FOCUS — Banksy : au-delà du mystère, l’art
Son succès doit non seulement à l’anonymat, dans lequel s’enveloppe l’artiste, tout le fantasme qu’il suscite, mais aussi à l’élaboration d’une oeuvre aussi spectaculaire qu’engagée. Focus sur l’un des street artistes des plus (mé)connus de notre époque !
Dernièrement en Angleterre, Bristol se voyait dotée d’une nouvelle oeuvre de Banksy. Au réveil du 14 février 2020 était apparue, sur une façade grisâtre de Barton Hill, une petite gamine torpillant de son lance-pierre une gerbe de fleurs rougeoyantes. En deux jours à peine, l’oeuvre avait fait le tour des média de la planète. Très peu d’artistes ont le privilège d’attirer autant l’attention à la découverte d’une de leurs oeuvres.
C’est qui, ou plutôt c’est “quoi” Banksy ?
Par cette oeuvre, Banksy renoue avec la ville qui a vu naître son art. Ses débuts se font dans les années 1990. Dès les premières années de la décennie, sa posture de graffeur s’affirme au sein du Bristol’s DrybreadZ Crew (DBZ) aux côtés de Kato et de Tes.
La démarche artistique de Bansky est plurielle. A travers le monde entier, il s’est fait connaître essentiellement par ses oeuvres réalisées au pochoir, majoritairement traitées en noir et blanc, accompagnées de touche de couleurs qui viennent contraster avec l’ensemble pour leur donner un aspect éclatant. Il privilégie cette technique de façon à intervenir rapidement, puisque aussi plébiscité soit-il, sa démarche n’en est pas moins considérée illégale par les pouvoirs publiques.
Plusieurs motifs récurrents viennent peupler ses compositions : des figures enfantines — sortes de petites ombres errantes dans la jungle urbaine, des rats, des forces de l’ordre, des manifestants, etc… Souvent faisant l’oeuvre de détournement, les créations de Banksy émeuvent autant qu’elles intriguent.
Cependant, Banksy ne se restreint pas à cette pratique. Il possède une véritable assise dans l’art contemporain en proposant d’autres oeuvres telles que des installations. C’est le cas notamment avec Dismaland.
Cette installation a occupé du 22 août au 22 septembre 2015 l’espace d’une ancienne station balnéaire, Weston-super-Mare, sur la côte sud-ouest de l’Angleterre, non loin de Bristol. Il s’agit d’une vision dystopique d’un parc d’attraction, une “version lugubre de Disneyland”, bref un parc de “désattraction”. Il réunit plusieurs oeuvres, prenant la forme de manège, visant à émettre des critiques sociales très virulentes : une pêche au canard dans une mare de mazoute, un carrousel aux chevaux finissant en lasagnes, des bateaux de migrants télécommandés… Autant de sujets qui animent le débat publique et que Banksy met en avant dans son oeuvre.
Ephémère, cette exposition fut démontée une fois le mois d’exhibition passé. Suite à ça, les éléments structuraux du parc prirent la direction de Calais afin d’offrir aux réfugiés qui y séjournent, la possibilité de construire des abris avec.
Des engagements idéologiques forts
Ce qui fait la saveur de l’art de Banksy, c’est son engagement. En mêlant politique, humour et poésie, concevoir son art ne peut se départir d’un message idéologique fort et résolument pacifique.
Il n’hésite pas à ce rendre dans des parties du monde sous tension afin d’y apporter son art. Flower Thrower de Jérusalem fait office de rappel à l’engagement dont fait preuve Banksy face aux problématiques diplomatique palestinienne face à Israël.
Prônant des ambitions libertaires, antimilitaristes, anticapitaliste sou antisystèmes, le street artiste délivre à travers ses compositions murales des messages éminemment subversifs. Par ailleurs, bien qu’il ait sa place sur les cimaises des galeries ou aux présentoirs des maisons de vente, en continuant à s’exprimer dans la rue, il conserve cette défiance face aux autorités et entretien l’essence vandaliste qui anime son art.
La force de la spontanéité
Frapper un grand coup. C’est la façon dont on peut résumer l‘énergie de l’art de Banksy. Intervenir là où on ne l’attend pas. C’est en quelque sorte aussi l’essence politique du street : sortir du cadre simplement autoriser par les autorités.
Cette spontanéité est couplée d’un sens du spectacle chez Banksy. La vente aux enchères de son tableau Girl with Balloon par Sotheby’s aura marqué les annales du marché. Au coup de marteau, l’oeuvre s’est déchiquetée sous les yeux ébahis des acheteurs et des journalistes.
Bien que Banksy se joue des codes du marché de l’art, il n’épargne pas moins les institutions artistiques tels que les musées. Entre 2004 et 2006, il avait entreprit de déposer des oeuvres factices au sein du Louvre de Paris, du MET de New-York et bien d’autre. L’un des exemples mémorables est ce faux artefact déposé en 2005 au British Museum. Non sans humour, la pièce accompagnée d’un cartel, vient se fondre parfaitement dans le décor du musée, interpellant les visiteurs qui s’arrêteront devant.
Source d’inspiration
Il n’est plus à démontrer l’étendue du spectre de l’art urbain. Sa porté arrive jusque dans la sphère domestique, en passant par les institutions les plus inadéquates auxquelles pouvait prétendre à l’origine cette pratique. Son ambition vandaliste a pourtant réussi à gagner le grand public et à infuser le milieu du marché de l’art, des collectionneurs et des artistes héritiers de son influence. En cela, l’art de Banksy est devenu une source d’inspiration pour bien des artistes. Chez Artopic Gallery, on y observe les traces tous les jours.
Certain de nos artistes exercent une démarche artistique faisant écho au style du street artiste. C’est pour cela que nous avons le plaisir de présenter depuis maintenant plus d’un an, les toiles de Kiko.
Au autre de nos jeunes artistes s’inspire de la technique au pochoir pour ses oeuvres. Il s’agit de Sufyr.
