Football et Cinéma

Clément Bompart
ART ENGAGÉ
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4 min readOct 8, 2022

“Un match de football ne suit pas les règles habituelles du drame.” Ken Loach

D’Olive et Tom à Shaolin Soccer en passant par Coup de tête ou encore Looking for Eric, des séries télévisuelles à la fiction, tout en passant par le documentaire, Zidane, un portrait du 21ème siècle.

La place de la caméra dans le sport

Un jeu habile, une méthodologie minutieuse, une connaissance quasi parfaite du terrain de jeu sur lequel on va filmer. Il faut s’armer correctement pour espérer réaliser un film qui traite de sport pour deux bonnes raisons:

  1. Les passionnés de sport (en particulier de football) sont nombreux et regardent des heures et des heures de vidéos (direct ou pas) donc ils s’abreuvent de contenus souvent pauvres cinématographiquement mais assez bons au niveau du jeu, de l’émotion puisque les protagonistes sont les joueurs.
  2. La caméra est une arme à double tranchant. Filmer des joueurs, des sportifs en action, c’est cool mais des milliers de personnes l’ont déjà fait à titre amateur ou professionnel. C’est le regard qui compte, d’où l’on se place et pourquoi.

Historique

De par les essais cinématographiques antérieurs, il ne faut nécessairement avoir été sportif de haut niveau pour faire un film sur le sport. In fine, c’est la motivation qui compte. Ken Loach supporte le Bath City Football Club mais n’ai jamais joué une seule minute en Premier League. Tout est relatif, même le sujet. L’essentiel, c’est l’idée, le fond, ce qu’on veut donner au spectateur.

Création artistique

Le champ des possibles et ouvert. Le cinéma n’est pas forcément son public avec le football et le football n’est pas forcément son public avec le cinéma. Mais le terrain est libre, d’accès, de méthode, d’opportunités en tout genre, il convient de le justifier car ce qu’aime le spectateur c’est lui montrer une direction, celle qu’il vous convient, celle qui fait votre vision.

Ne pas tricher: Photographie et Réalité

Depuis Platon, la philosophie hérite d’une vision dépréciative de l’image artistique en tant que reproduction mensongère de la réalité, une imitation ; En référence à « La mimésis » des formes artistiques. La philosophie antique considère donc que l’homme ne peut appréhender la réalité qu’à travers les images, qui sont des copies du réel, fabriquées par les artistes.

C’est une vision idéaliste — qui sépare le monde sensible du monde intelligible.

Platon distingue : L’eidolon, l’image-simulacre / illusion l’eikon, l’image-copie / duplication

La pensée de l’image s’est constituée dans cette dialectique Présence/Absence.

L’image serait un effet d’absence du Réel — Elle est donc laissée dans une distance ontologique, essentielle, avec la Nature.

La photographie est naturellement un reflet de la réalité, et pas celle-ci même ; néanmoins, parce qu’elle reflète celle-ci avec une fidélité mécanique d’une manière originellement désanthropomorphisante (hors du point de vue humain) ce qu’elle a fixé, y compris comme mimésis, préservant obligatoirement cette authenticité de la réalité.

Le Foot dans le 7ème art

Les exemples sont nombreux.

D’Olive et Tom à Shaolin Soccer en passant par Coup de tête, le 7eme art et le monde du sport de balle au pied (Football plus intimement) font souvent mariage heureux (ou presque).

Car les deux disciplines partagent un centre d’intérêt commun: la captation du mouvement.

Carré vert

Les premiers spectateurs d’un match sont toujours, au premier temps dans les gradins du stade. C’est ici que le point de vue sera le plus pur, le plus réaliste. Avec une diffusion réservée au petit écran, le foot et ses plans larges pourraient s’apparenter à une scène de théâtre télévisée. On est alors diverti par le jeu des acteurs/joueurs, occupés à se passer le texte/la balle rendant la progression du scripte et/ou de la partie possible.

Salle noire

Dans une optique toujours plus sensationnaliste, les réalisateurs du grand écran ont souvent eux aussi, chercher à se rapprocher le plus possible du point de vue naturaliste, pour en extraire l’essence du grandiose, en captant le rythme particulier de ce sport. Cependant, le plus souvent ces mêmes metteurs en scène se sont éloignés du point de vue objectif pour mettre en évidence certains aspects du match, comme les penaltys, souvent mis en scène en face à face, empruntant beaucoup au film de genre comme le western. C’est en cela que beaucoup de cinéastes vont rompre le contrat, de pure captation du mouvement, essentiel et épuré, si cher aux spectateurs qui peuplent les tribunes.

Pour l’amour du jeu

Pour l’amour du jeu, c’est le titre de mon court-métrage qui aborde la thématique de l’homophobie et des rapports de force qui existent dans un groupe, un vestiaire de football en s’inspirant de mon vécu de footballeur.

Le film suit le personnage principal dans son désir de progresser et de travailler plus dur que les autres pour réussir tout en le confrontant aux tabous du vestiaire, représentation microscopique de la société.

J’ai grandi avec un ballon dans les pieds, formé à l’Olympique de Marseille, j’ai continué ma carrière à l’étranger. Le cinéma a toujours été présent dans un coin de ma tête, comme une autre passion. Il devient ainsi naturel de créer en alliant les deux, en s’inspirant des deux.

Le football est un microcosme social, un terreau fertile où l’on grandit, l’on apprend plus vite. Le cinéma est un moyen de représentation du réel tout en jouant avec les codes pour s’en affranchir selon sa propre vision. C’est ce que j’essaie de faire.

Infos sur le film

Le film est produit par le GREC (Groupe de Recherches et d’Essais Cinématographiques, www.grec-info.com) et l’université de Corse. Il a été tourné à Vezzani (Haute-Corse). La date de sortie est prévue pour fin septembre/début octobre.

Un article co-écrit avec le cinéaste et producteur Ange Ramsès

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Clément Bompart
ART ENGAGÉ

Le cinéma est un terrain de jeu. J’écris et je réalise des films pour le monde. J’aime aussi perfectionner mon jeu, créer et écrire des histoires.