en Chine (Nature, 23/01/2020).
- 2019-nCoV, le « nouveau coronavirus chinois » hautement anthropocène : circulation transfrontalière et franchissement de la barrière d’espèces (France inter, 17/01/2020).
PLANETE TERRE
- L’agence internationale de l’énergie estime que la crise sanitaire du coronavirus pourrait entraîner une baisse des émissions mondiales de carbone cette année, mais craint que l’épidémie ne constitue une menace pour l’action climatique à long terme en sapant l’investissement dans la transition pour des énergies décarbonées (The Guardian, 12/03/2020).
- Le confinement pourrait sauver plus de vies par la baisse de la pollution atmosphérique que par la prévention d’une contamination du Covid-19 (Forbes, 11/03/2020).
- La NASA observe une baisse spectaculaire de la pollution en Chine, notamment due au ralentissement de l’activité économique en réponse à l’épidémie de COVID-19 (BBC News, 29/02/2020).
- Comment nous avons fait le lit de l’actuelle épidémie mondiale de coronavirus et des prochaines (The New York Times, 28/01/2020).
ECONOMIE
- L’épidémie de Covid-19 et la guerre des prix du pétrole qui a résulté de la baisse de la demande mondiale mettent en évidence les vulnérabilités existantes du système financier mondial (AOC, 16/03/2020).
- Les limites des marchés sont mises en lumière par l’emboîtement de 4 crises (sanitaire, économique, énergétique et financière) ouvrant une fenêtre d’opportunité pour rendre nos sociétés plus résilientes et rouvrir un chemin de développement commun (Le Monde, 13/03/2020).
- Infographie détaillée de l’impact de l’épidémie sur l’économie chinoise (Le Monde, 11/03/2020).
- « Coronavirus : les Bourses mondiales terminent leur pire semaine depuis 2008 » (Le Monde, 28/02/2020).
- Le coronavirus, élément déclencheur de la prochaine crise financière ? (Médiapart, 24/02/2020).
- « Paris, Milan, Francfort, New York, Tokyo… Le coronavirus fait plonger les Bourses mondiales » (Le Monde, 24/02/2020).
- Le gouverneur de la Reserve Bank d’Australie souligne les effets à court terme du coronavirus et insiste sur les effets profonds du dérèglement climatique, notamment sur les secteurs de l’assurance et de l’énergie, sur la nature de la production, des investissements, et des exportations, mais aussi sur la confiance des consommateurs (Financial Review, 13/02/2020).
- Le coronavirus impacte l’économie mondiale : Hyundai suspend ses chaînes de production en Corée du Sud en raison de la pénurie de pièces chinoises (The New York Times, 04/02/2020). Le cours du cuivre, thermomètre de l’activité industrielle, n’en finit pas de baisser (Le Monde, 01/02/2020).
MOBILITES
- Une étude du rôle idéal du transport aérien dans la propagation des virus et une préconisation : rendre la vaccination obligatoire pour tous les passagers (The Conversation, 26/02/2020).
IDEES
- L’architecte Philippe Rahm décrit les 70 dernières années comme une parenthèse post-moderne dans l’histoire humaine qui, grâce au réchauffement climatique et au coronavirus, va revenir au réel, c’est-à-dire renouer avec la matérialité de son existence, ce qui se traduit déjà en urbanisme et en architecture (AOC, 10/03/2020).
- La réaction de nos sociétés à l’épidémie de COVID-19 est représentative du rapport qu’elles entretiennent avec le risque : car s’il est vrai qu’il y a des risques que nous ne pouvons pas prendre, il y a aussi un risque à vouloir se protéger contre tous les risques (Le Grand continent, 28/02/2020).
- L’expérience grandeur nature de ralentissement à laquelle on assiste avec le coronavirus permet de réfléchir à un atterrissage planifié (The New Republic, 20/02/2020).
