Mon quotidien d’assistante maternelle pendant cette période de crise sanitaire

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9 min readJun 30, 2020

Où j’ai continué d’accueillir les enfants …

Témoignages

Sara

Je fais partie des assistantes maternelles qui ont maintenu leur activité durant le confinement. J’ai moi-même été malade au début et contraint de rester en quarantaine mais j’ai repris dès que le médecin m’a autorisé à reprendre sans risque de contamination. L’accueil des enfants s’est fait dans l’improvisation générale car au départ de la crise nous n’avions pas assez d’informations J’ai confectionné des masques moi-même pendant ma convalescence pour pouvoir me protéger et protéger les familles mais j’ai constaté qu’il était impossible de travailler avec ceux-ci avec les enfants tant l’échange était dépourvu de lien affectif et de communication faciale. Le plus compliqué a été également de concilier ma profession et aussi la scolarité à domicile de mes enfants âgés de 8 et 11 Ans, alors pendant les heures de sieste, je les ai accompagnés mais ceci n’a pas été sans heurts car leurs manques de motivation pouvaient entraîner des conflits qui pouvaient engendrer des conséquences sur le réveil des enfants. Coté norme d’hygiène, la désinfection du matériel, mobilier et sols ont rajouté des heures de travail supplémentaires le soir. Tout ceci m’a beaucoup fatigué. Je culpabilisais de ne pouvoir aider mes propres enfants dans leur scolarité et d’avoir une sensation de les délaisser et bien faire mon travail auprès des enfants . Cela dit malgré les inquiétudes et la fatigue, je me sentais utile à la société pour accompagner les parents des enfants qui eux aussi continuaient à travailler.

Christelle

Depuis le début de ma carrière d’assistante maternelle je travaille avec les familles qui exercent dans les hôpitaux, comme soignants. Au début du confinement, j’ai trouvé que peu d’informations ont été communiquées de la part des pouvoirs publics pour que j’exerce correctement mon métier. Aussi, dans un premier temps j’ai travaillé “normalement” avec des interrogations et quelques inquiétudes de la part des parents qui me faisaient pourtant confiance. J’ai dialogué avec eux et j’ai mis en place une organisation qui a convenu à tous mes employeurs et surtout en priorité aux enfants. Port du masque pour moi et les familles, nettoyage des poignées de portes d’entrées, des salles où les enfants sont présents pour le côté matériel mais sans imposer des mesures drastiques non plus car je ne voulais pas que les enfants soient trop déstabilisés. Je ne portais pas le masque toute la journée en présence des enfants sauf lorsque j’ étais trop près d’eux pour les changes ou lorsque c’était le moment des câlins. J’ai pu observer que les enfants avaient encore plus besoin d’être entourés de leurs parents pendant cette période. Psychologiquement, les parents étaient extrêmement éprouvés et certains n’avaient pas les mots pour en parler à leurs enfants du fait des situations dramatiques qu’ils vivaient dans certains services à l’hôpital …Donc, j’ai essayé d’accompagner leurs questions quand un enfant ne comprenait pas pourquoi « la petite maladie » comme il l’appelait pouvait se promenait aussi facilement dans la rue. Je leur indiquais de ne pas s’inquiétait car si l’on faisait attention (en se lavant les mains ou en se faisant des coucou sans faire des bisous) alors elle ne pourrait pas venir jusque nous.

Laurence

Pendant cette période et en tant qu’assistante maternelle j’ai accueilli un enfant supplémentaire aux deux enfants que j’accueille habituellement. Il avait 5 ans et j’ai accepté d’accompagner ses apprentissages scolaires pendant la sieste des plus petits tout en observant des temps de repos si l’enfant n’avait plus envie de travailler. Chez moi, mon mari était en télétravail dans une pièce et respectait la distanciation physique avec les autres enfants que j’accueillais. Mon fils de 20 ans revenu à la maison dans cette période restait dans sa chambre le plus possible.

La première semaine, j’avais aménagé sur mon balcon un espace sécurisé pour que l’enfant un peu plus grand puisse quand même prendre l’air. Mais dès la deuxième semaine, le balcon ne nous suffisait plus. Alors, nous avons pris le rythme de 2 sorties de 30 minutes par jour (1 heure par jour étant autorisée) en poussette (capote prolongée par une ombrelle pour bien protéger le plus petit des postillons éventuels des passants que nous pouvions croiser), moi avec un masque que j’avais confectionné avant que nous puissions en trouver en pharmacie) et en réalisant une nouvelle attestation à chaque sortie. J’ai privilégié les petites rues moins fréquentées que les grands axes pour limiter au maximum le nombre de personnes croisées et je changeais de trottoir à chaque fois que cela était possible. Après chaque sortie, désinfection complète des clefs, du téléphone, des poignées (intérieure et extérieure) de la porte d’entrée. Pour mes chaussures laissées sur le palier, semelle désinfectée également après chaque sortie avant de les ranger. J’ai utilisé du gel hydroalcoolique, puis de la solution hydroalcoolique préconisée par l’OMS, juste après être sortie de mon bâtiment, juste après y être entrée au retour avant de prendre la petite dans mes bras. Puis lavage des mains au savon de Marseille liquide (acheté en pharmacie) avant et après avoir tout désinfecté. Tout ceci a été difficile mais si maintenant cela devient presque habituel.

Hafida

Je suis assistante maternelle et maman de 3 enfants, j’ai accueilli pendant cette période deux enfants de personnels soignants pendant toute la durée du confinement. Je dois dire que le climat fût très anxiogène chaque jour au départ. Nous avons organisé les choses autrement et j’ai mis en place avec leur accord le matin et le soir une organisation différente où les familles ne pouvaient pas entrer au sein de mon domicile . Le port du masque a été obligatoire pour les parents et moi-même le matin et le soir pour les transmissions et en présence des enfants lorsque la distance ne pouvait pas se faire. J’ai limité l’accès de la certains jouets aux enfants. J’ai désinfecté plusieurs fois par jour les plans de travail et les espaces de jeux. Respect des distanciation entre moi et les enfants le plus possible et respect des gestes barrières scrupuleusement. Aucune sortie possible avec les enfants. J’ai désinfecté chaque soir tout le logement et tous les jeux en contact avec les enfants le jour même. J’ai aussi changé de tenue régulièrement. Ces changements ont provoqué beaucoup de fatigue au quotidien. Il est malheureux de constater qu’après tous ces efforts nous n’avons pas entendu parler de notre métier dans les médias et pas obtenu de reconnaissance publique alors que pourtant nous avons bien pu apporter de l’aide aussi aux familles qui ont pu continuer à exercer leur profession.

Jacqueline

Je suis assistante maternelle depuis 23 ans, et pendant cette crise, j’ai continué comme habituellement à accueillir les deux petits enfants qui sont âgés de trois ans et 6 mois. Je les accueillais un peu plus tard le matin, car les mamans étaient toutes les deux en télé travail (secrétaire médicale et professeur des écoles) afin de pouvoir décaler leurs venues. La majeure partie des gestes barrières étaient déjà appliqués dans ma façon de travailler, surtout au niveau de l’hygiène, le linge et le lavage des mains ainsi que l’aération des pièces, donc il a été assez facile de mettre en place un protocole un peu plus soutenu, tel que l’accueil uniquement dans l’entrée, au lieu de la pièce de vie où encore le nettoyage des poignées de portes avant chaque arrivée des parents. J’ai également mis à disposition des familles le Gel hydro alcoolique sur le palier et hors de portée des enfants. Ce qui était surtout important pour moi dans cette période c’est de faire attention au bien être des petits ainsi qu’à leur éveil. Cette période était déjà assez anxiogène, alors il fallait mettre de la légèreté dans leur quotidien. Déjà qu’ils ne pouvaient bénéficier d’activités extérieurs et de rencontres avec les petits copains. Nous sommes malgré tout sortis dans le jardin. Ce que j’ai pu apprécier c’est qu’au sein des bibliothèques des intervenants ont pu organiser chaque semaine des rendez-vous via Facebook en direct, avec des lectures d’albums, des racontes tapis… Ce fût une bouffée d’oxygène au sein de cette période difficile bien sur pour les enfants mais aussi pour moi.

Denis

Je suis directeur d’une crèche familiale et depuis le début de la crise sanitaire, les assistants maternels qui exerce à la crèche familiale hospitalière ne se sont jamais arrêter de travailler et même si certaines avaient une pathologie à risque, elles ont travaillées avec une amplitude horaire encore plus conséquence pouvant aller de 6h30 à 21h30 sans démérités. Au départ elles travaillaient sans moyen de protection masques et gel hydro alcoolique, puisque nous ne pouvions en obtenir nulle part ! Rapidement je suis parvenu à avoir des masques grand public via une association puis ensuite l’hôpital nous a fourni masques, gel, gants, tablier. Alors aujourd’hui je voudrais leur rendre hommage car elles ont fait preuve d’un grand professionnalisme et d’un investissement sans faille

Véronique et Virginie

Nous sommes deux assistantes maternelles exerçant en mam et nous avons pu ouvrir pour l’ensemble des familles dans la limite de 10 places par jour. Cela nous semblait important car en plus une partie de notre public accueilli était des enfants de parents de profession dites prioritaires. Nous avons donc accueilli des enfants tout le temps du confinement. Nous avons appris à travailler avec un masque que nous avions fabriqué nous-mêmes et appris à respecter les gestes barrières. Il a s’agit d’une complète ré organisation des locaux, de la manière d’aborder notre mode d’accueil à l ‘accueil des enfants en ayant pour conséquence un investissement encore plus important sur notre temps de travail. L’impact financier de cette crise a été lourd également à gérer dans cette période qui nous a précariser dans nos salaires et nous avons dû acheter des produits d’entretiens spécifiques, nous avons aussi dû acheter des masques, du gel hydro alcoolique, ainsi qu’une barrière plexiglass pour le plan de change. Afin de garder le lien avec les familles non accueillis, une application (Klassroom) a été mise en place en lançant des défis journaliers aux familles et un tableau de bord retranscrivant les diverses activités ainsi que la parution du une newsletter tous les quinze jours informative et récréative, nous avons dû pendant cette période créer, inventer s’organiser tout ceci a demandé beaucoup d'énergie.

Alice

Je suis assistante maternelle depuis 2008 et j’ai continué à accueillir les enfants pendant le confinement. Afin de permettre aux parents de se rendre à leur travail, j’ai remplacé également pendant deux semaines une collègue qui a été en arrêt maladie. Pour ma part j’ai été épaulé par les services pmi mais également soutenu par ma fédération etce que je retiens de cette période c’est le changement spectaculaire que nous avons du prendre dans nos quotidien et les échanges que nous avons du provoquer avec les familles pour arriver à trouver une organisation qui convienne à tous . Ainsi pendant cette période les parents ne peuvent plus entrer dans mon domicile et les sac et le nécessaire de l’enfant pour sa journée reste au rez de chaussée il y a eu le lavage de main avec savon dès les arrivées des enfants et toute la journée de manière régulière. Je désinfecte tous ce que les enfants ont touché et mis à leurs bouche. Pour éviter d’avoir tous les parents en même temps nous avons instauré un petit rituel et dès qu’ils partent de leur travail ils m’avertissent par sms . Les parents sont très compréhensifs il fallait juste en discuter et travailler ensemble. La seule chose qui est difficile c’est l’angoisse qui s’était installée par peur d’attraper ce virus tout en sachant qu’hélas le risque zéro n’existe pas.

Sylvie

Je suis assistante maternelle et moi aussi j’ai continué d’accueillir les enfants toute cette période j’ai même dû décaler ma semaine de congés car les familles qui exerçaient à l’hôpital n’ont pas pu prendre les leurs . Au début du confinement je ne savais pas exactement ce que je devais faire ou pas, il manquait alors des consignes pour la profession alors je suivais l’actualité médiatique comme se laver les mains etc.…. j’essayais de trouver une manière de faire. J’ai pu être toutefois accompagné par l’animatrice du ram et par mon réseau associatif. Pendant cette période, le plus difficile pour moi a été de préparer des repas pour 8 car mes enfants étaient aussi présents ainsi que mon mari. J’ai pu très mal vivre la semaine qui a précédé le confinement à cause de toutes les consignes de protocoles sanitaires que nous recevions tous les jours de plusieurs instances. Je me suis sentie submergée par cette charge de travail supplémentaire que l’on me demandait de faire tous les jours alors que jusque-là tout allait bien avec mon organisation quotidienne. J’ai essayé d’appliquer les consignes à la lettre pendant 2 semaines et ensuite pris pu alléger certaines tâches. J’ai trié tous les jouets en ne gardant que ceux qui se lavent facilement (j’avais l’impression de restreindre les enfants et ça me mettait mal à l’aise). J’ai composé plusieurs bacs différents que je fais tourner chaque semaine. Finalement c’est également pendant cette période que je me suis rendu compte que les enfants jouaient mieux avec peu de jouets.

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La fédération nationale d’associations qui agit pour les assistants maternels et familiaux