Le football suisse est-il une extension du nationalisme albanais?

Slobodan Despot
Antipresse.net
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3 min readJun 24, 2018

Editorial du Drone de l’Antipresse n° 24 du 24.6.2018.

Ce samedi 23 juin, la Radio Suisse romande m’a contacté pour un débat au sujet du scandale survenu lors du match Suisse-Serbie (2:1) joué la veille. Lorsque j’ai été en mesure de reprendre la liaison, la journaliste de Forum, Laurence Bolomey, ne m’a plus répondu ni ne m’a rappelé.

A la place du débat promis, le mal nommé Forum a livré un reportage unilatéral, avec une interview d’un «officiel» albanais de Suisse, Bashkim Iseni, l’animateur du site albinfo.ch. Sans, bien entendu, qu’une seule question pertinente ou gênante ne lui soit posée.

Cet unilatéralisme est proprement scandaleux sur un service public. A vous faire regretter que NoBillag n’ait pas passé…

Or cet incident est suffisamment sérieux pour ne pas passer simplement à la trappe. Les buteurs suisses Granit Xhaka et Xherdan Shaqiri, tous deux d’origine albanaise du Kosovo, ont tous deux fait le signe de l’aigle bicéphale, un geste communautaire et nationaliste — mais nullement helvétique bien ententendu.

Voici ce que j’aurais eu à dire, non en tant que Serbe, mais en tant que citoyen suisse:

1) Lors de ce match, la plupart des joueurs, tous les buteurs ainsi que les deux entraîneurs provenaient de l’ex-Yougoslavie. On pourrait s’interroger dès lors sur la signification de certains drapeaux nationaux dans le sport moderne.

2) Ce geste politique répété était soit prémédité, ce qui dénote d’une extrême déloyauté vis-à-vis du pays d’accueil; soit spontané, ce qui témoigne à la fois de l’imbécillité de ces joueurs et de leur degré d’«intégration» au sein du pays où ils ont été formés et dont ils défendent le drapeau. A la différence d’un Valon Behrami, qui fait preuve d’un réel patriotisme suisse, la croix blanche ne signifie manifestement rien pour ces gens-là. Ce ne sont que des coucous qui pondent leur œuf dans le nid d’autrui.

3) Cela dit, on peut les comprendre. Au temps de la guerre civile yougoslave, la Suisse a soutenu sans nuances la cause de l’indépendantisme albanais au Kosovo, qu’elle fut l’un des premiers Etats à reconnaître. Elle a laissé s’installer des mafias ethniques sur son sol. Elle n’a fait aucun cas du rapport du sénateur suisse Dick Marty sur le trafic d’organes au Kosovo, incriminant les dirigeants locaux reçus à bras ouverts en Suisse. Aux yeux de ces deux jeunes footballeurs incultes, la Suisse est déjà une extension du territoire albanais.

4) Ces provocations sont une affaire intérieure helvétique. Ce pays est le siège des institutions internationales et il vend dans le monde entier sa réputation de neutralité. S’il tolère sans réagir le détournement de son équipe nationale de football au profit d’un nationalisme étranger et violent (l’épuration ethnique est massive dans le Kosovo «indépendant»), cette réputation volera rapidement en pièces. Nombre de bons joueurs immigrés formés en Suisse ont choisi de jouer pour leurs pays d’origine, Kosovo ou Croatie. Il faut inviter MM. Xhaka et Shaqiri, qui ont bien de la peine à chanter l’hymne suisse, à rejoindre l’équipe dont ils promeuvent les armoiries en Coupe du monde. Leur maintien dans l’équipe de Suisse, mais également la complaisance d’une partie de l’opinion «bien-pensante» à l’égard de ce communautarisme belliqueux et régressif, serait un indice sûr de ce qu’il adviendra de ce pays dans un avenir proche.

La Suisse ferait mieux de devancer la FIFA et d’agir envers ces imbéciles. S’enorgueillir de deux buts qui ont été marqués par deux joueurs déloyaux à ce pays et clairement dédiés à une cause étrangère serait en tout cas de la dernière idiotie.

P. S. Il va de soi que je condamnerais de même des joueurs d’origine serbe qui célébreraient «leur» cause nationale en profitant de l’accueil et de l’équipe suisses.

P. P. S. A ceux qui parlent de gestes «spontanés», dans le «feu de l’action», on pourrait demander pourquoi il n’y en a pas eu lors du Suisse-Brésil.

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Slobodan Despot
Antipresse.net

Writer and publisher. Founder, Xenia publishing in Switzerland. Chief editor, ANTIPRESSE.net. Author, “Le Miel”, “Le Rayon bleu” (Gallimard).